Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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en faire sortir le jus. Fouler la vendange. Fouler une cuve. On l'emploie souvent dans les Arts et métiers. Les corroyeurs, les hongroyeurs foulent le cuir avec les pieds pour l'amollir. Fouler des chapeaux dans de la lie de vinaigre, pour que leur étoffe se feutre. On foule le drap pour le rendre plus ferme, plus serré.

Fig., Fouler aux pieds, Traiter avec mépris. Un vrai chrétien foule aux pieds les vanités du monde. Fouler aux pieds les préjugés. Il foule aux pieds toutes les lois.

FOULER signifie quelquefois, surtout en poésie et dans le style élevé, Marcher sur. Je foulais avec respect ce sol antique et sacré. Ils foulent avec indifférence la cendre des héros qui furent leurs ancêtres.

FOULER signifie au figuré, Opprimer par des exactions, surcharger d'impôts. Fouler le peuple. Cette province a été extrêmement foulée.

FOULER signifie encore, Blesser en foulant, en pressant fortement; et il se dit Des chevaux et des bêtes de voiture ou de somme. Les selles neuves foulent d'ordinaire les chevaux. Il ne faut rien pour fouler le pied à un cheval.

Il se dit également Des personnes, en parlant D'une entorse, d'un tiraillement violent de quelque partie. Cette chute lui a foulé le nerf. Je me suis foulé le pied, le poignet.

Il s'emploie quelquefois avec le pronom personnel. Dans cette chute, mon poignet s'est foulé.

FOULER en termes de Vénerie, signifie, Faire battre ou parcourir un terrain par le limier ou par la mente.

FOULER en Imprimerie, se dit, neutralement, De l'action de la presse sur les feuilles qui reçoivent l'impression. Cette presse foule bien; elle foule également, régulièrement.

FOULÉ, ÉE. participe Une robe foulée. Avoir le poignet, le pied foulé.

Cette bête a les jambes foulées, se dit D'une bête de somme ou de trait qui a les jambes usées par un long et violent travail.

FOULERIE. s. f. Atelier où l'on foule les draps, les cuirs, etc. Porter les draps, les cuirs à la foulerie.

FOULOIR. s. m. T. d'Arts et métiers. Instrument avec lequel on foule.

FOULON. s. m. Artisan qui foule, qui apprête les draps et autres étoffes de laine. Envoyer des draps au foulon.

Moulin à foulon, Moulin qui sert à fouler les draps. Terre à foulon, Sorte de terre qui sert à dégraisser les draps. Chardon à foulon, Plante dont les têtes, armées de petits crochets, servent à carder les étoffes de laine, à rendre le poil des draps plus lisse et plus uni.

FOULQUE. s. f. Espèce de poule d'eau.

FOULURE. s. f. Contusion, blessure d'une partie foulée. Guérir une foulure. Remède pour la foulure des nerfs.

FOULURE en parlant Du foulon et du corroyeur, signifie, L'action de fouler les étoffes de laine, les cuirs, etc.

FOULURES en termes de Chasse, Marques légères que le pied du cerf laisse sur l'herbe ou sur les feuilles.

FOUR. s. m. Ouvrage de maçonnerie voûté en rond, avec une seule ouverture par devant, et dans lequel on fait cuire le pain, la pâtisserie, etc. Four banal. Four à ban. Le four d'un boulanger, d'un pâtissier. La bouche, la gueule du four. L'air du four. Mettre le pain au four. Chauffer le four. Faire sécher des fruits au four. Des raisins cuits au four.

Four de campagne, Espèce de four portatif, fait ordinairement de cuivre rouge.

Pièce de four, Gâteau ou autre pièce de pâtisserie qui se cuit au four.

Donner le four trop chaud à du pain, à de la pâtisserie, Mettre cuire le pain ou des pâtisseries dans un four qui a été trop chauffé.

Prov. et pop., Il y fait chaud comme dans un four, se dit D'un lieu où il fait extrêmement chaud. Il y fait noir comme dans un four, se dit D'un lieu très-obscur.

Prov. et fig., Ce n'est pas pour vous que le four chauffe, Ce n'est pas pour vous que telle chose est préparée.

Prov., fig. et par menace, Vous viendrez cuire à mon four, Vous aurez quelque jour besoin de moi, et je trouverai l'occasion de me venger.

FOUR se prend aussi pour Le lieu où est le four, et où se rendent ceux qui veulent cuire. Aller au four. Revenir du four.

Il se dit également Des lieux voûtés et ouverts par en haut, où l'on fait cuire la chaux, le plâtre, la brique, la tuile, etc. Four à chaux, à plâtre, à brique. Four de verrerie.

FOUR se disait autrefois Du lieu où l'on cachait ceux que l'on enrôlait par force. Il a été deux jours dans un four, et il s'est sauvé.

Fam., Faire four, se disait autrefois Des comédiens, lorsque, au lieu de jouer, ils renvoyaient les spectateurs, parce qu'ils n'avaient pas assez de monde pour couvrir leurs frais.

FOURBE. s. f. Tromperie basse et odieuse. Fourbe grossière, subtile. Découvrir une fourbe. Inventer une fourbe.

Il se dit plus ordinairement de L'habitude de tromper, de la disposition à tromper, à fourber. Ta fourbe sera démasquée.

FOURBE. adj. des deux genres Qui emploie, pour tromper, des ruses odieuses, une adresse maligne et perfide. C'est un homme bien fourbe. Elle est bien fourbe. Il a l'esprit fourbe et rusé. C'est le plus fourbe de tous les hommes.

Il est aussi substantif. Un grand fourbe. Un maître fourbe. Une fourbe insigne.

FOURBER. v. a. Tromper d'une manière basse et odieuse. Il m'a fourbé. Il fourbe tout le monde.

FOURBÉ, ÉE. participe

FOURBERIE. s. f. Tromperie coupable, et qui tient de la fourbe. Faire une fourberie, des fourberies. Une fourberie insigne.

Il se dit quelquefois de La disposition à faire des fourberies. Sa fourberie est bien connue.

FOURBIR. v. a. Nettoyer, polir, rendre clair en frottant. Il ne se dit qu'en parlant De certains ouvrages de fer, de cuivre, etc., tels que les armes et les ustensiles de cuisine. Fourbir des armes. Fourbir une lame d'épée, un canon de fusil. Fourbir un casque, une cuirasse. Fourbir des chenets, une casserole, un poêlon. Fourbir avec du sable, avec du grès pilé.

FOURBI, IE. participe

FOURBISSEUR. s. m. Artisan qui fourbit, et qui monte des sabres, des épées, etc. Acheter une épée chez un fourbisseur.

Prov. et fig., Se battre de l'épée qui est chez le fourbisseur, Disputer d'une chose qui n'est ni à l'un ni à l'autre de ceux qui contestent.

FOURBISSURE. s. f. Nettoiement, polissure. La fourbissure d'une lame.

FOURBU, UE. adj. T. d'Art vétérinaire. Il se dit Des chevaux, des mulets, etc., qui perdent tout à coup l'usage de leurs jambes, soit pour avoir trop travaillé, soit pour avoir bu trop tôt après avoir eu chaud. Dessoler un cheval fourbu. Cette jument est fourbue.

FOURBURE. s. f. T. d'Art vétérinaire. Maladie d'un cheval ou de quelque autre animal fourbu. Dessoler un cheval pour la fourbure.

FOURCHE. s. f. Instrument qui consiste en un long manche de bois terminé par deux ou trois branches ou pointes de bois, de fer, qui vont en s'écartant. Fourche de bois. Fourche de fer. La fourche est d'un grand usage dans les travaux de l'agriculture. Fourche d'étable. Fourche à faner. Chasser des maraudeurs à coups de fourche.

Fig. et fam., Faire une chose à la fourche, La faire négligemment ou grossièrement. Panser des chevaux à la fourche. Cela est fait à la fourche. On dit aussi, Être traité à la fourche, Être traité durement ou d'une manière humiliante. Ces phrases vieillissent.

Fourches patibulaires, Gibet à plusieurs piliers, élevé dans la campagne. Les fourches patibulaires étaient une marque de haute justice.

Fourches Caudines, Passage étroit et dangereux de la Campanie, près de l'ancienne Caudium, célèbre par l'affront que les Samnites y firent éprouver aux Romains, en les obligeant à passer sous le joug, l'an de Rome 433. Cette expression s'applique figurément À un général qui est obligé de faire une capitulation peu honorable, à un souverain qui fait un traité humiliant. Il a rencontré là ses Fourches Caudines.

Faire la fourche, une fourche, se dit D'une chose qui se divise en deux ou trois par l'extrémité, et principalement D'un chemin qui aboutit à deux ou à trois autres. Ce chemin fait la fourche, fait une fourche à tel endroit.

FOURCHER. v. n. Se partager, se diviser en deux ou trois par l'extrémité, en manière de fourche. Si on coupe la tête de ces arbres, ils fourcheront. Un chemin qui fourche. On l'emploie quelquefois avec le pronom personnel, dans le même sens. Ses cheveux se fourchent, commencent à se fourcher.

Fig., Cette race, cette famille n'a point fourche, Elle n'a formé qu'une seule branche.

Fig. et fam., La langue lui a fourché, se dit en parlant D'une personne qui, par méprise, a prononcé un mot pour un autre à peu près semblable.

FOURCHÉ, ÉE. participe Avoir les cheveux

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