ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 11:879

devorantes, dit Pline: Guillandin nous apprend positivement quelles étoient les parties de cette plante dont les Egyptiens avaloient le suc. Il ne faut pas, dit - il, s'imaginer que les Egyptiens mangent la tige entiere, je les ai vû ne manger que les parties les plus proches de la racine.

Ce récit de Guillandin est conforme au témoignage d'Hérodote; quand les Egyptiens, dit - il, ont coupé le biblus d'un an, ils coupent la partie supérieure qu'ils emploient à différens usages; ils mangent ou vendent la partie inférieure de la longueur d'une coudée: ceux qui veulent rendre le mets plus délicat, le font rôtir au four; aussi Dioscoride & Pierius Valerianus se trompent, quand ils disent que l'on mange les racines: la partie de papyrus que mangent les Egyptiens est hors de la terre; elle est tendre, & pleine d'un suc abondant & agréable; les Egyptiens l'appellent astus. Eschyle donne à la tige entiere le nom de KARPOS2, c'est - à - dire fruit. Guillandin rapporte encore d'après Horus Apollo, que les Egyptiens exprimoient dans leurs hiéroglyphes l'ancienneté de leur origine par un fagot de papyrus, comme leur premiere nourriture; on ignoroit en quel tems leurs ancêtres avoient commencé à en manger.

Enfin, & c'est ici le principal usage de cette plante, on faisoit avec les membranes ou les pellicules du papyrus, les feuilles à écrire qu'on nommoit BI/<-> BLOS2, ou philyria. On les appelloit aussi en grec KA/RTHS2, & en latin charta; car les auteurs entendent ordinairement par charta, le papier d'Egypte.

Le papyrus ne portoit point de grains, ni de fruit, mais ce roseau croissoit en si grande quantité sur les bords du Nil, que Cassiodore, liv. XI. ép. 38. la compare à une forêt. Là, dit - il, s'éleve cette forêt sans branches, ce boccage sans feuilles, cette moisson qui croît dans les eaux, aquarum seges, ces ornemens des marécages.

Prosper Alpin est le premier qui nous ait donné une figure du papyrus, que les Egyptien, appellent berd. Quelque mauvaise qu'on puisse la supposer, elle paroît néanmoins convenir à la description de la plante dont parle Théophraste.

Les Botanistes anciens avoient placé le papyrus parmi les plantes graminées ou les chiendents, ignorant à quel genre il devoit appartenir; ils se sont contentés de le désigner sous le nom ancien de papyrus, dont ils ont fait deux especes, l'une d'Egypte, l'autre de Sicile. Les nouveaux ont cru reconnoître que ces deux plantes étoient une seule & même espece de cyperus; c'est sous ce genre qu'on la trouve dans les catalogues & histoires des plantes, publiées après l'édition de Morison, où le papyrus est nommé cyperus niloticus, vel syriacus naximus papyraceus.

En décrivant cette plante, il dit qu'on conserve dans le cabinet de Médecine à Oxford parmi d'autres curiosités, un grand morceau de la tige du papyrus. On a cru aussi reconnoître dans l'ouvrage de Scheuchzer sur les chiendents, les joncs, & les autres graminées, une description du panache que porte le papyrus; elle est sous la dénomination suivante: cyperus enodis nudus, culmis ervaginis brevibus prodeuntibus, spicis tenuioribus.

Un des pédicules qui soutiennent les épis des fleurs, est représenté à la Planche VIII. fig. 14. Cet auteur a consideré le panache comme formant la plante entiere prise au - dessus de la racine, & les longs pédicules qui portent les épis comme autant de tiges particulieres. Ce pannache paroît être celui du papyrus siciliana, que les Botanistes modernes ne distinguent pas du papyrus nilautica. M. Van - Royen a inséré dans le catalogue des plantes du jardin de Leyde le papyrus, & le nomme cyperus cultno triquetro nudo, umbella simplici foliosa, peduncu - lis simplicissimis distinctè spicatis. M. Linnaeus l'appelle de même.

Dans les manuscrits qui nous restent d'après les lettres & les remarques de M. Lippi, médecin de la faculté de Paris, qui accompagnoit M. du Roule, envoyé du roi Louis XIV. à l'empereur d'Abissinie, on trouve la description d'un cyperus qu'il avoit observé sur les bords du Nil en 1704. Après avoir parlé des fleurs, il dit que plusieurs épis couverts de quelques jeunes feuilles, sont portés sur un pédicule assez long, & que plusieurs de ces pédicules également chargés venant à se réunir, forment une espece de parasol; le disque de ce parasol est environné de quantité de feuilles qui couronnent la tige sur laquelle il porte; la tige est un prisme fort long, dont les angles sont un peu arrondis, & les feuilles représentent parfaitement une lame d'épée, non pas de celles qui font la gouttiere, mais de celles dont le plus grand côté soutient une cannelure. Les racines sont noires & chevelues: il nomme cette plante cyperus niliacus major, umbella multiplici.

Le même Lippi en avoit remarqué une autre espece qui ne s'éleve pas aussi haut, dont la tige & les feuilles étoient les mêmes, & dont les épis formoient plutôt une espece de tête qu'une ombelle; cette tête étoit fort douce, luisante, & comme dorée, riche, & fort chargée; elle pose sur de longs pédicules, dont la base se réunit en parasol: il l'appelle cyperus niliacus major, aurea divisa panicula. Ces deux sortes de cyperus ont entre elles une ressemblance marquée par leurs feuilles, leur tige, le panache en parasol qui les couronne, & les lieux marécageux où elles croissent. La seule différence consiste dans la forme des épis, ce qui sert à les distinguer l'une de l'autre: toutes deux ont quelque repport avec le papyrus & le sari, tels qu'ils sont décrits par les anciens auteurs; la premiere pourroit être le papyrus, & la seconde le sari; mais ce n'est - là qu'une conjecture.

Le papyrus qui croissoit dans le milieu des eaux, ne donnoit point de graines; son panache étoit composé de pédicules foibles, fort longs, semblables à des cheveux, comâ inutili exilique, dit Théophraste. Cette particularité se montre également dans le papyrus de Sicile; nous la connoissons encore dans une autre espece de papyrus a portée de Madagascar par M. Poivre, correspondant de l'académie royale des Sciences. Les panaches de l'une & l'autre espece que nous avons, sont dépourvus d'épis, de fleurs, & par conséquent stériles. Bodaeus & Stapel, dans ses commentaires sur Théophraste, ont fait représenter la tige & le panache du papyrus en cet état, & le dessein en avoit été envoyé d'Egypte à Saumaise.

Si le papyrus de Sicile dont il s'agit de parler présentement, a été de quelque usage chez les Romains, c'est ce que nous ignorons; il est nommé papero en Italie, & selon Césalpin pipero: on en trouve la description dans les adversaria de Lobel, qui l'a pris pour le papyrus du Nil. Césalpin dans son ouvrage sur les plantes, n'a pas non plus oublié de le décrire. Ce papyrus de Sicile étoit cultivé dans le jardin de Pise, & n'étoit point le papyrus apporté d'Egypte. Voici la description de Césalpin lui - même.

Le papyrus, dit - il, que l'on nomme vulgairement pipero en Sicile, pousse des tiges plus longues & plus grosses que celles du souchet, cyperus, hautes quelquefois de quatre coudées & à angles obtus: elles sont garnies à leur base de feuilles courtes qui naissent de la racine; on n'en voit aucune sur la tige lors même qu'elle est entierement développée; mais elle porte à son sommet un large panache qui ressemble à une grosse touffe de cheveux épars; il est composé d'un grand nombre de pédicules triangu<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.