ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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feroit évaporer la rosée; posez ce vaisseau, comme
auparavant, dans un lieu tempéré.
5. Quand vous aurez amassé assez de rosée, il faut
la filtrer, & puis la distiller, afin qu'il n'y reste rien
d'impur. Les feces qui restent seront calcinées pour
en tirer un sel qui fait plaisir à voir.
6. Versez la rosée distillée & imbue de ce sel sur
les graines, & puis rebouchez le vaisseau avec du
verre pilé & du borax. Le vaisseau en cet état est mis
pour un mois dans du fumier neuf de cheval.
7. Retirez le vaisseau, vous verrez au fond la
graine qui sera devenue comme de la gelée; l'esprit
lera comme une petite peau de diverses couleurs,
qui surnage au - dessus de toute la matiere. Entre la
peau & la substance limonneuse du fond, on remarque
une espece de rosée verdâtre, qui représente une
moisson.
8. Exposez durant l'été ce vaisseau bien bouché de
jour au soleil, & de nuit à la lune. Lorsque le tems
est brouillé & pluvieux, il faut le garder en un lieu
sec & chaud, jusqu'au retour du beau tems. Il arrive
quelquefois que cet ouvrage se perfectionne en deux
mois, & quelquefois il y faut un an. Les marques du
succès, c'est quand on voit que la substance limonneuse
s'enfle & s'éleve, que la petite peau ou l'esprit
diminue tous les jours, & que toute la matiere
s'épaissit. Lorsqu'on voit dans le vaisseau, par la réflexion
du soleil, naître des exhalaisons subtiles, &
se former de legers nuages, ce sont les premiers rudimens
de la plante naissante.
9. Enfin de toute cette matiere, il doit se former
une poussiere bleue; de cette poussiere, lorsqu'elle
est élevée par la chaleur, il se forme un tronc, des
feuilles, des fleurs, & en un mot on apperçoit l'apparition
d'une plante qui sort du milieu de ses cendres.
Dès que la chaleur cesse, tout le spectacle s'évanouit,
toute la matiere se dérange & se précipite
dans le fond du vaisseau pour y former un nouveau
chaos. Le retour d'une nouvelle chaleur ressuscite
toujours ce phénix végétal caché sous les cendres.
Pour les animaux, rapportons d'abord à ce sujet
un passage de Gaffarel, dans ses curiosités inouies,
pag. 100.
« M. du Chêne (c'est le même qu'on vient
de citer sous le nom de Quercetan), dit - il, un des
meilleurs chimistes de notre siecle, rapporte qu'il
a vû un très - habile polonois, médecin de Cracovie, qui conservoit dans des phioles la cendre de
presque toutes les plantes; de façon que, lorsque
quelqu'un par curiosité, vouloit voir par exemple,
une rose dans ces phioles, il prenoit celle dans laquelle
la cendre du rosier étoit gardée, & la mettant
sur une chandelle allumée, &c.... A présent,
continue - t - il, ce secret n'est plus si rare, car
M. de Claves, un des excellens chimistes de notre
tems, le fait voir tous les jours. D'ici on peut tirer
cette conséquence, que les ombres des trépassés,
qu'on voit souvent paroître aux cimetieres, sont
naturelles, étant la forme des corps enterrés en
ces lieux, ou leur figure extérieure, non pas l'ame,
ni des fantômes batis par les démons, ni des génies,
comme quelques - uns ont cru. Il est certain que ces
apparitions peuvent être fréquentes aux lieux où il
s'est donné des batailles; & ces ombres ne sont que
les figures des corps morts, que la chaleur ou un
petit vent doux, excite & éleve en l'air... Voici
quelque chose de plus réel, si tant est qu'on puisse
compter sur la vérité du fait ».
C'est que le P. Schots
rapporte du chimiste françois, qu'on a déja nommé,
de Claves, qui faisoit voir à qui vouloit, la résurrection
non - seulement des végétaux, mais celle d'un
moineau. Non solum in vegetalibus se proestitisse, sed
etiam in passerculo se vidisse, pro certo quidam mihi
narravit. Et sunt qui publico scripto confirmarunt, quod
hoc ipsum Claveus Gallus, quasi publicè pluribus de -
monstraverit. M. Digby a fait encore davantage: d'animaux
morts, broyés, pilés, il en a tiré de vivans
de la même espece. Voici comment il s'y prenoit,
& c'est la derniere sorte de palingénésie dont nous ferons
mention.
« Qu'on lave des écrevisses pour en
ôter la terre fretée, qu'on les cuise durant deux
heures dans une suffisante quantité d'eau de pluie;
gardez cette décoction; mettez les écrévisses dans
un alambic de terre, & les distillez jusqu'à ce qu'il
ne monte plus rien; conservez cette liqueur, calcinez
ce qui reste au fond de l'alambic, & le réduisez
en cendres par le réverbératoire, desquelles
cendres vous tirerez le sel avec votre premiere décoction;
filtrez ce sel, & lui ôtez toute son humidité
superflue; sur ce sel, qui vous restera fixe,
versez la liqueur que vous avez tiré par distillation,
& mettez cela dans un lieu humide, comme
dans du fumier, afin qu'il pourrisse, & dans peu
de jours vous verrez dans cette liqueur de petites
écrévisses se mouvoir, & qui ne seront pas plus
grosses que des grains de millet. Il les faut nourrir
avec du sang de boeuf jusqu'à ce qu'elles soient
devenues grosses comme une noisette; il les faut
mettre ensuite dans une auge de bois remplie d'eau
de riviere avec du sang de boeuf, & renouveller
l'eau tous les trois jours. De cette maniere, vous
aurez des ecrévisses de la grandeur que vous voudrez »
Recueil des secrets, pag. 74, 76. Voilà bien
des expériences; mais peut - on s'en promettre une
réussite constante, ou même fréquente? C'est ce que
j'ai peine à croire; je juge même que la derniere est
absolument impossible.
Palingénésie
Palingénésie, (Critiq. sacrée.) régénération; ce
mot est grec, PALIGGENESIA, ne se trouve que dans
deux endroits de l'Ecriture, savoir dans saint Mat.
ch. xix. v. 28. & dans l'épître à Tite, ch. iij. v. 5.
Dans saint Matthieu il signifie la résurrection, & rien
n'empêche de prendre ce mot en ce sens; dans Tite
l'ablution de la régénération, TH=S2 PALIGGENESI\O/S2, est
la purification par le baptême, qui peut être regardé
comme le sceau de la résurrection des morts.
Dans les écrivains ecclésiastiques, Eusebe, Polycarpe, Théodoret, W=ALIGGENESIA, veut dire aussi la
résurrection. Hésiode appelle W=ALIGGENESI/A, l'âge où
tout est renouvellé, c'est l'âge d'or. Le renouvellement
de vie du chrétien, est aussi ce que l'on entend
par régénération, espece de résurrection dans un sens
figuré. (D. J.)
PALINOD
PALINOD, s. m. (Poésie.) espece de poésie,
chant royal, & ballade, qu'on faisoit autrefois en
l'honneur de la vierge à Caen, à Rouen, & à Dieppe; mais il n'y a plus que les écoliers & les poëtes
médiocres qui fassent des palinods.
PALINODIE
PALINODIE, s. f. (Belles Lettres.) discours par
lequel on rétracte ce que l'on avoit avancé dans un
discours précédent. De - là vient cette phrase, palinodiam canere, chanter la palinodie, c'est - à - dire
faire une rétractation. Voyez Rétractation.
Ce mot vient du grec W=ALEIN, de nouveau, de reches,
& AEIDW, chanter. ou ODH, chant, en latin recantatio,
ce qui signifie proprement un désaveu de ce qu'on
avoit dit: c'est pourquoi tout poëme, & en général
toute piece qui contient une rétractation de quelque
offense faite par un poëte à qui que ce soit, s'appelle
palinodie.
On en attribue l'origine au poëte Stesichore & à
cette occasion. Il avoit maltraité Hélene dans un
poëme fait à dessein contre elle. Castor & Pollux,
au rapport de Platon, vengerent leur soeur outragée
en frappant d'aveuglement le poëte satyrique; &
pour recouvrer la vûe, Stesichore fut obligé de
chanter la palinodie. Il composa en effet un autre
poëme, en soutenant qu'Helene n'avoit jamais abordé
en Phrygie. Il louoit également ses charmes & sa
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