ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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cirque, avec la même inscription, a été mis par le pape Sixte V. à la porte del popolo l'an 1589.

Le successeur de Sésostris, nommé par Hérodote Pharon, & par Pline Nimcoreus, fit élever deux obélisques, à l'imitation de son pere. Ils avoient chacun cent coudées de haut, & huit coudées de diametre. On voit encore de nos jours un de ces obélisques à Rome devant l'église de S. Pierre, où il a été elevé par le pape Sixte V. Caïus César l'avoit fait venir d'Egypte sur un vaisseau d'une fabrique si singuliere, qu'au rapport de Pline, on n'en avoit jamais vu de pareil. Cet obélisque est tout uni, sans aucun hiéroglyphe.

Ramesses, autre roi d'Egypte, crut devoir consacrer au soleil un obélisque d'une grande hauteur. On dit qu'il y eut vingt mille hommes employés à le tailler, & que le jour qu'on devoit l'élever, le roi fit attacher son fils au haut de l'obélisque, afin que les ingénieurs disposassent leurs machines avec assez d'exactitude pour sauver la vie au jeune prince, & pour conserver en même tems un ouvrage fait avec tant de soin. Pline qui rapporte cette histoire, ajoute que Cambyse ayant pris la ville d'Héliopolis, & y ayant fait mettre le feu, il le fit éteindre, dès qu'il s'apperçut que l'embrasement avoit gagné jusqu'à l'obélisque.

Auguste, après avoir soumis l'Egypte, n'osa toucher à cet obélisque, soit par religion, soit par la difficulté qu'il trouva à transporter cette grande masse. Constantin ne fut pas si timide; il l'enleva pour en orner la nouvelle ville qu'il avoit fait bâtir. Il le fit descendre le long du Nil jusqu'à Alexandrie, où il avoit fait mettre un bâtiment exprès pour le transporter à Constantinople. Mais sa mort, qui arriva dans ce tems - là, fit différer cette entreprise jusqu'à l'an 357 de J. C.

Alors Constance l'ayant fait mettre sur un vaisseau, il fut amené par le Tibre jusqu'à un village à trois milles de Rome, d'où on le fit venir avec des machines dans le grand cirque, où il fut élevé avec celui qu'Auguste y avoit fait mettre long - tems auparavant. Depuis le tems de Constance, il y avoit donc deux obéliques dans le cirque; & c'est de ceuxlà dont parle Cassiodore avec assez peu d'exactitude, quand il dit qu'il y en avoit un consacré au soseil, & l'autre à la lune, & que les caracteres qui y sont gravés, sont des figures chaldaïques, qui marquent les choses sacrées des anciens: ce discours sent bien l'ignorance du bas empire.

Enfin cet obélisque qui étoit tombé, a été relevé par le pape Sixte V. devant l'église de saint Jean de Latran l'an 1588, 1231 ans depuis qu'il avoit été amené par Constance, & 2420 ans depuis qu'il avoit été taillé par les soins de Ramessès.

Hermapion avoit autrefois donné en grec l'interprétation des figures hiéroglyphiques qui sont gravées sur ce monument; ce qui marque que de son tems on avoit encore l'intelligence de ces figures. On peut lire cette interprétation dans Ammien Marcellin, qui nous en a conservé une partie. Elle contient d'abord les titres pompeux du roi « Ramessès, fils du soleil, chéri du soleil & des autres dieux, à qui ils ont donné l'immortalité, qui a soumis les nations étrangeres, & qui est le maître du monde, &c Mais outre ces titres flatteurs, cet obélisque contenoit une histoire de ses conquêtes.

Il en étoit de même de tous les autres obélisques en général: voici ce que dit Diodore de Sicile. Sésostris éleva deux obélisques d'une pierre très - dure de cent vingt coudées de haut, sur lesquels il fit graver le dénombrement de ses troupes, l'état de ses finances, & le nombre des nations qu'il avoit soumises.

A Thebes, suivant Strabon, il y avoit des obélis - ques avec des inscriptions, qui constatoient les richesses & le pouvoir de leurs rois; l'étendue de leur domination, qui embrassoit la Scythie, la Bactriane, l'Inde & le pays appellé aujourd'hui Ionis: enfin la grande quantité de tributs qu'ils recevoient & le nombre de leurs troupes, qui montoit à un million d'hommes.

Proclus, dans son commentaire sur le Timée, nous dit que les choses passées sont toujours nouvelles chez les Egyptiens; que la mémoire s'en conserve par l'histoire; que l'histoire chez eux est écrite sur des colonnes, sur lesquelles on a le soin de marquer tout ce qui mérite l'admiration des hommes, soit pour les faits, soit pour les nouvelles inventions & pour les arts.

Germanicus, au rapport de Tacite, alla voyager en Egypte pour connoître l'antiquité. Il voulut voir les ruines de l'ancienne ville de Thebes; il n'y avoit pas long - tems qu'elle étoit ruinée; car elle ne le fut que sous Auguste par Cornelius Gallus, premier gouverneur d'Egypte. On voyoit encore, dit Tacite, sur des colonnes des lettres qui marquoient les grandes richesses des Egyptiens; & Germanicus ayant demandé à un prêtre du pays de lui expliquer ces hiéroglyphes, ce prêtre lui dit que ces lettres marquoient qu'il y avoit eu autrefois dans la ville sept cent mille hommes en âge de porter les armes, & que c'étoit avec cette armée que le roi Ramessès s'étoit rendu maître de la Lybie, de l'Ethiopié, des Medes, des Perses, des Bactres, de la Scythie, de la Syrie, de l'Arménie & de la Cappadoce; qu'il avoit étendu son empire jusque sur les côtes de Bithiquie & de Lycie. On lisoit aussi sur ces colonnes les tributs qu'on levoit sur ces nations, le poids de l'or & de l'argent, le nombre des armes & des chevaux, l'ivoire & les parfums, le bled & les autres tributs que chaque nation devoit payer, qui n'étoient pas moins magnifiques, ajoute Tacite, que ceux que les Parthes ou les Romains exigent aujourd'hui.

En un mot les obélisaues nous ont laissé des vestiges étonnans de l'opulence des rois d'Egypte, & l'explication que les prêtres donnent dans Tacite, répond si bien aux figures que nous voyons gravées au sommet des obélisques qui nous restent, singulierement de celui élevé à Thebes par Ramessès, qui est actuellement dans la place de saint Jean de Latran, & dont on a donné une estampe au commencement de ce siecle, qu'il nous paroîtroit déraisonnable de révoquer en doute une puissance dont il reste tant de témoins & de monumens.

Il semble même que les Romains aient été effrayés d'imiter les obélisques des rois d'Egypte. Ces beaux ouvrages ont été pour l'Italie des bornes sacrées. La grandeur romaine a cru, en les transportant, faire tout ce qu'elle pouvoit, & n'a pas osé en construire de nouveaux pour les mettre en parallele avec les anciens. Au lieu donc que la pyramide de Cestius prouve qu'une famille particuliere a tenté un modele de ces pyramides si superbes & si exhaussées des rois d'Egypte, la circonstance singuliere que personne n'a imité la structure des obélisques, constate pleinement que les empereurs eux - mêmes ne se sont pas hasardés d'opposer des ouvrages de ce genre à ceux de ces monarques. Ils tiroient leur marbre d'une carriere unique dans le monde. Cette carriere étoit située près de la ville de Thebes & des montagnes qui s'étendent vers le midi de l'Ethiopie & les cataractes du Nil. Cinq obélisques d'Egygte, relevés par les soins de Sixte V. servent à justifier la magnificence de Sesostris & de Ramessès en ce genre: cependant le nom de Dominique Fontana qui les rétablit, est encore célebre à Rome, tandis que celui des artistes qui les taillerent & les transporterent de si loin, est pour jamais inconnu. Mais le lecteur curieux de page n="300"> s'éclairer davantage sur cette matiere, peut consulter Bargoei de obelisco. Il est inséré dans le beau recueil des antiquités romaines de Graevius commentarius, tom. IV. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Obélisque

Obélisque (Hydr.) s'entend de certaines fontaines qui forment un rocher large par en - bas, terminé en pointe en forme d'un obélisque; telle est la belle fontaine de Versailles qui porte ce nom. Il y en a encore quatre dans le bosquet nommé l'arc de triomphe, qui sont à jour & triangulaires, formés par des corps de cuivre doré, d'où sortent des nappes d'eau à divers étages, imitant des cristaux.

OBER

OBER, (Géog.) mot allemand, qui, en géographie, signifie haut, élevé, & qui se compose avec un nom propre, ayant pour opposé le mot nieder, bas: ainsi les Allemands disent ober - Baden, nieder - Baden, le haut, le bas pays de Bade; ober - Bayern, nieder Bayern, la haute & la basse Baviere; ober - Elsasz, nieder - Elsasz, la haute & la basse Alsace, & ainsi des autres lieux & pays distingués en haut & bas. (D. J.)

OBÉRÉ

OBÉRÉ, adj. (Comm.) celui qui est endetté, qui, à cause de ses dettes considérables, est hors d'etat de continuer son commerce, ou de payer ses créanciers. Dictionn. de commerce.

S'obérer

S'obérer, s'endetter, contracter de continuelles & de grandes dettes. Id. ibid.

OBERKIRCH

OBERKIRCH, (Géograph.) c'est à - dire, haute église, petite ville & château d'Alsace, au - delà du Rhin, vers la forêt Noire, à une lieue de Strasbourg. Elle appartient à l'Evêque de Strasbourg. Long. 25. 55. lat. 48. 35. (D. J.)

OBERNDORFF

OBERNDORFF, (Géog.) petite ville d'Allemagne au cercle de Suabe, dans la forêt Noire. Elle appartient à la maison d'Autriche: on la divise en haute & en basse. Elle est sur le Necker. Long. 28. 18. lat. 48. 10. (D. J.)

OBERNPERG

OBERNPERG, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans la Baviere, avec un château. Elle appartient à l'évêque de Passau, & en est à 4 milles. Long. 30. 54. lat. 48. 33. (D. J.)

OBERWESEL

OBERWESEL, (Géog.) ancienne petite ville d'Allemagne, au cercle du bas Rhin, autrefois impériale, mais à present sujette à l'électeur de Treves. Elle est sur le Rhin. (D. J.)

OBÉSITÉ

OBÉSITÉ, s. f. (Médec.) la quantité de graisse dans le corps humain, plus considérable que les autres humeurs, & que les parties solides ne le demandent, s'appellent en Médecine obésité, obesitas, & plus expressivement encore par Coelius - Aurelianus, quoique peut - être improprement, polysarcia, car l'obésité n'est pas une surabondance de chair, mais de graisse; on pourroit dire polystearcia; c'est un embonpoint excessif; c'est une maladie opposée au marasme.

Ceux dont le corps est maigre, sans être décharné, ou charnu sans être gras, sont beaucoup plus vigoureux que ceux qui deviennent gras; des que la surabondance de la nourriture a pris cette route, & qu'elle commence à former de la graisse, c'est toujours aux dépens de la force. Ce n'est point par l'augmentation des solides que se fait celle du volume de tout le corps dans les personnes grasses; mais cet embonpoint consiste, en ce que les solides forment par leur extension de plus grandes cavités, qui se remplissent d'un plus grand amas d'humeurs, & par conséquent l'excès d'embonpoint nuit, affoiblit, suffoque: un médecin sait donc bien distinguer la nutrition de la réplétion, puisque la premiere donne de la force & de la densité aux vaisseaux, au lieu que l'autre les dilate, les relâche & les affoiblit.

La différence qu'il y a d'une personne maigre à une personne grasse, c'est que la personne grasse a ses vaisseaux entourés d'une graisse croupissante dans les cellules de la membrane adipeuse qui en sont gonflées. La personne maigre, au contraire, a une graisse rougeâtre, formant des globules légers & circulaires: plus il s'amasse de graisse dans les cellules, plus les humeurs perdent de leur masse & de leur nature. Les vaisseaux retrécis par le volume énorme de la graisse, produisent la foiblesse, la paresse, l'inaction & l'inaptitude aux mouvemens.

Lorsque l'accroissement de toutes les parties du corps est entierement achevé, & que ces parties du corps ne peuvent presque plus admettre de nourriture, alors la graisse commence à se former dans les hommes & dans les femmes qui menent une vie oisive. Mais de plus, certains sujets y ont une disposition naturelle, qui augmente à proportion de la plus grande quantité d'alimens que l'on prend, du repos du corps, de celui de l'esprit, de l'interruption des exercices ordinaires, de la suppression d'une hémorrhagie accoutumée, & de la suppression des mois dans les vieilles femmes. Cette disposition est encore favorisée par l'amputation de quelque membre.

La différence des climats & des degrés de transpiration, contribue sans doute à cet état. On remarque que pour une personne d'un embonpoint excessif dans les provinces méridionales de France, il y en a cent en Angleterre & en Hollande, ce qu'on peut attribuer en partie au climat, & en partie à l'usage habituel des bierres récentes & féculentes, dans lesquelles la partie oléagineuse n'est pas suffisamment atténuée.

Les Grecs, sur - tout les Lacédémoniens, ne pouvoient souffrir ce massif embonpoint; aussi les jeunes Spartiates étoient obligés de se montrer nus tous les mois aux éphores, & l'on imposoit un régime austere à ceux qui avoient de la disposition à devenir trop gras. En effet, l'équilibre se détruit chez les personnes d'un embonpoint excessif; ensorte qu'elles deviennent asthmatiques & quelquefois apoplectiques. Les solides se relâchent, la respiration s'embarrasse, le pouls est plus profond & plus caché par la graisse dominante; souvent dans les femmes le retour des regles plus tardif, & la stérilité sont une suite de l'obésité: dans les enfans elle annonce une dentition pénible.

Le moyen de diminuer l'obésité, est de manger moins, d'augmenter le mouvement des solides & des fluides par la promenade, à pié ou à cheval, & généralement en pratiquant tous les exercices du corps. On employera les frictions en pressant légerement les vaisseaux, & en repoussant doucement les fluides: on usera avec prudence & modération des acides, des médicamens acides austeres, & des spiritueux qui ayent fermenté. On pourra prévenir l'obésité par les mêmes secours, quoiqu'on voie des personnes, sur - tout dans certains climats qui y ont une si grande disposition naturelle, que tous les moyens échouent, si on ne les met en usage consécutivement & de très - bonne heure.

Il y a peu de modernes qui ayent écrit sur cette maladie; mais entre les anciens, Coelius - Aurélianus l'a traitée avec une intelligence supérieure, en établissant solidement les symptomes & la méthode curative.

Il considere d'abord l'obésité comme une espece de cachéxie qui produit l'inaction, la foiblesse, la difficulté de respirer, l'oppression & les sueurs copieuses dans lesquelles on tombe pour peu qu'on fasse d'exercice. On guérit, selon lui, cette maladie de deux manieres; savoir, en empêchant que le corps ne reçoive trop de nourriture, soit par le moyen de la gestation, & par l'usage des alimens peu nutritifs; ou en observant certaines regles, &

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