LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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une part qu'on appelle Tiers et danger.
On nomme ces bois, Bois tenus en
gruerie, tiers et danger.
GRUGER
GRUGER. v. actif. Briser quelque
chose de dur ou de sec avec les dents.
Gruger des croûtes, du petit métier, des
macarons.
Il se prend simplement pour Manger,
et alors il ne se dit qu'en plaisanterie.
Trois ou quatre qu'ils sont, auront
bientôt grugé cela.
On dit figurément et familiérement
d'Un homme qui a peu de bien, et qui
fait plus de dépense que son bien ne
le comporte, qu'Il gruge son fait, qu'il
aura bientôt grugé son petit fait.
On dit aussi fig. et familièrement,
Gruger quelqu'un, pour dire, Manger
le bien de quelqu'un. Cet homme a chez
lui des hôtes qui le grugent. Les Procureurs
l'ont grugé.
Grugé, ée
Grugé, ée. participe.
GRUME
GRUME. s. fém. Terme d'Eaux--et--Forêts, qui se dit Du bois coupé qui a
encore son écorce. Vendre les bois en
grume.
GRUMEAU
GRUMEAU. subst. masc. Il se dit
principalement Des petites portions de
sang ou de lait caillé dans l'estomac.
Vomir de gros grumeaux de sang. Il rendoit
le sang par grumeaux. Le lait se
convertit quelquefois en grumeaux dans
l'estomac.
On le dit aussi Du lait qui se tourne.
Ce lait s'est mis tout en grumeaux.
SE GRUMELER
SE GRUMELER. v. qui ne se dit
qu'avec le pronom personnel. Devenir
en grumeaux. Le lait se grumelle.
Grumelé, ée
Grumelé, ée. participe.
GRUMELEUX, EUSE
GRUMELEUX, EUSE. adj. Qui a
de petites inégalités dures, ou audehors,
ou au--dedans. Caillou grumeleux.
Bois grumeleux. Des poires grumeleuses.
GRUYER, ÈRE
GRUYER, ÈRE. adj. Qui a rapport
à la grue, comme, Faucon gruyer, qui
est dressé à voler la grue, ou qui ressemble
à une grue, comme, Faisan
gruyer.
GRUYER
GRUYER, adj. m. se dit relativement
à Gruerie, en cette phrase, Seigneur
gruyer, qui signifie, Seigneur
ayant un certain droit sur les bois de
ses vassaux.
Il est aussi substantif, et signifie,
Un Officier qui juge en première instance
des délits qui se commettent
dans les forêts et dans les rivières de
son Département.
GRUYÈRE
GRUYÈRE. s. m. Sorte de fromage
qui tire son nom d'un lieu de la Suisse
où il se fait.
GUE
GUÉ
GUÉ. s. m. L'endroit d'une rivière
où l'eau est si basse et le fond si ferme,
qu'on y peut passer sans nager et sans
s'embourber. Chercher un gué. Le gué
est bon, est sûr en cet endroit--là Il y a
gué. Passer la rivière à gué. Abreuver un
cheval au gué. Sonder le gué.
On dit figurément, Sonder le gué,
pour dire, Faire quelque tentative
sous main dans une affaire, pressentir
les dispositions où peuvent être ceux
de qui elle dépend.
GUÉABLE
GUÉABLE. adj. des 2 g. Que l'on
peut passer à gué. La rivière est guéable
dans cet endroit.
GUÈBRES
GUÈBRES. s. m. Nom que portent
les restes de l'ancienne Nation Persane,
épars aujourd'hui en diverses
contrées de la Perse et des Indes, où
ce peuple esclave des Mahométans,
conserve encore la Religion de Zoroastre.
Voyez Gaures.
GUÈDE
GUÈDE, s. f. ou PASTEL, s. m.
Plante qu'on cultive en Normandie et
en Picardie, pour l'usage des Teinturiers.
Ils en emploient le suc pour
teindre en bleu foncé.
GUÉDER
GUÉDER. v. a. Soûler, faire manger
avec excès. Il est bas, et il n'est
guère en usage qu'aux temps formés
du participe. Le voilà bien guédé. Il s'est
bien guédé.
Guédé, ée
Guédé, ée. participe.
GUÉER
GUÉER. v. act. Baigner, laver dans
l'eau. Guéer un cheval, C'est le faire
entrer dans la rivière, et l'y promener
pour le laver et le rafraîchir. Guéer du
linge, C'est le laver et le remuer quelque
temps dans l'eau, avant que de le
tordre.
GUELFES
GUELFES. s. m. pluriel. Nom que
portoit la faction qui soutint long--temps en Italie les prétentions des
Souverains Pontifes, contre celle des
Empereurs. La querelle des Guelfes et
des Gibelins a long--temps déchiré l'Italie.
Il s'emploie quelquefois au singulier.
Ce Prince étoit Guelfe.
GUENILLE
GUENILLE. s. f. Haillon, chiffon.
Que voulez--vous faire de cette guenille,
de ces guenilles?
Au pluriel, il se dit De toutes sortes
de hardes vieilles et usées. Cet homme
ne porte que des guenilles. Porter des
guenilles à la friperie.
Il s'emploie figurément et familièrement,
pour signifier Des choses de
peu d'importance.
GUENILLON
GUENILLON. s. mas. Petite guenille.
Je n'ai que faire de ce guenillon. Il
est familier.
GUENIPE
GUENIPE. s. f. Femme malpropre,
maussade, et de la lie du peuple. Qui
nous a amené cette guenipe, cette grande
guenipe?
On s'en sert plus ordinairement pour
signifier Une coureuse, une femme
de mauvaise vie. Ne hantez pas cette
femme--là, c'est une guenipe, une franche
guenipe. Il ne voit que des guenipes. Il
est familier dans les deux acceptions.
GUENON
GUENON. s. fém. La femelle d'un
singe. Une petite guenon.
On dit par injure d'Une laide femme,
que C'est une guenon, une franche guenon,
une laide guenon, un visage de
guenon, une vieille guenon; et d'Une
femme de mauvaise vie, que C'est une
guenon, que ce n'est qu'une guenon. Il ne
hante que des guenons.
GUENUCHE
GUENUCHE. s. f. Petite guenon.
Une jolie guenuche.
On dit figurément d'Une femme
laide et fort parée, que C'est une guenuche
coiffée.
GUÊPE
GUÊPE. subs. fém. Grosse mouche
presque semblable à une abeillé, qui
a un aiguillon, et qui fait de mauvais
miel. Grosse guêpe. Mouche--guêpe. Il a
été piqué d'une guêpe.
GUÊPIER
GUÊPIER. s. m. Lieu où les guêpes
construisent des gâteaux et des alvéoles
qui forment un groupe revêtu d'une
enveloppe en tout ou en partie.
GUERDON
GUERDON. s. m. Loyer, salaire,
récompense. Il est vieux.
GUERDONNER
GUERDONNER. v. a. Récompenser.
Il est vieux.
Guerdonné, ée
Guerdonné, ée. participe.
GUËRE
GUËRE ou GUÈRE.. adverb. Pas
beaucoup, peu. Il ne s'emploie jamais
qu'avec la négative. Il n'y a guère de
gens tout--à--fait désintéressés. Il n'y a
guères de bonne foi dans le monde. Il n'a
guères d'argent. Il n'a plus guère à vivre.
Il n'a guère de voix. Il n'est guère sage.
Ce vin--là n'est guère bon.
On dit quelquefois familièrement,
Il ne s'en faut de guère, pour dire, Il
ne s'en faut guère.
On le met quelquefois dans le sens
de Presque point; et alors on le joint
toujours avec que. Il n'y a guère que lui
qui soit capable de faire cela, c'est--à--dire, Il n'y a presque que lui. Il n'y a
guère que les Rois qui puissent ...
GUÉRET
GUÉRET. s. m. Terre labourée et
non ensemencée. Relever les guérets.
Cette pièce de terre est demeurée en guéret.
Au bout d'un guéret.
On appelle quelquefois en Poésie,
Guérets, Toutes les terres propres à
porter des grains, soit qu'elles soient
ensemencées ou non.
GUÉRIDON
GUÉRIDON. s. m. Sorte de meuble
qui n'a qu'un pied, et qui sert à soutenir
des chandeliers, des flambeaux.
Un guéridon de bois. Un guéridon d'argent.
Mettre des flambeaux sur des guéridons.
GUÉRIR
GUÉRIR. v. a. Délivrer de maladie,
faire revenir en santé, redonner
la santé. Ce Médecin l'a guéri d'un mal
qui paroissoit incurable. Guérir quelqu'un
de la fièvre.
Il se dit aussi Des maladies. Guérir
la fièvre. Guérir une plaie. Cet emplâtre
guérit les contusions.
On dit proverbialement, Médecin
guéris--toi toi--même. Et on s'en sert figurément,
pour dire, Gardez pour
vous--même les avis que vous donnez
aux autres.
On dit proverbialement, De quoi
guérira, de quoi me guérira cela? Cela
ne me guérira de rien, pour dire, Cela
ne me servira de rien.
On dit proverbialem. d'Un homme
qui n'a ni pouvoir ni crédit, que C'est
un Saint qui ne guérit de rien.
Il est aussi neutre, et signifie, Recouvrer
la santé. Il est malade, mais
il en guérira. J'espère guérir bientôt. Guérira--t--il de cette maladie?
Il se met aussi avec le pronom personnel.
Votre mal commence à se guérir.
Guérissez--vous. Songez seulement à vous
guérir.
Il se dit figurément Des passions,
des maux de l'esprit et de l'imagination.
On l'a guéri de l'erreur où il étoit,
de la fantaisie qu'il avoit. Il étoit autrefois
fort attaché à cette opinion, mais il
en est guéri maintenant. Il est guéri de
son ambition. Il avoit une passion extrême
pour le jeu, l'en voilà tout--à--fait guéri.
On ne guérit point de la peur.
Guéri, ie.
Guéri, ie. participe.
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