LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 667

une part qu'on appelle Tiers et danger. On nomme ces bois, Bois tenus en gruerie, tiers et danger.

GRUGER

GRUGER. v. actif. Briser quelque chose de dur ou de sec avec les dents. Gruger des croûtes, du petit métier, des macarons.

Il se prend simplement pour Manger, et alors il ne se dit qu'en plaisanterie. Trois ou quatre qu'ils sont, auront bientôt grugé cela.

On dit figurément et familiérement d'Un homme qui a peu de bien, et qui fait plus de dépense que son bien ne le comporte, qu'Il gruge son fait, qu'il aura bientôt grugé son petit fait.

On dit aussi fig. et familièrement, Gruger quelqu'un, pour dire, Manger le bien de quelqu'un. Cet homme a chez lui des hôtes qui le grugent. Les Procureurs l'ont grugé.

Grugé, ée

Grugé, ée. participe.

GRUME

GRUME. s. fém. Terme d'Eaux--et--Forêts, qui se dit Du bois coupé qui a encore son écorce. Vendre les bois en grume.

GRUMEAU

GRUMEAU. subst. masc. Il se dit principalement Des petites portions de sang ou de lait caillé dans l'estomac. Vomir de gros grumeaux de sang. Il rendoit le sang par grumeaux. Le lait se convertit quelquefois en grumeaux dans l'estomac.

On le dit aussi Du lait qui se tourne. Ce lait s'est mis tout en grumeaux.

SE GRUMELER

SE GRUMELER. v. qui ne se dit qu'avec le pronom personnel. Devenir en grumeaux. Le lait se grumelle.

Grumelé, ée

Grumelé, ée. participe.

GRUMELEUX, EUSE

GRUMELEUX, EUSE. adj. Qui a de petites inégalités dures, ou audehors, ou au--dedans. Caillou grumeleux. Bois grumeleux. Des poires grumeleuses.

GRUYER, ÈRE

GRUYER, ÈRE. adj. Qui a rapport à la grue, comme, Faucon gruyer, qui est dressé à voler la grue, ou qui ressemble à une grue, comme, Faisan gruyer.

GRUYER

GRUYER, adj. m. se dit relativement à Gruerie, en cette phrase, Seigneur gruyer, qui signifie, Seigneur ayant un certain droit sur les bois de ses vassaux.

Il est aussi substantif, et signifie, Un Officier qui juge en première instance des délits qui se commettent dans les forêts et dans les rivières de son Département.

GRUYÈRE

GRUYÈRE. s. m. Sorte de fromage qui tire son nom d'un lieu de la Suisse où il se fait.

GUE

GUÉ

GUÉ. s. m. L'endroit d'une rivière où l'eau est si basse et le fond si ferme, qu'on y peut passer sans nager et sans s'embourber. Chercher un gué. Le gué est bon, est sûr en cet endroit--là Il y a gué. Passer la rivière à gué. Abreuver un cheval au gué. Sonder le gué.

On dit figurément, Sonder le gué, pour dire, Faire quelque tentative sous main dans une affaire, pressentir les dispositions où peuvent être ceux de qui elle dépend.

GUÉABLE

GUÉABLE. adj. des 2 g. Que l'on peut passer à gué. La rivière est guéable dans cet endroit.

GUÈBRES

GUÈBRES. s. m. Nom que portent les restes de l'ancienne Nation Persane, épars aujourd'hui en diverses contrées de la Perse et des Indes, où ce peuple esclave des Mahométans, conserve encore la Religion de Zoroastre. Voyez Gaures.

GUÈDE

GUÈDE, s. f. ou PASTEL, s. m. Plante qu'on cultive en Normandie et en Picardie, pour l'usage des Teinturiers. Ils en emploient le suc pour teindre en bleu foncé.

GUÉDER

GUÉDER. v. a. Soûler, faire manger avec excès. Il est bas, et il n'est guère en usage qu'aux temps formés du participe. Le voilà bien guédé. Il s'est bien guédé.

Guédé, ée

Guédé, ée. participe.

GUÉER

GUÉER. v. act. Baigner, laver dans l'eau. Guéer un cheval, C'est le faire entrer dans la rivière, et l'y promener pour le laver et le rafraîchir. Guéer du linge, C'est le laver et le remuer quelque temps dans l'eau, avant que de le tordre.

GUELFES

GUELFES. s. m. pluriel. Nom que portoit la faction qui soutint long--temps en Italie les prétentions des Souverains Pontifes, contre celle des Empereurs. La querelle des Guelfes et des Gibelins a long--temps déchiré l'Italie.

Il s'emploie quelquefois au singulier. Ce Prince étoit Guelfe.

GUENILLE

GUENILLE. s. f. Haillon, chiffon. Que voulez--vous faire de cette guenille, de ces guenilles?

Au pluriel, il se dit De toutes sortes de hardes vieilles et usées. Cet homme ne porte que des guenilles. Porter des guenilles à la friperie.

Il s'emploie figurément et familièrement, pour signifier Des choses de peu d'importance.

GUENILLON

GUENILLON. s. mas. Petite guenille. Je n'ai que faire de ce guenillon. Il est familier.

GUENIPE

GUENIPE. s. f. Femme malpropre, maussade, et de la lie du peuple. Qui nous a amené cette guenipe, cette grande guenipe?

On s'en sert plus ordinairement pour signifier Une coureuse, une femme de mauvaise vie. Ne hantez pas cette femme--là, c'est une guenipe, une franche guenipe. Il ne voit que des guenipes. Il est familier dans les deux acceptions.

GUENON

GUENON. s. fém. La femelle d'un singe. Une petite guenon.

On dit par injure d'Une laide femme, que C'est une guenon, une franche guenon, une laide guenon, un visage de guenon, une vieille guenon; et d'Une femme de mauvaise vie, que C'est une guenon, que ce n'est qu'une guenon. Il ne hante que des guenons.

GUENUCHE

GUENUCHE. s. f. Petite guenon. Une jolie guenuche.

On dit figurément d'Une femme laide et fort parée, que C'est une guenuche coiffée.

GUÊPE

GUÊPE. subs. fém. Grosse mouche presque semblable à une abeillé, qui a un aiguillon, et qui fait de mauvais miel. Grosse guêpe. Mouche--guêpe. Il a été piqué d'une guêpe.

GUÊPIER

GUÊPIER. s. m. Lieu où les guêpes construisent des gâteaux et des alvéoles qui forment un groupe revêtu d'une enveloppe en tout ou en partie.

GUERDON

GUERDON. s. m. Loyer, salaire, récompense. Il est vieux.

GUERDONNER

GUERDONNER. v. a. Récompenser. Il est vieux.

Guerdonné, ée

Guerdonné, ée. participe.

GUËRE

GUËRE ou GUÈRE.. adverb. Pas beaucoup, peu. Il ne s'emploie jamais qu'avec la négative. Il n'y a guère de gens tout--à--fait désintéressés. Il n'y a guères de bonne foi dans le monde. Il n'a guères d'argent. Il n'a plus guère à vivre. Il n'a guère de voix. Il n'est guère sage. Ce vin--là n'est guère bon.

On dit quelquefois familièrement, Il ne s'en faut de guère, pour dire, Il ne s'en faut guère.

On le met quelquefois dans le sens de Presque point; et alors on le joint toujours avec que. Il n'y a guère que lui qui soit capable de faire cela, c'est--à--dire, Il n'y a presque que lui. Il n'y a guère que les Rois qui puissent ...

GUÉRET

GUÉRET. s. m. Terre labourée et non ensemencée. Relever les guérets. Cette pièce de terre est demeurée en guéret. Au bout d'un guéret.

On appelle quelquefois en Poésie, Guérets, Toutes les terres propres à porter des grains, soit qu'elles soient ensemencées ou non.

GUÉRIDON

GUÉRIDON. s. m. Sorte de meuble qui n'a qu'un pied, et qui sert à soutenir des chandeliers, des flambeaux. Un guéridon de bois. Un guéridon d'argent. Mettre des flambeaux sur des guéridons.

GUÉRIR

GUÉRIR. v. a. Délivrer de maladie, faire revenir en santé, redonner la santé. Ce Médecin l'a guéri d'un mal qui paroissoit incurable. Guérir quelqu'un de la fièvre.

Il se dit aussi Des maladies. Guérir la fièvre. Guérir une plaie. Cet emplâtre guérit les contusions.

On dit proverbialement, Médecin guéris--toi toi--même. Et on s'en sert figurément, pour dire, Gardez pour vous--même les avis que vous donnez aux autres.

On dit proverbialement, De quoi guérira, de quoi me guérira cela? Cela ne me guérira de rien, pour dire, Cela ne me servira de rien.

On dit proverbialem. d'Un homme qui n'a ni pouvoir ni crédit, que C'est un Saint qui ne guérit de rien.

Il est aussi neutre, et signifie, Recouvrer la santé. Il est malade, mais il en guérira. J'espère guérir bientôt. Guérira--t--il de cette maladie?

Il se met aussi avec le pronom personnel. Votre mal commence à se guérir. Guérissez--vous. Songez seulement à vous guérir.

Il se dit figurément Des passions, des maux de l'esprit et de l'imagination. On l'a guéri de l'erreur où il étoit, de la fantaisie qu'il avoit. Il étoit autrefois fort attaché à cette opinion, mais il en est guéri maintenant. Il est guéri de son ambition. Il avoit une passion extrême pour le jeu, l'en voilà tout--à--fait guéri. On ne guérit point de la peur.

Guéri, ie.

Guéri, ie. participe.

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