RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
Page 10:373
En l'année 1760, au mois de Janvier, on a éprouvé à Pétersbourg un froid d'une rigueur excessive: cela a donné lieu à une découverte très - importante sur le mercure; on a trouvé qu'il étoit susceptible de se changer en une masse solide par la gelée Pour cet effet on a trempé la boule d'un thermometre dans une espece de bouillie faite avec de la neige & de l'esprit de nitre fumant; en remuant ce mélange avec le thermometre même, le mercure s'est gelé & s'est arrêté au degré 500 du thermometre de M. de Lisle, qui répond au 183 de M. de Réaumur. Ce mercure ainsi gelé est plus pesant que celui qui est fluide, d'ailleurs il est ductile & malléable comme du plomb. La glace pilée ne peut point, dit - on, faire geler le mercure, qui ne va pour lors que jusqu'au 260 degré du thermometre de M. de Lisle. On n'a point encore pu vérisier ces expériences dans d'autres pays de l'Europe.
La disposition que le mercure a à s'unir avec le plomb, l'étain & le bismuth, fait qu'à cause de sa cherté on le combine avec ces substances; il est donc nécessaire de le purifier avant que de s'en servir. On le purifie ordinairement avec du vinaigre & du sel marin, & on triture le mercure dans ce mélange: par ce moyen le vinaigre dissout les métaux avec lesquels le mercure est combiné, & il reste pur. Mais la maniere la plus sûre de purisier le mercure, est de le combiner avec du soufre, & de mettre ce mélange en sublimation pour faire du cinnabre, que l'on met ensuite en distillation pour en obtenir le mercure.
Quant à la maniere de purifier le mercure en le pressant an - travers d'une peau de chamois, elle est sort équivoque, puisque, comme on a vu, le bismuth fait que l'étain & le plomb passent avec lui autravers du chamois; cotte maniere de purifier le mer -
Plusieurs physiciens ont cru que le mercure contenoit beaucoup de particules d'air, mais c'est une erreur; & M. Rouelle a trouvé que ces prétendues particules d'air sont de l'eau dont on peut le dégager en le faisant bouillir; mais il en reprend très - promptement si on le laisse exposé à l'air, dont il attire fortement l'humidité. Borrichius a observé qu'une chaîne de fer poli s'étoit chargée de rouille après avoir séjourné pendant quelque tems dans du mercure. Raimond Lulle est le premier des Chimistes qui ait dit que le mercure contenoit de l'eau. On pourroit conjecturer que c'est à cette eau que contient le mercure, que sont dûs quelques - uns de ses effets dangereux, & peut - être est - ce de là que vient la propriété qu'il a d'exciter la salivation & d'attaquer le genre nerveux. Il seroit fort avantageux de n'employer que du mercure qui eût été privé de cette partie aqueuse. Les mauvais effets que le mercure produit souvent sur le corps humain, ont fait soupçonner à quelques chimistes qu'il contenoit une terre étrangere & arsénicale qu'ils ont appellée nymphe; & ils pretendoient l'en dépouiller, en le combinant avec les acides minéraux, dont ils le dégageoient ensuite pour y introduire une autre terre: par ce moyen ils avoient un mercure parfaitement pur, qu'ils ont nommé mercure animé, dont ils vantoient l'usage, tant dans la Medecine que dans la Chrysopée; ils prétendoient que ce mercure dissolvoit l'or à parties égales, mais il perdoit ses propriétés lorsqu'on l'exposoit à l'air. C'est à l'expérience à faire connoître jusqu'à quel point toutes ces idées peuvent être fondées. Beccher, Stahl & Henckel, les trois plus grands chimistes que l'Allemagne ait produits, regardent non - seulement le mercure comme une substance arsenicale, mais même comme un arsenic fuide.
Le célebre M. Neumann définit le mercure un mixte aqueux & terreux, mixtum aqueo - terreum, dans lequel il entre une portion du principe inflammable, & qui est chargé jusqu'à l'excès de la troisieme terre de Beccher ou la terre mercurielle, qui est le principe à qui les métaux doivent leur fusibilité ou l'état de fluidité que leur donne l'action du feu. Quoi qu'il en soit de cette définition, il est certain que la facilité avec laquelle le feu dissipe & volatilise le mercure, fait qu'il est impossible de le décomposer & d'en faire une analyse exacte. Si on l'expose à l'action du feu dans des vaisseaux fermés, il se met en expansion & brise les vaisseaux. M. Rouelle a trouvé que cela vient de l'eau qui lui est jointe, vu qu'en le privant de cette eau il ne fait plus d'explosion. Si on l'expose au feu dans des vaisseaux ouverts, il se réduit en vapeurs ou en fumée: en l'exposant pendant longtems à un feu doux, il se change en une poudre grise que, suivant la remarque de M. Rouelle, on a mal - à - propos regardée comme une chaux, puisqu'en donnant un degré de chaleur plus fort, cette poudre reprend très - promptement la forme & l'éclat du mercure. Pour le changer en cette poudre grise, il suffit de l'enfermer dans une bouteille que l'on agitera fortement & long - tems; c'est ce qu'on appelle mercure précipité par lui - même.
Malgré la difficulté qu'il y a à connoître la nature
du mercure, un grand nombre de chimistes l'ont regardé
comme la base de tous les métaux, & ils ont
prétendu que l'on pouvoit l'en tirer, opération qu'ils
ont nommé mercurification; mais ils assurent que ce
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.