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Par la déclaration du roi du 23 Avril 1743, les Chirurgiens de Paris sont tenus, pour parvenir à la maîtrise, de rapporter des lettres de maître - ès arts en bonne forme, avec le certificat du tems d'études. On y reconnoît qu'il est important que dans la capitale les Chirurgiens, par l'étude des lettres, puissent acquérir une connoissance plus parfaite des regles d'un art si nécessaire au genre humain; & cette loi regrette que les circonstances des tems ne permettent pas de l'établir de même dans les principales villes du royaume.
Une déclaration si favorable au progrès de la
Chirurgie, & qui sera un monument éternel de
l'amour du roi pour ses sujets, a trouvé des contradicteurs,
& a été la source de disputes longues &
vives, dont nous avons parlé au mot
Un arrêt du conseil d'état du roi du 4 Juillet 1750, qui fixe entre autres choses l'ordre qui doit être observé dans les cours de Chirurgie à Paris, établis par les bienfaits du roi en vertu des lettres - patentes du mois de Septembre 1724, ordonne que les éleves en Chirurgie seront tenus de prendre des inscriptions aux écoles de saint Côme, & de rapporter des certificats en bonne forme, comme ils ont fait le cours complet de trois années sous les professeurs royaux qui y enseignent pendant l'été; la premiere année, la Physiologie & l'Hygiene; la seconde année, la Pathologie générale & particuliere, qui comprend le traité des tumeurs, des plaies, des ulceres, des luxations & des fractures; & la troisieme, la Thérapeutique ou la méthode curative des maladies chirurgicales; l'on traite spécialement dans ces leçons de la matiere médicale externe, des saignées, des ventouses, des cauteres, des eaux minérales, considérées comme remedes extérieurs, &c. Pendant l'hiver de ces trois années d'études, les éleves doivent fréquenter assiduement l'école pratique: elle est tenue par les professeurs & démonstrateurs royaux d'anatomie & des opérations, qui tirent des
Les professeurs des écoles de Chirurgie sont brevetés du roi, & nommés par Sa Majesté sur la présentation de son premier chirurgien. Ils sont permanens, & occupés par état & par honneur à mériter la confiance des éleves & l'applaudissement de leurs collegues. Cet avantage ne se trouveroit point, si l'emploi de professeur étoit passager comme dans d'autres écoles, où cette charge est donnée par le sort & pour un seul cours; ce qui fait qu'une des plus importantes fonctions peut tomber par le hasard sur ceux qui sont le moins capables de s'en bien acquitter.
Outre les cours publics, il y a des écoles d'Anatomie & de Chirurgie dans tous les hôpitaux, & des maîtres qui, dévoués par goût à l'instruction des éleves, leur font dissequer des sujets, & enseignent dans leurs maisons particulieres l'anatomie, & font pratiquer les opérations chirurgicales.
Il ne suffit pas que l'éleve en chirurgie soit préparé par l'étude des humanités & de la philosophie qui ont dû l'occuper jusqu'à environ dix - huit ans, âge avant lequel on n'a pas ordinairement l'esprit assez formé pour une étude bien sérieuse; & que depuis il ait fait le cours complet de trois années dans les écoles de chirurgie, on exige que les jeunes Chirurgiens ayent demeuré en qualité d'éleve durant six ans consécutifs chez un maître de l'art, ou chez plusieurs pendant sept années. Dans d'autres écoles qui ont, comme celle de Chirurgie, la conservation & le rétablissement de la santé pour objet, on parvient à la maîtrise en l'art, où, pour parler le langage reçu, l'on est promu au doctorat après les seuls exercices scholastiques pendant le tems prescrit par les statuts. Mais en Chirurgie, on demande des éleves une application assidue à la pratique sous les yeux d'un ou de plusieurs maîtres pendant un tems assez long.
On a reproché aux jeunes Chirurgiens dans des
disputes de corps, cette obligation de domicile,
qu'on traitoit de servitude, ainsi que la dépendance
où ils sont de leurs chefs dans les hôpitaux, employés
aux fonctions ministérielles de leur art pour
le service des malades. Mais le bien public est l'objet
de cette obligation, & les éleves n'y trouvent
pas moins d'utilité pour leur instruction, que pour
leur avancement particulier. L'attachement à un
maître, est un moyen d'être exercé à tout ce qui
concerne l'art, & par degrés depuis ce qu'il y a
de moindre, jusqu'aux opérations les plus délicates
& les plus importantes. Tout le monde convient
que, dans tous les arts, ce n'est qu'en pratiquant
qu'on devient habile: l'éleve, en travaillant sous
des maîtres, profite de leur habileté & de leur expérience;
il en reçoit journellement des instructions
de détail, dont l'application est déterminée; il ne
néglige rien de ce qu'il faut savoir; il demande des
éclaircissemens sur les choses qui passent la partie
actuelle de ses lumieres; enfin il voit habituellement
des malades. Quand on a passé ainsi quelques années
à leur service sous la direction des maîtres
de l'art, & qu'on est parvenu au même grade, on
est moins exposé à l'inconvénient, fâcheux à plus
d'un egard, de se trouver long - tems, après sa réception,
ancien maître & jeune praticien, comme
on en voit des exemples ailleurs.
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