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On prévient l'action vénéneuse de la jusquiame,
comme celle des autres poisons irritans, en procurant
son évacuation par le vomissement, si l'on est
appellé à tems, faisant avaler après à grandes doses,
des bouillons gras, du lait, du beurre fondu, &c.
insistant sur les purgatifs doux & lubréfians, & sollicitant
enfin l'évacuation de la peau par des diaphorétiques
legers. Voyez
La jusquiame entre malgré ses mauvaises qualités dans plusieurs compositions pharmaceutiques, la plûpart destinées à l'usage extérieur; mais heureusement en trop petite quantité, pour qu'elle puisse les rendre dangereuses.
L'huile exprimée des semences de jusquiame ne participe point des qualités vénéneuses de cette plante.
En général, la Medecine ne perdroit pas beaucoup, quand on banniroit absolument de l'ordre des remedes l'une & l'autre jusquiame. (b)
Ces distinctions posées, il me paroît assez aisé de résoudre la fameuse question, s'il y a quelque chose de juste ou d'injuste avant la loi.
Faute de fixer le sens des termes, les plus fameux
moralistes ont échoué ici. Si l'on entend par le juste
& l'injuste, les qualités morales des actions qui lui
servent de fondement, la convenance des choses,
les lois naturelles: sans contredit, toutes ces idées
sont fort antérieures à la loi, puisque la loi bâtit
sur elles, & ne sauroit leur contredire: mais si vous
prenez le juste & l'injuste pour l'obligation parfaite
& positive de regler votre conduite, & de déterminer
vos actions suivant ces principes, cette obligation
est postérieure à la promulgation de la loi,
& ne sauroit exister qu'après la loi. Grotius, d'après
les Scholastiques, & la plûpart des anciens philosophes,
avoit affirmé qu'en faisant abstraction de
toutes sortes de lois, il se trouve des principes sûrs,
des vérités qui servent à démêler le juste d'avec l'injuste. Cela est vrai, mais cela n'est pas exactement
exprimé: s'il n'y avoit point de lois, il n'y auroit
ni juste ni injuste, ces dénominations survenant aux
actions par l'effet de la loi: mais il y auroit toûjours
dans la nature des principes d'équité & de convenance,
sur lesquels il faudroit regler les lois, & qui
munis une sois de l'autorité des lois, deviendroient
le juste & l'injuste. Les maximes gravées, pour ainsi
dire, sur les tables de l'humanité, sont aussi anciennes
que l'homme, & ont précédé les lois auxquelles
elles doivent servir de principes; mais ce sont les
lois qui, en ratifiant ces maximes, & en leur imprimant
la force de l'autorité & des sanctions, ont produit
les droits parfaits, dont l'observation est appellée
justice, la violation injustice. Puffendorf en
voulant critiquer Grotius, qui n'a erré que dans
l'expression, tombe dans un sentiment réellement
insoutenable, & prétend qu'il faut absolument des
lois pour fonder les qualités morales des actions.
(Droit naturel, liv. I. c. xj. n. 6.). Il est pourtant
constant que la premiere chose à quoi l'on fait attention
dans une loi, c'est si ce qu'elle porte est
fondé en raison. On dit vulgairement qu'une loi est
juste; mais c'est une suite de l'impropriété que j'ai
déja combattue. La loi fait le juste; ainsi il faut demander
si elle est raisonnable, équitable; & si elle
est telle, ses arrêts ajouteront aux caracteres de raison
& d'équité, celui de justice. Car si elle est en
opposition avec ces notions primitives, elle ne sauroit
rendre juste ce qu'elle ordonne. Le fonds fourni
par la nature est une base sans laquelle il n'y a point
d'édifice, une toile sans laquelle les couleurs ne sauroient
être appliquées. Ne résulte - t - il donc pas évidemment de ce premier requisitum de la loi, qu'aucune
loi n'est par elle - même la source des qualités
morales des actions, du bon, du droit, de l'honnête;
mais que ces qualités morales sont fondées
sur quelqu'autre chose que le bon plaisir du législateur,
& qu'on peut les découvrir sans lui? En effet,
le bon ou le mauvais en Morale, comme par - tout
ailleurs, se fonde sur le rapport essentiel, ou la disconvenance
essentielle d'une chose avec une autre.
Car si l'on suppose des êtres créés, de façon qu'ils
ne puissent subsister qu'en se soutenant les uns les
autres, il est clair que leurs actions sont convenables
ou ne le sont pas, à proportion qu'elles s'approchent
ou qu'elles s'éloignent de ce but; & que
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