Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 728

On dit De certaines choses parfaitement bien faites, & où il paroît du merveilleux, qu'Il semble qu'elles aient été faites par les Fées.

FÉER. v.a. Enchanter, charmer. Vieux mot qui se disoit autrefois en parlant De certains enchantemens qu'on attribuoit aux Fées. Il n'a d'usage que dans cette phrase prise des vieux contes de Fées. Je vous fée & refée.

FÉÉ, ÉE, participe Les vieux Romans disent que Ferragus étoit féé, que les armes de Mambrin étoient féées.

FÉERIE. s.f. L'art des Fées. Il fut transporté à Babylone par art de Féerie.

FEINDRE. v.a. Simuler, se servir d'une fausse apparence pour tromper, faire semblant. Feindre une maladie. Feindre une entreprise. Feindre de la joie. En feignant d'aller à la chasse, il se sauva. Feindre d'être gai. Feindre d'être triste. Feindre d'être en colère. Savoir feindre. Avoir l'art de feindre.

Il signifie aussi, Inventer, controuver. Il feint des choses qui ne sont pas vraisemblables. Ce Poëte a feint des Héros qui n'ont jamais été. Feindre des caractères qui n'ont point de vraisemblance.

FEINDRE. v.n. Hésiter à faire quelque chose, en faire difficulté. En ce sens il ne se dit guère qu'avec la négative. Je ne feindrai point de vous dire. Il n'a pas feint de lui déclarer.

On dit d'Un homme & des animaux, qui après une indisposition boitent encore un peu, qu'Ils feignent en marchant. Il est guéri de sa goutte, mais il feint encore un peu du pied gauche. Ce cheval feint d'un pied.

FEINT, EINTE, participe Un mal feint. Une amitié feinte. Une histoire feinte.

On appelle Porte feinte, colonne feinte, fenêtre feinte, &c. La représentation d'une porte, d'une colonne, &c. que l'on fait pour la symmétrie.

FEINTE. s.f. Dissimulation, déguisement, artifice, par lequel on cache une chose sous une apparence contraire. Il fait semblant d'être de vos amis, mais ce n'est que feinte. Toute sa dévotion n'est que feinte. Il m'a surpris par ses feintes. Ses feintes n'ont pas réussi.

FEINTE se dit en matière d'Escrime, quand on fait semblant de vouloir porter le coup en un endroit du corps, & qu'on le porte en un autre. Faire une feinte. Il fit une feinte, & passa sur lui.

FEINTISE. s.f. Feinte, déguisement. Il vieillit.

FÊLE. s.f. Barre de fer creuse, dont les Vitriers se servent pour tirer le verre fondu des creusets, & pour le souffler.

FÊLER. v.a. Fendre un vase, un cristal, un verre, &c. en telle sorte que les pièces en demeurent encore jointes l'une avec l'autre. Il ne faut pas exposer ce vase à la gelée, elle le fêleroit.

Il est aussi récipr. Ce vase se fêlera, si on l'approche trop près du feu.

FÊLÉ, ÉE, participe Un pot fêlé. Une cloche fêlée. Un verre fêlé.

On dit proverbialement, que Les pots fêlés sont ceux qui durent le plus. La même chose se dit figurément Des personnes, qui, à cause de leur délicatesse ou de leur indisposition, se ménagent mieux que les autres.

On dit figurément & familièrement, qu'Un homme a la tête fêlée, le timbre fêlé, pour dire, qu'Il est un peu fou.

FÉLICITATION. s.f. Compliment que l'on fait à quelqu'un, pour lui marquer la part que l'on prend à ce qui lui est arrivé d'agréable. Il ne s'emploie guère qu'avec le mot de compliment ou de lettre. On lui a fait un compliment de félicitation. Je lui ai écrit une lettre de félicitation.

FÉLICITÉ. s.f. Béatitude, grand bonheur. La félicité éternelle. La souveraine félicité. La suprême félicité. La véritable félicité ne se peut trouver qu'en Dieu. Jouir d'une parfaite félicité. Une félicité que rien ne sauroit troubler. Quelques Philosophes ont fait consister la félicité dans l'indolence. Il met en cela toute sa félicité. Toute la félicité de la vie. Être au comble de la félicité. Les félicités de ce monde sont peu durables.

FÉLICITER. v.a. Faire compliment à quelqu'un, lui marquer que l'on prend part à sa joie. Je vous félicite de la nouvelle Charge qu'on vous a donnée. Il a gagné son procès, il faut que je l'en aille féliciter.

Il s'emploie aussi au réciproque, pour dire, S'applaudir, se savoir bon gré. Je me félicite d'avoir fait un si bon choix.

FÉLICITÉ, ÉE, participe .

FÉLON, ONNE. adj. Rébelle, traître. Il se dit proprement du vassal lorsqu'il fait quelque chose contre la foi qu'il doit à son Seigneur.

Il signifie aussi, Cruel, inhumain, barbare. Courage félon. Regard félon. Coeur félon. Humeur félonne. Il vieillit en ce sens.

FÉLONIE. s.f. Rébellion du vassal contre le Seigneur. Crime de félonie. Atteint & convaincu de félonie.

FÉLOUQUE. s.f. Sorte de petit bâtiment de bas-bord, & à rames, qui n'est en usage que dans la Méditerranée. S'embarquer sur une félouque.

FÊLURE. s.f. Fente d'une chose fêlée. La fêlure en est si légère, qu'on ne la voit point, qu'elle ne paroît point.

FEMELLE. s.f. Animal destiné par la nature à concevoir & à produire son semblable par sa conjonction avec le mâle. Il ne se dit proprement qu'en parlant des bêtes. Le mâle & la femelle. Dès que la femelle a conçu. La vache est la femelle du taureau. La biche est la femelle du cerf. La poule est la femelle du coq.

On se sert pourtant du mot Femelle, en parlant des femmes, pour l'opposer aux mâles. Dans quelques Coutumes, les mâles excluent les femelles. Duché femelle. Hors de ces matières de Généalogie & de succession, Femelle ne se dit des femmes qu'en plaisanterie. Ne vous fiez pas à cette femme, c'est une dangereuse femelle. C'est une fine femelle. Étrange femelle.

FEMELLE est aussi adj. de t. g. Un serin mâle, un serin femelle. Une perdrix mâle, une perdrix femelle. Il se dit aussi de quelques plantes. Un palmier mâle, un palmier femelle. Du chanvre mâle, du chanvre femelle.

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