LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
Previous page
Page 497
de Logique et de Palais. Qui énonce.
Terme énonciatif.
ÉNONCIATION
ÉNONCIATION. s. f. Expression.
Une simple énonciation dans les titres
anciens, est une espèce de preuve. En
matière de Théologie, il faut prendre
garde aux moindres énonciations.
Il signifie aussi La manière de s'énoncer,
quant à l'expression et quant
à l'organe. Avoir l'énonciation facile,
l'énonciation heureuse.
On appelle en Logique, Énonciation,
Une proposition qui nie ou qui affirme.
Il y a trois opérations de l'entendement,
la simple perception, l'énonciation et le
raisonnement.
ENORGUEILLIR
ENORGUEILLIR. v. a. (Il se prononce
comme s'il y avoit deux N, la
première nasale, la seconde articulée.)
Rendre orgueilleux. La faveur l'aenorgueilli.
Il s'emploie avec le pronom personnel.
S'enorgueillir de son savoir, de sa
bonne fortune.
Enorgueilli, ie
Enorgueilli, ie. participe.
ÉNORME
ÉNORME. adj. des 2 g. Démesuré,
excessif en grandeur ou en grosseur.
Un colosse d'une grandeur énorme.
Il se dit figurément, et il ne s'applique
qu'aux choses mauvaises. Crime
énorme. Cas énorme. Faute énorme. Malice
énorme. Trahison énorme. Avarice
énorme. Lésion énorme. Ingratitude énorme. Laideur énorme.
ÉNORMÉMENT
ÉNORMÉMENT. adv. Excessivement.
Il prétend avoir été énormément
lésé. Il est énormément grand.
ÉNORMITÉ
ÉNORMITÉ. s. f. Il se dit quelquefois
De l'excès de la grandeur de la
taille. On est surpris de l'énormité de la
taille de ce géant.
Il s'emploie plus ordinairement dans
le figuré, et signifie Atrocité. L'énormité
d'un crime. L'énormité du fait. L'énormité
du cas.
ÉNOUER
ÉNOUER. v. a. Énouer une étoffe,
En ôter les noeuds.
Énoué, ée
Énoué, ée. participe.
ENQ
ENQUÉRANT, ANTE
ENQUÉRANT, ANTE. adj. Qui
s'enquiert avec trop de curiosité. Vous
>tes trop enquérant. Il est du style familier.
ENQUÉRIR
ENQUÉRIR. v. actif dans son origine,
mais qui ne s'emploie plus qu'avec
le pronom personnel, S'ENQUERIR. Je m'enquiers, tu t'enquiers, il s'enquiert;
nous nous enquérons, vous vous
enquérez, ils s'enquièrent. Je m'enquérois.
Je m'enquis. Je m'enquerrai. Enquiers--toi,
qu'il s'enquière. Que je m'enquière. Que je
m'enquisse. Je m'enquerrois. S'informer,
faire recherche. Il se dit Des personnes
et des choses. Enquérez--vous soigneusement
de cela. Je me suis enquis de
cet homme--là par--tout, et je n'ai pu en
avoir des nouvelles. Il faut s'enquérir de la
vérité du fait. Enquérez--vous--en à ceux
qui le savent. Je me suis enquis d'un
tel, ou à un tel, si le bruit qui court
est vrai.
Enquis, ise
Enquis, ise. Participe du verbe Enquérir
act. qui n'est plus d'usage qu'en
style de Pratique. Ce témoin enquis s'il
avoit vu.... a répondu ... Cette femme
enquise de son âge, de ses qualités, etc.
a répondu que .... Cela ne se dit que
Des témoins. Et l'on dit Des accusés
ou des criminels, Un tel interrogé, une
telle interrogée.
ENQUERRE
ENQUERRE. v. a. Vieux mot qui
signifie la même chose que S'enquérir,
et n'a presqu'aucun usage que dans le
Blason, où l'on appelle Armes à enquerre,
Des armes qui ayant couleur
sur couleur, ou métal sur métal,
donnent lieu de s'informer pourquoi
on les a faites contre les règles ordinaires
du Blason.
On dit en ce sens proverbialement,
Trop enquerre n'est pas bon.
Enquerre
Enquerre, s'emploie par extension
et substantivement, pour signifier La
recherche de l'étymologie, de l'acception
d'un mot, l'éclaircissement d'un
fait de littérature. Faire enquerre d'un
terme d'art. Mettre un mot à l'enquerre,
à enquerre.
ENQUÊTE
ENQUÊTE. s. f. Recherche qui se
fait par ordre de Justice. Diligente,
soigneuse enquête. L'enquête faite, on a
trouvé que ... Enquête par témoins. Les
enquêtes par tourbes sont abrogées. Procès
verbal d'enquête. Clôture, confection,
ouverture, publication d'enquête.
On appelle Enquête en matière civile,
Ce qui s'appelle Information en
matière criminelle.
On dit, que Les informations ont été
converties en enquêtes, Lorsqu'on a civilisé
un procès criminel.
Il y a dans les Parlemens des Chambres
qu'on appelle Les Chambres des
Enquêtes, qui sont celles où l'on juge
les appellations des Sentences rendues
sur procès par écrit; et on les appelle
quelquefois absolument, Les Enquêtes.
Son procès est à la première, à la seconde
des Enquêtes. Les Enquêtes ont demandé
l'assemblée des Chambres. Président aux
Enquêtes, des Enquêtes. Doyen de la
première, de la seconde des Enquêtes. On
monte des Enquêtes à la Grand' Chambre.
ENQUETER
ENQUETER, v. qui ne s'emploie
qu'avec le pronom personnel, S'ENQU>TER. S'enquérir. Je m'en suis enquêté
par--tout. Je vous prie, enquêtezvous
de cela.
On dit proverbialement, Il ne s'enquête
de rien, ou absolument, Il ne
s'enquête, pour dire, Il ne se soucie,
il ne se met en peine de rien.
ENQUÊTEUR
ENQUÊTEUR. s. m. Juge ou Officier
commis pour faire des enquêtes.
Commissaire Examinateur--Enquêteur, ou
simplement, Enquêteur. Grand--Maître
Enquêteur et Général Réformateur des
Eaux et Forêts.
ENR
ENRACINER
ENRACINER. v. actif, qui semploie
plus communément au neutre
avec le pronom personnel, S'ENRACINER. Prendreracine. Son plus grand
usage est au figuré. Il ne faut pas laisser
enraciner les maux, enraciner les abus,
les mauvaises habitudes, les mauvaises
opinions. Si cette opinion vient une fois
à s'enraciner dans les esprits.
Enraciné, ée
Enraciné, ée. participe. Un arbre
bien enraciné. Un mal enraciné. Une
haine enracinée.
ENRAGEANT, ANTE
ENRAGEANT, ANTE. adj. Qui
cause beaucoup de peine, un chagrin
violent. C'est une chose bien enrageante
pour lui de voir qu'on lui a préféré son
plus grand ennemi. Cela est enrageant. Il
est du style familier.
ENRAGER
ENRAGER. v. n. Être saisi de la
rage. Si l'on ne donne à boire à ce chien,
il enragera. Cet homme a été mordu d'un
chien enragé, et il court risque d'enrager
s'il ne fait des remèdes.
Enrager
Enrager, se dit figurément
et familièrement De celui qui souffre
une douleur excessive. Il enrage
des dents, du mal des dents. Enrager
de douleur.
Il se dit aussi d'Un besoin vif et
pressant, et accompagné de douleur,
Il enrage de faim; d'Un désir ardent
et violent, Il enrage de jouer, il enrage
de parler.
Il signifie aussi, Être dans une grande
colère. Il est enragé contre lui.
Il se dit aussi d'Un dépit, d'un déplaisir
grand et sensible. Il enrage de
voir son ennemi dans ce poste. Il enrage de
dépit. Il enrage tout vif. Il enrage de bon
coeur. Il prend patience en enrageant. Dûtil
enrager. Il a une méchante femme qui
le fait enrager.
On dit proverbialement, Il n'enrage
pas pour mentir, pour dire, Il a une
grande habitude, une grande inclination
à mentir.
Et on dit proverbialem. d'Un homme
qui ne fait que tracasser, et qu'on ne
sauroit satisfaire sur rien, qu'Il feroit
enrager la bête et le Marchand.
Enragé, ée
Enragé, ée. participe. Un chien
enragé.
On dit familièrement, Un mal enragé,
une douleur enragée, pour dire,
Un mal violent, une extrême douleur.
Une passion enragée. Une faim
enragée.
On dit aussi d'Un homme qui se
laisse emporter par sa passion à faire
des choses hors de raison. qu'Il est
enragé de faire ce qu'il fait. Il faut que
vous soyez enragé, si vous prenez ce parti--là. On dit d'Un homme fougueux et
impétueux, que C'est un enragé, qu'il
se bat comme un enragé, qu'il crie
comme un enragé; et dans ce sens il est
substantif.
On dit proverbialem. qu'Un homme
a mangé de la vache enragée, pour dire,
qu'Il a fait un métier dur et pénible,
où il a beaucoup pâti.
ENRAYER
ENRAYER. v. act. qui se conjugue
comme Payer. Terme d'Art. Garnir
une roue de rais. Enrayer une roue.
Enrayer
Enrayer, signifie aussi, Arr>ter
une roue par les rais, en sorte qu'elle
ne tourne point, mais qu'elle ne fasse
que glisser. La roue qu'on avoit enrayée
se rompit. Il se dit d'ordinaire absolument
et sans régime. Cette descente est
trop roide, il faut enrayer.
Enrayer
Enrayer, s'emploie aussi familiêrement
et figurément au neutre, pour
dire, S'arrêter. Vous faites trop de dépense,
je vous conseille d'enrayer. Être
encore occupé d'amourettes à votre âge;
il seroit temps d'enrayer.
On dit en Agriculture Enrayer, pour
dire, Tracer le premier sillon.
Enrayé, ée
Enrayé, ée. participe.
ENRAYURE
ENRAYURE. s. fém. Ce qui sert à
Next page
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.