ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 8:206

ou en substituant une chose qui avoit des qualités semblables, à la place d'une autre. La premiere espece forma l'hiéroglyphe curiologique, & la seconde, l'hiéroglyphe tropique: la lune, par exemple, étoit quelque fois représentée par un demi - cercle, & quelquefois par un cynocéphale. Le premier hiéroglyphe est curiologique, & le second tropique; ces sortes de hiéroglyphes étoient d'usage pour divulguer; presque tout le monde en connoissoit la signification dès la tendre enfance.

La méthode d'exprimer les hiéroglyphes tropiques par des propriétés similaires, produisit des hiéroglyphes symboliques, qui devinrent à la longue plus ou moins cachés, & plus ou moins difficiles à comprendre. Ainsi l'on représenta l'Egypte par un crocodile, & par un encensoir allumé, avec un coeur dessus. La simplicité de la premiere représentation donne un hiéroglyphe symbolique assez clair; le rafinement de la derniere offre un hiéroglyphe symbolique vraiment énigmatique.

Mais aussi - tôt que par de nouvelles recherches, on s'avisa de composer les hiéroglyphes d'un mystérieux assemblage de choses différentes, ou de leurs propriétés les moins connues, alors l'énigme devint inintelligible à la plus grande partie de la nation. Aussi quand on eut inventé l'art de l'écriture, l'usage des hiéroglyphes se perdit dans la société, au point que le public en oublia la signification. Cependant les prêtres en cultiverent précieusement la connoissance, parce que toute la science des Egyptiens se trouvoit confiée à cette sorte d'écriture. Les savans n'eurent pas de peine à la faire regarder comme propre à embellir les monumens publics, où l'on continua de l'employer; & les prêtres virent avec plaisir, qu'insensiblement ils resteroient seuls dépositaires d'une écriture qui conservoit les secrets de la religion.

Voilà comme les hiéroglyphes, qui devoient leur naissance à la nécessité, & dont tout le monde avoit l'intelligence dans les commencemens, se changerent en une étude pénible, que le peuple abandonna pour l'écriture, tandis que les prêtres la cultiverent avec soin, & finirent par la rendre sacrée. Voyez les articles Écriture, & Écriture des Egyptiens.

Mais je n'ai pas tout dit; les hiéroglyphes furent la source du culte que les Egyptiens rendirent aux animaux, & cette source jetta ce peuple dans une espece d'idolatrie. L'histoire de leurs grandes divinités, celle de leurs rois, & de leurs législateurs, se trouvoit peinte en hiéroglyphes, par des figures d'animaux, & autres représentations; le symbole de chaque dieu étoit bien connu par les peintures & les sculptures que l'on voyoit dans les temples, & sur les monumens consacrés à la religion. Un pareil symbole présentant donc à l'esprit l'idée du dieu, & cette idée excitant des sentimens religieux, il falloit naturellement que les Egyptiens dans leurs prieres, se tournassent du côté de la marque qui servoit à le représenter.

Cela dut sur - tout arriver, depuis que les prêtres égyptiens eurent attribué aux caracteres hiéroglyphiques, une origine divine, afin de les rendre encore plus respectables. Ce préjugé qu'ils inculquerent dans les ames, introduisit nécessairement une dévotion relative pour ces figures symboliques; & cette dévotion ne manqua pas de se changer en adoration directe, aussi - tôt que le culte de l'animal vivant eût été reçû. Ne doutons pas que les prêtres n'ayent eux - mêmes favorisé cette idolatrie.

Enfin, quand les caracteres hiéroglyphiques furent devenus sacrés, les gens superstitieux les firent graver sur des pierres précieuses, & les porterent en façon d'amulete & de charmes. Cet abus n'est guere plus ancien que le culte du dieu Séraphis, établi sous les Ptolomés: certains chrétiens natifs d'Egypte, qui avoient mêlé plusieurs superstitions payennes avec le Christianisme, sont les premiers qui firent principalement connoître ces sortes de pierres, qu'on appelle abraxas; il s'en trouve dans les cabinets des curieux, & on y voit toutes sortes de caracteres hiéroglyphiques.

Aux abraxas ont succedé les talismans, espece de charmes, auxquels on attribue la même efficace, & pour lesquels on a aujourd'hui la plus grande estime dans tous les pays soumis à l'empire du grand - seigneur, parce qu'on y a joint comme aux abraxas, les rêveries de l'Astrologie judiciaire.

Nous venons de parcourir avec rapidité tous les changemens arrivés aux hiéroglyphes depuis leur origine jusqu'à leur dernier emploi; c'est un sujet bien intéressant pour un philosophe. Du substantif hiéroglyphe, on a fait l'adjectif hiéroglyphique. (D. J.)

HIEROGRAMMATÉE

HIEROGRAMMATÉE, sub. masc. (Hist. anc.) nom que les anciens Egyptiens donnoient aux prêtres qui présidoient à l'explication des mysteres de la religion & aux cérémonies.

Les hierogrammatées inventoient & écrivoient les hiéroglyphes & les livres hiéroglyphiques, & ils les expliquoient aussi - bien que toute la doctrine de la religion. Si l'on en croit Suidas, ils étoient aussi devins; au - moins il rapporte qu'un hierogrammatée prédit à un ancien roi d'Egypte qu'il y auroit un israëlite plein de sagesse, de vertu & de gloire, qui humilieroit l'Egypte.

Ils étoient toûjours auprès du roi pour l'aider de leurs lumieres & de leurs conseils; ils se servoient pour cela de la connoissance qu'ils avoient des astres & des mouvemens du ciel, & de l'intelligence des livres sacrés, où ils s'instruisoient eux - mêmes de ce qu'il y avoit à faire. Ils étoient exempts de toutes les charges de l'état; ils en étoient les premieres personnes après le roi, & portoient même aussi - bien que lui une espece de sceptre en forme de soc de charrue; ils tomberent dans le mépris sous l'empire des Romains. Dictionnaire de Trévoux. (G)

HIEROLOGIE

HIEROLOGIE, sub. fém. (Gram.) discours sur les choses sacrées; il signifie aussi bénédiction. L'hiérologie chez les Grecs & chez les Juifs, est proprement la bénédiction nuptiale.

HIÉROMANTIE

HIÉROMANTIE, s. f. (Antiq.) IE(\ROMANEIA, nom général de toutes les sortes de divinations qu'on tiroit des diverses choses qu'on présentoit aux dieux, & sur - tout des victimes qu'on offroit en sacrifice. D'abord on commença de tirer des présages de leurs parties externes, de leurs mouvemens, ensuite de leurs entrailles, & autres parties internes; enfin, de la flamme du bucher dans lequel on les consumoit. On vint jusqu'à tirer des conjectures de la farine, des gâteaux, de l'eau, du vin, &c. J'apprends tout cela, mais plus au long dans les Archoeol. greq. de Potter, lib. II. cap. xiv. tom. I. p. 314. (D. J.)

HIEROMENIE

HIEROMENIE, s. m. (Antiq.) I(EROMHNI/A, nom donné au mois dans lequel on célébroit les jeux Néméens; c'étoit le même mois que le Boedromion des Athéniens, qui répondoit au commencement de notre mois de Septembre. Voyez Mois des Grecs. (D. J.)

HIEROMNÉMON

HIEROMNÉMON, s. m. (Antiq.) I)EROMNH/MWN, c'est - à - dire, président des sacrifices, ou gardien des archives sacrées.

Les hieromnémons étoient des députés que les villes de la Grece envoyoient aux Thermopyles, pour y prendre séance dans l'assemblée des amphictyons, & y faire la fonction de greffiers sacrés. Ils étoient particulierement chargés de tout ce qui avoit rapport à la religion; c'étoit eux seuls qui payoient la dépense, & qui prenoient le soin des sacrifices publics qu'on faisoit pour la conservation de toute la

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.