ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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même avec le sable si elle y a été mêlée; puis, en y faisant passer la herse, elle se trouvera suffi samment enterrée. Si le semis a été fait après l'hiver, les graines leveront en moins d'un mois: les gelées de printems ne lui causent aucun dommage. Les plants feront bien peu de progrès les premieres années; ils seront foibles, branchus, raffauts; il faudra les couper après la quatrieme année pour les fortifier & leur faire prendre une tige.

De tous les arbres de nos forêts, le hêtre est celui dont la transplantation est moins de ressource; soit que l'on veuille regarnir un grand canton de bois, ou en former un médiocre, on s'avise souvent de faire arracher de jeunes plants dans les forêts, & de les faire planter dans les places que l'on veut mettre en bois; c'est un bien mauvais parti à prendre: il n'y aura guere moins de desavantage à se servir de jeunes plants venus en pepiniere. On fait ordinairement ces plantations dans un terrein inculte, après n'avoir fait creuser que de fort petits trous; la transplantation se fait fort négligemment, tout périt. Si l'on veut prendre de plus grandes précautions pour les creux & la culture, la dépense sera immense; encore le succès sera - t - il fort incertain. Quoi qu'il en soit, si l'on veut risquer cette pratique, les plants d'environ deux piés de hauteur sont les plus propres à transporter: ceux qui sont plus petits n'ont pas assez de racines. Il faut bien se garder de trop retrancher ni de la tête ni des racines; on doit s'en tenir à couper le pivot, à tailler la petite cime, & à chicotter les branches.

Quoique le hêtre soit un grand & bel arbre, d'une forme réguliere & d'un aspect agréable, on n'en fait nul usage pour l'ornement des jardins; c'est un arbre commun, un arbre ignoble, on le méprise. Cependant il y a des terreins qui se refusent à la charmille, & où le hêtre formeroit les plus belles & les plus hautes palissades: c'est sur - tout à ce dernier usage qu'on pourroit l'appliquer avec le plus de succès. Ces palissades brisent les vents & résistent à leur impétuosité mieux qu'aucun autre arbre; il ne faut pas les tailler en été. Le hêtre fait beaucoup d'ombre, qui est nuisible à tout ce qui croît dessous: ses feuilles données en verd au bétail lui font une bonne nourriture; quand elles sont seches on en peut faire des paillasses, & lorsqu'elles sont à demi pourries, elles sont propres à engraisser les terres.

Le bois du hêtre est d'une grande utilité; mais on ne le fait servir qu'à de petits usages, qui, à la vérité, s'étendent à une infinité de choses. Nos charpentiers ne s'en servent pas; il est trop cassant, trop sujet à la vermoulure. Cependant les Anglois, qui par la rareté du bois, sont obligés de faire usage de tout, trouvent moyen d'employer le hêtre à de gros ouvrages. Ecoutons Ellis, auteur anglois, qui a donné en 1738, sur la culture des arbres forestiers, un traité fort petit, mais qui contient beaucoup de faits. « Le bois du hêtre, dit cet auteur, est propre à faire des membrures & des planches dont on peut former des parquets, planchers de greniers, & faire des boiseries; l'aubier de ce bois est celui de tous les arbres qui dure le moins, & où les vers font le plus grand dommage: il faut absolument l'enlever avant d'employer ce bois, qui sans cela, se tourmenteroit pendant plusieurs années. Mais si on veut rendre les planches & les membrures de bonne qualité, il faut les jetter dans l'eau immédiatement après leur sciage, & les y laisser pendant quatre ou cinq mois. Plus les planches sont minces, moins le ver les attaque. Si l'on vouloit employer le hêtre dans les bâtimens, il faudroit soutenir à trois piés au - dessus de terre des grosses pieces de ce bois, faire du feu par - dessous avec des copeaux & du fagotage jusqu'à ce que les pieces aient pris une couleur noire & une croûte; il faut plonger ensuite les extrémités des pieces dans de la poix fondue, & les employer dans les étages élevés. Au lieu de couper cet arbre en hiver, comme cela se pratique ordinairement, il faut l'abattre dans le plus grand été, & dans la force de la seve. Par expériences faites, les arbres coupés en été, ont duré fort long - tems, & ceux coupés en hiver, ont été percés par les vers, & se sont pourris en fort peu d'années. Après que l'on aura coupé ces arbres en été, il faudra les laisser un an en grume, les retourner de tems en tems, ensuite les façonner, puis les jetter dans l'eau ». Les Charrons, les Menuisiers, les Tourneurs, les Layettiers, les Gainiers, les Sabottiers, &c. font grand usage de ce bois; on lui donne de la consistence & de la durée, soit en vernissant la menuiserie, ou en passant à la fumée les autres ouvrages. Ce bois dure long - tems en lieu sec; il est incorruptible sous l'eau, dans la fange, dans les marécages; mais il périt bientôt s'il est exposé aux alternatives de la sécheresse & de l'humidité: c'est le meilleur de tous les bois à brûler & à faire du charbon.

La faine a aussi ses usages: elle a le goût de noisette; mais l'astriction qui y domine la rend peu agréable à manger; elle sert à engraisser les porcs & à faire de l'huile qui est bonne à brûler, à faire de la friture & même de la patisserie; enfin on en fait du pain dans les tems de disette. Nous avons appris aux Anglois à s'en servir.

On ne connoît encore qu'une espece de hêtre qui a deux variétés; l'une a les feuilles panachées de jaune, & l'autre les a panachées de blanc. On peut multiplier ces variétés en les greffant sur l'espece commune.

HÉTRURIE

HÉTRURIE, ou plutôt sans aspiration, ETRURIE, s. f. Etruria, (Géog. anc.) ancien nom d'une contrée de l'Italie, qui répond en grande partie à la Toscane des modernes; elle étoit séparée de la Ligurie par la riviere de Magra, & s'étendoit de là jusqu'au Tibre. Ce pays a souvent changé de nom; les Cimbriens en furent chassés par les Pelasges; ceuxci en furent dépossédés à leur tour par les Lydiens, dont un roi de Lydie fit donner aux habitans de l'Hétrurie le nom de Tyrrhéniens, parce qu'il y avoit envoyé une colonie, à la tête de laquelle il avoit mis son fils Tyrrhène; ensuite ces mêmes peuples, à cause de leurs rites pour les sacrifices, furent appellés dans la langue des Grecs, Thusci; nous en avons formé le nom moderne du pays, la Toscane, & celui du peuple, les Toscans. La mer de cette côte a conservé le nom de mer Tyrrhénienne; les Grecs nommoient l'Hétrurie, *TUR)R(HNI/A.

Anciennement, & avant la grande puissance des Romains, l'Hétrurie étoit partagée en douze peuples; Tite - Live parle de ces douze peuples, l. IV. c. xxiij. c'étoit autant de villes, qui chacune avoit son territoire; ces villes ont été indiquées par Cluvier & Holstenius; le P. Briet en a donné la table fort détaillée, avec les noms modernes, & même ceux des endroits ruinés.

Toutes ces villes furent conquises par les Romains; & sous les Césars, le nombre en fut augmenté jusqu'à quinze, si l'on en croit deux inscriptions rapportées par Gruter. Avant ce tems - là, l'Hétrurie ne contenoit que douze peuples, dont chacun avoit son lucumon, ou chef particulier. Voyez Lucumon.

Il résulte de la table du P. Briet, dont je viens de parler, que l'ancienne Hétrurie comprenoit entiérement, 1°. le duché de Massa, & ce qui est entre ce duché & l'Apennin; 2°. la Carsagnana; 3°. l'état de la république de Lucques; 4°. tout le grand duché de Toscane; 5°. le Pérusin; 6°. l'Orviétan; 7°.

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