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Dans les isles françoises il est fort ordinaire de voir au milieu des salles de compagnie un beau hamac de coton blanc ou chamarré de diverses couleurs, orné de réseaux, de franges & de glands. Là nonchalamment couchée & proprement vêtue, une très - jolie femme passe les journées entieres, & reçoit ses visites sans autre émotion que celle que peut occasionner un léger balancement qu'une jeune négresse entretient d'une main, étant occupée de l'autre à chasser les mouches qui pourroient incommoder sa maîtresse.
Les femmes de distinction, allant par la ville, se font ordinairement porter dans des hamacs suspendus par les bouts à un long bambou ou roseau creux & léger que deux negres portent sur leurs épaules; mais dans les voyages, au lieu d'un seul bambou, on fait usage d'un brancard porté par quatre forts esclaves.
Les Portugais du Bresil ajoûtent au - dessus du hamac une petite impériale, avec des rideaux qui les garantissent de la pluie & des ardeurs du soleil.
Sur les vaisseaux les matelots couchent dans des hamacs de grosse toile, communément nommés branles, qui different des précédens en ce qu'ils sont moins grands & garnis à leurs extrémités de morceaux de bois un peu courbes, percés de plusieurs trous. au - travers desquels passent les filets de façon qu'ils sont un peu écartés les uns des autres, & par conséquent le hamac reste toûjours suffisamment ouvert pour y recevoir une espece de matelas.
Quoique ces nymphes ne pussent survivre à leurs arbres, elles n'en étoient pas cependant absolument inséparables; puisque, selon Homere, elles alloient par échappées sacrifier à Vénus dans les cavernes avec les satyres; &, selon Séneque, elles quittoient leurs arbres pour venir entendre le chant d'Orphée. On dit qu'elles témoignerent quelquefois une extrème reconnoissance à ceux qui les garantirent de la mort; & que ceux qui n'eurent aucun égard aux humbles prieres qu'elles leur firent d'épargner les arbres dont elles dépendoient, en furent sévérement punis: Péribée l'éprouva bien, au rapport d'Apollonius de Rhodes.
Mais il vaut mieux lire la maniere dont Ovide dépeint
les complaintes & l'infortune de l'hamadryade
que l'impie Erysichton fit périr; elle vivoit dans un
vieux chêne respectable, qui, dit - il, surpassoit autant
tous les autres arbres que ceux - ci surpassent
l'herbe & les roseaux. A peine Erysichton lui eut - il
porté un premier coup de hache, qu'on l'entendit
pousser des gémissemens, & qu'on en vit couler du
sang; le coup étant redoublé, l'hamadryade éleva
fortement sa voix:
Editus e medio sonus est cum robore talis: Nympha sub hoc ego sum, Cereri gratissima, ligno, Quoe tibi factorum poenas instare tuorum Vaticinor moriens, nostri solatia lethi. Métam. lib. viij. v. 763.
Les hamadryades ne doivent donc pas être censées immortelles, puisqu'elles mouroient avec leurs arbres. Je sai bien qu'Hésiode donne à leur vie une durée prodigieuse dans un fragment cité par Plutarque, selon lequel, en prenant la supputation la plus modérée des Mythologistes, la carriere des hamadryades s'étendoit jusqu'à 9720 ans; mais ce calcul fabuleux ne s'accorde guere avec la durée des arbres, de ceux - là même à qui Pline, lib. XVI. c. xliv. donne la plus longue vie.
Cependant il n'a pas été difficile au payens d'imaginer l'existence de ces sortes de nymphes; car ils concevoient des sentimens de vénération & de religion pour les arbres, qu'ils croyoient être fort vieux, & dont la grandeur extraordinaire leur paroissoit un signe de longue durée. Il étoit simple de passer de - là jusqu'à croire que de tels arbres étoient la demeure d'une divinité. Alors on en fit une idole naturelle; je veux dire, qu'on se persuada que sans le secours des consécrations, qui faisoient descendre dans les statues la divinité à laquelle on les dédioit, une nymphe, une divinité, s'étoit concentrée dans ces arbres. Le chêne qu'Erysichton coupa étoit vénéré pour sa grandeur & pour sa vieillesse. On l'ornoit comme un lieu sacré; on y appendoit les témoignages du bon succès de sa dévotion, & les monumens d'un voeu exaucé; Ovide nous apprend tout cela:
Stabat in his ingens annoso robore quercus Una, nemus: vitoe mediam memoresque tabelloe Certaque cingebant, voti argumenta potentis.
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