Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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il était avant qu'on eût coupé. Cet escamoteur
fait très habilement sauter la coupe.

Fam., Être, se trouver sous la coupe de
quelqu'un,
Avoir le désavantage de jouer le
premier après que l'adversaire a coupé. Il
signifie figurément Être dans la dépendance
de quelqu'un et exposé aux effets de son
ressentiment.

Il se dit encore, en termes de Sports, d'une
Manière de nager par laquelle on fend l'eau
rapidement, en portant alternativement et
avec force chaque bras en avant et en le
ramenant en arrière le long du corps. Nager
à la coupe. Faire la coupe.

COUPE. n. f. Sorte de vase à boire, ordinairement
plus large que profond, reposant
sur un pied. Coupe d'argent, d'or, de vermeil,
de cristal. Coupe ciselée. Boire dans une coupe.

Par extension, Boire une coupe de Champagne.

Il désigne aussi un Récipient de forme analogue,
mais sans pied, en porcelaine, en faïence,
en cristal ou en métal, dans lequel on sert des
crèmes, des compotes. On dit aussi JATTE.

Par analogie, il se dit d'un Appareil d'éclairage
électrique. Coupe d'albâtre.

Il se dit, en termes de Poésie, de Toute
espèce de vase à boire. Remplir sa coupe d'un
vin fumeux.
Fig., Boire à la coupe du plaisir.
Épuiser la coupe du malheur.

Fig., Boire la coupe jusqu'à la lie, Souffrir
une humiliation complète, une douleur longue
et cruelle, un malheur dans toute son étendue.
On dit plus ordinairement Boire le calice
jusqu'à la lie.

Prov. et fig., Il y a loin de la coupe aux
lèvres,
Quand on croit toucher le but, on en
est souvent encore loin.

En termes d'Architecture, Coupe de fontaine,
Petit bassin de marbre ou de pierre
posé sur un balustre ou sur un piédouche
pour recevoir l'eau d'un jet.

Il se dit aussi de l'Inclinaison plus ou moins
grande que l'on donne à un dôme, à un cintre,
aux joints des voussoirs d'un arc.

Il se dit aussi du Prix d'une épreuve sportive.
Gagner la coupe. Courir la coupe, Prendre
part à une épreuve en vue d'obtenir le prix.

COUPÉ. n. m. Action de couper. Il se dit,
en termes d'Escrime, de l'Action de faire
passer l'épée par-dessus la pointe de celle de
l'adversaire et, en termes de Danse, du Mouvement
de celui qui se jette sur un pied et
passe l'autre devant ou derrière.

Il signifie aussi Ce qui est coupé et se disait
autrefois de la Partie antérieure d'une diligence
: il se dit aujourd'hui de la Partie d'un
wagon qui n'a pas de vis-à-vis.

Il se dit aussi d'une Voiture fermée à quatre
roues et généralement à deux places.

COUPÉ, en termes de Marine. Voyez COUPÉE.

COUPEAU. n. m. T. de Gravure. Copeau de
métal que le graveur fait tomber avec son burin.

COUPE-CIRCUIT. n. m. Voyez CIRCUIT.

COUPÉE. n. f. T. de Marine. Coupure du
pont d'un navire de commerce dont l'arrière
est exhaussé pour donner aux cabines plus
d'élévation.

COUPE-FILE. n. m. Carte que délivre la police
pour permettre de couper la file des voitures,
les barrages d'agents ou de soldats dans
un défilé, une cérémonie, etc. Des coupe-file.

COUPE-GORGE. n. m. Endroit où l'on court
risque d'être égorgé. Ne passez pas dans ce
bois, c'est un coupe-gorge, un vrai coupe-gorge.
Des coupe-gorge.

COUPE-JARRET. n. m. Brigand, assassin
qui frappe par derrière. Des coupe-jarrets.

COUPELLATION. n. f. T. d'Arts. Action de
mettre un métal à la coupelle. La coupellation
de l'or, de l'argent.

COUPELLE. n. f. T. d'Arts. Petit vase en
forme de tasse, fait avec des cendres lavées
ou des os calcinés, dont on se sert pour séparer,
par l'action du feu, l'or et l'argent des
autres métaux avec lesquels ils sont unis, et
particulièrement du cuivre. Fourneau de
coupelle. Cet or a passé par la coupelle. Cet
argent a été mis à la coupelle.

Or de coupelle, argent de coupelle, L'or et
l'argent du plus haut titre.

COUPELLER. v. tr. T. d'Arts. Mettre à la
coupelle.

COUPE-PAPIER. n. m. Instrument en bois,
en métal ou en toute autre matière, qui sert
à couper le papier et spécialement les feuillets
des livres On dit encore quelquefois Couteau
à papier. Des coupe-papier.

COUPER. v. tr. Diviser un corps continu,
avec quelque chose de tranchant. Couper en
deux. Couper en morceaux. Couper de la viande.
Couper du papier. Couper avec un couteau,
avec des ciseaux, avec un canif, avec une
hache, etc. On lui a coupé un bras, une jambe.
Couper de l'herbe. Se faire couper les cheveux.
Ce morceau d'étoffe a été coupé à la pièce.
Absolument,
Ce couteau coupe bien, ne coupe pas.

À couper au couteau, se dit figurément et
familièrement de Choses plus épaisses, plus
consistantes qu'elles ne devraient l'être. C'est
un brouillard à couper au couteau.

Il signifie par extension Tailler suivant les
règles de l'art. Couper les pierres. Couper un
vêtement, un manteau, une robe.

Couper un rocher, une maison, etc., En
enlever, en démolir une partie. On a coupé la
montagne en cet endroit, pour que le chemin
passât. Il faudrait couper cette maison pour qu'elle
fût sur l'alignement. Couper en talus le bord d'un
chemin, d'un fossé. Couper une route, un pont.

Pan coupé. Voyez PAN.

Couper un cheval, un chien, un chat, etc.,
Le châtrer.

Fig. et fam., Couper l'herbe sous le pied à
quelqu'un,
Le supplanter dans quelque affaire.

Fig., Couper le mal à sa racine, L'extirper.

Fig. et fam., Couper bras et jambes à quelqu'un.
Voyez BRAS.

Couper la gorge à quelqu'un, L'égorger, le
tuer. Les voleurs lui coupèrent la gorge.

Fig. et fam., Couper le sifflet à quelqu'un, Le
rendre muet, le mettre hors d'état de répondre.

Par exagération et fam. Je donnerais ma
tête à couper, je parie ma tête à couper, je mettrais
ma tête à couper
se dit pour exprimer
une vive persuasion, une grande conviction.

COUPER et SE COUPER signifient quelquefois
seulement Entamer la chair, y faire une
incision. Vous m'avez coupé au petit doigt.
Elle s'est coupée à la main. Il s'est coupé jusqu'à
l'os, jusqu'au vif. Se couper la joue avec
un rasoir.
Il se dit particulièrement des Personnes
grasses, et surtout des enfants, lorsque
leur chair se fend dans les plis qu'elle forme.
Cet enfant se coupe.

Ce drap, ce velours, etc., se coupe, Ce drap, etc.,
s'use promptement aux endroits où il s'est
formé des plis.

Ce cheval se coupe, Il s'entretaille des pieds
de devant ou des pieds de derrière.

Couper dans le vif, se dit des Chirurgiens
qui, pour extirper le mal, coupent jusque
dans la chair vive. Il signifie figurément Prendre
des mesures énergiques pour terminer une
affaire. Si l'on veut extirper cet abus, il faut
couper dans le vif.

Il se dit quelquefois, dans un sens particulier,
du Froid, lorsqu'il fait gercer les lèvres.
Le froid m'a coupé les lèvres.

Fig., Ce vent coupe le visage, se dit d'un
Vent froid qui fouette dans le visage.

COUPER, en termes de jeu de Cartes,
signifie Séparer un jeu de cartes en deux avant
que celui qui a la main donne. Il signifie aussi
Détruire, en jouant de l'atout, l'effet des
cartes maîtresses.

Il signifie aussi Traverser. Leurs vaisseaux
ne purent couper la ligne ennemie. Une chaîne
de montagnes coupe toute cette région. Ce pays

est coupé par de nombreux canaux, est coupé
de grandes routes dans tous les sens. Je couperai
cette chambre en deux par une cloison.

Il se dit particulièrement d'une Chose qui
se croise avec une autre. Cette route coupe celle
d'Orléans. La ligne droite qui coupe deux autres
lignes droites parallèles se nomme sécante. Un
plan qui en coupe un autre. Ces deux chemins,
ces deux lignes, ces deux plans se coupent.
On
dit dans un sens analogue Un solide est
coupé par un plan, etc.

En termes de Sports, Couper l'eau, Fendre
l'eau en nageant. Couper le courant, Le traverser
à la nage ou en bateau.

En termes de Marine, Couper la lame, se
dit d'un Bâtiment dont l'avant court sur la
lame et la traverse. Couper l'équateur, Passer
d'un hémisphère dans l'autre en traversant
l'équateur.

Fig., Couper à quelqu'un sa journée, sa
semaine, etc.,
Déranger le plan d'occupation
qu'il s'était fait pour la journée, pour la
semaine, etc. Les visites que je suis obligé de
recevoir coupent mes journées, me coupent tout
mon temps.

Il signifie aussi Barrer, intercepter, rendre
impraticable. Couper le cours d'une rivière,
d'un ruisseau. Couper une route, un passage.
On coupa les ponts pour empêcher l'ennemi de
passer. Couper une voie de chemin de fer.

Couper le chemin à quelqu'un, Se mettre
au-devant de lui sur son chemin pour l'empêcher
de passer.

En termes de Chasse, Couper la voie, se dit
des Chiens qui abandonnent la voie pour
rejoindre plus tôt la bête, quand elle a fait
des détours, ce qui est un défaut. Il se dit
aussi des Chasseurs trop pressés qui passent
trop tôt sur la voie.

Couper la fièvre, L'arrêter au moyen d'un
médicament.

Fig., Couper la parole à quelqu'un, L'interrompre
en prenant la parole, ou Lui imposer
silence. Les sanglots, les soupirs, etc., lui coupent
la parole, la voix,
L'empêchent de parler,
de s'exprimer d'une manière suivie.

Fig., Couper la communication, Mettre fin
à une conversation téléphonique avant qu'elle
ne soit achevée.

Fig., Couper quelqu'un, Le dépasser, le devancer.
Nous marchions et sa voiture nous coupa.

Couper les vivres à une ville assiégée, à une
armée, etc.,
Fermer les avenues, pour empêcher
qu'on ne lui porte des vivres. Fig. et fam.,
Couper les vivres à quelqu'un, Lui retrancher
l'argent, les moyens de subsister, etc.

En termes de Guerre, Couper une armée,
La séparer en deux tronçons. On dit de même
Ce corps d'armée fut coupé de ses bases.

Couper par le plus court chemin, par le plus
court, par un sentier,
Aller par le chemin le plus
court, etc. On dit aussi Couper à travers champs.

Fig. et fam., Couper court. Voyer COURT.

En termes de Musique, Couper les sons,
Marquer un silence entre chaque son, dans
les expressions de douleur, d'abattement ou
d'admiration.

En termes de jeu de Paume et de Tennis,
Couper le coup, Pousser la balle de manière
qu'elle ne rebondisse pas.

En termes d'Escrime, il signifie Achever de
passer l'épée par-dessus la pointe de l'épée de
l'adversaire.

COUPER, en termes de Danse, signifie Faire
le pas qu'on nomme Coupé.

SE COUPER s'emploie aussi figurément,
dans le sens de Se contredire, se démentir
soi-même dans ses discours, laisser échapper
une chose qu'on voulait cacher. Il s'est coupé
dans ses réponses. On se coupe aisément quand
on ne dit pas la vérité.
Dans ce sens il est
familier.

COUPER signifie aussi Mêler un liquide avec
un autre de force moindre. Couper son vin
avec de l'eau.
Absolument, Couper son vin,
couper du lait,
Y mêler de l'eau.

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