Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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En Archit., Coupe de fontaine, Petit bassin de marbre ou de pierre posé sur un balustre ou sur un piédouche, pour recevoir l'eau d'un jet.

COUPE dans le Dogmatique, signifie, La communion sous l'espèce du vin. Les laïques avaient autrefois l'usage de la coupe. On accorde la coupe aux rois le jour de leur sacre. Le retranchement de la coupe.

COUPE en Astronomie, est le nom d'Une constellation de l'hémisphère méridional.

COUPÉ. s. m. Pas de danse, mouvement de celui qui, en dansant, se jette sur un pied et passe l'autre devant ou derrière.

COUPÉ. s. m. Voiture dont la caisse n'a qu'un fond. Un joli coupé. Monter dans un coupé. On dit quelquefois adjectivement, Un carrosse coupé.

Il se dit également de La partie en forme de coupé qui est sur le devant des diligences, des grandes voitures publiques de voyage. Prendre une place dans le coupé.

COUPEAU. s. m. Sommet, cime d'une montagne. Il était sur le coupeau d'une montagne. Il est vieux.

COUPE-CUL. s. m. Il se dit au Lansquenet, Quand celui qui donne ne fait pas une seule carte, et amène la sienne la première. Il vieillit: on dit présentement, Coupe-gorge.

Jouer à coupe-cul, Ne jouer qu'un coup, qu'une partie, sans donner revanche. Jouons deux pistoles à coupe-cul.

COUPE-GORGE. s. m. Il se dit de Tout endroit où l'on court risque d'être volé, d'être assassiné, et particulièrement Des lieux écartés où se tiennent ordinairement les voleurs. Ne passez pas dans ce bois, c'est un coupe-gorge, un vrai coupe-gorge. On découvrit que cette hôtellerie n'était qu'un infâme coupe-gorge.

Il se dit aussi de Toute sorte d'endroits où il se commet ordinairement quelque injustice ou quelque friponnerie. Ce cabaret est un vrai coupe-gorge. N'allez pas jouer en cet endroit, c'est un franc coupe-gorge.

COUPE-GORGE au Lansquenet, se dit Quand celui qui tient les cartes amène sa carte la première, ce qui lui fait perdre tout ce qu'il peut perdre de cette main-là. Un tel a coupé, il lui a donné un vilain coupe-gorge. J'ai fait un vilain coupe-gorge.

COUPE-JARRET. s. m. Brigand, assassin, qui ne porte l'épée qu'à dessein de se battre, de maltraiter, ou de faire insulte à ceux qu'il rencontre. Il a l'air d'un coupe-jarret. Il est toujours accompagné de coupe-jarrets.

COUPELLATION. s. f. T. de Chimie. Action de mettre un métal à la coupelle. La coupellation de l'or, de l'argent.

COUPELLE. s. f. Petit vase en forme de tasse, fait avec des cendres lavées ou des os calcinés, dont on se sert pour séparer, par l'action du feu, l'or et l'argent des autres métaux avec lesquels ils sont unis, et particulièrement du cuivre. Grande coupelle. Petite coupelle. Fourneau de coupelle. Mettre, passer un métal à la coupelle. Cet or a passé par la coupelle. Cet argent a été mis à la coupelle.

Or de coupelle, argent de coupelle, L'or et l'argent du plus haut titre.

Fig., Mettre à la coupelle, passer à la coupelle, Mettre à une épreuve rigoureuse, passer par un examen sévère.

COUPELLER. v. a. T. de Chimie. Mettre à la coupelle.

COUPELLÉ, ÉE. participe

COUPER. v. a. Trancher, séparer, diviser un corps continu, avec quelque chose de tranchant. Couper en deux. Couper en morceaux. Couper par pièces. Couper du pain. Couper de la viande. Couper du papier. Couper avec un couteau, avec des ciseaux, avec un canif, avec un sabre, avec une hache, etc. Couper un câble. On lui a coupé un bras, une jambe. Couper le cou, couper la tête à quelqu'un. Couper le nez, les oreilles. Couper le poing. Se couper la gorge avec un rasoir. Couper de l'herbe. Couper les blés. Couper du bois. Couper les bois. On coupe ce bois de neuf ans en neuf ans. Se faire couper les cheveux. Couper les ailes à un oiseau. Ce morceau d'étoffe a été coupé à la pièce.

Il signifie quelquefois, Tailler suivant les règles de l'art. Il s'entend bien à couper les pierres. Couper un habit, un manteau. Couper une robe.

Il est aussi neutre en parlant Des instruments qui servent à couper certaines choses. Ce couteau, ce rasoir, coupe bien, ne coupe pas.

Couper un rocher, une maison, etc., En enlever, en démolir une partie. On a coupé la montagne en cet endroit, pour que le chemin y passât. Il faudrait couper cette maison pour qu'elle fût sur l'alignement. Couper en talus le bord d'un chemin, d'un fossé.

Couper un cheval, un chien, un chat, etc., Le châtrer.

Fam., Couper la bourse à quelqu'un, Lui voler adroitement sa bourse ou d'autres choses qu'il avait sur lui.

Fig. et fam., Couper la bourse à quelqu'un, Tirer de l'argent d'une personne qui n'a pas envie d'en donner. Il s'est laissé couper la bourse pour avoir la paix, pour se délivrer des importunités de cette personne.

Prov. et fig., Couper l'herbe sous le pied à quelqu'un, Le supplanter dans quelque affaire.

Fig., Couper le mal à sa racine, L'extirper. On dit quelquefois dans le même sens, Couper pied, couper racine. Il faut couper pied à cet abus.

Fam., Je lui couperai bras et jambes, je lui couperai les oreilles, se dit par exagération et par menace.

Fig. et fam., Couper bras et jambes à quelqu'un. Voyez BRAS.

Couper la gorge à quelqu'un, L'égorger, le tuer. Les voleurs lui coupèrent la gorge. On dit populairement, dans le même sens, Couper le sifflet à quelqu'un. (Voyez à GORGE les autres emplois de la locution Couper la gorge.)

Fig. et fam., Couper le sifflet à quelqu'un, Le rendre muet, le mettre hors d'état de répondre.

COUPER signifie quelquefois seulement, Entamer la chair, y faire une incision. Vous m'avez coupé au petit doigt.

Il s'emploie dans ce sens avec le pronom personnel. Elle s'est coupée à la main. Il s'est coupé jusqu'à l'os, jusqu'au vif.

Il se dit particulièrement Des personnes grasses, et surtout des enfants, lorsque leur chair se fend dans les plis qu'elle forme. Cet enfant se coupe.

Ce drap, ce velours, etc., se coupe, Ce drap, etc., s'use promptement aux endroits où il s'est formé des plis.

Ce cheval se coupe, Il s'entre-taille des pieds de devant ou des pieds de derrière.

Couper dans le vif, se dit Des chirurgiens qui, en faisant leurs opérations, coupent jusque dans la chair vive. Il faut couper dans le vif.

Fig., Couper dans le vif. Rompre tout à coup des relations nuisibles, ou Prendre des mesures énergiques dans une affaire, etc. Si l'on veut extirper cet abus, il faut couper dans le vif. Il signifie aussi, Se priver tout d'un coup et absolument d'une chose qui fait beaucoup de plaisir, et à laquelle on est très-sensible.

COUPER se dit quelquefois, dans un sens particulier, Du froid, lorsqu'il fait gercer les lèvres. Le froid m'a coupé les lèvres. Avoir les lèvres coupées par le froid, toutes coupées du froid.

Fig., Ce vent coupe le visage, se dit D'un vent froid qui fouette dans le visage.

COUPER signifie aussi, Traverser, diviser, partager. Leurs vaisseaux ne purent couper la ligne ennemie. Une chaîne de montagnes coupe toute cette province. Ce pays est coupé par de nombreux canaux, est coupé de grandes routes dans tous les sens. Je couperai cette pièce en deux par une cloison, en y faisant établir une cloison.

Couper l'eau, Fendre l'eau en nageant. Couper le courant, Le traverser à la nage ou en bateau.

En termes de Marine, Couper la lame, se dit D'un bâtiment dont l'avant court sur la lame et la traverse. Couper l'équateur, Passer d'un hémisphère dans l'autre en traversant l'équateur.

Fig., Couper à quelqu'un sa journée, sa semaine, etc., Déranger le plan d'occupation qu'il s'était fait pour la journée, pour la semaine, etc. Les visites que je suis obligé de recevoir coupent mes journées, me coupent tout mon temps.

Couper le cours d'un fleuve, d'un ruisseau, Empêcher un fleuve, un ruisseau de poursuivre son cours.

Couper chemin, couper le chemin à quelqu'un, Se mettre au devant de lui sur son chemin, pour l'empêcher de passer.

Fig., Couper chemin à quelque chose, En arrêter, en empêcher le cours, le progrès. Il fallut abattre une maison pour couper chemin à l'embrasement. On a voulu couper chemin aux chicanes par la nouvelle loi. Couper chemin à une maladie, à la fièvre, à la gangrène. On dit aussi simplement: Couper la fièvre. Couper le feu, couper un incendie.

Fig., Couper quelqu'un, Le traverser, le passer, le devancer. Nous marchions, et son carrosse nous coupa.

Couper les eaux à une place assiégée, Couper les canaux, les conduits des fontaines qui portent de l'eau à la ville.

Couper les vivres à une ville assiégée, à une armée, etc., Fermer les avenues, pour empêcher qu'on ne lui porte des vivres.

Fig. et fam., Couper les vivres à quelqu'un, Lui retrancher l'argent, les moyens de subsister, etc.

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