Nicot, Thresor de la langue francoyse

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 358

Et ores la bataille mesmes. Ainsi dit-on avoir journée contre l'ennemi, avoir bataille à luy. Au troisiesme livre d'Amadis, chapitre sixiesme: Or avoit-elle ouy parler de la grande beauté et proüesse de celuy qui portoit l'armet doré, mesmes comme en cette derniere journée où il s'estoit trouvé contre le Roy Aramgne, il avoit fait les plus grandes actes de chevalier, que pourroit faire autre chevalier, c'est à dire, en cette derniere bataille. Et, La journée a esté pour nous, c'est, nous avons gaigné la bataille, Vicimus. Et, Livrer journée à l'ennemi, c'est luy livrer bataille, Pugnam hosti inferre. Et, Perdre la journée, c'est perdre la bataille, Pugna cadere. Et, La journée de Bovynes, de Montlehery, de Ravenne, de sainct Laurens, et des Esperons, (combien que ce ne fut que rencontre) et semblables locutions, c'est la bataille où les esperons furent chaussez aux François, la bataille advenuë au lieu et pont de Bovynes, De Montlehery, De Ravenne, et le jour de la sainct Laurens. Le tout prins et emprunté de la coustume ancienne et desusitée presques depuis le regne du Roy Charles cinquiesme, que de deux costez estoit demandé, prins, et assigné jour et lieu, pour combatre en bataille rengée: ce qui estoit ainsi fait, parce que sans surprinse les deux parties guerrieres remettoient la decision de leur different à Dieu, tout ainsi qu'és combats particuliers en camp clos, la meslée de deux combatans avec armes preveuës et pareilles, estoit usitée pour de leur different avoir le jugement de Dieu, lequel ils estimoient estre pour celuy qui demeuroit maistre du camp et victorieux de son adversaire. Selon laquelle coustume, pour le mesme disoit-on, bataille assignée, c'est à dire, jour assigné pour combatre en bataille rengée, Dies pugnae constitutus.

La journée des Esperons est plustost rencontre que bataille. Nicole Gilles en la vie du Roy Louis xii. Les Anglois assiegerent Therouene, et joüerent un merveilleux jeu aux François. Car un jour une petite compagnie d'Anglois se mit aux champs, apres lesquels se mirent aucuns François, et en trop petit nombre, toutesfois il y en avoit des plus hardis de l'armée du Roy, et voyant que par fuyte avoient perdu la veuë des Anglois, se mirent au repos sur les champs, où incontinent furent surprins et trouvez en desordre par les Anglois, lesquels prindrent plusieurs François prisonniers, sçavoir est ceux qui ne se tournerent en fuite, et le surplus se sauva à la fuite, dont ils furent desprisez. Et pour cette fuite on appela cette rencontre la journée des Esperons, voyez Rencontre.

Une journée et demie d'un ouvrier, C'est la besoigne, le travail et labeur d'un jour et demi d'aucun ouvrier, Sesquiopera.

Journées entieres, et ordinaires, Iusta iustorum.

Aller journées entieres, Iusta itinera facere.

Il y a de l'un à l'autre une journée, Dirimuntur oppida vnius diei itinere.

Il est à deux journées loing de luy, Bidui spatio abest ab eo.

Ils estoient loing du camp de deux journées. Bidui castra aberant.

A plus grandes journées que j'ay peu, Quam potui maximis itineribus.

Il y a huit journées, etc. Octo dierum itinere distat regio thurifera a monte excelso.

Je te donne cette journée, Dedo tibi hunc diem.

Besoigne faicte à la journée, Opus per operas effectum. B.

On ne sçauroit faire journée entiere et la tasche quand la terre est endurcie, Iusta fieri nequeunt quum induruit ager.

Il va, ou il tire à grandes journées, Magnis itineribus contendit. Liu. lib. 22. Proficiscitur.

Veu qu'il n'y a journée que tu ne faces deux cens vers, Quum facias versus nulla non luce ducentos.

Passer une journée en toute joye, Hilarem diem sumere.

Je passay petit à petit cette journée en buvetant, Cyathos sorbillans paulatim hunc produxi diem.

Je passay là cette journée, Eum diem illic consumpsi.

Delibere toy de rendre les journées desquelles tu es en reste envers mes muses et estudes, Tu musis nostris para vt operas reddas.

journellement

Journellement, Quotidie.

journal

Journal, m. acut. Est ce qui est du jour, Diurnum quod diei vnius opera efficitur. Et selon ce le Languedoc dit Journal, ou Journau pour une journée d'homme des champs, et mesure le contenu des vignes, terres, et prez par Journaux, tout ainsi que faisoient les Romains par Iugera. Et d'ici dépend la signification du terme Journalier, qui se prend pour celuy qui n'a pas une continuelle disposition, ains à chacun jour la varie. Et de là vient que Journal, qu'on dit aussi papier journal, se prend pour le livre du marchand ou banquier, auquel il enregistre par chacun jour sa negotiation en recepte et mise, vente et achapt. Le Grec luy donne un nom plus signifiant, l'appelant éphêméris, Duquel mot Juvenal s'est servi. l'Italien dit conforméement au François, Giornale, Qu'il appelle aussi Bastardello, Comme dit Filippo Venuti. Mais c'est autant hors de la raison du mot Journal, comme Aduersaria en Latin. Mais Diarium. ou (comme dit Sueton. In Augusto) diurnus commentarius. La representent à plein. Le prendre pour Kalendarium, Il ne se peut: Car c'estoit le registre de chacun mois, où ceux qui bailloient deniers à profit et interest payable à chacun premier jour du mois (que les Romains appeloient Kalendae.) enregistroient les noms des debteurs d'iceux interests, et les sommes et sorts principaux à quoy ils estoient tenus, et mesmes aussi à quelle raison couroient lesdits profits.

journalier

Journalier, Un homme journalier, Homo varius.

Labeur journalier, peine journaliere, qu'on reçoit tous les jours, Labor quotidianus.

joustes

Joustes, à lances courtoises, Decusus. Jouste est aussi prins pour bataille et combat à outrance, comme au premier livre d'Amadis, Mais ainsi qu'ils s'esloignoient pour la jouste, survint une Damoiselle qui leur dit, Seigneurs souffrez un peu, et me dittes devant que combatre une chose, si la sçavez, pour laquelle je suis si hastée, que n'ay le loisir d'attendre la fin de vostre bataille. Semble que jouster et joustes viennent de ce mot Iuxta: quia concertantes iuxta inuicem accedere et collidi oportet, voyez Tourner en Tournoyer.

jouster

Le lieu où on joustoit avec trois chevaux attelez à un harnois à costé l'un de l'autre, Trigarium trigarij.

Jouster, Courir avec lances courtoises l'un contre l'autre, soit ens ou hors lice, il se trouve aussi és anciens Romans pour combatre à fer esmoulu et à outrance, Hostiliter lanceis concurrere. Combatre: ainsi dit- on, faire jouster les coqs, Gallos in pugnam mittere.

jouvence

Jouvence, Iuuenta.

jouvenceau

Jouvenceau ou Jouvencel, Iuuencus, de homine intelligitur.

joyaux

Joyaux, Mundus, muliebris, Voyez Joye.

joyaulier

Joyaulier, vendeur de Joyaux, voyez Joye. Gemmarius.

joye

Joye, f. penac. Signifie tantost liesse et esgayement d'esprit, Laetitia, Gaudium. Tantost une chose precieuse, rare, et de grand prix, soit pierre precieuse, perle, bague, carquan, pendant, ou autre tel affiquet de prix, composé d'une ou de plusieurs pieces rares. Selon ce on dit, Joyau pour le mesme, et Joyaux au pluriel, et enjoyallier une femme, pour l'emmeubler de tels joyaux, et Joyallier m. acut. Le marchand faisant trafficque de Joyaux, Gemmarius. Ou enchasseur de pierres precieuses en anneaux ou joyaux, Compositor gemmarum, Come Pline l'appelle au ch. 5. du liv. 37.

Une joye fort grande et excessive, Hilaritas profusa, Laetitia effusa.

Que signifie cette joye? Que veut dire cette joye? Quid istuc gaudij est?

Joye trop grande et excessive, Luxuriosa laetitia.

Annoncer à quelqu'un quelque soudaine joye, dequoy il ne se doubtoit point, Obiicere laetitiam alicui.

Je ne sçay où je suis de grande joye que j'ay, Prae gaudio vbi sim nescio.

Il ne pouvoit celer sa joye, Tacitum continere gaudium non poterat.

Combler une joye, Cumulare gaudium.

Estre comblé de joye, Cumulari gaudio.

Donner joye et liesse, Gaudium et laetitiam agitare, Laetitiam ferre, Dare laetitiam.

Dieu t'en envoye joye, Foeliciter istam rem tibi venire cupio.

Dieu nous en doint joye, Dij immortales approbent. B.

Dieu t'en doint froide joye, Que froide joye t'en envoye Dieu, Quae quidem res tibi vertat male. B. ex Terent.

Estre en joye, Laetitia affici.

Fondre en joye, Alacritate futili deliquescere.

Mettre en joye, Hilaritatem afferre, in laetitiam coniicere.

Monstrer par ses yeux une joye qu'on a, Gaudium proferre.

Nous avons tous monstré grand signe de joye, Laeditiam apertissime tulimus omnes.

Recevoir joye, Gaudium accipere.

Remplir de joye, Gaudio delibutum reddere.

Rempli de joye, Gaudio delibutus,

Saulter de joye, Exultare.

En saultant de joye, Exultanter.

Cette si grande joye m'est survenuë, Tanta haec laetitia oborta est mihi.

Tenir sa joye enclose sans la monstrer, Gaudere in sinu.

Tourner une joye en tristesse, Mutare gaudium moerore.

Chose qui attire et incite à joye, Laetabilis.

Un escri portant signification de joye à la mode rustique, Iubilum iubili.

Avec joye, Cum laetitia, Laete.

Fille de joye, Meretrix, Prostibulum.

joyeux

Joyeux, Laetus, Hilaris.

Choses joyeuses, Res optabiles.

Fort joyeux, Perlaetus.

Un peu joyeux, Hilarulus.

Estre joyeux, Gaudere, Laetari.

Estre joyeux tout le temps de sa vie, Iucunditatem perpetuam vitae tenere.

Estre joyeux outre mesure, Efferre se laetitia.

Quand on est joyeux outre mesure, Effusio animi.

Tu m'as fait bien joyeux, Beasti me. B.

J'en suis si joyeux que plus ne puis, Triumpho. B. ex Terent.

Dieu t'en face joyeux, Id quidem Dii approbent. B. ex Cic.

Je suis joyeux de ce que tu dis, Bene aedepol narras.

Je suis joyeux qu'elle se porte bien, Bene hercle est illam tibi bene valere et viuere.

Je suis joyeux, cela demandoy-je, Hem, istuc volueram.

Je suis joyeux de ces nouvelles, Bene hercle denuntias.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.