ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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tres les fibres longitudinales, qui par leur union forment des especes de rubans.

Il y a des provinces où au lieu d'espader le chanvre, on le pile avec des maillets.

ESPADEURS

ESPADEURS, s. m. pl. (Corderie.) ce sont les ouvriers qui travaillent à donner à la filasse la préparation nommée l'espade. Voyez Corderie.

ESPADON, EMPEREUR

ESPADON, EMPEREUR, subst. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) xiphias seu gladius; poisson de mer qui a le bec fort allongé & fait en forme de glaive ou d'épée à deux tranchans, longue de deux coudées & dure comme un os. Voyez la Pl. XIII. fig. 22. On pourroit le distinguer de tout autre poisson par ce seul caractere qui lui est particulier. Il est aussi grand qu'un cétacée; il pese plus de cent livres, & quelquefois même plus de deux cents, & il a cinq aulnes de longueur. Le corps est allongé & rond, & fort épais près de la tête: c'est la machoire du dessus qui se prolonge au point de former l'épée dont vient le nom d'espadon; on croit qu'il a été appellé empereur, parce qu'on représente les empereurs avec une épée en main. La machoire du dessous est pointue par le bout; il n'a qu'une nageoire sur le dos, mais elle s'étend presque d'un bout à l'autre: la queue est échancrée & a la figure d'un croissant. Ce poisson a une paire de nageoires auprès des oüies, & deux autres nageoires qui sont au - delà de l'anus: sa peau est rude & luisante, de couleur noire sur le dos, & blanche sur le ventre. L'espadon est très - fort; il enfonce son bec pointu dans les navires, & il perce les plus grands poissons cétacées. Rai, synop. meth. pisc. Rond. hist. des poissons. Voyez Poisson. (I)

Espadon

Espadon, (Fourbiss.) grande & large épée qu'on tient à deux mains. Voyez Épée.

ESPADOT

* ESPADOT, s. m. terme de Pêche, usité dans le ressort de l'amirauté de Marennes; c'est un instrument formé d'un petit fer d'environ 2 piés & demi de long, crochu par le bout, lequel on ommanche dans une petite perche d'environ 5 piés de long. plus grosse par le bout, qui sert de poignée. Les Pècheurs se servent de cet instrument dans les écluses où ils vont la nuit avec des brandons de roseaux ou de paille; & quand ils appperçoivent des poissons, ils les retirent avec le bout de l'espadot, & les tuent ensuite avec le même instrument.

Les langons sont des especes d'espadots formés de petites pointes ébarbelées, fichées au bout d'une perche: les foüannes ou fougnes ressemblent à celles qu'on trouvera décrites à l'article Fouanne; & les faucilles ne sont souvent que ces sortes de couteaux à scier des grains quand ils sont hors de service, ou quelques morceaux de fer crochus.

ESPAGNE

ESPAGNE, (Géog. hist.) royaume considérable de l'Europe, borné par la mer, le Portugal & les Pyrénées: il a environ 240 lieues de long sur 200 de large. Long. 9. 21. lat. 36. 44.

Je laisse les autres détails aux Géographes, pour retracer ici le tableau qu'un grand peintre a fait des révolutions de ce royaume dans son Histoire du siecle de Louis XIV.

L'Espagne, soûmise tour - à - tour par les Carthaginois, par les Romains, par les Goths, par les Vandales, & par les Arabes qu'on nomme Maures, tomba sous la domination de Ferdinand, qui fut à juste titre surnommé roi d'Espagne, puisqu'il en réunit toutes les parties sous sa domination; l'Arragon par lui - même, la Castille par Isabelle sa femme, le royaume de Grenade par sa conquête sur les Maures, & le royaume de Navarre par usurpation: il décéda en 1516.

Charles - Quint son successeur forma le projet de la monarchie universelle de notre continent chrétien, & n'abandonna son idée que par l'épuisement de ses forces & sa démission de l'empire en 1556.

Le vaste projet de monarchie universelle, commencé par cet empereur, fut soûtenu par Philippe Il. son fils. Ce dernier voulut, du fond de l'escurial, subjuguer la Chrétienté par les négociations & par les armes; il envahit le Portugal; il defola la France; il menaça l'Angleterre: mais plus propre à marchander de loin des esclaves qu'à combattre de près sec ennemis, il ne put ajoûter aucune conquête à la facile invasion du Portugal. Il sacrifia de son aveu quinze cents millions, qui font aujourd'hui plus de trois mille millions de notre monnoie, pour asservir la France & pour regagner les sept Provinces - Unies; mais ses thrésors n'aboutirent qu'à enrichir les pays qu'il voulut dompter: il mourut en 1598.

Sous Philippe III. la grandeur espagnole ne fut qu'un vaste corps sans substance, qui avoit plus de réputation que de force. Ce Prince, moins guerrier encore & moins sage que Philippe II. eut peu de vertus de roi: il ternit son regne & affoiblit la monarchie par la superstition, ce vice des ames foibles, par les nombreuses colonies qu'il transplanta dans le Nouveau - Monde, & en chassant de ses états près de huit cents mille Maures, tandis qu'il auroit dû au contraire le peupler d'un pareil nombre de sujets: il finit ses jours en 1621.

Philippe IV. héritier de la foiblesse de son pere, perdit le Portugal par sa négligence, le Roussillon par la foiblesse de ses armes, & la Catalogne par l'abus du despotisme: il mourut en 1665.

Enfin l'inquisition, les moines, la fierté oisive des habitans, ont fait passer en d'autres mains les richesses du Nouveau - Monde. Ainsi ce beau royaume, qui imprima jadis tant de terreur à l'Europe, est par gradation tombé dans une décadence dont il aura de la peine à se relever.

Peu puissant au - dehors, pauvre & foible au - dedans, nulle industrie ne seconde encore dans ces climats heureux, les présens de la navure. Les soies de Valence, les belles laines de l'Andalousie & de la Castille, les piastres & les marchandises du Nouveau - Monde, sont moins pour l'Espagne que pour les nations commerçantes; elles consient leur fortune aux Espagnols, & ne s'en sont jamais repenties: cette fidélité singuliere qu'ils avoient autrefois à garder les dépôts, & dont Justin fait l'éloge, ils l'ont encore aujourd'hui; mais cette admirable qualité, jointe à leur paresse, forme un mêlange, dont il résulte des effets qui leur sont nuisibles. Les autres peuples font sous leurs yeux le commerce de leur monarchie; & c'est vaissemblablement un bonheur pour l'Europe que le Mexique, le Pérou, & le Chily, soient possédés par une nation paresseuse.

Ce seroit sans doute un évenement bien singulier, si l'Amérique venoit à secoüer le joug de l'Espagne, & si pour lors un habile vice - roi des Indes, embrassant le parti des Amériquains, les soûtenoit de sa puissance & de son génie. Leurs terres produiroient bien - tôt nos fruits; & leurs habitans n'ayant plus besoin de nos marchandises, ni de nos denrées, nous tomberions à - peu près dans le même état d'indigence, où nous étions il y a quatre siecles. L'Espagne, je l'avoue, paroît à l'abri de cette révolution, mais l'empire de la fortune est bien étendu; & la prudence des hommes peut - elle se flater de prévoir & de vaincre tous ses caprices? Voyez Ecole (philosophie de l'). Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ESPAGNOLETTE

* ESPAGNOLETTE, s. f. (Drap.) étoffes de laine qui se fabriquent particulierement à Roüen, à Beauvais, & à Châlon. Les réglemens du commerce les ordonnent à Beauvais de laines d'Espagne pour la trame, ou des plus fines de France & du pays, sans agnelains ni peignons; les croisées à cinquante - six portées, trois quarts & un seize de large,

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