ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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propriétés des plantes. Les nombreuses guérisons qu'il opéra exciterent les plaintes du dieu des morts; Jupiter le foudroya à la sollicitation de Pluton; Apollon pleura sa mort, & la vengea sur les cyclopes qui avoient forgé le foudre; Jupiter en fit, à la sollicitation d'Apollon, la constellation du serpentaire. Epidaure lieu de la naissance d'Esculape, lui éleva les premiers autels qu'il ait eus. On le représenta tantôt sous la forme d'un serpent, tantôt sous la figure d'un homme qui tient à sa main un bâton autour duquel un serpent est entortillé; le coq fut encore un de ses symboles. Il eut pour fils tous les grands medecins de l'antiquité; on lui donne pour filles Hygie & Iaso, ou la santé & la guérison. Ses temples étoient en plaine campagne; il y rendoit des oracles; ceux d'Epidaure & de Pergame eurent beaucoup de célébrité; il opéra plusieurs guérisons miraculeuses; sa statue étoit d'ivoire à barbe d'or. La longue peste qui désola Rome l'an 462, fit passer dans cette capitale du monde le culte du dieu d'Epidaure. Sur l'avis des prêtres & des livres sibyllins, on alla chercher Esculape dans sa patrie; le serpent qu'on y adoroit comme tel, s'offrit de lui - même, se promena dans les rues d'Epidaure pendant trois jours, se rendit de - là sur le vaisseau des ambassadeurs romains, s'empara de la chambre principale, & se laissa transporter paisiblement jusqu'à Antium où il s'élança hors du vaisseau, alla droit au temple qu'il avoit dans cet endroit, s'entortilla à une palme, & fit douter de son retour. Cependant il rentra dans le vaisseau, & se laissa conduire à Rome, où l'on eut à peine touché un des bords du Tibre, que le dieu serpent se jetta dans le fleuve, le traversa, & entra dans l'isle, où l'on bâtit dans la suite son temple. Mais le merveilleux de l'histoire, c'est qu'à peine futil arrivé que la peste cessa. Cet Esculape donné par les Epidauriens aux ambassadeurs romains, n'étoit apparemment qu'un de ces serpens qu'ils élevoient & qu'ils rendoient familiers; & la cessation de la peste à l'arrivée du serpent ne doit être regardée que comme le concours fortuit de deux évenemens. Plus il y a d'évenemens combinés, plus l'esprit du peuple se porte fortement au prodige; il ne peut concevoir que le cas qui l'étonne, quelque compliqué qu'il soit, n'est pas moins possible qu'un autre.

ESCUN

ESCUN, (Géog. mod.) province du royaume de Maroc, en Afrique.

ESCURIAL

ESCURIAL, s. m. (Hist. mod.) ou comme l'écrivent les Espagnols, ESCORIAL, est un mot qui se rencontre fréquemment dans nos gasettes, & dans les nouvelles publiques. C'est un des lieux de la résidence des rois d'Espagne.

Escurial étoit originairement le nom d'un petit village d'Espagne, situé dans le royaume de Tolede, à sept lieues à l'occident de Madrid, & neuf à l'orient d'Avila. Ce village est sur une chaîne de montagnes, que quelques - uns appellent montagnes carpentaines ou carpentaniennes, & d'autres monts pyrenées, parce qu'elles sont une suite & comme une branche des grands monts pyrénées. Le roi Philippe II. fit bâtir en cet endroit un magnifique monastere pour les Hiéronimites, ou religieux de l'ordre de S. Jérome. Ce monastere est regardé par les Espagnols comme une des merveilles du monde; & il est appellé l'Escurial.

Le P. François de los Padros, dans la description qu'il en a donnée, & qui a pour titre, description breve del monasterio de S. Lorenzo, el real del Escorial, dit que ce monastere fut bâti par Philippe II. en mémoire de la bataille de S. Quentin, gagnée le jour de St Laurent, & par l'intercession de ce saint, que lès Espagnols ont en grande vénération.

Le roi & la reine d'Espagne y ont leurs appartemens, & le reste est habité par les moines. La plus grande partie des actes de cette cour étoit autrefois datée de l'Escurial.

Il y a dans l'Escurial une magnifique église, où Philippe IV. fit construire une très - belle chapelle, appellée Pantheon, ou Rotonde. Cette chapelle est le lieu de la sépulture des rois & des reines d'Espagne qui laissent des enfans; ceux qui n'en laissent point sont enterrés dans un autre caveau de la même église, avec les infants & les autres princes. Voyez Pantheon & Rotonde. Dict. de Trév. & Chamb.

Ce monastere ou palais renferme troïs bibliotheques, dans lesquelles on compte dix - huit mille volumes, & entre autres trois mille manuscrits arabes. Voyez Bibliotheque.

On prétend que les dépenses faites pendant trente - huit ans par Philippe II. pour la construction de l'Escurial, montent à cinq millions deux cent soixante & dix mille ducats, sans parler de plus d'un million qu'il employa pour les ornemens d'église, à quoi il faut ajoûter les sommes immenses qu'a coûté la magnifique chapelle bâtie par les ordres de Philippe IV. Une partie de ce superbe édifice fut brûlée en 1671.

ESCUROLLES

ESCUROLLES, (Géog. mod.) petite ville du Bourbonnois, en France.

ESDRAS ou EZRA

ESDRAS ou EZRA, (Théolog.) nom de deux livres canoniques de l'ancien Testament, dont le premier est connu sous le nom d'Esdras, & le second sous celui de Nehemias.

Ils sont ainsi appellés du nom de leurs auteurs. Esdras à qui l'on attribue le premier, fut grand prêtre des Juifs pendant la captivité, & particulierement vers le tems où ils retournerent en Palestine sous le regne d'Artaxerxe Longuemain. Il est appellé dans l'écriture scriba velox in lege Moysi, c'est - à - dire un docteur habile dans la loi de Moyse; car le mot sopher, que la vulgate rend par seriba, ne signifie pas un écrivain, mais un docteur de la loi. Ce fut lui qui, selon les conjectures communes, recueillit tous les livres canoniques, les purgea des corruptions qui s'y étoient glissées, & les distingua en 22 livres, selon le nombre des lettres de l'alphabet hébreu. Ce qui a donné lieu à l'erreur de ceux qui ont pensé que les livres de l'ancien Testament étant perdus, il les avoit dictés de mémoire. On croit aussi que dans cette révision il changea quelques noms des lieux, & mit ceux qui etoient en usage à la place des anciens; observation qui sert de réponse à plusieurs objections de Spinosa. On conjecture encore que par l'inspiration du S. Esprit, il ajoûta certaines choses arrivées après la mort des auteurs de ces livres.

Les deux livres d'Esdras sont canoniques & reconnus pour tels par la synagogue & par l'Eglise. I troisieme & le quatrieme qui se trouvent en latin dans les bibles ordinaires après l'oraison de Manassès, quoique reconnus pour canoniques en plusieurs pays, & particulierement chez les Grecs, sont regardés comme apocryphes par les Latins & même par les Anglicans. Le troisieme dont on a le texte grec, est une répétition de ce qui est contenu dans les deux premiers. Il est cité par S. Athanase, S. Augustin, S. Ambroise: S. Cyprien même semble l'avoir connu. Le quatrieme qu'on n'a qu'en latin, est plein de visions, de songes, & de quelques erreurs. Il est d'un autre auteur que le troisieme, & probablement de quelque juif converti.

Le canon d'Esdras est la collection des livres de l'Ecriture faite par ce pontife, qui selon Genebrard, de concert avec la grande synagogue, les distingua par livres, & ceux - ci par versets. S. Jérome dit qu'il les copia en caracteres chaldéens qui sont les quarrés, & laissa les anciens aux Samaritains. Il paroit que la synagogue ne s'en est pas tenue au canon d'Esdras, & qu'elle y a ajoûté d'autres livres; témoin

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