ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ges présens: on ne s'avise d'atteler les chevaux à des charrues, à des charrettes, &c. qu'après qu'ils ont été domptés, montés, & accoûtumés avec l'homme; une méthode contraire mettroit en danger la vie du conducteur & celle du cheval. Mais l'histoire dépose encore ici contre cet académicien: par le petit nombre de chars que l'on compte dans les dénombremens qui paroissent les plus exacts des armées anciennes, & la grande quantité de cavalerie (d), il est aisé de juger que celle - ci a nécessairement précédé l'usage des chars. Ce n'est pas qu'on ne trouve souvent les chars en nombre égal, & même supérieur à celui des gens de cheval; mais on a lieu de soupçonner qu'à cet égard il s'est glissé de la part des copistes des erreurs dans les nombres. On en est bien - tôt convaincu, quand on réfléchit sur l'impossibilité de mettre en bataille & de faire manoeuvrer des vingt ou trente mille chars (e): on observe d'ailleurs, que bien loin de trouver dans les tems mieux connus cette quantité extraordinaire de chars, chez les peuples mêmes qui en ont toûjours fait le plus grand usage, on en compte à peine mille dans les plus formidables armées qu'ils ayent mis sur pié. (f)

Pour terminer enfin cet article, je tire de M. Freret même une preuve invincible que l'équitation a dû précéder dans la Grece l'usage des chars.

Selon cet auteur, les chevaux étoient rares en ce pays: on n'y en avoit jamais vû de sauvages, ils avoient tous été amenés de dehors. Dans les anciens poëtes on voit que les chevaux étoient extrèmement chers, & que tous ceux qui avoient quelque célébrité étoient regardés comme un présent de Neptune, ce qui dans leur langage figuré signifie qu'ils avoient été amenés par mer des côtes de la Lybie & de l'Afrique.

Cela posé, est - il vraissemblable que quelqu'un ait transporté de ces pays des chevaux dans la Grece, & qu'il n'ait pas enseigné à ceux qui les achetoient la maniere la plus prompte, la plus utile, la plus générale de s'en servir? Il est incontestable que l'équitation étoit connue en Afrique long - tems avant la guerre de Troye. Par quelle raison les marchands en vendant leurs chevaux fort cher aux Grecs, leur auroient - ils caché l'art de les monter? ou pourquoi les Grecs se seroient - ils chargés de chevaux à un prix excessif, sans apprendre les différentes manieres de les conduire, de les manier, & d'en faire usage?

M. Freret devoit, pour donner à son système un air de vérité, prouver avant toute autre chose que l'art de monter à cheval étoit ignoré dans tous les lieux d'où les Grecs ont pû tirer leurs premiers chevaux. Ne l'ayant pas fait, sa dissertation malgré toute l'érudition qu'elle renferme, ne pourra jamais établir son étrange paradoxe, & il demeurera pour constant que l'équitation a été pratiquée par les Grecs long - tems avant le siége de Troye. Cet article est de M. d'Authville, commandant de bataillon.

Equitation

Equitation, (Medecine.) I(W=W=EI/A, I(W=W=ASIA, equitatio, l'action d'aller à cheval; elle est considérée comme un exercice qui fait partie de la Gymnastique, & qui peut être employé utilement pour la conservation de la santé, & pour son rétablissement.

Le mouvement du corps que procure l'équitation lorsqu'elle est modérée, peut être très - salutaire; il cause de douces secousses dans les visceres de la poi<cb-> trine & du bas - ventre; il les applique & les presse sans effort les uns contre les autres; il donne occasion à ce que l'on change d'air, & que l'on respire celui de la campagne; il fait que ce fluide pénetre avec plus de force dans la poitrine; il dispose à l'excrétion des matieres fécales.

Il résulte de tous ces effets combinés des changemens si avantageux, dans les cas où l'équitation est faite à - propos, qu'ils sont presqu'mcroyables. Elle convient en général aux personnes d'un tempérament foible, délicat, dans les maladies qui produisent de grandes diminutions de force: on doit observer qu'elle ne doit pas avoir lieu pendant que l'estomac est plein d'alimens, mais avant les repas, ou lorsque la digestion est presque faite, attendu que les secousses que donne le cheval, ne pourroient que causer des tiraillemens douloureux à ce viscere par le poids des matieres contenues.

L'expérience avoit appris à Sydenham à faire tant de cas de l'équitation, qu'il la croyoit propre à guérir, sans autre secours, non - seulement de petites infirmités, mais encore des maladies desespérées, telles que la consomption, la phthisie même accompagnée de sueurs nocturnes & de diarrhée colliquative; & il témoigne dans sa dissertation épistolaire, n'être pas moins assûré de l'efficacité de ce secours dans cette derniere maladie, que de celle du mercure dans la curation de la vérole, & de celle du kinquina contre les fievres intermittentes: il avertit en même tems qu'il ne faut pas que ceux qui mettent en usage l'équitation, se fatiguent tout - d'un - coup par une course trop précipitée; mais qu'ils doivent faire cet exercice, d'abord fort doucement & pendant un petit espace de tems, ensuite en augmenter peu - à - peu le mouvement & la durée. Il rapporte un grand nombre d'exemples de très - belles cures qu'il a saites par ce moyen. Voyez la differtation citée ci - dessus, parmi les oeuvres de cet auteur. Voy. Gymnastique. (d)

EQUITÉ

EQUITÉ, sub. f. (Morale, Droit politiq.) c'est, en général, cette vertu par laquelle nous rendons à chacun ce qui lui appartient justement, conformément aux différentes constances où chaque personne peut être relativement à notre égard & aux lois de la société.

On confond quelquefois l'équité avec la justice; mais cette derniere parolûtôt désignée pour récompenser ou punir, conrmément à quelques lois ou regles établies, que formément aux circonstances variables d'une action. C'est par cette raison que les Anglois ont une cour de chancellerie ou d'équité, pour tempérer la sévérité de la lettre de la loi, & pour envisager l'affaire qui y est portée, uniquement par la regle de l'équité & de la conscience. Cette cour de chancellerie est un des beaux établissemens qu'il y ait en Angleterre, & des plus dignes d'être imité par les nations civilisées.

En effet, l'intérêt d'un souverain & son amour pour ses peuples, qui l'engage à prendre garde qu'il ne se fasse rien dans son empire de contraire au bien commun, demande aussi qu'il redresse, qu'il rectifie, & qu'il corrige ce qui peut avoir été fait de tel.

Ainsi l'équité, prise dans ce sens particulier, est une volonté du prince, disposée par les regles de la prudence à corriger ce qui se trouve dans une loi de son état, ou dans un jugement civil de la magistrature établie par ses ordres, quand les choses y ont été reglées autrement que la vûe du bien commun ne le demanderoit dans les circonstances proposées; car il arrive souvent que la loi se servant d'expressions générales, ou la foiblesse de l'esprit humain étant telle qu'elle empêche les législateurs de prévoir tous les cas possibles, les chefs de l'état s'éloignent du but auquel ils tendoient sincerement.

L'amour du bien commun exige donc alors, que

(d) Lors du passage de la mer Rouge les Egyptiens avoient six cents chars & cinquante mille hommes de cavalerie, & Salomon sur douze mille hommes de cavalerie avoit quatorze cents chars. En faisant un calcul, on trouveroit le commandant de chaque escadron sur un char. (e) Guerre des Philistins contre les Israélites. Josephe, liv. VI. chap. vij. (f) Voyez l'expédition de Xerxès, & le dénombrement de son armée, &c.

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