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On dit quelquefois qu'une procédure doit être faite de suite & sans divertir à autres actes, c'est - à dire sans desemparer & sans interruption. (A)
La grote de Versailles. l'idylle de Sceaux, sont des divertissemens de la premiere espece.
On donne ce nom plus particulierement aux danses & aux chants, qu'on introduit episodiquement dans les actes d'opéra. Le triomphe de Thesée est un divertissement fort noble. L'enchantement d'Amadis est un divertissement très - agréable; mais le plus ingénieux divertissement des opéra anciens, est celui du quatrieme acte de Rolland.
L'art d'amener les divertissemens est une partie fort rare au théatre lyrique; ceux mêmes, pour la plûpart, qui paroissent les mieux amenés, ont quelquefois des défauts dans la forme qu'on leur donne. La grande regle est qu'ils naissent du sujet, qu'ils fassent partie de l'action, en un mot qu'on n'y danse pas seulement pour danser. Tout divertissement est plus ou moins estimable, selon qu'il est plus ou moins nécessaire à la marche théatrale du sujet: quelque agréable qu'il paroisse, il est vicieux & peche contre la premiere regle, lorsque l'action peut marcher sans lui, & que la suppression de cette partie ne laisseroit point de vuide dans l'ensemble de l'ouvrage. Le dernier divertissement, qui pour l'ordinaire termine l'opéra, paroît ne pas devoir être assujetti à cette regle aussi scrupuleusement que tous les autres; ce n'est qu'une fête, un mariage, un couronnement, &c. qui ne doit avoir que la joie publique pour objet.
Si les divertissemens des grands opéra sont soûmis à
Des divertissemens en action sont le vrai fond des différentes entrées du ballet: telle est son origine. Le chant, dans ces compositions modernes, occupe une partie de la place qu'occupoit la danse dans les anciennes: pour être parfaites, il faut que la danse & le chant y soient liés ensemble, & partagent toute l'action. Rien n'y doit être oisif; tout ce qu'on y fait paroître d'inutile, & qui ne concourt pas à la marche, au progrès, au développement, n'est qu'un agrément froid & insipide. On peut dire d'une entrée de ballet, ce qu'on a dit souvent du sonnet: la plus legere tache défigure cette espece d'ouvrage, bien plus difficile encore que le sonnet même, qui n'est qu'un simple récit; le ballet doit être tout entier en action.
La grande erreur sur cette partie dramatique est que quelques madrigaux suffisent pour la rendre agréable. L'action est la derniere chose dont on parle, & celle à laquelle on pense le moins: c'est pourtant l'action intéressante, vive, pressée, qui fait le grand mérite de ce genre.
Il faut donc pour former une bonne entrée de
ballet, 1°. une action: 2°. que le chant & la danse
concourent également à la former, à la développer,
à la dénoüer: 3°. que tous les agrémens naissent du
sujet même. Tous ces objets ne sont rien moins qu'aisés
à remplir: mais que de beautés résultent aussi dans
ces sortes d'ouvrages de la difficulté vaincue! Voyez
Amusement, suivant l'idée que je m'en fais encore, porte sur des occupations faciles & agréables qu'on prend pour éviter l'ennui, pour moins penser à soi - même. Recréation appartient plus que l'amusement au délassement de l'esprit, & indique un besoin de l'ame plus marqué. Réjoüissance est affecté aux fêtes publiques du monde & de l'église. Divertissement est le terme générique qui renferme les amusemens, les recréations, & les réjoüissances particulieres.
Tous les divertissemens qui n'ont pas pour but des choses utiles ou nécessaires, sont les fruits de l'oisiveté, de l'amour pour le plaisir, & varient chez les divers peuples du inonde, suivant les moeurs & les climats. Ce n'est pas ici le lieu de le prouver; mais le lecteur sera peut - être bien aise de savoir ce qu'une Peruvienne, si connue par la finesse de son goût & par la justesse de son discernement, pense des divertissemens de notre nation, de tous ces plaisirs qu'on tâchoit de lui procurer, & dont tout le monde lui paroissoit enivré.
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