ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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sentent. Il est certain que l'abolition d'un culte extérieur nuiroit directement au bien de la société humaine en général, & à celui de la société civile en particulier, quand même le culte intérieur ne seroit pas éteint. J'avoue que comme Dieu est suffisant à lui - même, tous nos hommages n'ajoûtent rien à sa gloire; cependant ils servent à nous mettre en état de nous mieux acquiter de nos autres devoirs, & de travailler ainsi à notre propre bonheur. En un mot, la nécessité des actes d'un culte extérieur, quoiqu'on en ait malheureusement abusé, est néanmoins fondée sur la nature même de l'homme & sur l'intérêt de la société. Cette société est faite de maniere qu'il ne paroît pas qu'une religion purement spirituelle y sût d'un grand usage, parce que tous les hommes ne sont pas également capables de connoître ce qu'ils doivent à Dieu, ni également soigneux de le pratiquer; ensorte que la plûpart d'entr'eux ont absolument besoin d'y être portés par les instructions & par l'exemple des autres. De simples discours seroient insuffisans pour les ignorans & pour le peuple, c'est - à dire pour la plus grande partie du genre humain; il faut des objets qui frappent les sens, qui réveillent l'attention; il faut des signes & des marques représentatives perpétuellement renouvellées, sans quoi l'on oublieroit aisément la Divinité.

Enfin on ne peut se dispenser des actes d'un culte extérieur, que dans de certains tems & dans certains cas rares; par exemple, lorsqu'on s'exposeroit en les exerçant à quelque grand mal, & lorsque d'ailleurs leur omission n'emporte aucune abnégation de la religion, ni aucun indice de mépris pour la Majesté drvine. Si le sage est citoyen de toutes les républiques, il n'est pas le prêtre de tous les dieux; il ne doit ni abjurer le culte de religion qu'il approuve dans l'ame, ni troubler celui des autres: si leur culte paroît à ses yeux mêlé de pratiques superstitieuses & blâmables, il réprouve cet alliage impur, plaint l'ignorance de ceux qui l'adoptent, & tâche de les éclairer, sans oublier jamais que la persécution est un fruit du fanatisme & de la tyrannie, que la religion réprouve.

Au reste toutes les nations chrétiennes pratiquent soigneusement un culte extérieur de religion; & suivant le génie de chacune, la pratique de ce culte s'exerce avec plus ou moins de pompe & de simplicité, avec des démonstrations de pénitence ou d'allégresse plus ou moins sensibles. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner les divers cultes du Christianisme qui subsistent de nos jours, & d'en peser les avantages ou les défauts; il nous suffira de dire que le plus raisonnable, le plus digne de l'homme, est celui qui en général est le plus éloigné de l'enthousiasme & de la sperstition.

Le culte rendu au vrai Dieu seul, s'appelle latrie; ce même culte transporté du Créateur aux créatures, s'appelle idolatrie. Voyez Latrie & Idolatrie. Les Catholiques nomment culte d'hyperdulie celui qu'ils rendent à la Vierge, & dulie celui qu'ils rendent aux autres Saints. Voyez Dulie & Hyperdulie. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

CULTELLATION

CULTELLATION, s. f. (Géométrie.) terme dont quelques auteurs se sont servis pour signifier la mesure des hauteurs & des distances piece par piece, c'est - à - dire par des instrumens qui ne donnent ces hauteurs & ces distances que par parties, & non tout - à - la - fois par une seule opération. Voyez Mesurer, Altimetrie, Distance , &c. (O)

CULTIVER

CULTIVER, (Jardin.) Le choix des plantes & l'attention à les bien placer deviendroient inutiles, si l'on n'y joignoit la bonne culture. Trois choses y sont essentielles, le labour, l'arrosement, & la conduite.

Les orangers, les grenadiers, les jasmins, & les arbres à fleurs, demandent un peu plus de soin que les autres; le froid qui est leur ennemi mortel, oblige de les serrer pendant l'hyver. On observera donc de bâtir une serre bien exposée & où il gele peu, de composer des terres qui approchent de la qualité des pays chauds dont on tire les orangers, de les rencaisser en entier ou à - demi quand leurs racines sont trop serrées, de les égravillonner, de les bien exposer dans un jardin, de les bien tailler, de les arroser & labourer dans les tems nécessaires, de les serrer & sortir à propos de leur prison, de les transporter sans trop remuer leurs mottes, de les garantir des animaux qui les attaquent, en un mot de les bien gouverner, tant en - dedans que dehors de la serre.

Le soin le plus considérable qu'on doit prendre des orangers lorsqu'ils sont enfermés, est de les garantir du froid sans le secours du feu, s'il est possible; une chaleur naturelle est toûjours meilleure: mais dans un besoin les poeles d'Allemagne sont à présérer à tous les autres expédiens, parce que ceux - ci jettent dehors une fumée qui est si nuisible à ces beaux arbres, qu'elle en fait tomber toutes les feuilles.

Les fleurs demandent aussi quelques soins; à être bien sarclées, arrosées, labourées, & d'être tous les matins visitées à la rosée, pour ôter les limaçons & les insectes qui les attaquent. On les abriquera dans le gros chaud, & on attachera les plus hautes avec des baguettes, en observant encore de les sevrer du trop de cayeux qu'elles ont à leur pié, ce qui rend les fleurs trop petites.

Les potagers exigent à - peu près les mêmes soins, & sur - tout de les garantir des courtillieres, pucerons, taons, mulots, musettes, laires, perce - oreilles, limaçons, lésards, chenilles, hannetons, tigres, taupes, & autres animaux qui leur nuisent beaucoup.

Les figuiers demandent une culture particuliere: on la trouvera pour la taille, au mot Tailler, & pour le gouvernement, au mot Figuier.

Les ormes, les tilleuls, les marronniers, veulent être éloignés pour ne se point gêner les uns les autres: on les mouille peu, à moins qu'ils ne soient nouvellement plantés, & cela pendant deux ans.

La charmille veut être souvent arrosée dans la jeunesse, & être serrée de près dans la tonture.

Les parterres doivent être tondus au moins une fois l'an, sans en estropier le dessein en les rognant de trop près, soit d'un côté soit de l'autre.

Le gazon veut être tondu tous les quinze jours, & arrasé avec un grosrouleau de bois ou de pierre.

Les bois, sur - tout les jeunes, seront bien sarclés & bien laboures quatre fois par an, ainsi que les pepinieres.

Les vergers demandent un labour de trois piés en quarré autour de chaque arbre.

Les espaliers & les plates - bandes seront bien entretenus de labour, bien sarclés & fumés, n'y mettant ni fraisiers ni laitues qui mangent la terre; ces plantes empêchent les sels du fumier de descendre sur les racines des arbres, elles les attirent par abstraction pour se nourrir: ainsi ces sels montent au lieu de descendre, par le moyen de l'eau, en se filtrant à - travers la masse de la terre.

Un espalier demande peu d'eau, mais beaucoup de fumier, qui dure tout au plus trois ans.

Une cerisaie, une châtaigneraie, doivent être entretenues de labour, & l'on pourra y semer dessous les arbres de petits grains.

Observez la nature des terres pour le choix des amandemens; il faut même souvent les charger de terre neuve.

Quant à la conduite des arbres, consultez l'article Emonder. (K)

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