Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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SOUPÇON se dit aussi d'une Simple conjecture,
d'une simple opinion que l'on s'est faite
de quelque chose. Ce n'est pas une certitude, ce
n'est qu'un soupçon. J'ai quelque soupçon que
c'est lui qui est venu pendant mon absence.

Il se dit encore, familièrement, d'une Apparence
légère, ou de la plus petite quantité possible
d'une chose. Il a un soupçon de fièvre.
Donnez-moi un soupçon de crème. Se mettre un
soupçon de poudre, un soupçon de rouge.

SOUPÇONNER. v. tr. Avoir, touchant quelqu'un
ou quelque chose, une opinion, une présomption
désavantageuse, mais incertaine et
mêlée de doute. Soupçonner quelqu'un de perfidie,
de trahison, de mensonge. On le soupçonnait
d'hérésie. Je le soupçonne de m'avoir
desservi auprès de vous. Il est fortement, violemment
soupçonné d'avoir trempé dans ce crime.
Soupçonner sans fondement, sans cause, sans
raison.

Il signifie aussi Former une simple conjecture.
Je soupçonne qu'il est l'auteur de cette
lettre anonyme. Je n'ai pas la preuve de son
intervention, mais je la soupçonne.

Fam., Vous ne soupçonnez pas ce que c'est
qu'une affaire de ce genre,
Vous n'en avez pas,
vous ne pouvez en avoir la moindre idée.

SOUPÇONNEUX, EUSE. adj. Qui est défiant,
qui est enclin à soupçonner, qui soupçonne
facilement. C'est un homme soupçonneux. Elle
est défiante et soupçonneuse.

Il se dit aussi des Choses. Être d'humeur soupçonneuse,
d'un caractère soupçonneux.

SOUPE. n. f. Potage, aliment liquide dans
lequel trempe ordinairement du pain et qu'on
sert au commencement du repas. Soupe grasse.
Soupe maigre. Soupe à la tortue. Soupe aux
herbes. Soupe à l'oignon. Soupe aux choux.
Soupe au lait. Une bonne soupe. Faire mitonner
la soupe. Servir la soupe. Une assiette de soupe.

Tailler la soupe, Couper du pain par tranches
pour les mettre dans le potage.

Tremper la soupe, Verser le bouillon sur les
tranches de pain, un moment avant de servir
le potage.

Fig. et fam., Trempé comme une soupe, Très
mouillé.

Fig. et fam., S'emporter comme une soupe
au lait,
Se mettre facilement, promptement en
colère. Au moindre mot, il s'emporte comme une
soupe au lait. C'est une soupe au lait.

Un cheval soupe de lait, un pigeon soupe de
lait ou de plumage soupe de lait,
Un cheval qui
est d'un blanc tirant sur l'isabelle, un pigeon
de la même couleur.

Fig. et fam., Cela vient comme des cheveux
sur la soupe.
Voyez CHEVEU.

Prov., La soupe fait le soldat, On ne peut rien
tirer d'un soldat qui est mal nourri.

SOUPENTE. n. f. Réduit en planches ou en
maçonnerie, pratiqué dans la hauteur d'une
cuisine, d'une écurie, d'une chambre, etc. Il
couche dans une soupente.

Il se disait aussi de Plusieurs larges courroies
assemblées et cousues l'une sur l'autre,
servant à soutenir le corps d'une voiture, Relever
les soupentes d'une voiture.

Il se dit aujourd'hui de Longues et larges
bandes de cuir croisées, qui servent à maintenir,
à suspendre un cheval dans l'appareil
qu'on nomme Travail.

SOUPER. v. intr. Prendre le repas du soir.
On vous attend à souper. On dit plutôt aujourd'hui,
en ce sens, Dîner.

Il signifie particulièrement Prendre un repas
au cours de la nuit. Nous irons souper en sortant
de l'Opéra.

SOUPER. n. m. Repas du soir. On dit plutôt
aujourd'hui, en ce sens, Dîner.

Il se dit particulièrement d'un Repas que
l'on prend à quelque heure de la nuit. Le bal
s'est terminé par un souper. Un souper chaud.
Un souper fin. Un souper assis. Un souper par
petites tables.

Après-souper se disait du Temps qui s'écoule
depuis le souper jusqu'à ce qu'on aille se coucher.

SOUPESER. v. tr. Soulever une chose avec
la main pour juger de son poids. Vous croyez
que cela n'est pas lourd, soupesez-le un peu pour
en juger.

SOUPEUR, EUSE. n. Celui, celle qui soupe,
qui aime à souper.

SOUPIÈRE. n. f. Récipient large et profond,
qui a ordinairement deux anses et dans lequel
on sert la soupe, le potage. Une soupière de
faïence, de porcelaine, d'argent.

SOUPIR. n. m. Expiration prolongée qu'on
laisse échapper sous l'influence d'un sentiment
de tristesse, d'une émotion, d'une souffrance.
Long soupir. Profond soupir. Soupir amoureux.
Ardents soupirs. Tendres soupirs. Pousser
de grands soupirs. Etouffer ses soupirs.

Dernier soupir, Dernier moment de la respiration,
dernier souffle de la vie. Je vous servirai,
j'aurai de la reconnaissance envers vous
jusqu'à mon dernier soupir, jusqu'au dernier
soupir.

Rendre le dernier soupir, Mourir. Recevoir,
recueillir le dernier soupir de quelqu'un,
L'assister
à ses derniers moments.

SOUPIR, en termes de Musique, se dit d'un
Silence qui équivaut à une noire. Prenez garde
en chantant à bien marquer, à bien observer ces
soupirs.

Il se dit aussi d'un Signe qui marque l'endroit
où l'on doit observer un silence équivalent
à une noire. Il y a un soupir marqué en
cet endroit-là.

Demi-soupir, quart de soupir, huitième de
soupir,
Silence qui a la valeur d'une croche,
d'une double croche, d'une triple croche.

SOUPIRAIL. n. m. Ouverture pratiquée à
la partie inférieure d'un édifice, pour donner
un peu d'air et de jour à une cave, à un sous-
sol, etc. Au pluriel, Des soupiraux.

SOUPIRANT. n. m. Celui qui languit d'amour
pour une femme. Elle a beaucoup de soupirants.
Il est familier et légèrement ironique.

SOUPIRER. v. intr. Pousser des soupirs.
Soupirer de regret. Gémir, pleurer et soupirer.

Il signifie figurément Désirer ardemment,
rechercher avec passion; en ce sens, il est ordinairement
suivi de la préposition Après. Il
y a longtemps qu'il soupirait après cette place,
qu'il soupirait après cela.

Il s'emploie dans le même sens, avec la préposition
Pour. Il soupire pour cette femme. J'ai
longtemps soupiré pour vous.

Il est quelquefois transitif au figuré. Soupirer
ses peines. Les vers que soupirait Tibulle.

Il n'est d'usage ainsi qu'en poésie.

SOUPLE. adj. des deux genres. Qui est flexible,
qui se plie aisément sans se rompre, sans
s'abîmer. Voilà du cuir fort souple. L'osier est
souple. Des branches souples.

Il se dit aussi des Personnes et de certains
animaux qui ont une grande facilité à se mouvoir,
à se plier. Il faut être très souple pour exécuter
de pareils exercices. Avoir le corps souple,
les reins souples.

Il signifie, au figuré, Qui est docile, complaisant,
soumis, qui a l'humeur accommodante,
l'esprit flexible aux volontés d'autrui. Pour
réussir dans le monde, il faut être souple. Il a
l'esprit souple. Il est d'un caractère souple.

Fig. et fam., Souple comme un gant se dit
d'une Personne qui se prête à tout ce qu'on
veut. Cette expression s'emploie presque toujours
en mauvaise part, pour désigner une
Complaisance servile. On dit dans le même
sens : Il a l'échine souple, les reins souples.

SOUPLEMENT. adv. D'une manière souple,
avec souplesse. Il est peu usité.

SOUPLESSE. n. f. Qualité de ce qui est souple,
de ce qui se plie aisément. La souplesse
du jonc, de l'osier. La souplesse d'un ressort de

voiture. Il a une souplesse de corps étonnante.
Faire des tours de souplesse. Le singe est un
animal qui a beaucoup de souplesse. Ce cheval a
de la souplesse dans les jarrets.

Il se dit figurément, en parlant de l'Esprit,
du style, de la voix, etc. Il a beaucoup de souplesse
dans l'esprit. Il a une grande souplesse de
talent. Son style a de la souplesse. Sa voix n'a
aucune souplesse.

Il signifie aussi, figurément, Docilité, complaisance,
soumission aux volontés d'autrui.
Avoir de la souplesse dans les affaires. Il est difficile
de réussir dans le monde, si on n'a pas à
souplesse, si l'on manque de souplesse. Il a
beaucoup, il a trop, il n'a pas assez de souplesse
dans le caractère.

SOUQUENILLE. n. f. Long surtout fait de
grosse toile, que prennent les cochers et les
palefreniers pour s'en couvrir quand ils pansent
les chevaux. Il vieillit.

SOUQUER. v. tr. T. de Marine. Tirer ou serrer
fortement une amarre, un noeud, les tours
de cordage qui lient ensemble plusieurs objets.
Souquez ferme.

Souquer sur les avirons, Faire force de rames.

SOURCE. n. f. Eau qui sourd, qui sort de
terre; Endroit d'où l'eau sort. Source claire,
vive, limpide. Source qui ne tarit jamais. Ce
ruisseau coule de source. Découvrir, trouver un
source. Cette rivière prend sa source en tel lieu.
Remonter une rivière jusqu'à sa source. Le
sources du Nil. Empoisonner une source. Détourner
une source. Source d'eau minérale.
Source sulfureuse, ferrugineuse, etc.

Source intermittente, Source qui ne coule que
par intervalles.

Eau de source, Eau vive qui vient d'un
source.

Fig. et fam., Cela coule de source se dit en
parlant de Ce qu'une personne dit ou écrit
d'une manière naturelle, facile, ou conformément
à son génie, au caractère de son esprit,
aux sentiments de son coeur. Il écrit facilement,
cela coule de source.

SOURCE désigne figurément le Principe, la
cause d'où une chose procède, l'origine, le premier
auteur de quelque chose. La source de tous
les biens. Ce fatal événement est la source de tous
nos maux. La vanité est une source inépuisable,
intarissable de ridicules. Vos malheurs et les
miens viennent de la même source. Ses infortunes
eurent leur source dans un amour-propre sans
mesure. Ce préjugé prend sa source dans un sentiment
louable. Remonter à la source. Aller à la
source du mal. Être à la source des nouvelles.

Je tiens cette nouvelle de bonne source, Je la
tiens de personnes qui doivent être bien informées.

Fig., Les sources de la vie, Les principaux
organes nécessaires à la vie. Un mal qui s'attaque
aux sources de la vie.

Fig., en termes de Théologie, Les sources de
la grâce,
Les sacrements.

En termes de Marine, La source du vent, Le
point d'où il souffle.

SOURCE se dit absolument des Textes originaux.
Cet historien a utilisé toutes les sources.
Il travaille sur les sources. Faire la critique des
sources.

SOURCIER, IÈRE. n. Celui, celle qui passe
pour habile à découvrir des sources, qui fait
métier de les rechercher.

SOURCIL. (On ne prononce pas l'L.) n. m.
Saillie en forme d'arc, garnie de poils, qui se
trouve au-dessus de chaque oeil. Sourcils épais,
touffus. Lever, baisser, froncer les sourcils.

Fig., Froncer les sourcils, Faire paraître sur
son visage de la mauvaise humeur, du mécontentement.
Aussitôt qu'on lui parle de cela, il
fronce le sourcil.

SOURCILIER, IÈRE. adj. T. d'Anatomie.
Qui a rapport aux sourcils. Muscle sourcilier.

Arcade sourcilière, Saillie que présente l'os
frontal, au-dessus de l'orbite de l'oeil.

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