Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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pour demeurer quitte d'un reste de compte. Il a payé dix mille francs pour soulte de compte, de tout compte. Ce sens est vieux: on dit plus ordinairement, Pour solde.

SOUMETTRE. v. a. (Il se conjugue comme Mettre.) Réduire, ranger sous la puissance, sous l'autorité, mettre dans un état d'abaissement et de dépendance. Soumettre à l'obéissance d'un souverain. Soumettre une province à ses lois, à son empire. Soumettre les rebelles. Soumettre sa raison à la foi. On l'emploie souvent avec le pronom personnel. Se soumettre à une domination étrangère. Se soumettre à la raison.

Se soumettre aux ordres, à la volonté de quelqu'un, Y conformer ses actions, ses sentiments. Nous devons nous soumettre sans murmurer aux ordres de la Providence, nous soumettre entièrement à la volonté de Dieu. Il faut se soumettre aux lois. Se soumettre à ce que la raison demande.

Se soumettre à quelque chose, à souffrir quelque chose, S'engager, consentir à subir quelque chose. Je me soumets à payer ce qu'on voudra, si cela est. Je me soumets à tout ce qu'il vous plaira.

Soumettre ses idées à celles de quelqu'un, Subordonner ses idées à celles d'un autre, être prêt à s'en désister, s'il y est contraire. Je soumets dans cette affaire mes idées aux vôtres. On dit dans le même sens, Soumettre ses lumières, ses opinions, ses sentiments à ceux d'autrui.

Soumettre une chose au jugement, à la censure, à la critique de quelqu'un, S'engager à déférer au jugement qu'il en portera. Je vous prie de lire toute la pièce, je la soumets à votre jugement. Se soumettre à un jugement arbitral. Cet auteur a soumis ses écrits au jugement, à la censure du public.

Soumettre une chose à quelqu'un, à l'attention, à l'examen de quelqu'un, Appeler l'attention de quelqu'un sur une chose, la lui faire examiner. Permettez-moi de vous soumettre une observation. Je lui soumettrai votre demande. Ce projet fut soumis à l'examen d'une commission.

Soumettre une question à l'examen, La considérer en détail, pour la juger. Soumettre une chose au calcul, La déterminer, la fixer à l'aide du calcul. Il y a des questions qu'on ne peut pas soumettre au calcul. On dit de même, Soumettre une chose à l'analyse, L'analyser, la décomposer, pour connaître de quels éléments elle est formée.

SOUMIS, ISE. participe Il signifie adjectivement, Qui est disposé à l'obéissance. Des sujets soumis. Un fils soumis et respectueux. Une fille soumise. On dit dans un sens analogue, Un air soumis, des paroles soumises.

SOUMISSION. s. f. Disposition à obéir. Il a toujours eu une grande soumission pour ses supérieurs. Il a toujours été d'une grande soumission pour ses parents, envers ses parents, à l'égard de ses parents. Il se tient dans la soumission où il doit être. Demeurer dans la soumission. Soumission forcée. Avoir une grande soumission d'esprit pour les choses de la foi. La soumission à la volonté de Dieu, aux ordres, aux décrets de la Providence.

Il se dit aussi de L'action même d'obéir. J'ai été très-content de sa soumission dans cette circonstance.

Il se dit également de L'action par laquelle on déclare se soumettre, se ranger à l'obéissance. Cette ville a fait sa soumission tel jour. À peine le nouveau gouvernement fut-il établi, que les soumissions lui arrivèrent de toutes parts. Ce régiment est le seul qui ait tardé à faire sa soumission.

Il s'emploie quelquefois au pluriel, pour signifier, Les respects qu'un inférieur rend à ceux qui sont au-dessus de lui. C'est un homme qui exige de grandes soumissions.

Il se dit aussi Des démonstrations respectueuses dont un inférieur use à l'égard d'un supérieur, pour apaiser son indignation, pour lui faire satisfaction. Le roi reçut ses soumissions avec bonté. Ils furent députés de la ville pour porter au roi les soumissions du peuple.

SOUMISSION en parlant Des marchés avec concurrence que propose l'administration publique, se dit d'Un acte, d'un écrit par lequel on déclare faire une acquisition, ou se charger d'un ouvrage, d'une fourniture, d'une entreprise, à telles et telles conditions. Vente et adjudication sur soumissions cachetées. Les soumissions ne seront reçues que jusqu'à telle époque. Il a fait, il a donné sa soumission pour la fourniture de l'armée. Il a fait sa soumission pour la construction de ce pont, pour le creusement de ce canal. Plusieurs soumissions furent déposées sur le bureau. Retirer sa soumission.

SOUMISSION se dit également de L'action par laquelle on offre de payer, pour sa part, une certaine somme. Il fit sa soumission pour mille francs, dans le payement de la contribution. Voyez SOUSCRIPTION.

En termes de Procéd., Faire sa soumission, Déclarer qu'on s'oblige à l'exécution de ce qui est demandé ou de ce qui est jugé. Faire sa soumission au greffe.

SOUMISSIONNAIRE. s. des deux genres T. d'Administr. et de Finances. Celui ou celle qui fait sa soumission pour quelque marché ou pour quelque payement. Il y a plusieurs soumissionnaires pour cette entreprise.

SOUMISSIONNER. v. a. T. d'Administr. et de Finances. Faire sa soumission pour quelque marché, ou pour quelque payement. Soumissionner un marché, une fourniture, un emprunt. Soumissionner pour tel prix, pour telle somme.

SOUMISSIONNÉ, ÉE. participe

SOUPAPE. s. f. T. de Mécan. Sorte de languette qui se lève dans une pompe pour donner passage à l'eau, et qui se referme pour empêcher que l'eau ne retourne au lieu d'où elle est sortie. Soupape de cuir, de cuivre, de bois, etc. Grande soupape.

Il se dit, en général, de Tout ce qui dans une machine donne passage à un fluide, et lui ferme le retour, lorsqu'il est une fois passé. Soupape de sûreté. Voyez SÛRETÉ.

Il se dit également de Ce qui sert, dans l'orgue et autres instruments semblables, pour donner passage au vent, et pour empêcher qu'il ne rentre.

Il se dit encore d'Un tampon de forme conique, qui sert dans un réservoir pour boucher le trou par lequel l'eau peut aller dans les canaux. Lever la soupape pour faire aller les jets d'eau.

SOUPÇON. s. m. Opinion, croyance désavantageuse, accompagnée de doute. Soupçon fondé. Soupçon injuste, téméraire, injurieux, mal fondé. J'ai un léger soupçon, un violent soupçon, un grand soupçon que... C'est un esprit, un coeur rempli de soupçons. Avoir du soupçon, des soupçons. Prendre, donner du soupçon. Éclaircir, détruire, dissiper un soupçon. Le soupçon tombe sur lui. Il est hors de tout soupçon, au-dessus des soupçons. Sa conduite a excité le soupçon, les soupçons. Cela confirme, fortifie mes soupçons. Il faut écarter de pareils soupçons. Mes soupçons se sont d'abord portés sur lui. Le seul soupçon d'un tel malheur me glace d'épouvante. Au moindre soupçon de son infidélité, je l'éloignerai de moi. J'ai quelque soupçon de sa fidélité. J'ai de grands soupçons sur la conduite de ce jeune homme.

Un coeur exempt de soupçon, Qui ne soupçonne pas; et, Une conduite exempte de soupçon, Qui ne peut être soupçonnée.

SOUPÇON se dit aussi d'Une simple conjecture, d'une simple opinion que l'on s'est faite de quelque chose. Ce n'est cas une certitude, ce n'est qu'un soupçon. J'ai quelque soupçon que c'est lui qui est venu pendant mon absence.

Il se dit encore, familièrement, d'Une apparence légère, ou de la plus petite quantité possible d'une chose. Il a un soupçon de fièvre. Il y a quelque soupçon de peste, de petite vérole dans cette contrée. Donnez-moi un soupçon de cette liqueur. Je n'en veux qu'un soupçon.

SOUPÇONNER. v. a. Avoir une croyance désavantageuse. accompagnée de doute, touchant quelqu'un, ou quelque chose. Soupçonner un homme d'un crime, d'une trahison. On le soupçonne d'avoir trompé son parent. On le soupçonnait d'hérésie. On soupçonne cette dévotion d'hypocrisie. Il y a lieu de soupçonner de faiblesse une pareille conduite. Il est fortement, violemment, véhémentement soupçonné de ce crime. Soupçonner sans fondement, sans cause, sans raison.

Il signifie aussi, Former une simple conjecture, avoir une simple opinion touchant quelque chose que ce soit. Je soupçonne qu'il est l'auteur de ces vers. Je soupçonne que ce mot ne vient pas de lui. Je ne suis pas assuré de cela, mais je le soupçonne.

Fam., Vous ne soupçonnez pas ce que c'est que ce caractère, ce que c'est que cette entreprise, etc., Vous n'en avez pas, vous ne pouvez en avoir une juste idée.

SOUPÇONNÉ, ÉE. participe

SOUPÇONNEUX, EUSE. adj. Défiant, qui est enclin à soupçonner, qui soupçonne aisément. C'est un homme soupçonneux. Elle est défiante et soupçonneuse. Être d'humeur soupçonneuse, d'un caractère soupçonneux.

SOUPE. s. f. Potage, sorte d'aliment, de mets ordinairement fait de bouillon et de tranches de pain, et qu'on sert au commencement du repas. Soupe grasse. Soupe maigre. Soupe aux écrevisses. Soupe à la tortue. Soupe aux herbes. Soupe à la purée. Soupe à l'oignon. Soupe aux navets. Soupe aux choux. Soupe au lait, etc. Soupe économique. Une soupe de santé. Une bonne soupe. Une soupe succulente. Dresser, tremper la soupe. Faire mitonner la soupe. Servir la soupe. Manger de la soupe. Une assiette à soupe. Une assiette de

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