ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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consistence terreuse; enfin en fouillant plus bas encore,
on trouve un vrai charbon minéral.
Il y a donc tout lieu de croire que par des révolutions
arrivées à notre globe dans les tems les plus
reculés, des forêts entieres de bois résineux ont été
englouties & ensevelies dans le >ein de la terre, où
peu - à - peu & au bout de plusieurs siecles, le bois,
après avoir souffert une décomposition, s'est ou
changé en un limon, ou en une pierre, qui ont été
pénétrés par la matiere résineuse que le bois lui - même contenoit avant sa décomposition.
On trouve du charbon minéral dans presque toutes
les parties de l'Europe, & sur - tout en Angleterre:
ceux qui se tirent aux environs de Newcastle sont les
plus estimés; aussi font - ils une branche très - considérable du commerce de la grande Bretagne. Il y en a
des mines très - abondantes en Ecosse, où l'on en trouve
entre autres une espece qui a assez >sistence
pour prendre le poli à un certain poin> Anglois
le nomment cannel coal: on en fait des boîtes, des
tabatieres, des boutons, &c. La Suede & l'Allemagne n'en manquent point, non plus que la France,
où il s'en trouve une très - grande quantité de la meilleure
espece. Il y en a des mines en Auvergne, en
Normandie, en Hainaut, en Lorraine, dans le Forès, & dans le Lyonnois.
Les mines de charbon se rencontrent ordinairement
dans des pays montueux & inégaux: on a pour
les reconnoître des signes qui leur sont communs
avec les autres especes de mines métalliques. Voyez
l'art. Mines. Mais ce qui les caractérise plus particulierement,
c'est qu'on trouve dans le voisinage
des mines de charbon, des pierres chargées d'empreintes
de plantes, telles que sont les fougeres, les capillaires,
&c. L'air est souvent rempli de vapeurs &
d'exhalaisons sulphureuses & bitumineuses, sur - tout
pendant les fortes chaleurs de l'été. Les racines des
végétaux qui croissent dans la terre qui couvre une
pareille mine, sont imprégnées de bitume, comme
on peut remarquer à l'odeur forte qu'elles répandent
lorsqu'on les brûle; odeur qui est précisémeut la
même que celle du charbon de terre. Les endroits
d'où l'on tire de la terre alumineuse, & de l'alun
qu'on nomme alun feuilleté, alumen fissile, indiquent
aussi le voisinage d'une mine de charbon. M. Triewald, qui a fourni à l'Académie des Sciences de
Stockolm des mémoires très - detaillés sur les mines
de charbon de terre, donne deux manieres de s'assûrer
de leur présence: la premiere consiste à faire l'examen
des eaux qui sortent des montagnes, & des
endroits où l'on soupçonne qu'il peut y avoir du
charbon; si cette eau est fort chargée d'ochre jaune,
qui après avoir été séchée & calcinée, ne soit presque
point attirable par l'aimant, on aura raison de
fouiller dans ces endroits: la seconde maniere, que
les mineurs Anglois regardent comme la plus certaine,
& dont ils font un très - grand mystere, est
fondée sur ce qu'en Angleterre il se trouve très - souvent de la mine de fer mêlée avec le charbon de terre:
on prend donc une ou plusieurs pintes de l'eau qui est
chargée d'ochre jaune, on la met dans un vaisseau
de terre neuf vernissé, & on la fait évaporer peu - à - peu à un feu très - modéré; si le sédiment qui reste au
fond du vaisseau après l'évaporation est d'une couleur
noire, il y aura toute apparence, suivant M.
Triewald, que l'eau vient d'un endroit où il y a une
mine de charbon. Outre les différentes manieres que
nous venons de dire on se sert encore de la sonde
ou tarriere; c'est vraissemblablement la méthode la
plus sûre: on la trouvera représentée dans la Pl. I.
du charbon minéral, & l'on en donnera la description
ou l'explication à l'article
Sonde des mines.
Le charbon minéral se trouve ou par couches ou
par veines dans le sein de la terre: ces couches v><cb->
rient dans leur épaisseur, qui n'est quelquefois que
de deux ou trois pouces; pour lors elles ne valent
point la peine d'être exploitées: d'autres au centraire
ont une épaisseur très - considérable. On dit
qu'en Scanie, près de Helsingbourg, il y a des couches
de charbon de terre qui ont jusqu'à 45 piés d'épaisseur.
Ces couches ou ces filons suivent toûjours
une direction parallele aux différens lits des
pierres ou des différentes especes de terre qui les
accompagnent: cette direction est toûjours inclinée
à l'horison; mais cette inclinaison varie au point de
ne pouvoir être déterminée: cependant pour s'en
former une idée, le lecteur pourra consulter parmi
les Planches de Minéralogie, celles du charbon minéral.
On verra aux figures 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9,
les différentes inclinaisons & directions que l'on a
remarquées dans les mines de charbons de terre. La
partie qui est plus proche de la surface, se nomme
en Anglois the cropping of the coal; le. charbon qui
s'y trouve est d'une consistence tendre, friable, &
se confond avec la terre: au lieu que plus la mine
s'enfonce profondément en terre, plus elle est riche
& épaisse, & le charbon qu'on en tire est gras, inflammable,
& propre à faire de bon chauffage; aussi
arrive - t - il ordinairement qu'on est forcé d'abandonner
les mines de charbon lorsqu'elles sont les plus
abondantes; parce que quand on est parvenu à une
certaine profondeur, les eaux viennent avec tant
de force & en si grande quantité, qu'il est impossible
de continuer le travail.
Le charbon fossile se rencontre entre plusieurs lits de
terres & de pierres de différentes especes; telles que
l'ardoise, le grais, des pierres plus dures, que les Anglois nomment whin; des pierres à siguiser, des pi><->
res à chaux, entro - mêlées d'argille, de mar>e, de sable,
&c. Ces diffétens lits ont différentes épaiss>s
que l'on ne peut point déterminer, paroe que cela
varie dans tous les pays: ces lits ont la même direction
ou la même inclinaison que les couches ou
filons de charbon, à moins que quelque obstacle,
que les Anglois nomment trouble, embarras, ou dikes, digues, ne vienne à interrompre leur direction
ou leur parallélisme; ces obstacles ou digues sont
des roches formées après coup, qui viennent couper
à angles droits, ou obliquement ou en tout sens,
non - seulement les couches de charbon de terre, mais
encore tous les lits de terre & de pierre qui sont au - dessus
ou en - dessous. On peut voir dans la Planche
citée, fig. 8. & 10. les différentes directions que ces
digues ou roches font prendre aux couches ou filons;
c'est donc un des plus grands obstacles qui
s'oppose à l'exploitation des mines de charbon; ces
roches ne suivent aucun cours déterminé, & sont
souvent si dures qu'elles résistent aux outils des ouvriers
qui sont obligés de renoncer à vouloir les
percer: le plus court est de chercher de l'autre côté
de la digue ce que le filon & la couche de charbon peuvent être devenus, souvent on ne les retrouve
qu'à cinq cents pas au - delà: cette recherche
demande beaucoup d'habitude & d'expérience.
Quelquefois la digue sans couper la couche de charbon, lui fait prendre la forme d'un chevron. Voyez
la figure 10.
M. Triewald nous apprend qu'on connoît la proximité
d'une pareille digue ou roche sauvage, lorsque
le charbon est d'une couleur de gorge de pigeon,
ou >rné des différentes couletirs de l'arc - en - ciel.
Par ce qui précede on voit que rien n'est plus
avantageux pour les propriétaires d'une mine de
charbon de>rrs, que lorsqu'elle suit une pente douce,
& n'est que peu inclinée par rapport à l'horison;
c'est ce que les Anglois nomment flat broad
>oal: pour lo> on n'est point obligé de faire des
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