Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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même, Prévenir les ordres, les intentions de quelqu'un.

PRÉVENIR signifie aussi, Préoccuper l'esprit de quelqu'un. Il a prévenu ses juges, l'esprit de ses juges. Ils se sont laissé prévenir. Je suis bien aise que quelqu'un le prévienne en ma faveur avant que je lui parle.

Il s'emploie aussi quelquefois en ce sens, avec le pronom personnel. Vous vous prévenez aisément. C'est l'homme du monde qui se prévient le moins, qui se prévient le plus.

PRÉVENIR signifie aussi, Instruire, avertir quelqu'un d'une chose par avance. Il m'a fait prévenir de son arrivée. Je l'ai prévenu des piéges qu'on voulait lui tendre. Je vous préviens que vous aurez demain une visite qui vous surprendra. On vous en avait prévenu.

PRÉVENU, UE. participe C'est un homme prévenu de certaines opinions. Il est prévenu en faveur de cette personne.

En termes de Palais, Un homme prévenu de délit, de crime, ou simplement, Un prévenu, Celui contre lequel se fait une procédure d'instruction pour qu'il soit mis en accusation, s'il y a lieu. Cette circonstance est favorable au prévenu.

PRÉVENTIF, IVE. adj. Qui prévient. Système préventif. Des mesures préventives.

PRÉVENTION. s. f. Préoccupation d'esprit, opinion favorable ou contraire avant examen. Il faut se défaire, se dépouiller de toute prévention. Juger des choses sans prévention. C'est un homme plein de préventions. Il est sujet aux préventions. Il ne peut se défaire de ses préventions. On ne peut le guérir, le désabuser de ses préventions. Inspirer à quelqu'un des préventions. Vaincre, guérir les préventions de quelqu'un. Donner des préventions contre soi. Il a en faveur de cet homme des préventions qui ne sont nullement fondées. Un juge ne doit avoir de préventions ni pour ni contre un accusé.

PRÉVENTION en Jurisprudence criminelle, L'état d'un homme prévenu de délit, de crime. Il est en prévention, en état de prévention. La mise en prévention.

PRÉVENTION en termes de Droit, L'action par laquelle on devance l'exercice du droit d'un autre; et, particulièrement, Le droit qu'un juge a de connaître d'une affaire, parce qu'il en a été saisi le premier. Le pape a droit de prévention sur l'ordinaire. Les baillis et sénéchaux avaient quelquefois le droit de prévention sur les juges subalternes. Il vieillit en ce sens.

Prévention en cour de Rome, Action par laquelle on demandait et l'on obtenait à Rome un bénéfice avant la nomination du collateur. Le patronage laïque n'était pas sujet à la prévention. Il obtint ce bénéfice par prévention.

PRÉVISION. s. f. T. dogmatique. Vue des choses futures. La prévision de Dieu. On a cru que certaines personnes avaient le don de la prévision, le don de prévision.

Il se dit quelquefois, au pluriel, pour Conjectures. L'événement a justifié toutes mes prévisions.

PRÉVOIR. v. a. (Il se conjugue comme Voir, excepté au futur de l'indicatif et au conditionnel, où il fait, Je prévoirai, je prévoirais.) Juger par avance qu'une chose doit arriver. Les hommes sages prévoient les événements. Qui eût jamais pu prévoir cet accident? Je prévis bien dès lors ce qui en arriverait. Peut-on prévoir tous les inconvénients? Je ne prévoyais pas que cela dût arriver ainsi.

Tout a été prévu, On a pris toutes les précautions, on a fait tous les préparatifs nécessaires. On dit aussi: Il faut tout prévoir. On ne peut tout prévoir.

PRÉVU, UE. participe

PRÉVÔT. s. m. Nom qu'on donnait à certaines personnes qui exerçaient une juridiction, qui étaient préposées pour avoir soin de quelque chose, pour avoir autorité sur quelque chose.

Prévôt royal, Premier juge royal, dont les appels ressortissaient aux bailliages ou sénéchaussées. Dans quelques provinces, le prévôt royal avait le titre de Châtelain; dans d'autres, celui de Vicomte; et dans d'autres, celui de Viguier.

Prévôt de l'hôtel, Officier de la maison du roi, lequel connaissait des cas criminels qui arrivaient à la suite de la cour, et de certaines matières civiles où les officiers de la maison du roi étaient intéressés, et qui avait inspection sur le prix des vivres nécessaires pour la subsistance de la cour. On l'appelait aussi Grand prévôt de France, ou simplement Grand prévôt.

Prévôt de Paris, Officier principal, qui était chef de la juridiction du Châtelet, et qui, en cas de convocation de la noblesse, était à la tête de l'arrière-ban. On appelait également Prévôt, dans plusieurs petites villes, Un juge royal qui connaissait des causes entre les habitants non privilégiés, et des sentences duquel il y avait appel au siége royal; au lieu qu'à Paris les sentences du prévôt allaient directement au parlement.

Prévôt des marchands, à Paris, à Lyon, et dans quelques autres villes, Celui qui était le chef de l'hôtel de ville, avec une espèce d'autorité sur la bourgeoisie.

Prévôts des chirurgiens, Officiers qui avaient, dans le corps des chirurgiens, des fonctions analogues à celles des jurés dans les communautés d'arts et métiers.

Prévôt de la connétablie, Officier qui commandait les gardes de la connétablie.

Prévôt de l'Úle, Officier qui était préposé pour veiller, dans Paris et aux environs, à la sûreté des grands chemins, et connaître des délits qui s'y commettaient.

Prévôt des monnaies, Officier qui était préposé pour la capture des faux monnayeurs, et pour l'instruction de leur procès.

Prévôt des maréchaux, Officier qui était préposé pour veiller à la sûreté des grands chemins, prendre connaissance des délits qui arrivaient dans l'étendue d'une généralité, et les juger sans appel. Les voleurs furent arrêtés par le prévôt. On mit le prévôt à leurs trousses. On l'appelait aussi Prévôt de la maréchaussée, et Grand prévôt.

Prévôt de l'armée, prévôt du régiment, Officier qui était préposé pour avoir l'inspection sur les délits qui se commettaient dans l'armée, dans un régiment, par les soldats. Le premier s'appelait aussi Grand prévôt.

Prévôt de la marine, Officier supérieur des archers de la marine, qui instruisait le procès des gens de mer accusés de quelque crime, et qui en faisait le rapport au conseil de guerre.

Prévôt de salle, Celui qui est sous un maître en fait d'armes, et qui donne leçon aux écoliers. Prendre leçon du prévôt de salle. Faire assaut contre le prévôt de salle. On dit dans un sens analogue, Le prévôt d'un maître de danse.

PRÉVÔT dans quelques Églises cathédrales et collégiales, Le bénéficier qui était le chef du chapitre. Il se disait aussi d'Un bénéficier pourvu d'un bénéfice appelé Prévôté.

Prévôt général. Titre du supérieur général, dans quelques ordres religieux, tels que les carmes déchaussés.

PRÉVÔTAL, ALE. adj. Qui concerne la juridiction du prévôt. Un vol commis sur le grand chemin était un cas prévôtal. La fausse monnaie était un des cas prévôtaux. Jugement prévôtal. Sentence prévôtale. Cour, juridiction prévôtale.

PRÉVÔTALEMENT. adv. Il n'est usité qu'en parlant Des crimes qui étaient de la compétence du prévôt, et qui étaient jugés par lui sans appel. Ce criminel a été jugé prévôtalement.

PRÉVÔTÉ. s. f. Qualité, fonction, juridiction de prévôt; Territoire où s'exerçait cette sorte de juridiction. La prévôté de l'hôtel. La prévôté des marchands. La prévôté de la maréchaussée, de la marine, des monnaies. Juge de la prévôté. Il fut assigné à la prévôté. Dans toute l'étendue de la prévôté. Banni de toute la prévôté et vicomté de Paris. Lieutenant de la prévôté. La prévôté de tel chapitre, de tel lieu fut donnée à un tel. Plusieurs prévôtés dépendaient de ce chapitre.

PRÉVOYANCE. s. f. Faculté de prévoir. Rien n'échappe à sa prévoyance. Cet homme est doué d'une grande prévoyance.

Il signifie aussi, L'action de prévoir, et de prendre des précautions pour l'avenir. Il a détourné le mal par sa prévoyance. Une active prévoyance.

PRÉVOYANT, ANTE. adj. Qui juge bien de ce qui doit arriver, et qui prend des mesures pour l'avenir. Il est bien prévoyant. Il n'est pas assez prévoyant. La sagesse est prévoyante. Avoir l'esprit prévoyant.

PRIAPÉE. s. f. Nom que l'on donne à une pièce de poésie obscène, à une peinture licencieuse. Il n'est guère d'usage qu'au pluriel. Des priapées.

PRIAPISME. s. m. T. de Médec. Maladie qui consiste dans une érection continuelle et douloureuse.

PRIE-DIEU. s. m. Sorte de pupitre au bas duquel est un marchepied, où l'on s'agenouille pour prier Dieu. On avait mis un prie-Dieu au milieu de l'église. Le prie-Dieu était couvert d'un tapis de velours. On avait préparé trois prie-Dieu.

PRIER. v. a. (On écrit au présent de l'indicatif et à l'impératif, Prions, priez; à l'imparfait de l'indicatif et au présent du subjonctif, Nous priions, vous priiez.) Demander par grâce, et avec une sorte de soumission. Prier quelqu'un de quelque chose, de faire quelque chose. C'est un homme que je vous prie de protéger. Je vous prie, je vous

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