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A l'égard de l'existence de Dieu, M. Descartes
étoit si content de l'évidence de sa démonstration,
qu'il ne faisoit point difficulté de la préférer à toutes
celles des vérités mathématiques. Cependant le ministre
Voetius son ennemi, au lieu de l'accuser d'avoir
mal réfuté les Athées, jugea plus à propos de
l'accuser d'Athéisme, sans en apporter d'autre
preuve, sinon qu'il avoit écrit contre les Athées.
Le tour étoit assûrément nouveau: mais afin qu'il
ne parût pas tel, Voetius trouva assez à tems l'exemple
de Vanini, pour montrer que M. Descartes
n'auroit pas été le premier des Athées qui auroit écrit
en apparence contre l'Athéisme. Ce fut surtout l'impertinence
de cette comparaison, qui révolta M.
Descartes, & qui le détermina à réfuter une si ridicule
calomnie dans une lettre Latine qu'il lui écrivit. Quelques autres de ses ennemis entreprirent de
l'augmenter en l'accusant outre cela d'un scepticisme
ridicule. Leurs accusations se réduisoient à dire
que M. Descartes sembloit insinuer, qu'il salloit nier
(au moins pour quelque tems) qu'il y eût un Dieu;
que Dieu pouvoit nous tromper; qu'il falloit révoquer
toutes choses en doute; que l'on ne devoit donner aucune
créance aux sens; que le sommeil ne pouvoit se distinguer
de la veille. M. Descartes eut horreur de ces accusations;
& ce ne fut pas sans quelque mouvement
d'indignation, qu'il y répondit.
Ceux qui ont l'esprit juste & le coeur droit, en lisant les Méditations & les Principes de M. Descartes, n'ont jamais hésité à tirer de leur lecture des conséquences tout opposées à ces calomnies. Ces ouvrages n'ont encore rendu Athée jusqu'aujourd'hui aucun de ceux qui croyoient en Dieu auparavant; au
On peut voir dans un grand nombre d'articles de
ce Dictionnaire, les obligations que les Sciences ont
à Descartes, les erreurs où il est tombé, & ses principaux
disciples. Voyez
Ce grand homme a eu des sectateurs illustres: on
peut mettre à leur tête le P. Malebranche, qui ne l'a
pourtant pas suivi en tout. Voyez
La Philosophie de Descartes a eu beaucoup de peine
à être admise en France; le parlement pensa rendre
un arrêt contre elle: mais il en fut empêché par
la requête burlesque en faveur d'Aristote, qu'on lit
dans les auvres de Despreaux, & où l'auteur sous prétexte
de prendre la defense de la Philosophie péripatéticienne,
la tourne en ridicule; tant il est vrai que
ridiculum acri, &c. Enfin cette Philosophie a été reçûe
parmi nous. Mais Newton avoit déjà démontré
qu'on ne pouvoit la recevoir. N'importe: toutes nos
universités & nos académies même y sont demeurées
fort attachées. Ce n'est que depuis environ 18 ans,
qu'il s'est élevé des Newtoniens en France: mais ce
mal, si c'en est un (car il y a des gens pour qui c'en
est un) a prodigieusement gagné; toutes nos académies
maintenant sont Newtoniennes, & quelques
professeurs de l'université de Paris enseignent aujourd'hui ouvertement la Philosophie Angloise. Voyez
Quelque parti qu'on prenne sur la Philosophie de
Descartes, on ne peut s'empêcher de regarder ce
grand homme comme un génie sublime & un Philosophe très - conséquent. La plûpart de ses sectateurs
n'ont pas été aussi conséquens que lui; ils ont adopté
quelques - unes de ses opinions, & en ont admis d'autres,
sans prendre garde à l'étroite liaison que presque
toutes ont entre elles. Un Philosophe moderne,
écrivain élégant & homme de beaucoup d'esprit,
M. l'abbé de Gamaches, de l'Académie royale des
Sciences, a démontré à la tête de son Astronomie physique, que pour un Cartésien, il ne doit point y avoir
de mouvement absolu, & que c'est une conséquence
nécessaire de l'opinion de Descartes, que l'étendue
& la matiere sont la même chose. Cependant
les Cartésiens croyent pour la plûpart le mouvement
absolu, en confondant l'étendue avec la matiere.
L'opinion de Descartes sur le machinisme des bêtes
(Voyez
Les persécutions que ce Philosophe a essuyées pour
avoir déclaré la guerre aux préjugés & à l'ignoran<pb->
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