LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 593

s'emploie ordinairemeut qu'avec la négative. Écouter une harangue, un sermon sans sourciller.

Et on dit plus communément, qu'Un homme a écouté une mauvaise nouvelle sans sourciller, qu'il n'a pas sourcillé quand on lui a prononcé son Arrêt, pour dire, qu'Il n'a laissé paroître alors aucune marque d'altération sur le visage.

SOURCILLEUX, EUSE

SOURCILLEUX, EUSE. adj. Il ne s'emploie que figurément et poétiquement, pour dire, Haut, élevé; et il n'est guère en usage que dans ces phrases: Monts sourcilleux. Montagnes sourcilleuses. Rochers sourcilleux. Rochessourcilleuses.

SOURD, OURDE

SOURD, OURDE. adj. Qui ne peut ouïr, par le vice, le défaut, l'obstruction de l'organe de l'ouïe. Il est devenu sourd. Cette maladie l'a rendu sourd d'une oreille. Sourd de nature. Il est sourd et muet.

On dit familièrement, Sourd comme un pot, pour dire, Extrêmement sourd. On dit aussi, Sourd à n'entendre pas Dieu tonner.

On dit figurément, qu'Un homme est sourd aux prières, aux cris, aux raisons, aux remontrances, pour dire, qu'Il est inexorable, insensible, inflexible aux prières, aux cris, etc.

On dit proverbialement, en parlant d'Un homme qui fait semblant de ne pas entendre une proposition qu'il entend très--bien, mais qui lui déplaît, qu'Il n'est pire sourd, qu'il n'est point de pire sourd que celui qui ne veut pasentendre.

On dit proverbialem. Faire le sourd, faire la sourde oreille, pour dire, Ne vouloir pas entendre à quelque proposition, ne vouloir point se rendre à une remontrance. Quand on lui parle de cela, il fait la sourde oreille.

Il se prend aussi substantivement. Un sourd. Une sourde.

On dit familièrement, qu'Un homme frappe comme un sourd, pour dire, qu'Il frappe sans mesure et sans pitié.

Sourd

Sourd, se dit aussi De certaines choses, pour marquer qu'elles ne retentissent pas autant qu'elles devroient, qu'elles ne rendent pas un son aussi fort qu'elles devroient. Cette Église est sourde. Ce luth est sourd. Une voix sourde.

On appelle Bruit sourd, Un bruit qui n'est pas éclatant. Il sort un bruit sourd, on entend un bruit sourd qui sort de cette caverne. Et on dit figurément, Il court un bruit sourd, pour dire, qu'On se dit à l'oreille une nouvelle qui n'est pas encore publique ni certaine.

On appelle Douleur sourde, Une douleur interne qui n'est pas aiguë.

On appelle Lime sourde, Une lime faite exprès pour limer ou couper le fer sans faire beaucoup de bruit. Et figurément on appelle Lime sourde, Une personne qui parle peu, et qui cache quelque malignité dans son âme.

On appelle Lanterne sourde, Une lanterne faite de telle façon, que celui qui la porte voit sans être vu, et qu'il en cache entièrement la lumière quand il veut.

En termes de Joaillier, Une pierre sourde, Qui a quelque chose d'obscur, de sombre, de brouillé.

On dit, Sourdes pratiques, pratiques sourdes, sourdes menées, menées sourdes, pour dire, Pratiques cachées, menées secrètes. Il se prend toujours en mauvaise part.

En Mathématique, on appelle Quantités sourdes, Les quantités incommensurables, c'est--à--dire, Qui ne peuvent être exprimées exactement, ni par des nombres entiers, ni par des fractions. La racine carrée de deux, est une quantité sourde.

SOURD

SOURD. s. m. Reptile. Voyez Salamandre.

SOURDAUD, AUDE

SOURDAUD, AUDE. subs. Celui, celle qui n'entend qu'avec peine. C'est un sourdaud. Il est du style familier.

SOURDEMENT

SOURDEMENT. adver. D'une manière sourde, peu retentissante, qui fait peu de bruit. Le tonnerre grondoit sourdement.

Il signifie figurément, D'une manière secrète et cachée. Il a fait cela sourdement. Négocier sourdement. Traiter une affaire sourdement.

SOURDINE

SOURDINE. subst. fémin. Ce qui se met dans une trompette, et à certains instrumens de musique, pour en affoiblir le son. Il y a des airs qu'on fait jouer aux violons avec des sourdines. Il faut mettre une sourdine dans cette trompette.

Dans une montre à répétition, on appelle Sourdine, Un ressort qui, étant poussé, retient le marteau, et l'empêche de frapper sur le timbre ou sur la boìte de la montre.

À la sourdine

À la sourdine. Façon de parler adverbiale et figurée. Avec peu de bruit, secrètement. Les ennemis ont délogé à la sourdine. Il s'est marié à la sourdine. Il s'en est allé à la sourdine. Négogocier une affaire à la sourdine. Il est du style familier.

SOURDRE

SOURDRE. v. n. Sortir de terre. Il ne se dit que Des eaux. C'est un pays fort aquatique, l'eau y sourd par tout. L'eau sourd de la terre, sourd d'un rocher. On voit l'eau sourdre de tous côtés. Il n'est guère en usage qu'à l'infinitif et à la troisième personne du présent de l'indicatif.

Il se disoit aussi quelquefois au figuré, mais seulement à l'infinitif. C'est une affaire, une entreprise dont on vit sourdre mille malheurs, mille inconvéniens, pour dire, Dont il arriva mille malheurs. Il est vieux, mais énergique.

SOURICEAU

SOURICEAU. subst. mas. Le petit d'une souris. Un souriceau. Un petitsouriceau.

SOURICIÈRE

SOURICIÈRE. s. f. Piége, instrument pour prendre des souris. Souricière de bois. Souricière de fil d'archal. Tendre une souricière.

SOURIRE

SOURIRE. verb. n. (Il se conjugue comme Rire.) Rire sans éclater, et seulement par un léger mouvement de la bouche et des yeux. Sourire obligeamment, malicieusement. Il vint au devant de moi en souriant. Il ne répondit rien, mais il se mit à sourire.

Sourire à quelqu'un

Sourire à quelqu'un, se prend toujours en bonne part, et marque de l'intelligence avec quelqu'un, de l'estime, de la complaisance, de l'affection, etc. Cette Dame lui sourioit. Elle m'a souri.

Il se dit fréquemment dans une autre acception, qui est, Présenter un aspect agréable, des idées riantes. Cette affaire lui sourioit beaucoup. Ce lieu me sourit, je suis tenté d'y bâtir. Je ne sais quelle espérance lui sourit, mais elle le trompe.

SOURIRE

SOURIRE. s. m. Action de sourire. Sourire agréable, malin, moqueur. Faire un sourire. Elle a le sourire gracieux. Sourire fin, spirituel.

SOURIS

SOURIS. s. m. Il signifie la même chose que Sourire, substantif. Souris agréable. Un doux souris. Un petit souris. Souris malicieux, moqueur.

SOURIS

SOURIS. s. f. Petit animal à quatre pieds, plus petit que le rat, qui se retire dans les trous des maisons, et qui ronge les grains, la paille, les meubles, etc. Petite souris. Grosse souris. Les souris rongent les papiers. Le chat a pris la souris. Guetter comme le chat fait la souris.

On dit proverbialement d'Une jeune personnevive et sémillante, qu'Elle est éveillée comme une potée de souris.

On dit proverbialement et figurém. que La montagne a enfanté une souris, pour dire, qu'On s'attendoit à quelque chose de grand et d'extraordinaire, et que le succès n'a pas répondu à cette attente.

On dit proverbialement, que La souris qui n'a qu'un trou est bientôt prise, pour dire, que Quand on n'a qu'une ressource, on tombe bientôt dans l'inconvénient que l'on craint.

On dit aussi d'Un homme qui a peur, ou qui est embarrassé, qu'On le feroit cacher dans le trou d'une souris, dans un trou de souris; et pour exprimer un grand silence, qu'On entendroit trotter une souris.

On appelle dans un gigot de mouton, La souris, Certain muscle charnu qui tient à l'os du manche, près de la jointure.

On appelle Couleur gris de souris, Un gris argenté; et Un cheval de cette couleur, Cheval souris, poil souris.

Souris

Souris, en termes de Maréchalerie, est Un cartilage des naseaux du cheval.

Souris

Souris, se dit aussi d'Un clignotement fréquent de la paupière. Avoir la souris.

SOURNOIS, OISE

SOURNOIS, OISE. adject. Morne, pensif, caché, et qui cache ce qu'il pense. Il se prend d'ordinaire en mauvaise part. Cet enfant est bien sournois. Humeur sournoise.

Il est aussi substantif. C'est un sournois, une sournoise.

SOUS

SOUS. Préposition qui sert à marquer la situation d'une chose à l'égard d'une autre qui est au--dessus. Sous le Ciel. Les peuples qui sont sous la Ligne. Sous le toit. Sous la cheminée. Sous la couverture. Fouir sous terre, cent pieds sous terre. On a lâché les écluses, et on a mis toute la campagne sous l'eau. S'asseoir sous un arbre, sous un dais. Porter sous le bras, sous le manteau. Avoir un carreau sous les genoux, sous les pieds. Mettre un oreiller sous sa tête. Mettre une lettre sous l'enveloppe de quelqu'un. N'avoir pas de quoi mettre sous la dent. Reconnoître une femme sous le masque.

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