LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
Previous page
Page 591
à son Empire. Se soumettre à une domination
étrangère. Soumettre sa raison à la
Foi. Soumettre les Rebelles.
On dit. Soumettre une question à l'examen,
pour dire, La considérer en detail,
s'assurer de la vérité. On dit aussi
Soumettre au calcul, pour, Vérifier à
l'aide du calcul; et au même sens,
Soumettre à l'analyse.
On dit, Se soumettre aux ordres, à la
volonté de quelqu'un, pour dire, Y conformer
ses actions, ses sentimens. Il
faut se soumettre aux ordres du Roi. Se
soumettre à ce que la raison demande. Nous
devons nous soumettre sans murmurer aux
ordres de la Providence, nous soumettre
entièrement à la volonté de Dieu.
On dit aussi, Se soumettre à quelque
chose, à souffrir quelque chose, pour dire,
S'engager, consentir à subir quelque
peine. Je me soumets à payer ce qu'on voudra,
si cela est. Je me soumets à tout ce
qu'il vous plaira, en cas que cela soit.
On dit encore, Soumettre une chose au
jugement, à la censure, à la critique de
quelqu'un, pour dire, S'engager à déférer
au jugement qu'il en portera. Je vous
prie de lire toute la pièce, je la soumets,
je me soumets à votre jugement. Se soumettre
à un jugement arbitral. Cet Auteur
a soumis ses écrits au jugement, à la censure
de l'Église.
Soumis, ise
Soumis, ise. participe. On dit en
termes de Fortification, qu'Un ouvrage
est soumis à un autre, pour dire, qu'Il en
est dominé. On le dit aussi d'Une hauteur
à l'égard d'une autre.
SOUMISSION
SOUMISSION. subst. fém. Disposition
à obéir. Il a toujours eu une grande
soumission pour ses Supérieurs. Il a toujours
été d'une grande soumission pour ses
parens, envers ses parens, à l'égard de
ses parens. Il se tient dans la soumission
où il doit être. Demeurer dans la soumission.
Avoir une grande soumission d'esprit
pour les choses de la Foi. La soumission à
la volonté de Dieu. La soumission aux
ordres de Dieu.
Il se prend aussi pour L'acte simple
de l'obéissance. J'ai été très--content de
sa soumission dans cette circonstance.
Il s'emploie quelquefois au pluriel,
pour marquer Les respects qu'un inférieur
rend à ceux qui sont au--dessus de
lui. C'est un homme qui exige de grandes
soumissions.
Il se prend aussi pour Les démonstrations
respectueuses dont un inférieur
use à l'égard d'un supérieur, pour
apaiser son indignation, pour lui faire
satisfaction. Le Roi reçut ses soumissions
avec bonté. Ils furent députés de la Ville
pour porter au Roi les soumissions du
peuple.
C'est aussi un terme de Pratique.
Ainsi on dit, Faire sa soumission au
Greffe, pour dire, Comparoître au
Greffe d'une Juridiction, et y faire sa
déclaration que l'on entre dans les engagemens
prescrits par le Jugement.
On dit aussi en termes de Finance,
Faire sa soumission, donner sa soumission,
pour dire, Offrir de payer une certaine
somme. Il a fait, il a donné une soumission
de vingt mille francs pour cette
Charge.
SOUMISSIONNAIRE
SOUMISSIONNAIRE. subst. des 2
genres. Celui qui fait sa soumission
pour quelque paiement, ou quelque
ouvrage. Il y a plusieurs soumissionnaires
pour cette entreprise, on ne sait à qui elle
sera adjugée.
SOUMISSIONNER
SOUMISSIONNER. v. a. Donner sa
déclaration qu'on se soumet à payer tant
de telle acquisition, à exécuter telle
fourniture à tel prix. Soumissionner un
bien qui est en vente. Soumissionner un
marché.
Soumissionné, ée
Soumissionné, ée. participe. Ce
bien a éte soumissionné dans toutes les
règles.
SOUPAPE
SOUPAPE. substant. fém. Terme de
Mécanique. Sorte de languette qui se
lève dans une pompe pour donner passage
à l'eau, et qui se referme pour
empêcher que l'eau ne rentre. Soupape
de cuir, de cuivre, de bois, etc. Grande
soupape.
Il se dit aussi De ce qui sert dans
l'orgue ou autres instrumens semblables,
pour donner passage au vent, et
pour empêcher qu'il ne rentre.
Il se dit encore d'Un tampon de forme
conique, qui sert dans un réservoir,
pour boucher le trou par lequel l'eau
peut aller dans les canaux. Il faut lever
la soupape pour faire aller les jets d'eau.
SOUPÇON
SOUPÇON. subst. masc. Opinion,
croyance désavantageuse, accompagnée
de doute. Soupçon injucte, téméraire,
injurieux, mal fondé. J'ai un léger
soupçon, un violent soupçon, un grand
soupçon que ... C'est un esprit, un coeur,
rempli de soupçons. Avoir du soupçon, des
soupçons. Prendre, donner du soupçon.
Eclaircir, détruire un soupçon. Le soupçon
tombe sur lui. Il est hors de tout soupçon,
au--dessus des soupçons. J'ai quelque soupçon
de sa fidélité. J'ai de grands soupçons
sur la conduite de ce jeune homme. On dit,
Un coeur exempt de soupçon, pour dire,
Qui ne soupçonne pas; et Une conduite
exempte de soupçon, pour dire, Qui
ne peut être soupçonnée.
Il se dit aussi d'Une simple conjecture,
d'une simple opinion que l'on a
de quelque chose, indépendamment du
bien ou du mal. Ce n'est pas une certitude,
ce n'est qu'un soupçon. J'ai quelque
soupçon que c'est lui.
Il se dit aussi d'Une apparence légère.
Cette femme a un soupçon de rouge.
Il a un soupçon de fièvre. Il y a quelque
soupçon de peste, de petite--vérole dans
cette contrée.
Il se dit encore De la plus petite quantité
possible d'une chose. Donnez--moi
un soupçon de cette liqueur. Je n'en veux
qu'un soupçon.
SOUPÇONNER
SOUPÇONNER. v. a. Avoir une
croyance désavantageuse, accompagnée
de doute, touchant quelqu'un,
touchant quelque chose. Soupçonner un
homme d'un crime, d'une trahison. On le
soupçonne d'avoir trompé son parent. On
le soupçonne d'hérésie. On soupçonne cette
dévotion d'hypocrisie. Il y a lieu de soupçonner
de foiblesse une pareille conduite. Il
est fortement, violemment soupçonné de ce
crime. Soupçonné sans fondement.
Il signifie aussi, Avoir une simple
conjecture, une simple opinion touchant
quelque chose que ce soit. Je
soupçonne que cela peut étre. Je ne suis pas
assuré de cela, mais je le soupçonne.
On dit, Vous ne soupçonnez pas ce que
c'est que ce caractère--là, ce que c'est que
cette entreprise, pour dire, Vous n'en
avez pas une juste idée.
Soupconné, ée
Soupconné, ée. participe.
SOUPÇONNEUX, EUSE
SOUPÇONNEUX, EUSE. adj. Défiant,
qui est enclin à soupçonner, qui
soupçonne aisément. C'est un homme
soupçonneux. Elle est défiante etsoupçonneuse.
Il emporte d'ordinaire une idée
de blâme, et signifie Trop disposé au
soupçon.
SOUPE
SOUPE. subst. fém. Potage, sorte
d'aliment, de mets fait de bouillon et
de tranches de pain, et qu'on sert à
l'entrée du repas. Soupe grasse. Soupe
maigre. Soupe aux écrevisses. Soupe aux
herbes. Soupe aux moules. Soupe à l'ognon.
Soupe aux navets. Soupe aux choux.
Soupe au lait, etc. Une soupe de santé.
Un bonne soupe. Une soupe succulente.
Dresser, tremper la soupe. Faire mitonner
la soupe. Servir la soupe. Manger de
la soupe.
On dit dans le style familier, Venez
manger ma soupe, j'irai demain manger
votre soupe, pour dire, Venez dìner
avec moi, j'irai demain dîner avec
vous.
On dit d'Un cheval de poil blanc tirant
sur l'isabelle, qu'Il est soupe de
lait. Un cheval soupe de lait.
On dit aussi d'Un pigeon blanc tirant
sur l'isabelle, qu'Il est de plumage
soupe de lait, que c'est un pigeon soupe
de lait.
Soupe
Soupe, se dit aussi d'Une tranche de
pain coupée fort mince. Une soupe de
pain. Mettez deux ou trois soupes dans ce
bouillon. En ce sens on dit, Tailler la
soupe, pour dire, Couper du pain par
tranches pour en faire de la soupe.
On appelle Soupe au vin, soupe au
perroquet, soupe à perroquet, Des tranches,
des morceaux de pain dans
du vin.
On dit proverbialement que La soupe
fait le soldat, pour dire, que Le soldat
nourri simplement, mais abondamment,
est plus propre aux fatigues du
métier.
On dit proverbialement et figurém.
Ivre comme une soupe, pour dire, Fort
ivre; et, Trempé comme une soupe, pour
dire, Très--mouillé.
On dit aussi proverbialement, Dès la
soupe, dès les soupes, pour dire, Dès
le commencement du repas. Il étoit ivre
dès la soupe.
SOUPENTE
SOUPENTE. subst. f. Assemblage
de plusieurs larges courroies cousues
l'une sur l'autre, et servant à soutenir
le corps d'une voiture.
Soupente
Soupente, signifie aussi, Un retranchement
d'ais, soutenu en l'air et
pratiqué dans une cuisine, dans une
écurie, ou dans un autre lieu, pour
loger des domestiques, ou pour quelque
autre usage.
SOUPER
SOUPER. v. n. Prendre le repas ordinaire
du soir. On vous attend à souper.
Quand il a bien dîné, il ne soupe point.
Il ne soupe jamais. Il est jour de jeûne,
on ne soupe point. Il dîne, au lieu de
souper. Vous avez bien soupé aujourd'hui.
Je sortois de souper quand il entra dans
ma chambre.
On appelle familièrement, Soupe--septheures, Un homme qui soupe de bonne
Next page
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.