Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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aisément à cheval. On voit encore des montoirs
aux portes des auberges de campagne. Il n'est
pas assez grand pour monter à cheval sans montoir.

Le côté du montoir, Le côté gauche du cheval,
ainsi appelé parce que c'est de ce côté-là
qu'on monte d'ordinaire à cheval. On nomme
L'autre côté Le côté hors du montoir, hors le
montoir, hors montoir.

Ce cheval est difficile au montoir, Il manifeste
de l'impatience quand on veut se mettre en
selle. Dans un sens opposé, Ce cheval est aisé,
doux au montoir.

MONTRABLE. adj. des deux genres. Qui
peut être montré. Je ne suis pas montrable
aujourd'hui.

MONTRE. n. f. Action de montrer. Il ne
s'emploie guère en ce sens que dans l'expression :
Faire montre de, Faire parade. Faire
montre de son esprit. Faire montre d'érudition.

Il désigne aussi Ce que les commerçants
exposent à l'étalage de leur magasin, de leur
boutique, pour montrer leurs marchandises,
leurs nouveaux modèles, leurs spécialités, etc.
Mettre en montre, à la montre.

Fig. et fam., Être pour la montre, N'être
que pour la montre,
se dit de Certaines choses
qui ne sont que pour l'apparence et dont on
ne se sert point. C'est un meuble d'apparat qui
n'est là que pour la montre.

Il signifie spécialement Échantillon. Acheter
du blé, du seigle sur montre.

MONTRE désignait autrefois la Revue d'une
armée, d'un régiment.

MONTRE désigne, en outre, le Lieu que les
marchands de chevaux ont choisi pour y faire
voir aux acheteurs les chevaux qu'ils ont à
vendre.

Montre d'orgues, Tuyaux de façade dans
un buffet d'orgue.

Il se dit encore, dans certaines provinces,
d'Expositions, de marchés, de foires qui sont
l'occasion de fêtes locales.

MONTRE désigne encore une Boîte munie
d'un cadran et contenant un mouvement
d'horlogerie, que l'on porte sur soi pour savoir
l'heure. Montre d'or, d'argent, d'acier. Montre
à boîtier d'or, à boîtier d'argent. Montre à double
boîtier. Montre émaillée, guillochée. Montre à
sonnerie, à réveil, à répétition. Montre à secondes.
Montre à échappement. Montre qui va bien,
qui va mal, qui avance, qui retarde. La sonnerie,
le mouvement, le ressort, les rouages, le
cadran, les aiguilles d'une montre. Chaîne de
montre. Remonter sa montre. Régler sa montre.
Mettre sa montre à l'heure. Cette montre est
détraquée, est dérangée. Donner une montre à
réparer, à nettoyer.

Par apposition, Montre bracelet. Voyez BRACELET.

Montre marine, Montre de précision qui sert
à déterminer les longitudes en mer.

MONTRER. v. tr. Faire voir, exposer aux
regards. Il m'a montré sa maison, son appartement,
sa bibliothèque, ses tableaux. Il n'a
fait que se montrer dans cette compagnie. Le
soleil ne s'est point montré aujourd'hui. Cet
ouvrage serait meilleur, si l'art s'y montrait
un peu moins.

Il n'oserait se montrer, se dit de Celui que
la crainte d'être maltraité, ou la honte, soit
de quelque affront qu'il a reçu, soit de quelque
mauvaise action qu'il a faite, oblige à se tenir
caché. Depuis cette malheureuse affaire, il
n'ose plus se montrer.
On dit dans un sens
analogue : Il est bien hardi de se montrer après
cela. Comment ose-t-il se montrer?

Fig. et pop., Montrer son nez quelque part,
Se faire voir en quelque endroit : cela ne se
dit guère que lorsqu'on y paraît pour peu de
temps. Il est venu montrer là son nez un moment
et s'en est retourné. Je n'ai garde d'aller là
montrer mon nez.
On le dit aussi de Ceux qui
vont mal à propos en quelque endroit. Qu'avait-
il à faire d'aller montrer là son nez?

Fig. et fam., Montrer les dents à quelqu'un.
Voyez DENT.

Fig. et fam., Montrer les talons. Voyez TALON.

Fam., Cet habit montre la corde. Voyez
CORDE.

MONTRER signifie aussi Faire voir par un
geste, indiquer. Montrez-moi l'homme dont vous
parlez. Montrer quelque chose du doigt. Montrer
le chemin à quelqu'un.

Fig., Montrer le chemin aux autres. Voyez
CHEMIN.

Fig., Montrer quelqu'un au doigt. Voyez
DOIGT.

Fam., Montrer la porte à quelqu'un. Voyez
PORTE.

MONTRER signifie, figurément, Faire paraître,
manifester. Montrer de la douleur, de la joie,
de la tristesse, de la crainte.
On dit dans un sens
analogue Montrer un visage gai, un visage triste.

Il signifie aussi Donner des marques, des
preuves de quelque qualité bonne ou mauvaise.
Montrer de la patience, de la faiblesse, de
la sagesse, de la retenue. Montrer son courage,
sa piété. Montrer un bon, un mauvais coeur.

Fig., Se montrer homme de courage, se montrer
humain, libéral, bon ami, etc.
Faire voir
par des actes qu'on est tel. Dans le même
sens, Se montrer digne de sa fortune, de sa
réputation, etc.

Se montrer tel qu'on est, Ne rien affecter, ne
rien dissimuler.

MONTRER signifie encore Faire connaître,
prouver. Je lui montrerai qu'il a tort, qu'il
ne devait pas en user ainsi. Je lui montrerai
à qui il a affaire. Je lui ai montré que sa proposition
est fausse.

MONTRER signifie aussi Enseigner. Montrer
à lire, à écrire, à calculer, à danser, à monter à
cheval. Montrer à quelqu'un ce qu'il faut qu'il
fasse; lui montrer son devoir, ses obligations;
lui montrer à vivre.
On dit dans le même sens
et par menace : Je lui montrerai bien à vivre.

Fig., Se bien montrer, se montrer mal, Faire
bonne, mauvaise contenance, paraître à son
avantage ou à son désavantage dans les occasions
qui exigent de la résolution et de la fermeté.
Il s'est bien montré, il s'est mal montré
dans cette circonstance.
Absolument, Se montrer,
Manifester par son attitude qu'on est
décidé à agir, à réclamer son droit, à ne pas
laisser faire une chose qu'on désapprouve. Vous
avez fait assez de concessions : il est temps de
vous montrer.

MONTREUR. n. m. Celui qui fait métier
de montrer en publie certaines curiosités. Montreur
d'ours, de marionnettes, de lanterne magique,
etc.

MONTUEUX, EUSE. adj. Qui est coupé de
montagnes, de collines. Pays montueux. Sol
montueux. Contrée montueuse.

MONTURE. n. f. Animal (cheval, âne,
mulet, etc.) sur lequel on monte. Le cheval
est la meilleure de toutes les montures. Les
mules sont la monture ordinaire en Espagne.
Dans les Indes, on se sert assez généralement
de boeufs pour monture. Les éléphants sont la
monture habituelle des princes orientaux.

Prov. et fig., Qui veut voyager loin ménage
sa monture. Voyez MÉNAGER.

MONTURE, en termes d'Arts, se dit de l'Action
de monter un objet, un outil, un bijou,
et désigne le Travail de l'ouvrier qui l'a monté.
La monture de cet éventail, de ce bijou a été
exécutée avec goût. Il en a coûté tant pour la
monture.

Il se dit aussi du Résultat de cette action
et il désigne Ce qui sert à assembler, à supporter,
à fixer la partie ou les parties principales
d'un objet, d'un outil. La monture d'une scie.

La monture d'un fusil, d'un pistolet, Le bois
sur lequel les parties métalliques sont montées.

La monture d'un éventail, L'assemblage des
morceaux de bois ou d'autre matière qui servent
à soutenir le papier ou l'étoffe d'un éventail.

Monture de bride, Ce qui porte et soutient
la partie du mors qui entre dans la bouche
du cheval.

MONTURE se dit particulièrement du Métal
employé pour assembler, réunir, encadrer les
différentes pièces dont se forment une tabatière,
un étui, un vase, un bijou quelconque.
Une monture de vermeil, d'or, d'argent. La monture
d'une bague.

MONUMENT. n. m. Ouvrage d'architecture
et de sculpture fait pour transmettre à la
postérité la mémoire de quelque personne
illustre ou de quelque événement important.
Monument glorieux, superbe, magnifique, durable,
éternel. Dresser, ériger, élever, consacrer
un monument à la gloire d'un grand homme.
Monument aux morts.

Il se dit figurément de Tout ce qui consacre
un souvenir. Les montagnes sont des monuments
des révolutions du globe. Les monuments
du passé, de la civilisation. Un monument de
son amour, de sa vengeance.

Il se dit aussi de Certains édifices publics
ou particuliers qui imposent par leur grandeur
ou par leur ancienneté. Les monuments
d'une ville. Les monuments publics. Les anciens
monuments. Les monuments de l'antiquité, du
moyen âge. Nîmes, Arles, Avignon sont remarquables
par la beauté de leurs monuments.

Les monuments historiques, Ceux qui sont
classés par l'administration des Beaux-Arts
pour les préserver de la destruction et les
entretenir en bon état.

Il signifie quelquefois Tombeau. Elle a fait
élever un magnifique monument à son mari.
On
dit aussi Monument funéraire.

Il se dit aussi, figurément, des Ouvrages
durables de littérature, de sciences et d'arts.
Ce poème, cette histoire est un beau monument
élevé à la gloire de la nation, du héros. Cet
ouvrage est un des plus beaux monuments du
génie, de l'esprit humain, de la philosophie.

MONUMENTAL, ALE. adj. Qui a rapport,
qui est propre aux monuments, qui est de
la nature des monuments. Architecture, sculpture
monumentale. Style, caractère monumental.
Fontaine monumentale.

Il signifie, par extension, Qui est gigantesque,
colossal. Statue monumentale.

Fig. et fam., Son ignorance est monumentale.

MOQUER (SE). v. pron. Se railler de quelqu'un
ou de quelque chose, en rire, en faire
un sujet de plaisanterie ou de dérision. On
s'est moqué de lui. On s'est moqué de son costume.
Cette femme s'est moquée de vous.

Il signifie aussi Mépriser, braver, témoigner
son dédain. C'est un homme qui se moque de
l'opinion publique, qui se moque de tout. Il
s'est moqué des remontrances qu'on lui a faites,
de tous les avis qu'on lui a donnés. C'est se
moquer du monde, c'est se moquer des gens que
d'agir ainsi, de parler de la sorte. Je me moque
de lui, je ne le crains point.

Il se prend quelquefois absolument et signifie
alors Ne pas parler, ne pas agir sérieusement.
Quand je dis cela, vous voyez bien
que je me moque. C'est se moquer que d'agir
comme vous faites. C'est se moquer que de
prétendre telle chose, de soutenir une pareille
opinion. Vous vous moquez, je pense.

Par civilité, Vous vous moquez de moi, vous
vous moquez,
Vous me traitez avec trop de
cérémonie, vous poussez trop loin la politesse.
Vous vous moquez, je ne passerai pas avant
vous.

Prov. et fig., Il ne faut point se moquer des
chiens qu'on ne soit hors du village.
Voyez
CHIEN.

MOQUER s'emploie aussi avec le verbe FAIRE.
Si vous en usez comme cela, vous vous ferez
moquer de vous,
et absolument, vous vous ferez
moquer.

MOQUERIE. n. f. Action de se moquer. Il se
dit aussi des Paroles ou des actions par lesquelles
on se moque. Moquerie maligne, outrageuse.

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