Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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les ennemis. On a demandé des otages de part et d'autre. Servir d'otage.

Il se dit quelquefois Des places qu'on donne à ceux d'un parti ennemi, pour garantie d'un traité de paix, d'un armistice. Les ennemis se firent donner des villes en otage, demandèrent des villes d'otage.

OTALGIE. s. f. T. de Médec. Douleur d'oreille.

ÔTER. v. a. Tirer une chose de la place où elle est. Il se dit quelquefois en parlant Des personnes et des animaux. Ôtez cette table de là. Ôtez-moi tous ces papiers. Il a ôté tous les meubles de la maison. Ôtez les chevaux de la voiture. Ôtez cet enfant d'auprès du feu. Faites ôter ces plâtres qui encombrent le passage. Il y a trop de bois dans le feu, ôtez-en la moitié. Ôtez le couvert. Ôtez la nappe.

Il s'emploie, en ce sens, avec le pronom personnel. Il ne veut pas s'ôter de là. Ôtez-vous de devant moi, de devant mes yeux. Ôtez-vous du chemin. Ôtez-vous de ma place. Ôtez-vous de mon soleil.

Fig., au sens moral, Ôter à quelqu'un quelque chose de l'esprit, de la tête, de la fantaisie, Faire en sorte qu'il n'y songe plus, qu'il ne soit plus attaché à la pensée, à l'opinion, au dessein qu'il avait. Vous ne lui ôterez jamais cela de l'esprit. Je ne puis m'ôter cela de la tête.

Fig., au sens moral, Ôter quelqu'un de peine, d'inquiétude, Le tirer de peine, le délivrer d'inquiétude. On dit de même, Ôter de doute, d'un doute, d'incertitude.

ÔTER se dit en parlant Des différentes parties du vêtement, et signifie, Quitter, déposer, se dépouiller de. Ôter sa chemise, son habit, son gilet, son pantalon, ses bas, ses souliers, sa cravate, son manteau, ses gants, son épée, son chapeau.

Ôter son chapeau à quelqu'un, Le saluer en se découvrant la tête.

ÔTER signifie aussi, Ravir, enlever, prendre quelque chose à quelqu'un, l'en priver. Il se dit au sens physique et au sens moral. Les voleurs lui ont ôté son habit. Ils voulaient lui ôter la vie. On lui a ôté un coin de son jardin. On lui a ôté son emploi, sa place, la moitié de ses appointements. On lui a ôté son bien. On a ôté le pain à cette famille. Vous m'ôtez le soleil. Je ne veux point vous ôter la liberté, le plaisir de faire telle chose. Cette maladie lui a ôté l'usage de la parole. L'amour lui a ôté la raison, le jugement. Sa chute lui a ôté la connaissance. Son maître lui a ôté sa confiance. Ne m'ôtez pas cette erreur qui m'est chère.

Prov. et fig., Ôter le pain de la main à quelqu'un, Lui ôter le moyen de subsister.

Ôter l'honneur à quelqu'un, Le diffamer par des médisances, par des calomnies.

Ôter l'honneur à une femme, La séduire et en abuser.

Cet objet ôte la vue de tel autre, Il empêche qu'on ne puisse le voir. Cet arbre, ce mur ôte la vue de la rivière, de la prairie.

ÔTER signifie aussi, Retrancher. Il se dit au sens physique et au sens moral. Ce morceau de bois est trop long, il en faut ôter un pied. Les bords de ce chapeau sont trop larges, il faut en ôter un pouce. Ôter une branche d'un arbre. Ôtez de cette somme ce que vous avez payé pour moi. Qui de six ôte deux, reste quatre. Ôtez la santé et la paix de l'âme, vous ôtez tous les plaisirs de la vie.

ÔTER signifie encore, Faire cesser, faire passer; délivrer quelqu'un de quelque chose qui l'incommode. Il se dit au sens physique et au sens moral. Prenez un doigt de vin, cela vous ôtera votre mal de coeur. Le quinquina ôte la fièvre. Cela m'a ôté mon mal comme avec la main. Cette eau ôte les taches, ôte les rousseurs. Ôtez-moi mon mal. Ôtez-moi cette inquiétude, cette incertitude. Ôtez-lui ses fers, ses chaînes.

ÔTÉ, ÉE. participe Il s'emploie quelquefois comme préposition, et signifie, Excepté, hormis. Ôté deux ou trois chapitres, cet ouvrage est excellent.

OTTOMANE. s. f. Sorte de grand siége sans dossier, où plusieurs personnes peuvent être assises à la fois.

OU. Conjonction alternative. J'irai aujourd'hui ou demain. Il payera, ou il ira en prison. Le bien ou le mal. Oui ou non. L'un ou l'autre. Mort ou vif. Vaincre ou mourir. La victoire ou la mort. Soit qu'il s'en aille, ou qu'il demeure. Lui ou elle viendra avec moi. Vous ou moi nous ferons telle chose. La douceur ou la violence en viendra à bout. Ou l'amour ou la haine en est la cause. La peur ou la misère lui a fait commettre cette faute. La peur ou la misère ont fait commettre bien des fautes.

Il signifie aussi, Autrement, d'une autre façon, en d'autres termes. La logique, ou la dialectique. Son beau-frère, ou le mari de sa soeur. Byzance, ou Constantinople.

Il se joint souvent dans les deux sens avec l'adverbe Bien. Il payera, ou bien il ira en prison. Byzance, ou bien Constantinople.

O‹. adv. de lieu En quel lieu, en quel endroit. Où allez-vous? Où demeurez-vous? Où suis-je? Dites-moi où il est. Où serez-vous tantôt? Où a-t-il pris cela? Quand il sut où il était. Il est allé je ne sais où. J'ignore où il réside.

Où que, En quelque lieu que, en quelque endroit que. Où que vous alliez, conformez-vous aux moeurs du pays. Où qu'il soit, puisse-t-il y être heureux!

O‹ se dit aussi dans un sens moral, et s'emploie pour À quoi. Où me réduisez-vous? Où tend ce discours? Où cela vous mènera-t-il? Où en sommes-nous?

Il se joint avec la préposition De, et sert à marquer Le lieu, ou La cause, selon les différentes matières dont il s'agit. D'où venez-vous? D'où est-il parti? Savez-vous d'où il arrive? D'où a-t-il pris cela? D'où tirez-vous cette conséquence? Voilà d'où cet usage tire son origine. D'où lui vient cet orgueil? Le mal me vient d'où j'attendais mon bonheur. Je ne sais d'où lui vient tant de confiance. D'où vient que vous faites cela? Et, par une ellipse que l'usage autorise, D'où vient faites-vous cela?

Il se joint aussi à la préposition Par, et signifie, Par quel endroit ou Par quel moyen, selon les différentes choses dont on parle. Par où avez-vous passé pour aller là? Voilà par où j'ai passé. On ne sait par où en venir à bout. Par où me tirerai-je de cette affaire? Par où réussira-t-il?

O‹ s'emploie aussi en place des pronoms relatifs Lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, précédés des prépositions Dans, à, vers, etc. Il ne se dit que Des choses. Le lieu où je suis. La maison où je demeure. Le lieu où il va. Le temps où nous sommes. L'état où je me trouve. Les endroits par où nous passons. Le mauvais pas d'où il s'est tiré. Le but où il tend. Le piége où il s'est laissé prendre. Les affaires où je suis intéressé. C'est un procès d'où dépend ma fortune.

OUAICHE. s. m. T. de Marine. Sillage d'un vaisseau. Il est vieux. Il s'employait dans certaines occasions où l'on n'eût pas dit Sillage. Tirer un vaisseau en ouaiche, Le remorquer avec un autre vaisseau. Traîner un pavillon ennemi en ouaiche, Le traîner pendant à fleur d'eau à l'arrière d'un vaisseau.

OUAILLE. s. f. Brebis. Il est vieux au propre, et ne se dit qu'au figuré en parlant d'Un chrétien par rapport à son pasteur, à son supérieur spirituel, à son évêque. Voilà une de vos ouailles. Un bon pasteur a soin de ses ouailles. Les ouailles connaissent la voix de leur pasteur. Ce pasteur est allé chercher son ouaille égarée. Il ne s'emploie guère qu'au pluriel.

OUAIS Interjection familière qui marque de la surprise. Ouais! cet homme-là fait bien le fier. Ouais! cet homme le prend sur un haut ton.

OUATE. s. f. (On prononce Ouète.) Espèce de coton plus fin et plus soyeux que le coton ordinaire, et qui sert à garnir un vêtement, une couverture, etc., entre la doublure et le dessus. Une camisole, une couverture d'ouate, une jupe doublée d'ouate. Acheter de la ouate. Quelques-uns écrivent, De l'ouate.

Ouate de soie, Soie effilée et cardée qu'on emploie aux mêmes usages que la ouate de coton. On dit de même, Ouate de laine, de chanvre, etc.

OUATER. v. a. (On prononce Ouéter.) Mettre de la ouate entre une étoffe et la doublure. Ouater une robe, un couvre-pied.

OUATÉ, ÉE. participe Un jupon ouaté. Une robe ouatée.

OUBLI. s. m. Manque de souvenir. Un profond oubli. Un long oubli. Un éternel oubli. Mettre en oubli. Ensevelir dans l'oubli. Tirer de l'oubli. Tomber dans l'oubli. Cette coutume est en oubli. Ses écrits sont condamnés à l'oubli. Cette action a sauvé son nom de l'oubli. Il a échappé à l'oubli. Ne me sachez pas mauvais gré d'avoir manqué au rendez-vous, c'est un oubli, ce n'est qu'un oubli.

L'oubli des injures, L'action d'oublier les injures, les offenses, de les pardonner, de n'en garder aucun ressentiment. L'oubli des injures est ordonné par l'Évangile.

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