Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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MOULINEUR ou MOULINIER. n. m. Ouvrier
employé au moulinage de la soie.

MOULURE. n. f. Nom générique de chacune
des parties plus ou moins saillantes,
droites ou courbes qui servent d'ornement courant
dans un ouvrage d'architecture. Moulure
saillante, creuse, plate, ronde, inclinée, ornée,
lisse, simple, composée, etc.

Il se dit, dans un sens analogue, en parlant
des Ouvrages de menuiserie et autres semblables.
Ce cadre a plusieurs moulures. Un plafond
orné de moulures.

MOURANT, ANTE. adj. Qui se meurt. Il a
les yeux d'un homme mourant, d'une personne
mourante.
Substantivement, Le champ de bataille
était couvert de morts et de mourants. Les
plaintes des blessés et des mourants.

Il signifie encore, figurément, Languissant.
Des yeux mourants, Des yeux languissants et
pleins de passion. Voix mourante, Voix langoureuse
et traînante.

MOURIR. (Je meurs, tu meurs, il meurt; nous
mourons, vous mourez, ils meurent. Je mourais.
Je mourus. Je suis mort. Je mourrai. Je mourrais.
Meurs. Que je meure. Que je mourusse.
Mourant. Mort.
) v. intr. Cesser de vivre, en parlant
des Hommes et des animaux. Mourir d'une
mort naturelle, de mort violente, de vieillesse,
de maladie. Mourir subitement. Mourir jeune.
Mourir vieux. Mourir à la fleur de l'âge. De
quoi est-il mort? Il est mort d'apoplexie, d'une
fluxion de poitrine. Il est mort de faim. Il est
mort empoisonné. Il est mort pauvre. Le chagrin
l'a fait mourir. Il va mourir, il s'en va mourir.
Malade à en mourir, à mourir. Il s'est laissé
mourir de faim. Mourir avec fermeté, avec courage,
avec résignation. Mourir chrétiennement,
comme un saint, dans la grâce de Dieu, de la
mort des justes.
JÉSUS-CHRIST est mort pour
tous les hommes. Mourir pour son roi, pour sa
patrie, pour sa religion. Son chien est mort
enragé. Son cheval vient de mourir.

Impersonnellement, Il meurt, année moyenne,
tant de personnes dans cette ville. Il mourut
beaucoup de monde de la grippe.

Fam., Mourir de sa belle mort, Mourir de
mort naturelle.

Mourir au champ d'honneur, Être tué sur
le champ de bataille.

Faire mourir quelqu'un, Le mettre à mort,
en exécution d'une condamnation.

Se laisser mourir, Ne rien faire pour soutenir
sa vie.

Mourir à la peine, Mourir au milieu et par
suite d'occupations pénibles, qu'on n'a pas pu
ou qu'on n'a pas voulu quitter. Son grand âge
ne le décida pas à prendre sa retraite, et il
mourut à la peine.
Il se dit aussi d'une Entreprise
à laquelle on ne veut pas renoncer, dont
on ne veut pas démordre, dût-on y laisser sa
vie. Je viendrai à bout de mon dessein, ou je
mourrai à la peine.

Mourir à la tâche, Mourir au milieu de son
travail, à force de travail.

Bien mourir, Mourir chrétiennement.

Pop., Mourir comme un chien, Mourir sans
vouloir témoigner le moindre repentir de ses
fautes, ou encore Mourir abandonné de tous.

Fam., Mourir dans la peau d'un intrigant,
d'un malhonnête homme,
se dit de Quelqu'un
dont on n'espère pas qu'il se corrige jamais de
ses défauts ou de ses vices.

Mourir dans son péché, Ne pas se corriger.

Mourir tout entier, Ne laisser aucune oeuvre,
aucune renommée après soi.

Par menace, Il ne mourra que de ma main,
Je le tuerai.

Par forme de souhait, Je veux mourir, que
je meure si ce que je vous dis n'est pas vrai.

Prov. On ne sait qui vit ni qui meurt, se dit
pour marquer l'Incertitude de la vie. Ayez un
bon contrat en forme : on ne sait qui vit ni qui
meurt.

Prov., Les envieux mourront, mais non jamais
l'envie.

Prov., Nous mourons tous les jours, Chaque
jour nous avançons en âge, nous faisons un pas
vers la mort.

Prov. et fig., Un lièvre va toujours mourir au
gîte,
Après avoir beaucoup voyagé, on est bien
aise de retourner dans son pays.

Être mort civilement. Voyez CIVIL.

Fig., Être mort au monde, se dit d'une Personne
qui a quitté le monde pour vivre dans la
retraite et dans les exercices de piété. Mourir
au péché, au vice, à ses passions,
Rompre avec
le péché, le vice, les passions.

Être mort pour quelqu'un, Être considéré
comme mort par une personne avec laquelle
on avait autrefois des relations de famille,
d'amitié, etc., ou inversement, S'abstenir de
toutes relations avec des parents, des amis
qu'on a quittés. Ce jeune homme s'est expatrié,
il est mort pour sa famille. Après ce que vous
venez de faire, vous êtes mort pour moi.

MOURIR se dit souvent par exagération.
Mourir de chaleur, de froid, de faim, de soif.
Mourir d'impatience, d'inquiétude. Vous devriez
mourir de honte. Mourir de joie. Mourir
de rire. Il meurt d'amour pour cette femme. Il
meurt d'envie de la voir. Mourir d'ennui. S'ennuyer
à mourir.

Mourir de faim signifie spécialement N'avoir
pas les moyens d'exister. Cet homme, cette famille
meurt de faim.
On dit substantivement,
dans le même sens, Un meurt-de-faim, Un
homme qui n'a pas de quoi vivre.

Par exagération, Vous me faites mourir,
Vous m'affligez beaucoup; vous m'impatientez
extrêmement.

Fig., Faire mourir quelqu'un à petit feu, Le
faire languir en prolongeant des peines d'esprit,
des inquiétudes, des chagrins qu'on pourrait
lui épargner ou lui abréger.

MOURIR se dit également des Arbres et des
plantes. Ces arbres ne viennent pas bien dans
les sables, ils y meurent tous. J'avais planté des
poiriers, des pommiers, qui sont morts. Le froid
a fait mourir ces fleurs.

MOURIR se dit, par analogie, des États, des
institutions, des établissements. Les États, les
empires meurent comme les hommes. Cette entreprise,
cette industrie meurt faute de capitaux,
faute de main-d'oeuvre.

MOURIR se dit aussi des Choses morales, des
productions de l'esprit, des ouvrages de l'art. Sa
gloire, sa mémoire, son nom ne mourra jamais.
Vos bienfaits ne mourront jamais dans ma
mémoire. Les ouvrages de cet auteur, de ce
peintre, de ce sculpteur ne mourront pas.

Il se dit encore figurément de Certaines
choses dont l'activité, le mouvement finit peu
à peu. Le flot vient mourir sur le sable de la
plage. Laisser mourir le feu. La boule est allée
mourir au but.

Il se dit pareillement de Choses qui finissent
par une dégradation insensible, comme les
sons, les couleurs, etc. Dans ce tableau, les couleurs
se perdent en mourant les unes dans les
autres. Les sons arrivent, en mourant, jusqu'à
mon oreille. Sa voix meurt à la fin de chaque
phrase.

SE MOURIR signifie Être sur le point de
mourir; mais en ce sens il ne se dit guère qu'au
présent et à l'imparfait de l'indicatif. Il se
meurt. Il se mourait.
Fig., Votre feu, votre lampe
se meurt. Cette industrie se meurt.

Par exagération, Il se meurt d'amour, de
peur, d'impatience, d'envie de dormir, etc.

MOURON. n. m. Petite plante à fleurs
bleues ou rouges, de la famille des Primulacées.
Mouron bleu. Mouron rouge.

Mouron des oiseaux, Petite plante à fleurs
blanches, du genre Morgeline, qui sert principalement
à la nourriture des oiseaux. Marchande
de mouron. Du mouron pour les petits
oiseaux!

MOUSQUET. n. m. Arme à feu qui était en
usage avant le fusil et qu'on faisait partir au
moyen d'une mèche allumée.

MOUSQUETADE. n. f. Il se disait d'un Coup
de mousquet. Il fut blessé d'une mousquetade.
Il essuya quelques mousquetades.

Il se disait aussi de Plusieurs coups de mousquet
tirés à la fois ou continûment par un
corps de gens armés. On a entendu une vive
mousquetade.

MOUSQUETAIRE. n. m. On appelait ainsi,
originairement, un Soldat à pied armé du
mousquet.

Il s'est dit ensuite exclusivement de Certains
cavaliers qui formaient, dans la Maison
du roi, deux compagnies d'élite distinguées
l'une de l'autre par la couleur de leurs chevaux.
Les mousquetaires gris. Les mousquetaires
noirs.

MOUSQUETERIE. n. f. coll. Décharge de
plusieurs mousquets, de plusieurs fusils tirés
en même temps. Un feu de mousqueterie. Il a
essuyé toute la mousqueterie de l'ennemi.

MOUSQUETON. n. m. Ancienne arme à feu,
du même calibre que le mousquet, mais plus
courte que celui-ci.

Il se dit aujourd'hui d'un Fusil court, dont
sont armés les cavaliers, les servants d'artillerie
et les mitrailleurs d'infanterie, et qui
peut être porté en bandoulière.

Porte-mousqueton, et par abréviation Mousqueton,
Sorte de crochet à déclic qui s'ouvre
et se ferme pour recevoir un anneau.

MOUSSE. adj. des deux genres. Dont la
pointe ou le tranchant est usé, en parlant de
Certains instruments de fer ou d'acier. Pointe
mousse.
Il vieillit.

MOUSSE. n. m. Jeune apprenti marin. S'engager
comme mousse. L'école des mousses.

MOUSSE. n. f. Plante cryptogame menue,
herbacée, qui naît sur les pierres, sur les troncs
d'arbres, à la surface des marais, etc., où elle
forme d'ordinaire une sorte de duvet serré.
Se coucher sur la mousse.

Un lit de mousse, Un endroit tapissé de
mousse.

Prov. et fig., Pierre qui roule n'amasse pas
mousse,
Un homme qui change souvent d'état,
de profession, ne s'enrichit pas.

Mousse aquatique, Espèce de conferves vertes
qui couvrent les eaux croupissantes.

MOUSSE se dit, par analogie, de Certaine
écume qui se forme sur l'eau et sur quelques
liquides, comme la bière, les sirops, le chocolat,
l'eau de savon, le vin, etc., quand on les
bat ou qu'on les verse de haut. La mousse du
vin de Champagne.

Il se dit, en termes de Pâtisserie, d'une Sorte
de crème fouettée dans laquelle on mêle du
chocolat, de la vanille, etc. Mousse au chocolat.

En termes de Physique, Mousse de platine,
Mousse spongieuse de platine qui a la propriété
d'absorber les gaz et de les condenser.

MOUSSELINE. n. f. Toile de coton très
claire et ordinairement très fine. Mousseline
unie, brodée, brochée, rayée. Robe de mousseline.

Mousseline de laine, de soie, Étoffe fine de
laine, de soie. Mousseline de soie imprimée.

Par extension et par apposition, en termes
de Cuisine, Brioche mousseline, Brioche très légère.
Sauce mousseline, Sauce hollandaise à laquelle
on a ajouté de la crème fraîche fouettée.

MOUSSER. v. intr. Produire de la mousse.
Verser de la bière de haut pour la faire mousser.
Le vin de Champagne mousse. Faire mousser
le chocolat.

Fig. et fam., Faire mousser un succès, un
petit avantage,
Le présenter, le raconter de
manière à le faire croire plus considérable, plus
glorieux qu'il n'est en effet. On dit surtout
Se faire mousser, Se vanter, se faire valoir.

MOUSSERON. n. m. T. de Botanique. Nom
vulgaire de plusieurs agarics comestibles d'une
odeur et d'une saveur agréables, qui naissent
ordinairement sous la mousse.

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