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Le grand astre dont la lumiere Eclaire la voute des cieux, Semble pour nous de sa carriere Suspendre le cours glorieux; Fier d'être le flambeau du monde, Il contemple du haut des airs L'Olympe, la terre & les mers Remplis de sa clarté feconde; Et jusques au fond des enfers, Il fait entrer la nuit profonde Qui lui disputoit l'univers.
L'influence de l'année renaissante opere également sur l'un & l'autre sexe. Maintenant une rougeur plus fraîche & plus vive que l'incarnat rehausse l'éclat du teint d'une aimable bergere; le rouge de ses levres devient plus foncé; une flamme humide éclate dans ses yeux; son sein animé, s'éleve avec des palpitations inégales; un feu secret se glisse dans ses veines, & son ame entiere s'enivre d'amour. Le trait vole, pénétre l'amant, & lui fait chérir le pouvoir extatique qui le domine. Jeunes beautés, gardez alors avec plus de soin que jamais vos coeurs tragiles! sur - tout que les sermens qui cachent le parjure sous le langage de l'adulation, ne livrent pas vos doux instans à l'homme séducteur dans ces bosquets parfumés de roses, & tapissés de chevrefeuil, au moment dangereux où le crépuscule du soir tire ses rideaux cramoisis!
Vous dont l'heureuse sympathie a formé les tendres noeuds par des liens indissolubles, en confondant dans un même destin vos ames, vos fortunes & votre être, jouissez à l'ombre des myrthes amoureux dans vos embrassemens mutuels, de tout ce que l'imagination la plus vive peut former de bonheur, & de tout ce que le coeur le plus avide peut former de desirs. Puisse un long printems orner vos têtes de ses guirlandes fleuries, & puisse le déclin de vos jours arriver doux & serain!
Des nuits l'inégale couriere S'éloigne, & pâlit à nos yeux; Chaque astre au bout de sa carriere Semble se perdre dans les cieux.
Quelle fraîcl >! L'air qu'on respire Est le souffle délicieux De la volupté qui soupire Au sein du plus jeune des dieux.
Déjà la colombe amoureuse Vole du chêne sous l'ormeau; L'amour vingt fois la rend heureuse
Triton sur la mer applanie Promene sa conque d'azur, Et la nature rajeunie Exhale l'ambre le plus pur.
Au bruit des Faunes qui se jouent Sur le bord tranquille des eaux, Les chastes Nayades dénouent Leurs cheveux tressés de roseaux.
Réveille - toi, mortel eselave du luxe, & sors de ton lit de paresse; viens jouir des heures balsamiques, si propres aux chants sacrés: le sage te montre l'exemple; il ne perd point dans l'oubli la moitié des momens rapides d'une trop courte vie! totale extinction de l'ame éclairée! Il ne reste point dans un état de ténebres, quand toutes les muses, quand mille & mille douceurs l'attendent à la promenade solitaire du matin d'été.
Dejà le puissant roi du jour se montre radieux dans l'orient; l'azur des cieux enflammé, & les torrens dorés qui eclairent les montagnes, marquent la joie de son approche. L'astre du monde regarde sur toute la nature avec une majesté sans bornes, & verse la lumiere sur les rochers, les collines, & les ruisseaux errans, qui étincellent dans le lointain.
Autour de ton char brillant, oeil de la nature, les saisons menent à leur suite dans une harmonie fixe & changeante, les heures aux doigts de roses, les zéphirs flottans nonchalamment, les pluies favorables, la rosce passagere, & les fiers orages adoucis. Toute cette cour répand successivement tes bienfaits, odeurs, herbes, fleurs, & fruits, jusqu'à ce que tout s'allumant successivement par ton souffle divin, tu decores le jardin de l'univers.
Voici l'instant où le soleil fond dans un air limpide les nuages élevés, & les brouillards du cancer, qui entourent les collines de bandes diversement colorées.
De sa lumiere réfléchie Cet astre vient remplir les airs, Et par degrés a lunivers Donner la couleur & la vie.
Bien - tôt totalement dévoilé, il éclaire la nature entiere, & la terre paroît si vaste, qu'elle semble s'unir à la voûte du firmament.
La fraîcheur de la rosée tombante se retire à l'ombre, & les roses touffues en cachent les restes dans leur sein. C'est alors que je médite sur un verd gazon, auprès des fontaines de crystal, & des ruisseaux tranquilles. Je vois à mes piés ces fleurs délicates qui, épanouies ce matin, seront fannées ce soir. Telle une jeune beauté languit & s'efface, quand la fievre ardente bouillonne dans ses veines. La fleur au contraire qui suit le soleil, se referme quand il se couche, & semble abattue pendant la nuit; mais si - tôt que l'astre reparoît sur l'horison, elle ouvre son sein amoureux à ses rayons favorables.
Maintenant
Le bruit renaît dans les hameaux, Et l'on entend gémir l'enclume Sous les coups fréquens des marteaux. Le regne du travail commence. Monté sur le trone des airs, Eclairez leur empire immense, Soleil, apportez l'abondance, Et les plaisirs a l'univers.
Les nombreux habitans du village se répandent
sur les prés rians; la jeunesse rustique pleine de santé
& de force, est un peu brunie par le travail du midi.
Semblables à la rose d'été, les filles demi - nues, &
rouges de pudeur, attirent d'avides regards, & tou<pb->
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