Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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planche. La lime ne mord point dans l'acier bien trempé. Le burin a trop mordu en cet endroit. L'ancre n'a pu mordre sur ce fond de rocher.

En termes de Gravure, Mordre une planche, ou Faire mordre une planche, Lui faire éprouver l'effet de l'eau-forte, après avoir découvert en différents endroits, à l'aide d'une pointe à graver, le vernis dont elle est enduite.

En termes d'Imprimerie, La frisquette mord, se dit Lorsqu'un ou plusieurs des bords de la frisquette couvrent quelques portions de page, et les empêchent de recevoir l'impression. La vignette mord sur les lettres, Elle avance sur les lettres.

En termes de Couturière et de Tailleur, Il faut mordre plus avant dans l'étoffe, Il faut faire la couture un peu plus loin du bord de l'étoffe, pour qu'elle ne se défasse pas.

Les dents de cette roue ne mordent pas assez sur les ailes du pignon, Elles n'engrènent pas assez.

MORDRE signifie figurément, Médire, reprendre, critiquer, censurer avec malignité. Il cherche à mordre sur tout. Il n'y a point à mordre sur sa conduite. Il ne donne point à mordre sur lui.

MORDU, UE. participe

MORE. s. m. Nom de peuple, qu'on ne met ici que parce qu'il entre dans diverses phrases de la langue.

Prov. et fig., Traiter quelqu'un de Turc à More, en user avec lui de Turc à More, Le traiter avec une extrême dureté.

Prov. et fig., À laver la tête d'un More on perd sa lessive, Inutilement on se donne beaucoup de soin et de peine pour faire comprendre à un homme quelque chose qui passe sa portée, ou pour corriger un homme incorrigible.

Cheval cap de more ou cavecé de more, Cheval d'un poil rouan, dont la tête et les extrémités sont noires.

Gris de more, Couleur grise tirant sur le noir. Des bas gris de more.

MOREAU. adj. m. Il se dit D'un cheval qui est extrêmement noir. Un cheval moreau, de poil moreau. Il est vieux.

MORELLE. s. f. Plante vénéneuse de la famille des Solanées.

MORESQUE. adj.des deux genres Qui a rapport aux coutumes, aux usages, au goût des Mores. Les galanteries moresques. Danse moresque. Fête moresque. Architecture moresque. Le genre moresque. Édifice moresque. Palais, église dans le goût moresque.

Il est aussi substantif, au féminin, et alors il signifie, Une espèce de danse à la manière des Mores. Danser la moresque. La moresque ressemble à la sarabande espagnole.

Peinture moresque, à la moresque, ou absolument, Moresque, Sorte de peinture faite de caprice, et représentant pour l'ordinaire des branchages, des feuillages qui n'ont rien de naturel. Cette galerie est toute peinte à la moresque. Les Turcs ne souffrent point de figures dans leurs peintures, et n'ont que des moresques et des arabesques.

MORFIL. s. m. Certaines petites parties d'acier presque imperceptibles, qui restent au tranchant d'un couteau, d'un rasoir, etc., lorsqu'on les a passés sur la meule, et qu'il faut achever d'emporter pour se servir utilement ou du couteau ou du rasoir. Ôter, faire tomber le morfil d'un rasoir, d'un couteau. Un rasoir va mieux la seconde fois qu'on s'en sert, parce que la première fois le morfil n'est pas encore tombé.

MORFIL se dit aussi Des dents d'éléphant séparées du corps de l'animal, et avant qu'elles soient travaillées. Ce navire était chargé de morfil et de poudre d'or. On tire beaucoup de morfil des côtes de Guinée.

MORFONDRE. v. a. Refroidir, causer un froid qui incommode, qui pénètre. Ce vent vous morfondra. Ne dessellez pas sitôt ce cheval, de peur de le morfondre.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Vous vous morfondez dans ce jardin.

Il signifie, figurément et familièrement, avec le pronom personnel, Perdre bien du temps à la poursuite d'une affaire, d'une entreprise qui ne réussit pas, dans l'attente d'une personne qui n'arrive pas, d'un succès qu'on n'obtient point. Ce général s'est morfondu devant cette place. Cet homme est à la cour assidûment, mais il ne fait que s'y morfondre. Je me suis morfondu à vous attendre.

Fig., en termes de Boulangerie, La pâte se morfond, Elle perd la force de fermentation qu'elle doit avoir pour faire de bon pain.

MORFONDU, UE. participe

MORFONDURE. s. f. T. d'Art vétérinaire. Sorte de maladie qui vient aux chevaux lorsqu'ils ont été saisis de froid après avoir eu chaud. Ce cheval jette des naseaux, mais ce n'est qu'une morfondure.

MORGELINE. s. f. Genre de plantes à petites fleurs et à feuilles pointues, que l'on nomme autrement Alsine. Le mouron des oiseaux est une espèce de morgeline.

MORGUE. s. f. Mine, contenance grave et sérieuse, où il paraît quelque fierté, quelque orgueil. Avoir de la morgue.

Il signifie, par extension, Excès de suffisance, orgueil. Affecter de la morgue. Les pédants sont pleins de morgue. Il a bien de la morgue dans son langage, dans ses discours. Sa morgue le rend insupportable, le rend ridicule.

MORGUE. s. f. Endroit à l'entrée d'une prison, où l'on tient quelque temps ceux que l'on écroue, afin que les guichetiers puissent les regarder, les examiner, pour les reconnaître ensuite. On l'a tenu longtemps à la morgue.

Il se dit aussi d'Un endroit où l'on expose les corps des personnes trouvées mortes hors de leur domicile, afin qu'elles puissent être reconnues. On a porté ce corps à la morgue.

MORGUER. v. a. Braver quelqu'un en le regardant d'un air fier et menaçant. Il le morgue partout. Est-ce pour me morguer que vous faites cela? Il a vieilli.

MORGUÉ, ÉE. participe

MORIBOND, ONDE. adj. Qui va mourir. Il était moribond. Elle est moribonde. On le prend quelquefois substantivement. Un moribond.

Être tout moribond, Être dans un état de langueur, comme si l'on allait mourir.

MORICAUD, AUDE. adj. Qui a le visage de couleur brune. Il est moricaud. On l'emploie plus ordinairement comme substantif. C'est un moricaud, un gros moricaud. Une petite moricaude. Il est familier.

MORIGÉNER. v. a. Former les moeurs de quelqu'un, l'instruire aux bonnes moeurs. Un père est bien condamnable quand il n'a pas soin de morigéner ses enfants. Dans ce sens, il a vieilli.

Il signifie plus ordinairement, Corriger, remettre dans l'ordre et dans le devoir. Si vous manquez à votre devoir, je saurai bien vous morigéner. Il est familier.

MORIGÉNÉ, ÉE. participe

MORILLE. s. f. (On mouille les L.) Sorte de champignon qui vient au printemps, et dont le chapeau a de petites cavités comme une éponge ou comme un rayon de miel. Morille jaune. Morille fraîche. Un ragoût de morilles.

MORILLON. s. m. Sorte de raisin noir.

MORILLONS. s. m. pl. T. de Joaillerie. Émeraudes brutes qui se vendent à l'once.

MORION. s. m. Sorte d'armure de tête plus légère que le casque. Il n'avait qu'un simple morion. Ce mot n'est usité qu'en parlant De l'armure des anciens chevaliers.

MORION s'est dit aussi d'Une espèce de punition qu'on infligeait autrefois aux soldats, et qui consistait à les frapper sur le derrière avec la hampe d'une hallebarde, ou avec la crosse d'un mousquet. Donner le morion.

MORNE. adj.des deux genres Triste, sombre et abattu. Vous êtes bien morne aujourd'hui. Il était morne et silencieux, morne et pensif. Visage, air, oeil morne. Un morne silence.

Fig., Temps morne, Temps obscur et couvert.

Fig., Couleur morne, Couleur sombre, obscure, qui n'a ni vivacité ni éclat.

MORNE. s. m. On donne ce nom, en Amérique, Aux petites montagnes. Le morne au Boeuf. Le morne de la Calebasse. Les mornes de Saint-Domingue.

MORNÉ, ÉE. adj. Il s'est dit, dans les Tournois, Des armes dont le fer était émoussé, et qu'on appelait aussi Armes courtoises. Lance mornée.

MORNIFLE. s. f. Coup de la main sur le visage. Il lui a donné une mornifle. Il est populaire.

MOROSE. adj.des deux genres Chagrin, difficile, bizarre. C'est un homme très-morose. Caractère, humeur morose.

MOROSITÉ. s. f. Caractère morose. C'est un homme d'une morosité insupportable.

MORPHINE. s. f. T. de Chimie et de Pharmacie. Alcali végétal qui donne à l'opium sa vertu soporifique et calmante. Acétate de morphine. Sirop de morphine.

MORPION. s. m. Espèce de pou qui s'attache d'ordinaire aux endroits du corps où l'on a du poil, et qui adhère à la peau avec tant de force, qu'on a de la peine à l'en séparer. On fait périr les morpions avec de l'onguent mercuriel. On doit éviter de se servir de ce mot.

MORS. s. m. Assortiment de toutes les pièces de fer qui servent à brider un cheval, comme les branches, la gourmette, etc.

Il se dit, en particulier, de La pièce qui se

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