ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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laissent aucune nervure; il est assez vraissemblable,
par cette description, qu'Avicenne connoissoit le
turbith des Indes, mais il ne dit rien de son origine.
Selon Mésué, le turbith est la racine d'une plante qui
a les feuilles de la férule, & qui est pleine de lait. Il
établit deux turbiths, l'un sauvage, l'autre cultivé; &
parmi ces deux especes, il distingue le grand, le petit,
le blanc, le jaune & le noir; mais nous ne connoissons
point toutes ces différentes especes de turbith. Mésué
confond le turbith indien avec les autres racines des
plantes férulacées.
Actuarius nomme deux sortes de turbith, l'un noir,
& l'autre blanc, que quelques - uns croient être l'alypum
de Dioscoride; quelques modernes ont prétendu
que le tithymale myriéniste est le turbith des
Arabes; d'autres la scammonée d'Antioche; d'autres
les différentes especes de thapsie. Enfin Garzias a
trouvé dans l'orient la racine qu'on emploie tous les
jours dans les boutiques pour le véritable turbith, &
il en a découvert l'origine; ensuite le fameux Herman, qui a rendu des grands services à la Botanique,
a décrit très - exactement cette plante dans son catalogue
des simples du jardin de Leyde; c'est aussi sa description
que nous avons empruntée.
Le turbith est regardé comme un cathartique efficace
dans la paralysie, l'hydropisie & autres maladies
chroniques qui dépendent d'une surabondance
d'humeurs épaisses & gluantes; on le donne alors en
substance depuis quinze grains jusqu'à une drachme,
& en infusion depuis une drachme jusqu'à trois. Cependant c'est un remede suspect, parce qu'il excite
des coliques, qu'il agite l'estomac, & qu'il atténue
le corps par son action; on tâche en vain d'y remédier
par des aromatiques & des stomachiques, on
diminue par - là la force du remede, sans corriger ses
effets; on n'est guere plus avancé en le mêlant avec
d'autres purgatifs; mais ceux - la sont encore moins
sages qui l'ont banni de la pratique médicinale, pour
lui substituer les racines de certaines plantes dangereuses,
telles que sont le laserpitium foliis ovatis de
Morison, qui est le thapsia offic. apium pyrenaicum
thapsioe facie, I. R. H. thapsia, sive turbith garganicum,
semine latissimo, J. B. & semblables. Il est fou
d'employer ces sortes de racines qui onflamment par
leur acreté la gorge, l'estomac, les intestins, & qui
sont des purgatiss beaucoup plus violens que le turbith dont on peut du - moins tempérer l'action avec
sûreté. (D. J.)
Turbith
Turbith bâtard, (Botan.) c'est la même plante
que la thapsie. Voyez Thapsie. (D. J.)
Turbith
Turbith minéral, (Chimie & Mat. méd.) cette
préparation chimique destinée à l'usage médicinal,
est aussi connue sous le nom de précipité jaune, &
elle est un sel neutre formé par l'union de l'acide vitriolique
& du mercure, vraissemblablement au point
de saturation. Voyez Mercure Chimie, & Mercure Mat. méd. (b)
TURBOT, RHOMBE, ROMBO, BERTONEAU
TURBOT, RHOMBE, ROMBO, BERTONEAU, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) rhombus; poisson
de mer plat, dont Rondelet décrit deux especes;
il nomme la premiere turbot piquant, parce qu'il a
des aiguillons; & la seconde turbot sans piquans, parce
qu'il est lisse.
Le turbot piquant a la figure d'un lozange; il est
plat, il reste sur les côtés, il a des aiguillons sur toute
la face supérieure du corps, & principalement sur
la tête; cette face entiere est brune & a une ligne
noire qui s'étend depuis la tête jusqu'à la queue; la
face inférieure est blanche; les nageoires sont noires
en - dessus & blanches en - dessous; la bouche est grande
& dépourvue de dents; il y a deux barbillons à la
mâchoire inférieure; le corps est bordé de chaque
côté par une nageoire qui s'étend jusqu'à la queue;
elle a plus de hauteur au milieu de sa longueur qu'aux
extrémités. Ce poisson est fort goulu, il se nourrit
d'autres poissons & principalement de crabes; sa
chair est un peu dure & cassante, c'est un mets très délicat.
Les turbots de l'Océan sont plus grands que
ceux de la Méditerranée; on en pêche qui ont jusqu'à cinq coudées de longueur, quatre de largeur,
& un pié d'épaisseur.
Le turbot sans piquans ne differe du précédent qu'en
ce qu'il n'a point du tout d'aiguillons, & qu'il est plus
large & plus mince: on lui a donné le nom de barbut, dans plusieurs provinces de France, & celui de
pansar en Languedoc. Voyez Barbut. Rondelet,
hist. nat. des poissons, premiere partie, liv. XI. c. j. &
xj. Voyez Poisson.
Turbot
Turbot, (Littérat.) Juvenal, sat. 4. nous a laissé
la description très - vive & très - satyrique d'une
séance de conseil, qui fut tenue dans le château
d'Albe, au sujet d'un turbot monstrueux, dont on avoit
fait présent à Domitien. Falloit il couper ce poisson,
ou le faire cuire tout entier? c'est le sujet de la délibération;
il fut conclu que l'on feroit sur le champ
un vase de terre assez grand pour le contenir, & qu'il
y auroit désormais des potiers à la suite de la cour.
Heureux les Romains, si dans le conseil de l'empereur
on n'eût décidé que des questions de cette espece! mais on y condamnoit à mort les plus illustres
citoyens, ou l'on y prenoit la résolution de les faire
condamner par le sénat. Le château d'Albe, dit Tacite, étoit regardé comme la citadelle du tyran (Domitien) La Bleterie, sur Tacite. (D. J.)
TURCAE
TURCAE, (Géog. anc.) peuples qui habitoient aux
environs des Palus Méotides, selon Pomponius Méla, l. I. c. xix. & Pline, l. VI. c. vij. Dans l'histoire
Miscellanée, ils sont placés au voisinage des portes
caspiennes. Les Huns, dit Eustathe, sont appellés
Turcoe par les Perses. Il y en a qui veulent que ces
peuples soient les Cyrtii de Strabon. On convient assez
généralement qu'ils tiroient leur origine des Scythes qui habitoient les monts Caucase, entre le pont - Euxin & la mer Caspienne. Si nous nous en rapportons
à Chalcondyle, leur nom signifie des hommes qui
menent une vie champêtre. Ainsi ce pourroit être là l'origine
du nom des Turcs & des Turckmans. (D. J.)
TURCIE
TURCIE, s. f. (Archit. hydraul.) espece de digue
ou de levée en forme de quai, pour résister aux
inondations. On disoit autrefois turgie, du latin turgere, enfler, parce que l'effet de la turcie est d'empêcher
le débordement des eaux enflées. (D. J.)
TURCKHEIM
TURCKHEIM, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la haute Alsace, près de Colmar. Elle étoit
libre dans son origine. L'électeur palatin l'a possedée
par engagement, ensuite les archiducs d'Autriche;
enfin elle fut cedée à la France en 1648, & M. de
Turenne remporta sous ses murs une grande victoire
sur les impériaux, en 1675. (D. J.)
TURCKMANNS, les
TURCKMANNS, les, (Géog. mod.) peuple d'Asie, issus des anciens habitans du pays de Turquestan, qui quitterent leur pays natal vers le onzieme
siecle, dans l'intention de chercher fortune ailleurs.
Ils se partagerent en deux branches; les uns passerent
au nord de la mer Caspienne, & vinrent occuper la
partie occidentale de l'Arménie, qu'on appelle encore
présentement le pays des Turcomanns, & les peuples
qui l'habitent Turckmanns occidentaux. Les autres
tournerent tout droit au sud, & vinrent s'établir
vers les bords de la riviere d'Amu, & vers le rivage
de la mer Caspienne, où ils occupent encore un
grand nombre de bourgades & de villages dans le pays
d'Astrabath, & dans celui de Charasm. Ce sont là
les Turckmanns orientaux.
Les descendans des Turckmanns occidentaux se
rendirent fort puissans dans les siecles passés, & furent
même pendant quelque tems les maîtres de la
Perse, mais depuis que les sophis se sont emparés de
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