Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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un certain manége à la cour, qu'il faut savoir quand on veut y vivre. Je ne suis pas encore fait à ce manége. Voilà un étrange manége. Avoir du manége.

MÂNES. s. m. pl. Nom que les anciens donnaient à l'ombre, à l'âme des morts. Polyxène fut sacrifiée aux mânes d'Achille. Mânes plaintifs. Apaiser les mânes irrités. On ne l'emploie guère que poétiquement, et dans le style élevé.

MANGANÕSE. s. m. Métal cassant, très-oxydable, qui ne se trouve, pour ainsi dire, qu'à l'état d'oxyde dans la nature. Pour faire perdre au verre sa teinte verdâtre, on y mêle de l'oxyde de manganèse.

MANGEABLE. adj.des deux genres Qui peut se manger sans dégoût. Ce potage n'est pas bon, mais il est mangeable. Ce pain n'est pas mangeable.

MANGEAILLE. s. f. Ce qu'on donne à manger à quelques animaux domestiques, à des oiseaux. Faire de la mangeaille pour les poulets, leur donner de la mangeaille.

Il se dit aussi, familièrement, de Ce que mangent les hommes. Cet homme est toujours occupé de mangeaille. Il se crève de mangeaille.

MANGEANT, ANTE. adj. Qui mange. Il est bien buvant et bien mangeant. Je l'ai laissée bien buvante et bien mangeante. Il est familier.

MANGEOIRE. s. f. L'auge où mangent les chevaux, les bêtes de somme. Mettre de l'avoine dans la mangeoire.

Prov. et fig., Tourner le dos à la mangeoire, Faire tout le contraire de ce qu'il faudrait pour arriver au but qu'on se propose.

MANGER. v. a. Mâcher et avaler quelque aliment. Manger du pain, de la viande, du fruit. Cela est bon à manger. Les chevaux mangent du foin, de l'avoine. Le loup mange la brebis. Les limaçons, les chenilles mangent les fruits. Les souris, les rats mangent les grains. Les hirondelles mangent les moucherons, les vermisseaux.

Il s'emploie absolument et sans régime. Il n'a mangé d'aujourd'hui. Il n'a ni bu ni mangé. Il a été trois jours sans manger. Il ne mange pas, il dévore. Manger chaud. Manger froid. Donnez à manger à cet enfant.

Pop., Manger comme un chancre, Manger excessivement. On dit dans le même sens, Manger comme quatre.

MANGER signifie aussi, Prendre ses repas. Il ne mange jamais chez lui. Il mange tous les jours en ville. Manger chez le restaurateur, chez le traiteur, à l'auberge. Ils mangent ensemble. Salle à manger.

On mange bien chez cette personne, chez ce restaurateur, On y fait, on y prend de bons repas.

Donner à manger, Tenir une maison où les gens viennent prendre leurs repas en payant. Il donne à manger à la carte, à tant par tête. On le dit aussi D'un particulier qui reçoit à sa table ses amis, ses connaissances. C'est un avare qui ne donne jamais à manger, qui ne donne à manger à personne. Il donne souvent, il donne fort bien à manger.

MANGER signifie aussi, figurément, Consumer, dissiper en débauches ou en folles dépenses. S'il continue ses prodigalités, il mangera tout son bien. Il mange tout en chicane, en procès. Il y mangera dix mille écus, ou il en aura raison. Il a mangé deux belles terres. Il a mangé son patrimoine, sa légitime, la dot de sa femme. Il a mangé bien de l'argent. Il a mangé plus d'or qu'il n'est gros. Il a mangé sa fortune à plaider.

Fig., Ses valets le mangent, ses chevaux et ses chiens le mangent, les femmes le mangent, etc., Le ruinent, l'entraînent à d'excessives dépenses.

MANGER se dit, par extension, De plusieurs choses inanimées qui en consument, en absorbent, en rongent, en minent, en détruisent d'autres. Cette forge mange bien du charbon. Ces légumes mangent beaucoup de beurre. Ces fondations ont mangé bien de la pierre, bien du moellon. La rivière mange ses bords. Un ulcère lui mange la jambe. Le grand jour mange les couleurs. La rouille mange le fer. Les arbres mangent le suc de la terre. Un onguent, une poudre qui mange les chairs mortes. Cette écriture, cette planche gravée est mangée par le temps.

En Grammaire, Cette voyelle finale se mange, se dit D'une voyelle finale qui s'élide, qui ne se prononce pas, à cause de la rencontre d'une voyelle qui commence le mot suivant. En français, l'E muet se mange devant une voyelle.

Fam., Manger ses mots, la moitié de ses mots, se dit D'une personne qui ne prononce pas bien toutes les lettres ou toutes les syllabes des mots.

MANGER s'emploie dans un grand nombre de phrases figurées et proverbiales.

L'appétit vient en mangeant, Le désir de s'enrichir ou de s'élever augmente à mesure qu'on acquiert de la fortune ou des honneurs.

À petit manger bien boire, Quand on a peu à manger, on s'en dédommage en buvant beaucoup.

Qui se fait brebis, le loup le mange, Qui a trop de bonté, trouve bientôt des gens qui en abusent.

Les gros poissons mangent les petits, Les puissants oppriment les faibles.

Il a mangé son pain blanc le premier, Il a été dans un état heureux, agréable, et il n'y est plus.

Les loups ne se mangent pas, Les méchants s'épargnent entre eux.

Savoir bien son pain manger, Entendre bien ses intérêts.

Manger dans la main, Avoir des manières trop familières. Cet homme mange dans la main, vous mange dans la main.

Il a mangé son blé en vert, son blé en herbe, se dit De celui qui a dépensé d'avance son revenu, qui a mangé d'avance une succession.

Manger de la vache enragée, Éprouver beaucoup de privations et de fatigues. Il sait ce que c'est que la peine, il a mangé de la vache enragée. Ce jeune homme aime trop ses aises, il faudra qu'il mange de la vache enragée.

Ils se sont mangé le blanc des yeux, Ils se sont fortement querellés.

Je n'ai garde de lui en parler, il me mangerait le blanc des yeux, il me mangerait, Il se courroucerait, il me querellerait.

Manger quelqu'un, quelque chose des yeux, Regarder avidement quelqu'un, quelque chose.

Manger quelqu'un de caresses, Lui faire de grandes caresses.

Être joli à manger, être à manger, se dit D'un joli enfant, d'une jolie personne. On dit plus ordinairement, à croquer.

Il y a à boire et à manger, se dit D'une affaire qui peut avoir à la fois de bons et de mauvais résultats, d'une question qui présente deux sens, d'un ouvrage où il y a du bon et du mauvais.

Par menace, Je le mangerais avec un grain de sel, à la croque au sel, se dit D'un homme à qui l'on se croit très-supérieur en force.

Manger les crucifix, se dit en parlant Des hypocrites, des dévots outrés qu'on voit sans cesse agenouillés dans les églises.

MANGÉ, ÉE. participe

MANGER. s. m. Ce qu'on mange, ce dont on se nourrit. Son hôtesse lui accommode son manger. Un pâté de bécasses est un bon manger. Un manger délicat. Un friand, un délicieux manger. C'est un manger de roi. C'est le meilleur manger du monde.

Fam., Il en perd le boire et le manger, se dit De celui qui est entièrement absorbé par une occupation, par une passion.

Blanc-manger. Voyez BLANC.

MANGERIE. s. f. Action de manger, de manger beaucoup.

Il se dit figurément Des frais de chicane, des exactions. Les mangeries des gens de justice sont effroyables. C'est une pure mangerie. On invente tous les jours de nouvelles mangeries. Dans l'une et l'autre acception, il est populaire.

MANGE-TOUT. s. m. Celui qui consume son bien en folles dépenses. C'est un mange-tout. Il est familier.

MANGEUR, EUSE. s. Celui, celle qui est dans l'habitude de manger beaucoup. Il s'emploie ordinairement avec une épithète. C'est un grand mangeur, un beau mangeur, un petit mangeur. C'est une grande mangeuse. Il n'est pas mangeur.

Fig. et fam., Un mangeur, Un prodigue, un dissipateur.

Fig. et pop., Un mangeur de chrétiens, Un homme de chicane, un homme qui vexe, qui tourmente le peuple.

Fig. et pop., Un mangeur de charrettes ferrées, un mangeur de petits enfants, Un fanfaron.

Fam., Un mangeur de viandes apprêtées, de soupe apprêtée, Un fainéant qui aimerait à bien vivre, sans se donner la peine de gagner sa vie.

Fig. et fam., Un mangeur de crucifix, un mangeur d'images, un mangeur de saints, Un bigot, un faux dévot.

MANGEURE. s. f. (On prononce Manjûre.) Endroit mangé d'une étoffe, d'un pain, etc. Mangeure de vers. Mangeure de souris.

MANGOUSTE. s. f. Voyez ICHNEUMON.

MANGUE. s. f. Le fruit du manguier. On prépare avec les mangues des gelées et des compotes.

MANGUIER. s. m. Grand arbre à cime étalée, que l'on cultive aux Indes et au Brésil, et dont les fruits, verdâtres, jaunes, rouges ou noirs, sont savoureux et d'une odeur agréable.

MANIABLE. adj.des deux genres Qui est aisé à manier, qui se prête à l'action de

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