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Les outils & instrumens en usage chez les Tanneurs sont simples & en petit nombre, ils consistent en de grandes tenailles; un couteau, nommé couteau de riviere, qui sert à ébourer; un autre pour écharner qui differe peu du premier; de gros ciseaux, autrement nommés forces; le chevalet, & la quiosse ou queue.
Les tenailles ont au - moins quatre piés de longueur, & consistent en deux branches de fer d'égale grandeur, & attachées ensemble par une petite cheville de fer ou sommier qui les traverse à environ six à huit pouces loin de son extrémité; ce sommier est rivé aux deux côtés, & contient les deux branches, de façon qu'elles ne peuvent se disjoindre, mais elles y conservent la facilité de tourner comme sur un axe. Ces tenailles servent à retirer les peaux des plains pour les mettre égoutter sur le bord; quelquefois cependant on se sert de crochets, sur - tout lorsque les plains sont profonds; ces crochets ne sont autre chose qu'une petite branche de fer recourbée, & emmanchée au bout d'une perche plus ou moins longue.
Le couteau est une lame de fer, longue d'environ deux piés & demi, large de deux doigts, dont les deux bouts sont enchâssés chacun dans un morceau de bois arrondi & qui sert de poignée, de sorte que le tout ressemble assez à la plane dont se servent les Charrons. Ce couteau se nomme couteau de riviere, & sert à ébourer; on s'en sert d'un semblable pour écharner, avec cette différence néanmoins que le tranchant de ce dernier est fin, au lieu qu'il est fort gros dans le premier, & qu'il ne coupe point.
Les ciseaux ou forces servent à couper les oreilles & la queue aux peaux que l'on dispose à plamer; & c'est ce qu'on appelle l'émouchet.
Le chevalet est une piece de bois creuse & ronde, longue de quatre à cinq piés, disposée en talus, sur laquelle on étend les peaux, soit pour les ébourer, soit pour les écharner, soit enfin pour les quiosser.
La quiosse ou queue est une espece de pierre à aiguiser, longue de huit à dix pouces, & assez polie; on la fait passer sur la peau à force de bras du côté de la fleur qui est l'endroit où étoit le poil, pour achever d'ôter la chaux & les ordures qui pourroient être restées; & c'est ce qu'on appelle quiosser les cuirs. Le quiossage ne se fait, comme nous l'avons
Avec quelque attention que nous ayons traité cet article, il nous paroîtroit cependant imparfait si nous ne donnions ici le plan d'une tannerie avec toutes les commodités nécessaires à cette profession.
Pour construire donc une tannerie utile & commode,
sur - tout lorsqu'on n'est pas gêné par le terrein,
on doit la disposer en quarré long, comme,
par exemple, quarante piés sur cent vingt; d'un bout
au milieu de sa largeur doit se trouver la porte dont
l'ouverture soit suffisante pour le passage des charrois;
aux deux côtés de la porte, on fera élever un
bâtiment qui servira de logement au tanneur & à sa
famille. La hauteur du rez - de - chaussée seroit celle
de la porte sur laquelle regneroit le bâtiment; après
ce bâtiment doit être une grande cour, au milieu de
laquelle on conservera un chemin de la largeur au moins
de l'entrée, & qui réponde en droite ligne à
la porte. Aux deux côtés de cette voie, on pratiquera
des fosses à tan, que l'on peut multiplier selon
la force du tanneur, & le terrein dont il peut disposer.
Ces fosses à tan doivent porter environ cinq
piés de profondeur & cinq piés de diametre, ce qui
feroit par conséquent quinze piés cinq septiemes de
circonférence; il faudroit observer de ne point approcher
trop près de la voie ces fosses à tan aux deux
bouts de la cour, afin que les charrois eussent la liberté
de tourner. A la suite de la cour doit se trouver
un autre bâtiment, dont le rez - de - chaussée soit de
toute la largeur du terrein. La porte de ce bâtiment
doit être en face de la porte de la maison & aussi
large; c'est dans cette piece que l'on doit pratiquer
les plains qu'on peut disposer à droite & à gauche,
& multiplier également comme les fosses à tan, &
dont les dimensions sont à - peu - près les mêmes; enfin
il doit y avoir une porte sur le derriere qui réponde
à celle de l'entrée, afin d'aller à la riviere,
car il est très - à - propos, pour ne pas dire indispensable,
qu'elle passe en travers à environ dix à douze
piés de distance du mur du dernier bâtiment où sont
les plains. Le rez - de - chaussée de cet endroit doit ne
point être si élevé, afin que la chaleur se conserve
& se concentre. Au - dessus de ce rez - de - chaussée, on
peut bâtir des magasins, on en peut aussi pratiquer
dans la cour un de chaque côté, & adossé contre
l'endroit où sont les plains; ce qui évitoroit la peine
de monter les cuirs, de même que les tourbes ou
mottes qu'on peut également mettre dans la cour
sur des claies destinées à cet usage. Ces mottes se font
avec le tan qui sort des fosses, & sont d'un grand
secours l'hiver pour les pauvres qui n'ont pas les
moyens de brûler du bois. Une tannerie ainsi disposée
pourroit passer pour belle & commode; mais
comme souvent on ne peut disposer du terrein selon
ses desirs, on est alors obligé de se conformer aux
lieux, se contentant de se procurer par la façon de
distribuer, les commodités indispensablement nécessaires.
Voyez sur cet article les
Les Tanneurs préparent les cuirs de plusieurs manieres, savoir en coudrement ou plaqués, comme les peaux de boeufs qui servent à faire les semelles des souliers & des bottes.
Ils préparent les cuirs de vache en coudrement;
ces cuirs servent aux cordonniers pour les empeignes
des souliers & des bottes; aux selliers pour les
carosses & les selles, & aux bourreliers pour les
harnois des chevaux.
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