Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 456

PRENDRE se dit Des maladies qui se gagnent, dont on est atteint par la communication, par le mauvais air. Il a pris la fièvre d'un tel. Il a pris le mauvais air.

On dit, Prendre fin, pour dire, Finir, se terminer.

PRENDRE CHAIR se dit pour Engraisser, devenir charnu. Cet enfant n'a pas encore pris chair. Ce cheval commence à prendre chair. La jambe de cet homme, dont l'os étoit découvert, commence à prendre chair.

En parlant du Mystère de l'Incarnation, on dit, que Le Verbe a pris chair dans le sein de la Vierge.

Prendre sel, ou prendre son sel, se dit Des viandes que l'on sale.

PRENDRE RACINE se dit Des arbres & des plantes, pour dire, que Les racines s'étendent dans la terre, & qu'elles en tirent leur nourriture. Cet arbre a pris racine. Une telle plante ne sauroit prendre racine dans cette terre.

En parlant d'Un homme qui s'adonne fort dans une maison, & qui y est presque toujours, ou de celui qui demeure trop long-temps dans une visite, on dit figurément, qu'Il y a pris racine, qu'il semble qu'il y veuille prendre racine.

On dit aussi absolument, Prendre. Les arbres bien enracinés prennent infailliblement.

PRENDRE se dit absolument & neutralement, pour dire Prendre racine. La vigne ne prend pas d'ordinaire en Basse Normandie. Il y a des plantes qui prennent également en toutes sortes de pays; il y en a d'autres qui ne prennent qu'en de certaines terres.

On dit figurément, en parlant d'Une proposition que l'on fait à quelqu'un, & d'un ouvrage d'esprit, qu'Il a pris, ou qu'il n'a pas pris, pour dire, qu'Il a réussi, ou qu'il n'a pas réussi.

PRENDRE. v.n. Se dit De ce qui fait impression à la gorge, au nez. Ce ragoût, pour être trop épicé, prend à la gorge. Voilà une odeur trop forte, elle prend au nez.

En parlant De ce qui a contribué au bon ou au mauvais succès qu'un homme a eu dans quelque affaire, on dit, Bien lui a pris d'avoir été averti. Bien lui prit de s'être précautionné. Il lui prendra mal un jour de songer si peu à ses affaires. Dans cette acception, il se joint plus ordinairement avec la particule En. S'il ne se corrige, il lui en prendra mal. Après ce qu'il avoit fait, bien lui en prit d'avoir eu des protecteurs.

PRENDRE se dit encore en parlant De l'eau qui vient à se geler, à se glacer. Si le froid dure encore deux jours, la rivière prendra. On le dit de même en parlant Du lait qui se caille. Si on veut que le lait prenne, il faut.....

PRENDRE se joint aussi avec le pronom personnel, & il se dit en diverses acceptions. Ainsi en parlant d'Un homme qui, pour éviter quelque péril, s'attache à quelque chose, comme à un arbre, à une corde, &c. on dit qu'Il s'est pris à un arbre, &c. Un homme qui se noie se prend à tout ce qu'il peut.

On dit, que L'habit d'un homme s'est pris à un clou, à une épine, pour dire, qu'Il s'est accroché à un clou, à une épine. Il se dit aussi De la personne. Il s'est pris à un clou, & son habit à été déchiré.

On dit, Se bien prendre à une chose, pour dire, La faire adroitement, s'y conduire avec esprit. Il s'est bien pris à cette affaire. On dit au contraire, qu'On s'y est mal pris pour dire, qu'On n'a pas agi comme il falloit pour y réussir.

On dit, Se prendre à, pour dire, Commencer à. Il se prit à rire. Elle se prit à pleurer.

On dit, Se prendre de paroles avec quelqu'un, pour dire, Se quereller, avoir un démêlé. Ils se sont pris de paroles. Ils se sont pris de bec. Et, S'en prendre à quelqu'un, pour dire, Lui attribuer quelque faute, l'en quereller, vouloir l'en rendre responsable, lui en donner le tort. On s'en prend à moi, comme si j'avois fait la faute, comme si j'avois part à cette affaire. S'il y a du mal, prenez-vous-en à vous-même.

SE PRENDRE se dit aussi Des liqueurs qui viennent à se figer. L'huile se prend, quand on la tient en lieu frais. Le syrop se prendra bientôt.

On dit, Se prendre de vin, pour dire, S'enivrer. Se prendre d'amitié, se prendre d'aversion pour quelqu'un, pour dire, Concevoir de l'amitié, de l'aversion pour quelqu'un.

PRIS, ISE, participe Une ville prise. Un [alt p. 317] poisson pris dans les filets. Un homme pris de vin. Pris par les yeux, par le bec. Un homme pris pour dupe.

On dit d'Un homme à qui l'on a tendu quelque piége, Cet homme est simple, il y sera pris.

On dit proverbialement, C'est autant de pris sur l'ennemi, pour dire, que C'est toujours quelque avantage qu'on a remporté.

On dit, qu'Un homme est bien pris dans sa taille, pour dire, qu'Il est bien fait. Cet homme-là est petit, mais il est bien pris dans sa taille. Et en parlant d'Un cheval, on dit, qu'Il est bien pris, pour dire qu'Il a le corsage bien fait.

Au jeu du Lansquenet, on dit, qu'Un homme est pris, Quand sa carte a été faite. Il avoit carte double, & il a été pris le premier, il a été le premier pris.

On dit figurément & familièrement d'Un homme qui a la contenance triste & embarrassée, qu'Il a l'air d'un premier pris.

PRENEUR, EUSE. s. Celui, celle qui prend, qui est accoutumé à prendre. Preneur de taupes. Preneur d'oiseaux à la pipée. Preneur d'alouettes.

PRENEUR se dit aussi De celui qui est dans l'habitude de prendre quelque chose que ce soit, par la bouche, par le nez, &c. Preneur de tabac, preneur de café, &c.

Il se dit aussi chez les Notaires, De celui qui prend une chose à loyer, à ferme, soit une maison, soit une terre, &c. Le preneur s'engage à..... Le bailleur & le preneur.

En termes de Marine, on appelle Vaisseau preneur, Celui qui a fait une prise. En ce sens il est adjectif.

PRÉNOM. s.m. On appelle ainsi un nom qui chez les Romains précédoit le nom de famille. César portoit le prénom de Caius. Le prénom de Cicéron étoit Marcus.

PRÉNOTION. s.f. Terme didactique. Connoissance obscure & superficielle qu'on a d'une chose, avant que de l'avoir examinée.

PRÉOCCUPATION. s.f. Prévention d'esprit. Juger sans préoccupation. Quand il y a de la préoccupation, il est difficile de bien juger des choses.

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