ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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qu'on prenoit grossierement pour les seules causes des biens & des maux. Mais comme le progrès de l'opinion n'a plus de bornes, quand celles de la nature ont été franchies, la vénération religieuse qu'on avoit conçûe pour ces êtres, s'étendit blen - tôt avec plus de raison aux personnes qui en avoient inventé le culte. Cette vénération augmenta insensiblement dans la suite des âges par l'autorité & le relief que donne l'antiquité: & comme les hommes ont toûjours eu le penchant d'imaginer les dieux semblables à eux, rien ne paroissant à l'homme, dit Cicéron, si excellent que l'homme même, on en vint peu - à - peu à diviniser les inventeurs des cultes, & à les confondre avec les divinités mêmes qu'ils avoient accréditées. C'est ainsi que la même divinité fut honorée en plusieurs endroits de la terre sous différens noms, sous les noms qu'elle avoit portés, & les noms des personnes qui lui avoient élevé les premiers autels; & que Fauna fut confondue avec la terre, dont elle avoit introduit le culte en Italie. On l'appella aussi la bonne déesse, la déesse par excellence; parce que la terre est la nourrice du genre humain, & que la plûpart des êtres ne tirent leur dignité que du bien ou du mal que nous en recevons.

BONNE DE NAGE

BONNE DE NAGE, (Marine) se dit d'une chaloupe lorsqu'elle est facile à manier, & qu'elle passe ou avance bien, à l'aide des avirons seulement.

BONNE TENUE

BONNE TENUE, (Marine.) Voyez Tenue.

BONNEAU

BONNEAU, s. m. GAVITEAU, (Marine) c'est un morceau de bois ou de liége, & quelquefois un barril relié de fer, qui flottant sur l'eau, marque l'endroit où les ancres sont mouillées dans les ports ou rades. Voyez Bouée. (Z)

BONNE - ESPERANCE

* BONNE - ESPERANCE, (Mythologie) Bona spes, ce fut une divinité payenne. On trouve dans le recueil de Gruter une inscription qui porte:
               B O N A E  S P E I
                   A U G.  V O T.
                     P P.  T R.
soit que ce fût la même déesse que l'Espérance, à laquelle les Romains donnoient l'épithete de bonne, soit qu'on distinguât ces deux divinités.

Bonne - Esperance, (Cap de)

Bonne - Esperance, (Cap de) Géog. le Cap de bonne Espérance, est à la pointe méridionale de l'Afrique. Voyez Cap.

BONNESTABLE

BONNESTABLE, (Géog.) ville de France, dans le Maine, à 6 lieues du Mans; il s'y fait un grand commerce de blé. Long. 18. 5. lat. 48. 11.

BONNET

BONNET, s. m. (Hist. mod.) sorte d'habillement de peau ou d'étoffe, qui sert à couvrir la tête.

L'époque de l'usage des bonnets & des chapeaux en France se rapporte à l'an 1449; ce fut à l'entrée de Charles VII. à Roüen, qu'on commença à en voir: on s'étoit jusqu'alors servi de chaperons ou de capuchons. M. le Gendre en fait remonter l'origine plus haut; on commença, dit - il, sous Charles V. à rabattre sur les épaules les angles des chaperons, & à se couvrir la tête de bonnets, qu'on appella mortiers, lorsqu'ils étoient de velours, & simplement bonnets, s'ils étoient faits de laine. Le mortier étoit galonné; le bonnet au contraire n'avoit pour ornement que deux especes de cornes fort peu élevées, dont l'une servoit à le mettre sur la tête, & l'autre à se découvrir. Il n'y avoit que le roi, les princes, & les chevaliers qui portassent le mortier. Voyez Mortier.

Le bonnet étoit non - seulement l'habillement de tête du peuple, mais encore du clergé & des gradués, au moins fut - il substitué parmi les docteurs - bacheliers, &c. au chaperon qu'on portoit auparavant comme un camail ou capuce, & qu'on laissa depuis flotter sur les épaules. Pasquier dit qu'il faisoit anciennement partie du chaperon que portoient les gens de robe, dont les bords ayant été retranchés, ou comme su<cb-> perflus ou comme embarrassans, il n'en resta plus qu'une espece de calotte propre à couvrir la tête, qu'on accompagna de deux cornes pour l'ôter & la remettre plus commodément, auxquelles on en ajoùta ensuite deux autres; ce qui forma le bonnet quarré, dont il attribue l'invention à un nommé Patouillet; ils n'étoient alors surmontés tout au plus que d'un bouton au milieu, les houpes de soie dont on les a couronnés étant une mode beaucoup plus moderne, & qui n'est pas même encore généralement répandue en Italie. Le même auteur ajoûte que la cérémonie de donner le bonnet de maître - ès - arts ou de docteur dans les universités, avoit pour but de montrer que ceux qu'on en décoroit avoient acquis toute liberté, & n'étoient plus soumis à la férule des maitres; à l'imitation des Romains qui donnoient un bonnet à leurs esclaves lorsqu'ils les affranchissoient; d'où est venu le proverbe vocare servum ad pileum, parce que sur les médailles, le bonnet est le symbole de la liberté, dont on y représente le génie, tenant de la main droite un bonnet par la pointe.

Les Chinois ne se servent point comme nous de chapeaux, mais de bonnets d'une forme particuliere, qu'ils n'ôtent jamais en saluant quelqu'un, rien n'étant, selon eux, plus contraire à la politesse que de se découvrir la tête. Ce bonnet est différent selon les diverses saisons de l'année: celui qu'on porte en été a la forme d'un cone renversé; il est fait d'une espece de natte très - fine & très - estimée dans le pays, & doublé de satin; on y ajoûte au haut un gros floccon de soie rouge qui tombe tout autour, se répand & flotte de tous côtés, ou ne houpe de crin d'un rouge vif & éclatant, qui résiste mieux à la pluie que la soie, & fait le même effet. Le bonnet d'hyver est d'une sorte de peluche, fourré & bordé de zibeline, ou de peau de renard avec les mêmes agrémens que ceux des bonnets d'été; ces bonnets sont propres, parans, du prix de huit ou dix écus, mais du reste si peu profonds, qu'ils laissent toûjours les oreilles découvertes.

Le bonnet quarré est un ornement, & pour certaines personnes la marque d'une dignité, comme pour les membres des universités, les étudians en philosophie, en droit, en medecine, les docteurs, & en général pour tous les ecclésiastiques séculiers, & pour quelques réguliers. Il y a plusieurs universités où l'on distingue les docteurs par la forme particuliere du bonnet qu'on leur donne en leur conférant le doctorat; assez communément cette cérémonie s'appelle prendre le bonnet. Il falloit que les bonnets quarrés. fussent en usage parmi le clergé d'Angleterre, long - tems avant que celui de France s'en servît; puisque Wiclef appelle les chanoines bifurcati, à cause de leurs bonnets; & que Pasquier observe que de son tems, les bonnets que portoient les gens d'église, étoient ronds & de couleur jaune. Cependant ce que nous avons ci - dessus rapporté d'après lui, prouve que ce fut aussi de son tems que leur forme commença à changer en France.

Le bonnet d'une certaine couleur a été & est encore en quelques pays une marque d'infamie. Le bonnet jaune est la marque des Juifs en Italie; à Luques, ils le portent orangé; ailleurs on les a obligés de mettre à leurs chapeaux des cordons ou des rubans de cette couleur. En France les banqueroutiers étoient obligés de porter toûjours un bonnet verd. Voyez plus bas Bonnet verd.

Dans les pays d'inquisition, les accusés condamnés au supplice sont coiffés le jour de l'exécution, d'un bonnet de carton en forme de mitre ou de pain de sucre, chargé de flammes & de figures de diables: on nomme ces bonnets, carochas. Voyez Carocha & Inquisition.

La couronne des barons n'est qu'un bonnet orné de perles sur ses bords; & celles de quelques princes

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