Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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d'avoir des enfants, causée ou par un vice de conformation, ou par quelque accident. On ne l'emploie qu'en parlant D'un homme. L'impuissance ne peut être alléguée pour désavouer un enfant.

IMPUISSANT, ANTE. adj. Qui a peu ou point de pouvoir. Ses ennemis sont faibles et impuissants.

Il se dit plus ordinairement en parlant Des choses, et signifie, Incapable de produire aucun effet. Une haine impuissante. Une colère impuissante. Faire des efforts impuissants.

IMPUISSANT se dit particulièrement De celui qui, par vice de conformation ou par quelque faiblesse naturelle ou accidentelle, est incapable d'engendrer. Cet homme est impuissant.

Il est aussi substantif, dans cette dernière acception. C'est un impuissant. Épouser un impuissant.

IMPULSIF, IVE. adj. Qui agit par impulsion. Force impulsive.

IMPULSION. s. f. Action de pousser; mouvement ou tendance à se mouvoir qu'un corps donne à un autre par le choc. La plus légère impulsion suffit pour mettre cette machine en mouvement. Force d'impulsion. Un corps qui résiste à l'impulsion d'un autre. Une boule qui conserve longtemps l'impulsion qu'elle a reçue d'une autre.

Il se dit figurément, au sens moral, de L'action d'exciter, d'encourager, de pousser quelqu'un à faire une chose. Il agit ainsi par l'impulsion d'un tel. Obéir, céder aux impulsions d'une volonté étrangère. Suivre l'impulsion de son coeur. Les esprits reçurent une impulsion nouvelle. Cette première découverte donna l'impulsion. Une impulsion irrésistible.

IMPUNÉMENT. adv. Avec impunité, sans subir aucune punition. Voler impunément. Commettre impunément des crimes. C'est un homme qu'on n'offense point impunément. On ne m'attaquerait pas impunément.

Il s'applique souvent À des actions qui ne sont ni des crimes, ni des fautes, mais desquelles il peut résulter quelque préjudice, quelque désagrément ou inconvénient pour celui qui les fait. Cet homme est d'une santé délicate, il ne saurait faire impunément le moindre excès, Il ne peut faire le moindre excès sans en être incommodé.

IMPUNI, IE. adj. Qui demeure sans punition. Il est principalement d'usage en parlant Des offenses, des fautes, des crimes. Cette faute ne demeurera pas impunie. Dieu ne laisse point les crimes impunis. Cette action est trop noire pour demeurer impunie.

Il se dit quelquefois aussi Des personnes. Le coupable ne restera pas impuni.

IMPUNITÉ. s. f. Manque de punition, exemption d'une peine méritée. L'impunité enhardit au crime. Les coupables puissants se flattent de l'impunité. Ils sont assurés de l'impunité. Faire le mal avec impunité.

IMPUR, URE. adj. Qui n'est pas pur, qui est altéré ou corrompu par quelque mélange, qui est souillé. Séparer les métaux de ce qu'ils ont d'impur. Ce qu'il y avait d'impur est demeuré au fond. Des eaux impures.

Fig., Être né d'un sang impur, Être né de parents flétris, connus pour de malhonnêtes gens. On dit dans un sens analogue, Une race impure.

IMPUR signifie aussi, figurément, Impudique. Dans ce sens, il ne se dit guère Des personnes. Des pensées impures. Une vie impure. Des moeurs impures. Des amours impures.

IMPURETÉ. s. f. Ce qu'il y a dans une chose d'impur, de grossier et d'étranger, qui l'altère ou la gâte. L'impureté de l'air cause plusieurs maladies. L'impureté des métaux se corrige par le feu. Il faut filtrer les liqueurs pour en ôter toutes les impuretés. L'impureté des humeurs.

Impureté légale, La souillure que l'on contractait en faisant certaines choses défendues par la loi des Juifs.

IMPURETÉ se prend, figurément, pour Impudicité. Vivre dans l'impureté: Être plongé dans l'impureté. C'est un monstre d'impureté. Le péché d'impureté. Le démon de l'impureté.

Il se dit également, au pluriel, pour Obscénités. Ce livre est rempli d'impuretés.

IMPUTABLE. adj. des deux genres Qui peut, qui doit être attribué à. Ces abus ne sont imputables qu'à la mauvaise administration du pays.

Il se dit aussi, en termes de Finances et de Jurisprudence, D'une somme, d'une valeur qui doit être imputée sur une autre. Cette somme est imputable sur telle autre. Les avantages qu'un père fait à ses enfants sont imputables sur la quotité disponible.

IMPUTATION. s. f. Action d'attribuer à quelqu'un une chose digne de blâme. Il se dit surtout Des accusations faites sans preuve. Il s'est justifié des imputations dont ses ennemis l'avaient chargé. Voilà une imputation faite bien légèrement. Imputation fausse, calomnieuse. Cette imputation n'est pas fondée.

IMPUTATION en termes de Finances et de Jurisprudence, signifie, Compensation d'une somme avec une autre; déduction d'une somme, d'une valeur sur une autre. L'imputation des sommes payées pour intérêt d'un capital qui n'en doit point produire, se fait sur le capital même. Un débiteur de plusieurs dettes peut, lorsqu'il fait un payement partiel, en déterminer lui-même l'imputation. Faire, sur la quotité disponible, l'imputation d'un avancement d'hoirie.

IMPUTATION en termes de Théologie, se dit de L'application des mérites de JÉSUS-CHRIST. Les protestants prétendent que nous ne sommes justifiés que par l'imputation des mérites de JÉSUS-CHRIST.

IMPUTER. v. a. Attribuer à quelqu'un une chose digne de blâme. On lui impute une mauvaise action. On lui impute d'avoir voulu corrompre des témoins. On lui impute que, loin d'avoir cherché à calmer les esprits, il les a encore plus irrités. Ne m'imputez pas cette faute. Il ne m'en faut rien imputer. On vous impute un ouvrage anonyme. Les deux partis s'imputaient réciproquement les malheurs publics. Vous ne pouvez l'imputer qu'à vous-même. On ne doit imputer cela qu'au hasard.

Imputer à crime, à faute, à blâme, à déshonneur, Trouver, dans une action qui paraît indifférente ou même louable, de quoi blâmer celui qui l'a faite, et lui en faire un reproche, un crime.

Imputer à négligence, à oubli, etc., Attribuer à négligence, à oubli, etc.

IMPUTER en termes de Finances et de Jurisprudence, signifie, Appliquer un payement à une certaine dette; déduire une somme, une valeur sur une autre, l'en rabattre. Les payements que fait un débiteur doivent être imputés sur les dettes qui lui sont le plus à charge. L'avancement d'hoirie doit être imputé, doit s'imputer sur la quotité disponible.

IMPUTER en termes de Théologie, se dit en parlant De l'application des mérites de JÉSUS-CHRIST. Les mérites de JÉSUS-CHRIST nous sont imputés.

IMPUTÉ, ÉE. participe

IN Particule qui entre, avec deux sens différents, dans la composition de beaucoup de mots: 1° comme In en latin, elle signifie Dans; 2° comme In et Non en latin, et comme l'A privatif en grec, elle emporte une idée négative ou privative.

Elle a le premier sens dans les mots Imbu, incorporer, induire, importer, etc.

Elle conserve ce même sens, avec la prononciation latine ou italienne, dans plusieurs expressions empruntées du latin et de l'italien, comme In manus, In naturalibus, In pace, In reatu, In statu quo, In petto, etc. Voyez MANUS (IN), NATURALIBUS (IN), PACE (IN), REATU (IN), ETC.

On dit, en termes d'Imprimerie et de Librairie, In-folio, in-quarto, in-octavo, in-douze, in-seize, in-dix-huit, etc., pour dire que La feuille de papier est pliée en deux, en quatre, en douze, etc.; et, dans ces expressions, In prend le son nasal; mais il le perd dans In-octavo, qui se dit de La feuille pliée en huit: on prononce I-noctavo, à cause de la voyelle initiale du second mot.

Dans un très-grand nombre de mots français, la particule In donne au mot composé un sens contraire à celui du mot simple. Elle est alors négative ou privative: Docile, indocile; patient, impatient; habile, inhabile; supportable, insupportable; etc.

On trouvera dans le Dictionnaire les mots ainsi composés que l'usage a autorisés. Il y en a beaucoup d'autres que des écrivains ont faits et employés, mais qui ne sont pas généralement admis.

Dans les mots composés dont le simple commence par L, M, ou R, l'I garde le son qui lui est propre, et l'n s'assimile à la consonne dont elle est suivie: Illettré, illimité; immédiat, immortel; irréligieux, irrévérence.

Quand le simple commence par une des labiales B ou P, l'n se change en m, et l'on prononce Èn, avec le son nasal: Imbu, importer (Ènbu, ènporter).

Partout ailleurs, In reste tel qu'il est; et il prend toujours le son nasal devant les consonnes, à moins que le simple ne commence par N: Inattendu, inutile (prononcez, I-nattendu, i-nutile); Indocile, injuste (prononcez, Èn-docile, èn-juste); Inné,innombrable (prononcez, I-nné, i-nombrable).

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