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Les qualités servent à distinguer les choses; celles qui sont constantes, comme les qualités primitives, & les dérivatives nécessaires distinguent les objets en tout tems; mais les contingentes ne peuvent servir à cet usage que dans un tems donné. Les choses semblables ont les mêmes qualités, & celles qui ont les mêmes qualités sont semblables.
La doctrine des qualités a fort occupé les scholastiques qui l'ont embarrassée de leurs subtilités, & qui aux qualités réelles avoient joint une foule de qualités occultes, qu'ils employoient pour l'explication des phénomenes, & que la saine philosophie n'a peut - être pas encore entierement extirpées.
Aristote s'en est tenu à la notion confuse du vulgaire sur ce sujet, en définissant la qualité, ce que nous répondons à la question, qu'elle est une telle chose? Quelques scholastiques ont fait leurs efforts pour rendre cette notion plus distincte, en indiquant les marques qui dénotent les qualités dans les sujets; mais leur esclavage n'a pas permis qu'ils fissent de grands progrès dans cette analyse. Cependant cette notion confuse adoptée par l'école, n'est point en contradiction avec la notion distincte que notre définition en donne; & toutes les qualités que nous comprenons sous cette définition, peuvent servir de réponse à la question, quel est ce sujet? Tout ce qu'il y a, c'est que la voie vulgaire ne sert qu'à distinguer confusément les objets dans la pratique; au lieu que la route philosophique en enseigne les distinctions à priori.
Quelque ignorans que nous soyons sur la nature des qualités, & sur la maniere dont elles operent, nous connoissons cependant les lois qui reglent leur plus ou moins d'intensité. Le docteur Keill démontre que toute qualité qui se propage en rond, c'est - à - dire du centre à la circonférence, comme la lumiere, la chaleur, le froid, l'odeur, &c augmente ou diminue d'efficacité en raison doublée des distances du centre de sa radiation, c'est - à - dire du point d'où elle part.
Soit, par exemple (
Il faut cependant remarquer (& cette observation est très - importante) que la proposition précédente n'a lieu que pour les qualités qui se propagent par émission de particules, & non par pression dans un fluide. Pour éclaircir ceci, soit par exemple A un point lumineux qui envoie des rayons suivant A e, A f, A g, &c. lesquels rayons soient composés de particules émanées du corpuscule A. Il est certain
Au reste pour prouver que l'action d'une qualité est en raison inverse du quarré de la distance, il faut supposer que cette qualité se propage par des corpuscules qui partent d'un centre; autrement la prétendue démonstration est illusoire. C'est done une absurdité que de vouloir démontrer de cette maniere la loi de l'attraction. Il faut uniquement la démontrer par les phénomenes; surquoi voyez mes élémens de Philosophie, pag. 237 & 238. (O)
M. Newton avance comme une regle infaillible en
Physique, que les qualités des corps qui ne sont point
susceptibles d'augmentation ou de diminution d'intensité,
& qui se trouvent dans tous les corps où on
en a fait l'expérience, doivent être censées des qualités
générales de tous les corps. Voyez
Cet illustre philosophe prétend 1°. que ces qualités dépendent en partie de l'influence des agens extérieurs, autant que des affections primitives de la matiere; ensorte qu'il y a plusieurs corps, qui en certains cas n'agissent point, à moins que d'autres n'agissent sur eux; & quelques - uns agissent seuls ou principalement, selon que ces agens universels & inconnus agissent sur eux. 2°. Qu'il y a des corps subtils répandus dans l'univers, prêts à s'insinuer dans les pores de tout corps disposé à recevoir leurs impressions, ou qui agissent sur lui de quelque autre maniere, surtout si d'autres causes inconnues, & les lois établies dans l'univers, concourent avec eux. 3°. Qu'un corps par le changement méchanique de sa contexture, peut acquérir ou perdre la disposition de recevoir l'impression de ces agens inconnus, comme aussi de diversifier leurs opérations par la diversité de sa contexture.
Boyle propose quelques conjectures sur ce sujet:
par exemple, 1°. qu'outre ces corpuscules nombreux
& uniformes dont l'éther est composé, selon
quelques philosophes modernes, il y a peut - être d'autres
especes de corpuscules propres à produire de
grands effets, lorsqu'ils trouvent des corps sur lesquels
ils puissent agir. 2°. Il rapporte que plusieurs
personnes ont cru remarquer des écoulemens de parties
pestilentielles dans l'air avant qu'elles agissent
comme telles sur les corps. 3°. Il soupçonne que des
changemens considérables quoique lents, dans les
parties intérieures de la terre, peuvent produire des
variations dans la boussole. 4°. Il suppose que le flux
& le reflux de la mer, & d'autres phénomenes semblables,
sont produits par quelque loi générale de la
nature; ou que le tourbillon planétaire du soleil &
de la lune n'y a pas peu de part. 5°. Que toutes les
maladies épidémiques doivent peut - être leur origine
à l'influence de ces globes qui roulent autour de
nous, & à celle des écoulemens terrestres de notre
globe. 6°. Il doute que ce qu'on regarde comme les
lois générales des phénomenes, & qui supposent une
constitution constamment uniforme, & un cours réglé
dans les choses; il doute, dis - je, que ces lois
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