Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

RECHERCHE Accueil Aide-Mémoire GEHLF ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page A407a


  Peut-être, avant la nuit, l'heureûse Bérénice,
  Change le nom de Reine au nom d'Impératrice.
      Racine.
On aurait dû dire en prôse: Change le nom de Reine en celui d'Impératrice; mais cela n'acomodait pas les Poètes, ni même le Prosateur cité. — L'Acad. met un exemple qui paraît les autoriser. "Dans le Sacrement de l'Eucharistie, le pain est changé au Corps de Notre-Seigneur: mais c'est une phrâse consacrée, et qui ne fait pas loi pour le langage commun. D'Oliv. — Avec rien on met aussi la prép. à, mais c'est dans un aûtre sens, et sans conséquence pour d' aûtres mots: "La vûe de la flote Portugaise ne changea rien à l'ardeur que la ville de Brava marquoit pour se défendre.
   Rem. 3°. * Corneille a dit, changer des persones, pour faire changer.
   Oui, l'honeur qu'il me rend ne fait que m'outrager;
   Je vous le dis encor: rien ne peut me changer.
       Pertharite.
  CHANGER est aussi neutre. Il se dit, et dans le propre, et dans le figuré, ou avec la prép. de: Changer d'habit, de chemise, de logis, de place; changer de résolution, d'avis, de sentiment, d'opinion; changer de vie, de langage, de couleur, de visage, etc.; ou absolument et sans régime: "Le vent change, le temps a changé; tout change dans ce monde.
   Rem. 1°. Changer ne s'emploie plus au réciproque. On ne dit plus, se changer; on dit, changer, neutre. "Toutes les fois que je me représente le visage de l'une ou de l'aûtre, il m'est avis que celui de ma fortune se change. Voit. On dirait aujourd'hui, que celui de ma fortune change. Ainsi, l'on dit de quelqu'un qui montre sur son visage le trouble ocasioné par quelque discours, par quelque évènement, qu'il change de visage, et non pas, que son visage se change. — * Se changer, dit le Rich. Port., changer d'air et de manières, prendre un autre air. Au figuré, se convertir. Cela n'est pas de l'usage actuel: on dit, être changé, ou, changer.
   Rem. 2°. * En certaines Provinces, on dit, se changer, pour, changer de chemise, de linge. C' est un barbarisme. "Je demandai une chemise pour me changer. Anon. Je ne sais de quelle Province est cet Auteur. — "Il se démène, se met en nage, en répétant cette maudite casaque: on est obligé de le recoifer

Next page


Copyright © 2003 GEHLF, École normale supérieure de Paris
Direction scientifique du projet: Philippe Caron (Université de Poitiers) et Louise Dagenais (Université de Montréal)
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.