LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
Previous page
Page 53
Il signifie figurément, Rendre mou
et efféminé. La volupté amollit le couroge.
La retraite fortifie la vertu, la vie
dissipée l'amollit.
S'amollir
S'amollir. v. pron. Devenir mou.
Au figuré, S'affoiblir, devenir efféminé.
Amolli, ie
Amolli, ie. participe.
AMOLLISSEMENT
AMOLLISSEMENT. s. m. Action
de mollir. L'amollissement de la cire.
Il se dit aussi au figuré. L'amollissement
du courage.
AMONCELER
AMONCELER. v. act. J'amoncelle,
j'amoncelois. Entasser, mettre plusieurs
choses en un monceau. Amonceler des
gerbes. Amonceler plusieurs choses les
unes sur les autres.
Amoncelé, ée
Amoncelé, ée. participe.
AMONT
AMONT. adv. Terme usité parmi
les Mariniers, pour signifier, Le côté
d'où vient la rivière, et qui n'est
d'usage qu'avec la particule De. Le
Pays d'amont. Ces bateaux, ces marchandises
viennent d'amont, du Pays d'amont.
Le vent est d'amont, vient d'amont.
On appelle Vent d'amont, Le vent du
Levant.
AMORCE
AMORCE. s. f. Appât pour prendre
des poissons, des oiseaux, etc. Prendre
des poissons avec de l'amorce. De l'amorce
pour prendre des oiseaux.
Amorce
Amorce, se dit aussi De la poudre
à canon, qu'on met dans le bassinet
d'une arme à feu, ou à des fusées, à
des petards, etc. pour y faire prendre
feu. L'amorce est bien sèche. L'amorce
est mouillée. L'amorce ne prendra pas.
Amorce
Amorce, se dit figurément De tout
ce qui attire la volonté, en flattant les
sens ou l'esprit. Les amorces de la volupté.
Douce amorce. Dangereuse amorce.
Il n'y a point de plus grande amorce pour
les âmes basses que l'intérêt. La gloire a
de puissantes amorces pour les grandes
âmes. Éviter l'amorce, y résister. Ne vous
laissez pas prendre à l'amorce.
AMORCER
AMORCER. v. a. Garnir d'amorce.
Amorcer un hameçon. Amorcer un pistolet,
une arquebuse, un canon, une
fusée.
Amorcer
Amorcer, signifie aussi, Attirer
avec de l'amorce. Amorcer des poissons,
des oiseaux.
Amorcer
Amorcer, signifie aussi figurément,
Attirer par des choses qui flattent
l'esprit ou les sens. Se laisser amorcer
au gain. Être amorcé par le gain.
C'est une femme adroite et dangereuse,
qui sait les moyens d'amorcer les gens.
Il s'est laissé amorcer par une apparence
de gloire.
Amorcé, ée
Amorcé, ée. participe.
AMORÇOIR
AMORÇOIR. sub. mas. Outil dont
l'artisan qui travaille en bois se sert
pour commencer les trous.
AMORTIR
AMORTIR. v. a. Rendre moins ardent,
moins âcre, moins violent. Ce
feu est trop grand, il faut y jeter de l'eau
pour l'amortir. Amortir le feu d'un érésipèle avec de l'oxycrat.
Il signifie aussi, Faire perdre de la
force à un coup de feu. Il reçut un coup
de pistolet de fort près, mais son buffle
amortit un peu le coup. On dit aussi
S'amortir. Le coup s'amortit contre son
buffle, c'est -- à -- dire, Devint moins
fort.
Il se dit aussi Des herbes, et il
signifie pareillement, Leur faire perdre
de leur force, de leur âcreté, et
de leur amertume; et il s'emploie plus
ordinairement au neutre. Faire amortir
des herbes dans de l'eau bouillante.
Faire amortir du cerfeuil sur une pelle
rouge.
Il se dit aussi Des couleurs, pour
dire, En affoiblir la vivacité, l'éclat,
par des couleurs sombres, ou autrement.
Ces couleurs sont un peu trop
vives et trop dures, il faut les amortir
par d'autres plus douces. Le temps amortit
les couleurs, et rend la peinture plus
tendre.
On dit figurément, Amortir les feux,
les ardeurs de la jeunesse, amortir les
passions, pour dire, Rendre les passions
moins vives, moins ardentes.
Le temps amortit les feux de la jeunesse.
Amortir
Amortir, se dit encore en matière
de rentes, de pensions, et de devoirs
de fief, et signifie, Les éteindre, les
faire cesser, en payant ou en dédommageant
ceux à qui l'on doit. Amortir
une dette, une rente, une pension. Amortir
une redevance de fief.
Amortir
Amortir. v. a. Terme de Pratique.
Payer le droit d'amortissement. Amortir
une terre, un fief, une maison.
On dit aussi, que Le Roi amortit une
terre, pour dire, qu'Il permet que des
gens de mainmorte possèdent une
terre en fief, etc.
Amorti, ie
Amorti, ie. participe.
AMORTISSEMENT
AMORTISSEMENT. s. m. Terme
de Pratique, qui signifie, Le rachat,
l'extinction d'une pension, d'une rente,
d'une redevance de fief. Faire l'amortissement
d'une rente, d'une pension.
Il se dit aussi en parlant d'Un domaine,
d'une terre, d'un héritage qui
tombe en mainmorte; et il signifie,
La faculté que donne le Roi pour faire
que des gens de mainmorte puissent
devenir propriétaires. Ces Religieux ont
payé tant pour l'amortissement d'une
telle terre. Ils ont payé les droitsd'amortissement.
Amortissement
Amortissement, est aussi un terme
d'Architecture, et signifie, Ce qui termine,
ce qui finit le comble d'un bâtiment.
On a mis pour amortissement
à ce pavillon un vase de fleurs. Mettre
des figures, des vases, des trophées audessus
d'une corniche, pour servir d'amortissement.
Mettre un vase, mettre une
figure en amortissement.
Il se dit aussi, par extension, De
tous les ornemens qui terminent des
ouvrages d'Architecture.
AMOUR
AMOUR. s. m. Sentiment par lequel
le coeur se porte vers ce qui lui paroît
aimable, et en désire la possession.
Amour extrême. Amour ardent. Amour
violent. Amour honnête. Amour légitime.
Amour naissant. Amour divin. Amour
céleste. Amour terrestre. Amour charnel.
Amour désordonné. Amour sensuel.
Amour conjugal. Amour paternel. Amour
filial. Amour réciproque. Amour mutuel.
Avoir de l'amour, donner de l'amour,
inspirer de l'amour. Être transporté d'amour,
brûler d'amour, languir d'amour,
mourir d'amour.
On dit proverbialement, en parlant
d'Une femme laide, que C'est un vrai
remède d'amour.
Amour--propre
Amour--propre. C'est, dans le sens
absolu et philosophique, Le sentiment
d'amour et de préférence que chacun a
pour soi, et qui est naturel à tous les
hommes: mais dans le sens le plus ordinaire,
il se prend pour ce même sentiment
porté jusqu'à l'excès qui en fait
un vice; et il signifie, L'opinion trop
avantageuse qu'un homme a de luimême,
le trop grand attachement à
tout ce qui lui est personnel. Cet homme
a bien de l'amour--propre. Il est pétri
d'amour--propre. Il y a bien de l'amourpropre
dans cette prétention, dans ce langage,
dans cette réponse. L'amour--propre
est le mobile de toutes ses actions.
Amour de soi
Amour de soi. On le distingue de
l'Amour--propre, en ce qu'il n'exprime
que l'attachement de chacun à son
existence et à son bien--être; sèntiment
légitime et nécessaire à tous les
hommes: il ne devient vicieux que
par l'excès; et alors c'est, ou l'Amourpropre,
ou l'Égoïsme. L'amour de soi
a été donné à chacun pour veiller à sa
conservation.
Le mot d'Amour, étant joint avec
divers termes précédés des particules
de, du, des, reçoit divers sens, selon
les divers termes avec lesquels il se
joint.
Quelquefois la particule de, dont il
est suivi, sert à marquer de quelle
nature est l'amour dont on parle; et
en ce sens on dit, Amour de bienveillance,
amour de charité, amour de concupiscence,
amour d'intérêt, pour dire,
Un amour qui procède d'un sentiment
de bienveillance, de charité, d'intérêt,
etc.
Quelquefois les particules de, du,
des, servent à marquer l'objet vers
lequel l'amour se porte. Ainsi on dit,
L'amour de Dieu, l'amour du prochain,
l'amour des créatures, l'amour de la liberté,
l'amour de la Patrie, l'amour de
la gloire, l'amour de la vertu, l'amour
des richesses, l'amour des plaisirs, l'amour
des femmes, pour dire, L'amour
qu'on a pour Dieu, pour le prochain,
pour les créatures, etc.
Quelquefois aussi ces mêmes particules
servent à marquer le sujet dans
lequel l'amour réside. Ainsi on dit,
L'amour des pères, l'amour des mères,
l'amour des peuples, etc. pour, L'amour
qu'ont les pères et les mères, l'amour
qu'ont les peuples, etc.
M'amour, expression familière, autrefois
employée pour, Mon amour,
et qui a vieilli.
On dit proverbialement, Tout par
amour, et rien par force, pour marquer
qu'On réussit toujours plus par la voie
de douceur que par toute autre; et,
Pour l'amour de Dieu, pour dire, Dans
la seule vue de plaire à Dieu. Faire
quelque chose pour l'amour de Dieu. On le
dit de plus dans le discours familier,
pour dire, Sans aucun intérêt. On lui
a donné cela pour l'amour de Dieu. On
dit ironiquement, Comme pour l'amour
de Dieu, pour exprimer Une chose
faite ou donnée à contre--coeur, ou un
don fait avec lésinerie. On lui en a donné
comme pour l'amour de Dieu. On dit
aussi, Pour l'amour de quelqu'un, pour,
Par la considération, par l'estime, par
Next page
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.