Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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   "S'il n'a qu'à jurer, il a gagné son procès. — Corneille employant ce tour de phrâse, construit singulièrement l'adjectif et le substantif.
   Leur plus haute valeur n'a d'effets que sinistres.
       Attila.
Cette construction est barbare, même en vers. Il falait dire, n'a que des effets sinistres, ou de sinistres effets; le que doit toujours précéder le régime. = Avoir pour, regarder comme: "Quoiqu'ils ne se fussent pas encôre déclarés, on ne laissoit pas d'avoir leur fidélité pour suspecte. Vertot. = En avoir: "À~ qui en avez-vous? à qui voulez-vous parler ou, plus souvent, contre qui êtes-vous en colere? "À~ qui en ont-elles donc? ....Il semble qu'elles s'égorgent. Mariv. Il régit quelquefois la prép. de devant les verbes. "À~ qui en avez vous, de parler si mal de votre esprit, qui est si beau et si bon? SEV. Pourquoi, à quel propos parlez-vous si mal? etc.
   5°. Avoir une femme; être arrangé avec elle, est une expression nouvelle, qui a un mauvais sens. "Si l'on est persuadé que vous m'avez, il n'y a plus aucun remède: le public n'en revient pas. Marm. — Dans le Méchant, Cléon dit à Valère:
   Et Cidalise! Val. Mais... Cl. C'est une affaire faite:
   Sans doute vous l'avez........
   Val. Mais, cela fût-il vrai, le dirois-je?
   Cl. Ayez-la; c'est d'abord ce que vous lui devez;
   Et vous l'estimerez après, si vous pouvez.
   6°. Avoir à être, devoir être: "puisque j'ai à souffrir, sans pouvoir l'empêcher, ou l'éviter, soufrons avec patience. "Puisque j'ai à être tourmenté d'une façon ou de l'autre, j' aimerois mieux encôre l'être auprès de vous. Voit.
   7°. AVOIR, s'emploie impersonellement avec l'adv. y; dans le sens du verbe être; il y a des persones qui; il est des persones qui, etc. — Dès le temps de Vaugelas, on a agité la question s'il faut dire: il y eut cent hommes tués, ou de tués. Les sentimens étaient partagés. Les uns disaient qu'il falait toujours mettre le de; les autres, qu'il était mieux de le suprimer: l'usage était aussi peu uniforme que les opinions. Th. Corneille done là-dessus une règle, c'est que, quand le substantif précède~ l'adjectif ou le participe, on ne doit pas se servir de la prép. de; et qu'aûtrement il faut le mettre, sur-tout quand le pronom en tient la place du substantif. "Il y eut cent hommes tués; il y en eut cent de blessés.

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