Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page C617b

èstupeur.] Terme de Médecine. Engourdissement, assoupissement, diminution de sentiment et de moûvement. = Quelques Auteurs l'ont employé récemment au figuré: "Ce qui a suivi sa mort (de Voltaire.) a laissé les esprits dans une stupeur, qui aproche de l' oubli. Linguet. "Ce peuple dégradé, (les Turcs) qui ne fait que pâsser et revenir sans cesse des convulsions de la révolte à la stupeur de l'esclavage. L'Ab. Boulogne.

STUPIDE


STUPIDE, adj. STUPIDEMENT, adv. [Stupide, deman: 3e e muet; et non pas èstupide, etc.] Stupide, hébété, d'un esprit lourd et pesant. "Il est si stupide: esprit stupide: indolence, insensibilité stupide. = S. m. C'est un vrai, un franc stupide. "Il est faux qu'on devienne stupide dès qu'on cesse d'être passioné; car, au contraire, une passion violente rend l'homme stupide sur tous les autres objets. Voltaire. = Stupidement, d'une manière stupide. "Il répond toujours stupidement.

STYLE


STYLE, ou STILE, s. m. [Le 2d comence à prendre; mais la plupart tiènent bon pour le 1er.] 1°. Sorte de poinçon, dont les Anciens se servaient pour écrire sur des tablettes de cire. = Delâ, 2°. on a apelé style la manière de composer, d' écrire. "Style sublime, noble, ou bâs, rampant, etc. "Style historique, dogmatique, familier, burlesque, etc. etc. "Mézerai plus hardi qu'exact est inégal dans son style. VOLT. "Style de l'Écritûre, du Palais, etc. = Delà 3°. La manière de procéder en Justice. "Le style du Parlement, du Conseil, de la Chancellerie, etc. = Delà 4°. dans le fig. famil. la manière d'agir, de parler. "Il peut bien avoir fait telle chôse, avoir dit cette impertinence: c'est là son style. Il faudra bien qu'il change de style, de conduite, de manières.
   Ce langage à comprendre est assez dificile,
   Madame, et vous parliez tantôt d' un autre style.
       MOL.
  Je vois bien qu'elle boude, et je conois son style.
  Oh bien! Moi, les boudeurs sont mon aversion.
       Le Méchant.
= 5°. L'aiguille d'un cadran solaire.
REM. Voltaire se plaignait à l'Ab. d'Olivet que la Langue s'altérait tous les jours, et que le style se corrompait bien davantage. On prodigue, disait-il, les images et les tours de la Poésie en Physique: on parle d'Anatomie en style ampoulé: on se pique d'employer {C618a~} des expressions, qui étonent, parce qu'elles ne conviennent point aux pensées. Boileau, il est vrai, a dit après Horace:
   Heureux, qui, dans ses vers, sait, d'une voix légère,
   Pâsser du grave au doux, du plaisant au sévère.
Mais il n'a pas prétendu qu'on mélangeât tous les styles, ni qu'on prodiguât les grands mots dans les afaires les plus minces. Les Pièces de Campistron sont faiblement écrites; mais au moins le langage est assez pur; et après lui, on a tellement négligé la Langue dans les pièces de Théâtre, qu'on a fini par écrire d'un style entièrement barbâre. = Il dit âilleurs, que la profusion des mots est le grand vice du style de presque tous nos Philosophes modernes. Le Système de la Natûre en est un grand exemple, ajoute-t-il. Il y a dans ce Livre confus, quatre fois trop de paroles; et c'est en partie pour cette raison qu'il est si confus. Quest. Encycl. C'est aussi le défaut du sujet. Quand les paroles y seraient épargnées, il ne laisserait pas d'être obscur et inintelligible. "Le style de M. Bossuet, admirable par la force et le sublime, qui sont son caractère, est peu correct, et quelque--fois dur, embarrassé, forcé. L'Ab. Trublet.

STYLET


STYLET, ou STILET, s. m. Poignard, dont la lame est ordinairement triangulaire. "Il fut assassiné à coups de stilet.

STYLER


STYLER, ou STILER, v. act. Former, dresser. "On l'a stilé à cela. = Il n'est que du style familier. Bossuet dit des Réformateurs, qu'ils étaient peu stylés à enseigner précisément (avec précision) ce qu'il fallait croire. = On dirait plutôt aujourd'hui dans un ouvrage sérieux, formés ou dressés.

STYX


STYX, s. m. Fleuve des Enfers poétiques.
   Tu vois et le Cocyte et le styx odieux,
   Le styx, que sans éfroi jamais un Dieu n'ateste.
       Le Franc.

SUAIRE


SUAIRE, s. m. [Su-ère: 2eè moy. et long; 3e e muet.] Linceul, dans lequel on ensevelit un mort. = Saint Suaire se dit des linges, que l'on croit avoir servi à ensevelir Notre-Seigneur. = C'est aussi une petite représentation en peintûre du Saint Suaire.

SUANT


SUANT, ANTE, adj. Qui sûe. "Il est tout suant. "Avoir la peau suante, les mains suantes. Voy. SUER.

SUâVE


SUâVE, adj. SUAVITÉ, s. f. [2e lon. au 1er.] {C618b~} L'adjectif ne se dit que des odeurs. "Odeur, parfum suâve, doux, agréable. = Le substantif se dit des ouvrages de Peintûre et de Musique. Douceur, agrément. = On le dit aussi des moeurs, des odeurs; et en termes de Spiritualité, des douceurs, des consolations dans l'oraison. Dans ce dernier emploi on s'en sert au pluriel.

SUBALTERNE


SUBALTERNE, adj. et subst. *SUBALTERNITÉ, s. f. [3e ê ouv. dern. e muet au 1eré fer. au 2d.] Subalterne, qui est subordoné à quelqu' un; Juge, Juridiction, Justice subalterne. "Oficier subalterne.
   C'est un fat subalterne, il est né trop timide,
   On ne va point au grand, si l'on n'est intrépide.
       Le Méchant.
= S. m. Les Subalternes. "Les subalternes, témoins de tout l'intérieur d'une Cour, savent des choses, que les chefs de parti ignorent, ou ne font que soupçoner. Volt. = Subalternité, est un mot de Mde de Sévigné. "Il s'ennuye dans la subalternité. — Il parait que ce mot serait utile.

SUBDÉLÉGATION


SUBDÉLÉGATION, s. f. SUBDÉLÉGUÉ, s. m. SUBDÉLÉGUER, v. act. [Subdéléga--cion, ghé, ghé. 2e et 3e é fer. 4e é aussi fer. aux 2 dern.] Subdéléguer, c'est comettre avec pouvoir d'agir, de négocier. Subdélégation est l'action de subdéléguer; la comission que done celui, qui subdélègue. = Subdélégué se dit sur tout de ceux que les Intendans subdélèguent. "Les Intendans des Provinces ont des subdélégués dans les principales villes de leur Intendance.

SUBDIVISER


SUBDIVISER, v. act. SUBDIVISION, s. f. [Subdivizé, zion: = Suivant La Touche, Richelet, l' Acad. Trév. c'est ainsi qu'il faut dire; et non pas sous-diviser, Sous-division, comme disent plusieurs.] Ils se disent d'un discours, dont on divise les diférentes parties. Subdiviser, c'est donc diviser en plusieurs parties, une partie d'un discours déjà divisé. Subdivisions sont les divisions de chaque partie d'un discours, déjà divisé en deux ou en plusieurs parties. Anciènement on divisait les Sermons en trois points; et chaque point en trois subdivisions. On apelait ces Discours un jeu de quilles, et l'exorde était la boule. L'excês est blâmable en ce genre. "Tant de divisions et de subdivisions embrouillent un Discours, plutôt qu'ils ne l'éclaircissent.

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