Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

RECHERCHE Accueil Aide-Mémoire GEHLF ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page C303b


   REM. Puer est bâs: on ne l'emploierait pas aujourd'hui dans une Ode, comme a fait Malherbe.
   Phlègre, qui les reçut, put encore la foudre
   Dont ils furent touchés.
Ronsard s'était déja servi de ce mot.
   Si que le soufre, ami du foûdre,
   Qui tomba lors sur les géans,
   Jusqu'aujourd'hui noircit la poûdre,
   Qui put par les champs phlégréans.
On a pu remarquer que Malherbe fait puer actif: put encore la foûdre. Ainsi l'on dit, qu'un homme put le vin. (Voy. EMPESTER et EMPOISONER), qu'une chôse put le muse; et M. Linguet a dit au fig. (st. critique et mordant) ce mot puë le Fontenelle et sa finesse. On dit ordinairement, sent: mais, quand un mot ou une expression sentent mauvais, puer est plus expressif.
   Ah! ah! sollicitude à mon oreille est rude;
   Il put étrangement son ancienneté.
       Mol.
= Neutre, il régit quelquefois le datif de la persone, la chôse étant le sujet. On dit d'un homme, que la viande lui put; et au fig. fam. que la lectûre, la comédie lui put, quand il en est dégoûté. = En st. prov. on dit sans régime, d'un homme qui sent fort mauvais, qu'il put comme un rat mort, comme un bouc, comme une charogne, comme la peste.

PUÉRIL


PUÉRIL, ILE, adj. PUÉRILEMENT, adv. PUÉRILITÉ, s. fém. [Pu-éril, rile, leman, lité. 2e é fer. 4e e muet au 2d et au 3e. = L'Acad. avait mis dabord puérile pour les deux genres. M. Linguet, J. J. Rousseau et d'aûtres Auteurs ont employé cette ortographe. Voy. IL, ILE, sous la lettre. I.] Puéril, est 1°. qui apartient à l'âge, qui suit l'enfance. En ce sens, il ne se dit que dans cette phrâse, l'âge puéril. = 2°. Qui tient de l'enfance, soit dans le raisonement, soit dans les actions. "Discours, raisonement, amusement puéril; manières, excûses puériles, etc. Cet adjectif aime à suivre le substantif. "Genève, dit J. J. Rousseau, ne brillera pas de cet éclat, dont la plupart des yeux sont éblouïs, et dont le puérile et funeste goût est le plus mortel énemi du bonheur et de la liberté. Puérile goût serait dur, mais à la faveur de funeste, qui le suit, il marche devant sans dureté. — Voy. ENFANT. {C304a~}
   PUÉRILEMENT, d'une manière puérile. "Raisoner, parler puérilement. — Puérilité, discours, action puérile dans un homme fait. "Voilà une grande puérilité: il ne dit, il ne fait que des puérilités. "Il y a de la puérilité dans ce raisonement, dans ce discours, etc.

PUGILAT


PUGILAT, s. m. Combat à coups de poingt, en usage chez les Anciens.

PUîNÉ


PUîNÉ, NÉE, adj. et subst. [Puî-né, né-e: 1re lon. 2e é fer. Richelet écrit puisné, et veut qu'on prononce l's: ce n'est plus l'usage.] Celui, celle, qui est ou née depuis un de ses frères ou une de ses soeurs. C'est mon frère puîné, ma soeur puînée. = S. m. "C'est mon puîné. "Dans certaines Coutumes, les puinés sont mal partagés. = Suivant la Touche, le mot de cadet est plus usité. L'Académie les disait également. Dans la dern. édition, elle préfère celui-ci pour la conversation. Mais il y a, à mon avis, une autre diférence. Avec le régime, ou le pronom possessif qui en tient lieu, on dit puîné dans la Pratique, et cadet dans le discours famil. Le puîné, ou le cadet de M. un tel: c'est son puîné, ou son cadet: mais quand on parle absolument; puîné se dit relativement à celui qui est plus âgé, et cadet, du plus jeune de tous. L'aîné, le puîné et le cadet. "Jean est-il le cadet? — Non, c'est Pierre: Jean est un des puînés, ou le puîné, suivant qu'il y en a plus de trois, ou trois seulement.

PUIR


PUIR, v. n. On le disait autrefois pour PUER. La Touche se contente de dire que ce dernier est plus usité. On peut dire hardiment qu'il est le seul en usage. Voyez PUER.

PUIS


PUIS, adv. Ensuite. "Un tel était placé le premier, puis un tel. = Je n'aime pas ce mot, en vers, dit Ménage, et je crois que bien des gens pourront dire, ni moi non plus. Malherbe s'en est servi plus d'une fois.
   Puis, quand ainsi seroit, etc.
   Puis, étant son mérite infini, comme il est, etc.
   Et puis, qui ne sait pas que, etc.
Il est plus suportable aprês la conjonction et.

PUISARD


PUISARD, s. m. [Pui-zar: on ne prononce jamais le d final.] Espèce de puits, pratiqué pour faire écouler les eaux.

PUISER


PUISER, v. act. [Pui-zé: 2eé fer. devant l'e muet, ui est long: il puise, puisera, etc.] Prendre de l'eau avec un vaisseau qu'on plonge dans un amâs d'eau. "Puiser de l'eau à la rivière, à la fontaine. = V. n. Avec le seul régime du datif: puiser au bassin, à la source, {C304b~} etc. = Fig. "Cet Auteur a puisé dans la source ou dans les sources; il a lu les Auteurs originaux sur les matières, dont il traite. "Quelles sont donc les sources doit puiser un Historiographe de France? Moreau. = * La Bruyère et le P. Rapin lui font régir l'ablatif, (la prép. de.) "C'est une goutte d'eau que vous puisez du Tibre. La Bruy. "C'est de ce fonds si vaste et si riche qu'il puise ces grands sentimens, etc. RAPIN. "Ce sont là les sources d' où il faut puiser le discours. Id. — Il faut, dans les deux premiers exemples, dans le Tibre, dans ce fonds si vaste; et pour le 3e, il faut puiser, et non pas, d'. = Le proverbe dit: il ne faut point puiser aux ruisseaux, quand on peut puiser à la source. On dit aussi qu'il n'est rien de tel que de puiser à la source, pour dire qu'il faut remonter à l'origine des bruits, des nouvelles, pour en être instruit.

PUISQUE


PUISQUE, conjonction. [Puis-ke; 2ee muet.] Elle sert à marquer le motif, la raison pour laquelle on agit. "Je le veux, puisque vous le voulez. = Quelquefois on sépare puis de que: on le fait sur-tout avec l' adverbe donc. "Puis donc que toutes ces chôses s'établissent par la volonté des hommes, etc. Boss. "Puis donc que chaque atome peut, selon vous, suivre indiféremment l'une et l'aûtre direction, vous avouez qu'aucune des deux ne lui essentielle. Bougainville. Avec d'aûtres adverbes, la séparation de ces deux mots serait irrégulière. Puis enfin que, puis cependant que, puis aprês tout que, etc. Je crois qu'il vaut mieux mettre les adverbes devant, et laisser les deux membres de puisque unis ensemble.

PUISSAMMENT


PUISSAMMENT, adv. PUISSANCE, s. f. PUISSANT, ANTE, adj. [Puisa-man, sance, san, sante; 2e br. au 1er, lon. aux aûtres.] Puissance, pouvoir, autorité. Puissant, qui a beaucoup de pouvoir, Puissamment, avec pouvoir, d'une manière puissante. "Puissant Prince, État, Empire: puissante ville. Avoir de puissans amis. — "Puissance légitime, ou usurpée; souveraine, absolûe, indépendante; bienfaisante, ou odieûse, tyrannique. "Secourir puissamment: Solliciter puissamment: agir puissamment dans une afaire.
   Puissance signifie encôre, 1°. Domination, empire. "La puissance de ce Prince s'étend bien loin. "Les Romains soumirent à leur puissance presque tout l'univers connu. = 2°. État Souverain. "Les Puissances de l'Europe.

Next page


Copyright © 2003 GEHLF, École normale supérieure de Paris
Direction scientifique du projet: Philippe Caron (Université de Poitiers) et Louise Dagenais (Université de Montréal)
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.