Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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chimère. Ce de est inutile et contre l'usage. Il faut dire, avoir bien l'air, etc. = Quand on parle de ressemblance, le de va bien devant air: "Le Général Banier avoit beaucoup de l'air de Gustave Adolphe. — Avoir l'air régit de devant les verbes: "Il a l'air d' avoir trop bû: "Ils eurent l'air de se livrer enfin à un examen, par lequel ils auroient dû commencer. Moreau. "Il ne vouloit pas avoir l'air d'y être excité. Hist. d'Angl.Se doner les airs régit aussi de et l'infinitif. "Puisqu'il veut se doner les airs d'aimer, il faut qu'il commence par devenir discret. Th. d'Éduc.
   Prendre ou se doner des airs, se prend en mauvaise part. "Il se done des airs de Marquis; il prend de certains airs, etc. M. de Callières, (dans son Traité du bon ou du mauvais usage de la langue) condamne ces expressions; mais l'Acad. et l'usage les aprouvent. — Les airs, dit Coyer, quel est le Français qui ne les connoît pas? Les petits airs, les grands airs: ce sont les grands qui vous conviennent. Let. à un Grand.
   Rem. 1°. Ce sont deux chôses bien différentes, avoir le grand air, et avoir l'air grand. Le premier se dit d'un homme qui vit en grand Seigneur; le second d'un homme dont la physionomie est noble et la mine haute. Bouh.
   2°. Le bel air et le bon air (synon.) L'un anonce l'élégance, le luxe, la magnificence; l'autre, l'ordre, le goût, la décence, la convenance. Mde. de Sevigné les réunit dans la même phrâse: "Ce n'est pas une chôse indifférente pour la dépense que le bel air et le bon air dans une maison comme la vôtre: cette magnificence est ruineuse. On dit, en ce sens, il est du bel air ou du bon air de faire, etc. "M. le Coadjuteur me disoit, que rien n'étoit d'un meilleur air que de bâtir pendant le procès: je n'en convenois pas; mais ce qui seroit sans difficulté d' un mauvais air, c'est la honte qu'il y auroit à ne pas achever ce qui est commencé. SEV.
   Faut-il donc s'ennuyer pour être du bon air?
       Gresset.
3°. Le bon air, le bon ton. "Le Chevalier de Méré formoit Mlle. d'Aubigné à ce qu'on apelloit alors le bon air, qui fait les précieux, et revenoit à notre bon ton, qui fait les frivoles. La Beaumelle.
   4°. On ne doit pas non plus confondre avoir l' air mauvais et avoir mauvais air. L'un tient au caractère, l'autre aux manières.

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