ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"777"> fraîchissante, antiphlogistique, sédative ou calmante; il est particulierement recommandé dans les ophtalmies, les brûlures, les dartres ulcérées, avec suppuration & démangeaison considérable: à l'égard du baume, il passe pour un bon mondificatif & un léger astringent; néanmoins les médecins sages & expérimentés redoutent non - seulement cette qualité repercursive qui est commune à tous les remedes tirés du plomb; mais ils font encore à ces remedes le reproche de renfermer un venin particulier, au point que l'application des lames ou plaques de plomb sur le pubis, à titre de ceinture de chasteté, si ridiculement vanté par quelques auteurs, n'est pas même sans danger, si l'on en croit ces médecins, qui desapprouvent à plus forte raison les gargarismes dans les angines, & les injections dans la gonorrhée, préparées avec les sel de Saturne; mais il paroît que cette exclusion que ces médecins veulent donner aux préparations du plomb pour les usages externes, est trop générale & trop absolue; on a constamment éprouvé au contraire que l'administration de ces remedes faite avec art & avec soin dans les cas énoncés, n'est non - seulement pas dangereuse, mais encore qu'elle a ses utilités; nous en exceptons cependant les gargarismes & les injections déja mentionnées, comme approchant trop d'une application intérieure de ces remedes.

Les préparations de plomb destinées à l'usage intérieur sont, 1°. le vinaigre, l'huile & le sucre de Saturne, qui ne different entr'eux qu'en consistence, attendu que le vinaigre est une lessive d'une dissolution de sel de Saturne; l'huile, la même liqueur concentrée, & le sucre un sel concret provenant des mêmes liqueurs, lequel doit presque etre regardé comme étant toajours un ou le même, soit qu'on le prépare avec le vinaigre non distillé, soit avec le vinaigre distillé, soit enfin avec le tartre. A ces derniers remedes on peut joindre, comme leur étant tres - analogue, la teinture anti - physique de Germanus, qui a été long - tems en vogue en Allemagne, & qui est une solution ou extraction par l'esprit - de - vin, dusel de plomb vitriolique & du sel de Mars acéteux: tous ces remedes sont, au rapport de Boerrhaave, très - salutaires dans l'hémophthisie, les hémorragies proprement dites, le pissement de sang, les gonorrhées, les fleurs blanches & autres maladies de cette espece; cependant, de l'aveu de Boerrhaave lui - même, & de plusieurs autres médecins très - célebres, ils doivent être proscrits de l'art, comme dangereux, infideles, & bien éloignés d'ailleurs de tenir ce qu'ils promettent. Nous rapporterons, à l'appui de cette assertion, une remarque de Juncker, qui, à notre avis, n'est pas des moins graves. Voici ce que dit ce fameux auteur: « Les différens accidens funestes, dont nous avons fait mention, dissuadent de l'usage intérieur du plomb; & il est surprenant qu'après la sévérité des défenses qu'on a faites de la dulcification des vins par la litharge, & qu'on a porté jusqu'à faire punir de mort il y a quelques années, un marchand de vin convaincu d'une pareille fraude, malgré ces défenses, dis - je, le sucre de Saturne soit regardé comme un remede salutaire dans plusieurs maladies, tandis qu'il n'est point de chimiste intelligent, pas même d'apprenti, qui ne s'apperçoive, d'après une juste analogie, qu'il doit y avoir un danger égal à employer des remedes qui proviennent de la même source ». Ferales casus passim notati internum ejus (plumbi scilicet) usum dissuadent, & mirum est cum vina lithargyrio dulcificata adeo damnata sint, ut quidam doliarius ob hanc fraudem supplicio capitis ante aliquot annos afficeretur, tamen saccharum Saturni multis in morbis salubre remedium prdicari, cum quivis industrius chimicus (& quidem vel rudissimus tiro) facile pervideat ex eodem fonte hic juxta comparatione parem noxam expectari opportere. Voyez Juncker, Conspect. therap. gener. Quant aux accidens que désigne l'auteur, il n'est personne qui ait fait quelque séjour dans les pays où l'on fait des vins verts, ou qui tirent des pareils vins des contrées voisines, qui n'ait été à portée de les observer on accuse les marchands de vin allemands d'être dans l'usage de masquer par une manoeuvre vraiment punissable cette acidité désagréable qui annonce dans le vin une disposition à tourner au vinaigre. Cette manoeuvre consiste à mêler dans ces vins de la litharge ou du minium, qui en se mariant à l'acide du vin, déguise non - seulement sa saveur propre, mais lui donne encore un goût sucré, en faisant avec cet acide un véritable sel de Saturne. L'observation journaliere démontre que les terribles symptomes qui accompagnent la colique du Poitou, sont dûs bien souvent à la boisson de ces vins lithargirés. Il est fort commun de voir dans les hôpitaux de Paris de ces coliques dont la plûpart sont occasionnées par une pareille boisson.

Après avoir parlé de la maniere de sophistiquer les vins par la litharge, il ne sera pas inutile d'indiquer les moyens chimiques qu'on peut employer à découvrir cette fraude. 1°. Le goût seul chez les personnes qui ont les organes tant - soit - peu exercés par l'habitude des expériences chimiques, découvre cette douceur particuliere aux vins lithargirés; cependant quoique ce témoignage des sens soit quelquefois d'une certitude qui va jusqu'au prodige,il ne sauroit for mer dans de pareilles occurrences un témoignage légal; ainsi pour s'assurer de la maniere la moins équivoque de cette introduction du plomb dans les vins, on n'a qu'à y verser du foie d'arsenic préparé avec l'eau de chaux; pour lors si les vins sont réellement lithargirés, ils se troubleront par l'apparition d'un précipité noirâtre. On a le complément de cette démonstration en décantant avec soin, ou en séparant par le filtre ce précipité, & le convertissant en plomb par le moyen d'un léger phlogistique, comme par exemple, le suif, &c. Voyez Encre sympathique.

Revenons maintenant à l'usage médicinal interne des sels retirés du plomb. Nous pensons, malgré les déclamations des auteurs contre l'administration de ces remedes, qu'ils pourront être employés comme secours externes dans certaines maladies rebelles, malo nodo, malus cuneus, toutes les fois qu'un maître de l'art, après une expérience raisonnée, suivie & variée de ces remedes, aura donné la maniere de les employer à d'autres observateurs prudens & circonspects comme lui, c'est - à - dire aux vrais médecins, qui seuls peuvent légitimement constater & évaluer l'utilité de pareilles observations, ou enfin, après que ces préparations de plomb auront été unanimement déclarées d'un usage sûr, & qu'on pourra les regarder sur le pié des remedes uniques, spécifiques, & qui méritent la préférence sur les vulgaires; mais en attendant que des expériences de cette légitimité & autorité viennent enrichir l'art & rassurer l'artiste, il est d'un médecin raisonnable, & qui a l'ame honnête, de s'abstenir religieusement de l'administration d'un remede qui de sa nature est manifestement veneneux, ou tout - au - moins suspect, & qu'aucun succès, du moins d'une évidence reconnue, n'a jusqu'ici pû sauver du reproche d'être dangereux.

Nous finirons par considérer le plomb comme compris dans la classe des choses appellées non naturelles, c'est - à - dire, à l'influence desquelles plusieurs personnes sont exposées, soit fortuitement, soit habituellement ou par état. Nous avons déja touché quelque chose des qualités mal - faisantes du vin lithargiré, ou dans lesquels on a dissout du sucre de Saturne, & des dangers d'une pareille boisson; le plomb entier & ses produits quelconques, introduits sous forme de vapeurs ou de poussiere très - fine, très - volatile, dans le [p. 778] poumon ou dans l'estomac, ainsi que les particules grossieres des chaux de plomb qu'on détache imprudemment, soit en léchant des corps peints infectés de ces sels, soit en mordant sur les corps, & qu'on avale avec la salive, comme cela est ordinaire aux fondeurs des mines & aux essay eurs qui travaillent le plomb, ou qui s'occupent à l'affinage de l'or ou de l'argent, les plombiers, les potiers d'étain, les ouvriers qui prépar ent les dragées de plomb, les broyeurs des couleurs, les barbouilleurs qui emploient une grande quantité de couleurs liquides qu'ils broyent eux - mêmêmes, tous ceux enfin qui sont dans la dangereuse habitude d'affiler ou nettoyer du bout des levres ou de la langue l'extrémité des pinceaux, les apothicaires imprudens, les potiers de terre, les lapidaires, les polisseurs de glaces de miroir & de verre, les cordonniers qui blanchissent les talons des souliers de femme avec une préparation de céruse, ou qui tirent avec les dents les peaux colorées avec du minium ou du massicot; tous ces ouvriers, en un mot, dont le dénombrement exact est nécessaire pour mettre un médecin appellé par quelqu'un de ces ouvriers qui se plaint actuellement de quelque maladie extraordinaire, sur la voie de soupçonner l'origine de la maladie dans cet ouvrier, d'en découvrir la cause qui devient pour lui évidente, &c. & de fonder sur toutes ces notions un traitement méthodique & suivi d'un heureux succès; tous ces ouvriers, dis - je, sont quelquefois attaqués d'asthmes terribles & incurables provenant de cette cause, & tombent plus ou moins vîte dans la colique appellée des Peintres, des Potiers, des Poitevins, colique minérale, & qu'on appelle plus convenablement encore colique des Plombiers ou de plomb. Voyez Colique du Poitou au mot général Colique. Cet article est extrait des leçons de Matiere médicale de M. Venel, professeur en Médecine de la faculté de Montpelier, & l'un des auteurs de ce Dictionnaire, par M. H. Fouquet, docteur en Médecine de la même faculté.

Plomb (Page 12:778)

Plomb, (Géom.) ligne à plomb, est la même chose que ligne verticale ou perpendiculaire à l'horison. Voyez Verticale & Horison, voyez aussi Niveau & Niveler. (O)

Plomb (Page 12:778)

Plomb, avec son fouet & son chat, c'est dans l'Artillerie un petit morceau de plomb pendu à une ficelle ou cordelette, qui sert aux mineurs pour prendre les hauteurs dans les galeries & les rameaux des mines. (Q)

Plomb (Page 12:778)

Plomb, (Archit.) les Menuisiers, Charpentiers, Maçons & autres artisans qui sont obligés de placer leurs ouvrages d'à - plomb, c'est - à - dire perpendiculairement sur l'horison, ont diverses sortes d'instrumens qu'ils appellent plomb, à cause d'un petit morceau de ce métal qui en fait partie, quoique pourtant on y mette le plus souvent du cuivre ou du fer.

Le plomb des Maçons & des Menuisiers est ordinairement de cuivre, en forme de petit cylindre, de six ou sept lignes de diametre, & d'un pouce de hauteur. Il pend à une ficelle qui se nomme la corde ou cordeau, qui passe à - travers une petite platine aussi de cuivre, quarrée & très - mince, appellée le chat. Cette plaque qui n'a que la largeur du cylindre, monte & descend à volonté le long du cordeau, & sert à appuyer contre l'ouvrage qu'on veut mettre d'à - plomb.

Le plomb des Charpentiers n'a point de chat, il est plat en forme de rose à jour, de 2 pouces environ de diametre: on le fait de plomb, de fer ou de cuivre. Il est ainsi percé pour donner passage à la vûe, & que l'ouvrier puisse mieux adresser à l'endroit où il veut piquer le bois, c'est - à - dire le marquer.

Le plomb à niveau, qui est un véritable niveau, & un plomb dont la corde descend le long d'une regle ou de bois ou de cuivre, dressée perpendiculairement sur une autre.

Le plomb à talus, n'est autre chose que le niveau plein, dont la corde se déplace.

Le plomb à regle, est une simple regle qui a une échancrure à sa base, & une ligne perpendiculaire tracée du haut en bas, laquelle tient la corde où est attaché le plomb. (D. J.)

Plomb (Page 12:778)

Plomb, arrestier de, (Archit.) c'est un bout de table de plomb au bas de l'arrestier de la croupe d'un comble couvert d'ardoise. Dans les grands bâtimens sur les combles en dômes, ces arrestiers revêtent toute l'encoignure, & sont faits de diverses figures, ou en maniere de pilastre, comme au château de Clagny, ou en maniere de chaîne de bossages, ou pierres de refend, comme on en voit au gros pavillon du Louvre.

Plomb d'enfaîtement (Page 12:778)

Plomb d'enfaîtement, c'est le plomb qui couvre le faîte d'un comble d'ardoise. Il doit avoir une ligne ou une ligne & demie d'épaisseur, sur 18 à 20 pouces de largeur. Le plomb des lucarnes a une ligne d'épaisseur, sur 15 pouces de largeur.

Plomb de.revêtement, c'est le plomb dont on couvre la charpente des lucarnes - demoiselles. Il ne doit avoir qu'une ligne d'épaisseur, pour former le contour des moulures. Daviler. (D. J.)

Plomb (Page 12:778)

Plomb, (bas au métier.) plomb à aiguilles, plomb à platine, moule de plomb, à platine & à aiguilles, instrumens ou parties du métier à bas. Voyez cet article.

Plombs (Page 12:778)

Plombs, s. m. pl. terme de Coëffeuse, elles appelloient plombs, dans le siecle dernier, des pyramides ou cônes de plomb, d'argent ou d'autre métal, dont elles se servoient pour coëffer. Ces plombs de toilette tenoient par la cime à un ruban que les femmes attachoient à leur bonnet, pour le maintenir pendant qu'on ajustoit le reste de la coëffure.

Plomb (Page 12:778)

Plomb, (Commerce.) en terme de Fabrique, est un cachet de plomb qu'on appose aux étoffes après qu'elles ont été visitées & examinées par les jurés gardes ou esgards, lequei vaut certificat qu'elles sont bien & duement fabriquées.

Plomb (Page 12:778)

Plomb, est enfin un morceau de plomb fondu exprès, de figure ronde & plate, marqué de quelqu'empreinte qui s'applique sur les étoffes d'or, d'argent, de soie, de laine, &c. même sur les balles, ballots, caisses, paquets de marchandises dont les droits de douane ont été payés. Voyez Marque.

Plomb d'arrêts (Page 12:778)

Plomb d'arrêts, (Police de manufac.) se dit des plombs ou marques que l'on appose sur les étoffes de laine défectueuses, que les maîtres & gardes, jurés ou esgards, arrêtent lors de leurs visites dans les bureaux, halles & foires. Savary.

Plomb d'aunage (Page 12:778)

Plomb d'aunage, (Pratiq. de commerce.) c'est un plomb que les jurés Auneurs, les Presseurs, les Marchands fabriquans, &c. appliquent aux étoffes pour faire connoître le nombre d'aunes qu'elles contiennent, suivant l'aunage qui en a été fait. Savary. (D. J.)

Plomb de loyauté (Page 12:778)

Plomb de loyauté, (Commerce.) c'est le nom qu'on donne dans la manufacture de la sayetterie d'Amiens, aux plombs qui s'appliquent sur les étoffes apprêtées, que les jurés Sayetteurs ou Hautelissiers trouvent loyales & marchandes.

Plomb de visite (Page 12:778)

Plomb de visite, (Police de manufac.) ou plomb forain, c'est un plomb apposé sur les étoffes après que la visite en a été faite par les maîtres & gardes, dans les foires, halles & bureaux des villes & lieux où elles ont été envoyées ou apportées par les marchands forains ou manufacturiers, pour y être vendues ou débitées. Savary.

Plomb de chef - d'oeuvre (Page 12:778)

Plomb de chef - d'oeuvre, terme de jurande, on appelle plomb de chef - d'oeuvre, le plomb le plus étroit & le plus propre, qui sert pour les pieces d'expériences & les chefs - d'oeuvres.

Plomb de contrôle (Page 12:778)

Plomb de contrôle, (Police de commerce.) c'est

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