ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"694"> viendroit pas; c'est pour cela qu'on en joint plusieurs ensemble, qu'on met sous les ordres d'un même chef appellé brigadier; & cette union de régimens, ou plûtôt des bataillons ou des escadrons qu'ils composent, se nomme brigade d'armée ou simplement brigade. Voyez Brigadier. Il suit de - là qu'on doit définir la brigade un certain nombre de bataillons ou d'escadrons destinés à combattre & à faire le service militaire ensemble sous les ordres d'un chef appellé brigadier.

Les troupes d'une même brigade sont sur la même ligne dans l'ordre de bataille, & placées immédiatement à côté les unes des autres: elles ne sont point de différente espece, mais seulement ou d'infanterie ou de cavalerie.

Toute l'armée est divisée par brigades: mais le nombre des bataillons ou des escadrons de chaque brigade n'est pas fixé. On regarde cependant le nombre de six bataillons ou celui de huit escadrons comme le plus convenable pour former les brigades: mais il y en a de plus fortes & de plus foibles.

Il y a encore quelques autres regles usitées dans la formation de l'ordre de bataille, par rapport au rang que les régimens ont entr'eux: mais on renvoye pour ce détail aux Ordonnances militaires, qui fixent le rang de chaque régiment, & l'on se restraint à ce qu'il y a de plus essentiel & de plus général dans l'ordre de bataille.

Les brigades suivent entr'elles le rang du premier régiment qu'elles contiennent: les autres régimens sont regardés comme joints avec ce premier, & ne faisant en quelque façon que le même corps. Conformément au rang de ce régiment, on donne aux brigades les postes d'honneur qui lui conviennent ». Voyez Poste d'honneur. Essai sur la Castramétation par M. Le Blond.

On a expérimenté en Europe, qu'un prince qui a un million de sujets, ne peut pas lever une armée de plus de dix mille hommes sans se ruiner. Dans les anciennes républiques cela étoit différent, on levoit les soldats à proportion du reste du peuple, ce qui étoit environ le huitieme, & présentement on ne leve que le centieme. La raison pourquoi on en levoit anciennement davantage, semble venir de l'égal partage des terres que les fondateurs des républiques avoient fait à leurs sujets, ce qui faisoit que chaque homme avoit une propriété considérable à défendre, & avoit les moyens de le faire. Mais présentement les tetres & les biens d'une nation étant entre les mains d'un petit nombre de personnes, & les autres ne pouvant subsister que par le commerce ou les arts, &c. n'ont pas de propriétés à défendre, ni les moyens d'aller à la guerre sans écraser leurs familles; car la plus grande partie du peuple est composée d'artisans ou de domestiques, qui ne sont que les ministres de la mollesse & du luxe. Tant que l'égalité des terres subsista, Rome, quoique bornée à un petit état, & dénuée du secours que les Latins devoient lui fournir après la prise de leur ville, sous le consulat de Camille, leverent cependant dix légions dans la seule enceinte de leur ville: ce qui, dit Tite - Live, étoit plus qu'ils ne peuvent faire à présent, quoiqu'ils soient les maîtres d'une grande partie du monde; & la raison de cela, ajoûte cet historien, c'est qu'à proportion que nous sommes devenus plus puissans, le luxe & la mollesse se sont augmentés. Voyez Tite - Live, Dec. I. liv. VII. consid. sur les caus. de la grand. des Rom. ch. iij. p. 24.

Anciennement nos armées étoient une sorte de milice composée des vassaux & des tenans des seigneurs. Voyez Vassal, Tenant, Seigneur, Service, Milice . Quand une compagnie avoit servi le nombre de tems qui lui étoit enjoint par son tenement ou par la coûtume du fief qu'elle tenoit, elle étoit licentiée. Voyez Tenement, Fief, &c.

Les armées de l'Empire consistent en différens corps de troupes fournies par les différens cercles d'Allemagne. Voyez Empire, Cercle. La principale partie de l'armée françoise, sous la premiere race, consistoit en infanterie. Sous Pepin & Charlemagne elles étoient composées également d'infanterie & de cavalerie: mais depuis le défaut de la ligne Carlovingienne, les fièfs étant devenus héréditaires, les armées nationales, dit le Gendre, sont ordinairement composées de cavalerie.

Les armées du Grand - Seigneur sont composées de janissaires, de spahis, & de timariots.

Armée d'observation (Page 1:694)

Armée d'observation, est une armée qui en protege une autre qui fait un siége, & qui est destinée à observer les mouvemens de l'ennemi pour s'y opposer.

Suivant M. le maréchal de Vauban, lorsqu'on fait un siége il faut toûjours avoir une armée d'observation: mais elle doit être placée de maniere qu'en cas d'attaque elle puisse tirer du secours de l'armée assiégeante, avec laquelle elle doit toûjours conserver des communications.

Armée royale (Page 1:694)

Armée royale, est une armée qui marche avec du gros canon, & qui est en état d'assiéger une place forte & bien défendue. On pend ordinairement le gouverneur d'une petite place, quand il a osé tenir devant une armée royale.

Armée a deux fronts (Page 1:694)

Armée a deux fronts, c'est une armée rangée en bataille sur plusieurs lignes, dont les troupes font face à la tête & à la queue, en sorte que les soldats des premieres & des dernieres se trouvent dos à dos. Cette position se prend lorsqu'on est attaqué par la tête & par la queue. (Q)

Armée navale (Page 1:694)

Armée navale: on appelle ainsi un nombre un peu considérable de vaisseaux de guerre réunis & joints ensemble: lorsque ce nombre ne passe pas douze ou quinze vaisseaux, on dit une escadre.

Quelques - uns se servent du mot de flotte, pour exprimer une escadre ou une armée navale peu considérable: mais cette expression n'est pas exacte; on la réserve pour parler de vaisseaux marchands qui sont réunis pour naviger ensemble. Voyez Flotte.

Une armée navale est plus ou moins forte, suivant le nombre & la force des vaisseaux dont elle est composée. La France en a eu de considérables à la fin du siecle dernier, & au commencement de celui - ci. En 1690, l'armée navale commandée par M. le comte de Tourville, vice - Amiral de France, étoit de 116 voiles; savoir 70 vaisseaux de ligne, depuis 100 canons jusqu'à 40 canons; 20 brûlots, 6 frégates, & 20 bâtimens de charge.

En 1704, l'armée navale commandée par M. le comte de Toulouse étoit de 50 vaisseaux de ligne, depuis 104 canons jusqu'à 54 canons; de quelques frégates, brûlots, & bâtimens de charge, avec 24 galeres.

Nous divisons nos armées navales en trois corps principaux, ou trois escadres, qu'on distingue par un pavillon qu'ils portent au mât d'avant; l'une s'appelle l'escadre bleue, l'autre l'escadre blanche, & la troisieme l'escadre bleue & blanche. L'escadre blanche est toûjours celle du commandant de l'armée. Ces trois escadres forment une avant - garde, un corps de bataille, & une arriere - garde; chaque vaisseau porte des flammes de la couleur de son escadre.

L'avant - garde est l'escadre la plus au vent, & l'arriere - garde, celle qui est sous le vent. Lors du combat ces trois escadres se rangent sur une même ligne, autant qu'il est possible; de sorte que le commandant se trouve au milieu de la ligne. (Z)

ARMEMENT (Page 1:694)

ARMEMENT, s. m. (Art milit.) grand corps de [p. 695] troupes abondamment fourni de toutes sortes de provisions, soit pour le service de terre, soit pour le service de mer. Voyez Armée. On dit qu'un prince fait un armement, lorsqu'il augmente le nombre de ses troupes, & qu'il fait de grands amas de munitions de guerre & de bouche. (Q)

Armément (Page 1:695)

Armément, s. m. (Marine.) c'est l'équipement, soit d'un vaisseau de guerre, soit de plusieurs, & la distribution ou embarquement des troupes qui doivent monter chaque vaisseau. Il se prend aussi quelquefois pour les gens de l'équipage.

On appelle état d'armement, la liste que la cour envoye, dans laquelle sont marqués les vaisseaux, les officiers, & le nombre des matelots qu'on destine pour armer. On dit encore état d'armement, pour signifier le nombre, la qualité, & les proportions des agreils, apparaux, & munitions qui doivent être employés aux vaisseaux qu'on doit armer.

Armement; tems d'un armement. On dit: l'armement ne durera que quatre mois. (Z)

ARMÉNIE (Page 1:695)

* ARMÉNIE, s. f. (Géog. & Hist. anc. & mod.) grand pays d'Asie, borné à l'occident par l'Euphrate, au midi par le Diarbeck, le Curdistan & l'Aderbijan; à l'orient par le Chirvan; & au septentrion par la Géorgie. Il est arrosé par plusieurs grands fleuves. Le paradis terrestre y étoit situé.

Arménie (Page 1:695)

* Arménie, (pierre d') Hist. nat. foss. elle est opaque; elle a des taches vertes, bleues, & brunes; elle est polie, parsemée de petits points dorés, comme la pierre d'azur, dont elle differe en ce qu'elle se met aisément en poudre. On les trouve dans la même terre; c'est pourquoi on les employe indistinctement. Elles ont les mêmes propriétés.

La pierre d'Arménie purge seulement plus fortement que celle d'azur; on les recommande dans les mêmes maladies: la dose en est depuis six grains jusqu'à un scrupule. Elle déterge à l'extérieur, avec un peu d'acrimonie & d'astriction: mais on s'en sert rarement en Medecine.

Les Peintres en tirent un beau bleu tirant sur le verd. Geoff. Alexandre de Trulles préfere la pierre d'Arménie à l'hellébore blanc, en qualité de purgatif, dans les affections mélancholiques.

ARMÉNIENS (Page 1:695)

ARMÉNIENS, s. m. pl. (Théol. Hist. ecol.) considérés par rapport à leur religion, c'est une secte des Chrétiens d'orient, ainsi appellés parce qu'ils habitoient autrefois l'Arménie. Voyez Secte.

On croit que la foi fut portée dans leur pays par l'apôtre S. Barthelemy: ce qu'il y a de certain, c'est qu'au commencement du IVe siecle l'Eglise d'Arménie étoit très - florissante, & que l'arianisme y fit peu de ravages. Ils étoient du ressort du patriarche de Constantinople: mais ils s'en séparerent avant le tems de Photius, aussi - bien que de l'église Greque, & composerent ainsi une église nationale, en partie unie avec l'Eglise Romaine, & en partie séparée d'elle. Car on en distingue de deux sortes; les francs Arméniens, & les schismatiques. Les fiancs Arméniens sont catholiques, & soûmis à l'Eglise Romaine. Ils ont un patriarche à Naksivan, ville d'Arménie, sous la domination du roi de Perse, & un autre à Kaminiek, en Pologne. Les Armeniens schismatiques ont aussi deux patriarches; l'un résidant au couvent d'Elchemiazin, c'est - à - dire, les trois églises proche d'Erivan, & l'autre à Eti en Cilicie.

Depuis la conquête de leur pays par Scha - Abbas, roi de Perse, ils n'ont presque point eu de pays ou d'habitation fixe: mais ils se sont dispersés dans quelques parties de la Perse, de la Turquie, de la Tartarie, & même en plusieurs parties de l'Europe, particulierement en Pologne. Leur principale occupation est lé commerce, qu'ils entendent très - bien. Le cardinal de Richelieu, qui vouloit le rétablir en France, projetta d'y attirer grand nombre d'Armé<cb-> niens; & le chancelier Seguier leur accorda une Imprimerie à Marseille, pour multiplier à moins de frais leurs livres de religion, qui avant cela étoient fort rares & fort chers.

Le christianisme s'est conservé parmi eux, mais avec beaucoup d'altération, sur - tout parmi les Arméniens schismatiques. Le Pere Galanus rapporte que Jean Hernac, Arménien catholique, assûre qu'ils suivent l'hérésie d'Eutychès, touchant l'unité de nature en Jesus - Christ, qu'ils croyent que le Saint - Esprit ne procede que du Pere; que les ames des justes n'entrent point dans le paradis, ni celles des damnés en enfer, avant le jugement dernier; qu'ils nient le purgatoire, retranchent du nombre des sacremens la confirmation & l'extreme - onction; accordent au peuple la communion sous les deux especes; la donnent aux enfans avant qu'ils ayent atteint l'âge de raison; & pensent enfin que tout prêtre peut absoudre indifféremment de toutes sortes de péchés; en sorte qu'il n'est point de cas réservés, soit aux Evêques, soit au Pape. Michel Fevre, dans son théatre de la Turquie, dit que les Arméniens sont Monophysites, c'est - à - dire, qu'ils n'admettent en Jesus - Christ qu'une nature composée de la nature divine & de la nature humaine, sans néanmoins aucun mêlange. Voy. Monophysites.

Le même auteur ajoûte que les Arméniens, en rejettant le purgatoire, ne laissent pas que de prier & de celébrer des messes pour les morts, dont ils croyent que les ames attendent le jour du jugement dans un lieu où les justes éprouvent des sentimens de joie dans l'espérance de la béatitude, & les méchans des impressions de douleur, dans l'attente des supplices qu'ils savent avoir mérités, quoique d'autres s'imaginent qu'il n'y a plus d'enfer depuis que Jesus - Christ l'a détruit en descendant aux limbes, & que la privation de Dieu sera le supplice des réprouvés; qu'ils ne donnent plus l'extreme - onction depuis environ deux cens ans, parce que le peuple croyant que ce sacrement avoit la vertu de remettre par lui - même tous les péchés, en avoit pris occasion de négliger tellement la confession, qu'insensiblement elle auroit eté tout - à - fait abolie: que quoiqu'ils ne reconnoissent pas la primauté du Pape, ils l'appellent néanmoins dans leurs livres le pasteur universel, & vicaire de J. C. Ils s'accordent avec les Grecs sur l'article de l'eucharistie, excepté qu'ils ne mêlent point d'eau avec le vin dans le sacrifice de la messe, & qu'ils s'y servent de pain sans levain pour la consécration, comme les Catholiques. Voyez Azyme.

C'est sans fondement que Brerewood les a accusés de favoriser les opinions des sacramentaires, & de ne point manger des animaux qui sont estimés immondes dans la loi de Moyse, n'ayant pas pris garde que c'est la coûtume de toutes les sociétés chrétiennes d'Orient de ne manger ni sang ni viandes étouffées; en quoi, selon l'esprit de la primitive Eglise, il n'y a point de superstition. Ils sont grands jeûneurs; & à les entendre, l'essentiel de la religion consiste à jeûner.

On compte parmi eux plusieurs monasteres de l'ordre de S. Basile, dont les schismatiques observent la regle: mais ceux qui se sont réunis à l'Eglise Romaine ont embrassé celle de S. Dominique, depuis que les Dominicains envoyés en Arménie par Jean XXII. eurent beaucoup contribué à les réunir au saint siége. Cette union a été renouvellée & rompue plusieurs fois, surtout au concile de Florence, sous Eugene IV.

Les Arméniens font l'office ecclésiastique en l'ancienne langue Arménienne, différente de celle d'aujourd'hui, & que le peuple n'entend pas. Ils ont aussi dans la même langue toute la bible, traduite d'après la version des Septante. Ceux qui sont soûmis au Pape font aussi l'office en cette langue, & tiennent la

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