ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"648"> son intégrité, parce qu'elle aura toujours le même sujet & le même attribut, les savans devroient surpasser en sagesse le commun des hommes. Mais dans le second exemple, la gloire qui vient de la vertu a un éclat immortel; si l'on supprime la proposition incidente, l'intégrité de la principale est altérée au point que ce n'est plus la même, parce que ce n'est plus le même sujet; la gloire a un éclat immortel, il s'agit ici de la gloire en général, d'une gloire quelconque, ayant une cause quelconque, de maniere qu'il en résulte une proposition fausse, au lieu de la premiere qui est vraie.

Quand la proposition incidente est explicative, elle est toujours liée au mot sur lequel elle tombe, par l'un des mots conjonctifs qui, que, dont, lequel, &c. Le mot expliqué par la proposition incidente est appellé l'antécédent du pronom conjonctif & de la proposition incidente même, & c'est toujours un nom ou l'équivalent d'un nom. Dans ce cas, on peut, sans altérer la vérité, substituer l'antécédent au pronom conjonctif, pour transformer la proposition incidente en principale, en soumettant l'antécédent à la même syntaxe que le pronom conjonctif. Ainsi lorsqu'on a la proposition totale, les savans, qui sont plus instruits que le commun des hommes, &c. on peut dire, les savans sont plus instruits que le commun des hommes; & cette proposition devenue principale, a encore la même vérité que quand elle étoit incidente. Ce seroit la même chose de ces autres propositions incidentes: l'homme que Dieu a doué de raison, la providence par qui tout est gouverné, la religion chretienne dont les preuves sont invincibles: après la substitution de l'antécédent à la place du pronom conjonctif selon la même syntaxe, on aura autant de propositions principales également vraies; Dieu a doué l'homme de raison, tout est gouverné par la providence, les preuves de la religion chrétienne sont invincibles.

Mais quand la proposition incidente est déterminative, quoiqu'elle soit amenée par l'un des pronoms conjonctifs qui, que, dont, lequel, &c. on ne peut pas la rendre principale, en substituant l'antécédent au pronom conjonctif, sans en altérer la vérité. Ainsi dans la proposition totale, la gloire qui vient de la vertu a un éclat immortel, on ne peut pas dire la gloire vient de la vertu, parce que ce seroit affirmer que toute gloire en général a sa source dans la vertu, ce que ne disoit point la proposition incidente, & qui est faux en soi. Voyez la Logique de P. R. Part. I. ch. viij. & Part. II. ch. v. & vj.

M. du Marsais définit la proposition incidente, celle qui se trouve entre le sujet personnel & l'attribut d'une autre proposition qu'on appelle proposition principale (voyez Construction); & il ajoûte que le mot incidente vient du latin incidere (tomber dans), parce que la proposition incidente tombe en effet entre le sujet & l'attribut de la proposition principale, La définition & l'étymologie du mot incidente sont également erronées.

Le mot latin incidere signifie autant tomber sur que tomber dans; & c'est assurément dans ce premier sens que l'on a donné le nom d'incidente à une proposition partielle, liée à un mot dont elle développe la compréhension, ou dont elle restraint l'étendue: toute proposition incidente tombe sur l'antécédent; elle est amenée pour lui dans la proposition principale; & c'est par rapport à lui qu'elle doit prendre un nom qui caractérise sa destination: pourquoi seroit - elle nommée relativement à la proposition principale, puisque quand elle est simplement explicative, elle n'apporte absolument aucun changement au sens de la principale?

Pour ce qui regarde l'assertion de M. du Marsais, qui prétend que la proposition incidente se trouve entre le sujet personnel & l'attribut de la proposi<cb-> tion principale; il me semble que c'est une opinion bien surprenante dans ce grammairien philosophe, pour quiconque a lû ce qu'on a cité ci - dessus de la Logique de P. R. Il y est dit, & la chose est évidente, qu'une proposition incidente peut tomber ou sur le sujet de la proposition principale, ou sur l'attribut, ou sur l'un & l'autre. La gloire qui vient de la vertu a un éclat immortel, proposition dont le sujet est modifié par une incidente. César fut le tyran d'une république dont il devoit être le défenseur, proposition dont l'attribut renferme une incidente. Les grands qui oppriment les foibles seront punis de Dieu, qui est le protecteur des opprimés, proposition qui renferme deux incidentes, l'une qui tombe sur le sujet, & l'autre qui modifie l'attribut. Ce n'est donc pas au sujet seul de la principale qu'il faut rapporter l'incidente; c'est à tout mot dont on veut développer la compréhension ou restraindre l'étendue.

J'ajoûterai encore une remarque: c'est que les pronoms conjonctifs qui, que, dont, lequel, &c. ne sont pas, comme on le pense ordinairement, les seuls mots qui servent à lier les propositions incidentes déterminatives à leurs antécédens. Dans cette phrase, par exemple, l'état présent des Juifs prouve que notre religion est divine; il y a une proposition incidente, savoir notre religion est divine; elle est liée à son antécédent sous - entendu une vérité, par la conjonction que équivalente à qui est; & c'est comme si l'on disoit, l'état présent des Juifs prouve une vérité, qui est notre religion est divine. Cette maniere d'analyser explique aussi naturellement la phrase italienne, l'allemande & l'angloise: je crois que j'aime, c'est - à - dire je crois une chose qui est j'aime: en italien, credo che amo, c'est - à - dire credo cosa che è amo; en allemand, ich glaube dass ich liebe, c'est - à - dire ich glaube cine dinge dass ist ich liebe; en anglois, i think that i love, c'est - à - dire i think a thing that is i love. Les Anglois vont même plus loin, ils suppriment tout ce qui n'est pas la proposition incidente, qu'ils envisagent alors comme un seul mot complément du premier verbe; i think i love, comme si l'on disoit en allemand ich glaube ich liebe, en italien credo amo, & en françois je crois j'aime.

L'incrédulité est si injuste qu'elle condamne la religion sans la connoître, c'est - à - dire l'incrédulité est injuste à un point qui est elle condamne la religion sans la connoître: la proposition incidente déterminative, elle condamne la religion sans la connoître, est donc liée par la conjonction que à l'antécédent vague un point renfermé dans l'adverbe si: tout adverbe équivaut comme on sait, à une préposition avec son complément, si (tellement, à un point).

Personne ne sait si le lendemain lui sera donné, c'est - à - dire personne ne sait cette chose incertaine, qui est si le lendemain lui sera donné. Le génie du latin confirme ce tour analytique; on s'y sert du même mot an pour le doute & pour l'interrogation, & cet usage est très - raisonnable.

Ajoûtons un exemple latin: Pausanias ut audivit Argilium confugisse in aram, perturbatus eò venit (Nep. Pausan. IV.); il y a de sous - entendu statim (in tempore stante, adstante, proesente, dans l'instant même); quel instant? ut Pausanias audivit, &c. ainsi Pausanias audivit Argilium confugisse in aram est une proposition incidente déterminative de l'antécédent sousentendu statim, dont la signification est en soi indéterminée.

On ne doit donc pas avancer généralement & sans restriction, comme a fait l'auteur de la Logique ou l'art de penser, que les propositions incidentes sont celles dont le sujet est qui. Outre que l'on vient de voir qu'une simple conjonction est souvent le lien de la proposition incidente avec son antécédent, il est certain encore que le pronom conjonctif n'est pas [p. 649] toujours sujet de l'incidente: il est quelquefois le déterminatif d'un nom qui est une partie quelconque de l'incidente: les écrivains dont la foi est suspecte, les juges dont on achete les suffrages, les philosophes selon l'opinion desquels l'ame est immortelle, &c. Quelquefois il est le complément du verbe ou d'une préposition; la justice que vous violez, les moyens par lesquels vous vous soûtenez, &c.

Quoi qu'il en soit, il est essentiel d'observer 1°. que la proposition incidente, soit explicative, soit déterminative, forme avec son antécédent un tout, qui est une partie logique de la proposition principale; l'antécédent en est la partie grammaticale correspondante. La religion que nous professons est divine; dans cette phrase la religion est le sujet grammatical de la proposition principale, & prendroit en latin la terminaison du nominatif pour caractériser cette fonction que la grammaire lui assigne; la religion que nous professons est le sujet logique, parce que c'est l'expression totale de l'idée unique dont la proposition principale énonce un jugement, assure qu'elle est divine: la Grammaire n'envisage comme sujet que le mot religion, pour le revêtir de la livrée relative à cette destination; la raison, O(LO/GOS2, sans compter les mots, envisage une idée totale. Il faut que je cede; il (illud, illud negotium, cela, cette chose), sujet grammatical de faut; il que je cede, sujet logique; il que je cede faut (est nécessaire), proposition totale. Ce que l'on vient de voir de la proposition incidente qui tombe sur le sujet, est encore le même quand elle tombe sur le complément d'une préposition ou d'un verbe, ou sur le complément déterminatif d'un nom appellatif.

2°. Il faut reconnoître dans toute proposition incidente les mêmes parties essentielles que dans la principale, le sujet, l'attribut, les divers complémens, &c. Par exemple, César fut le tyran d'une république dont il devoit être le défenseur, c'est une proposition totale & principale; dont il devoit être le défenseur, est incidente; il (César) sujet de l'incidente; devoit, verbe qui renferme l'attribut grammatical devant (étoit devant); devant être le défenseur dont ou de laquelle, attribut logique; dont (de laquelle), complément déterminatif du nom appellatif le céfenseur: telles sont les parties de la proposition incidente, déterminative de l'antécédent d'une république. Dans la proposition principale, d'une république est le complément déterminatif grammatical du nom appellatif le tyran; d'une république dont il devoit être le défenseur, en est le complément déterminatif logique; le tyran, attribut grammatical de la proposition principale; le tyran d une république dont il devoit être le défenseur, attribut logique: César est le sujet de la proposition totale.

3°. Le mot conjonctif qui sert à lier la proposition incidente à son antécédent, doit toûjours être à la tête de la proposition incidente, & immédiatement après l'antécédent, soit grammatical, soit logique, sans cela le rapport de liaison ne seroit pas assez sensible, & l'énonciation en seroit moins claire. Cependant dans notre langue même, dont la marche est analogue à l'ordre analytique, le pronom conjonctif peut être après une préposition dont il est complément, les amis sur qui vous comptez, ou même après le complément grammatical d'une préposition, s'il est déterminatif de ce complément, les amis sur le secours desquels vous comptez.

4°. En conséquence de la distinction des incidentes en explicatives & déterminatives, M. l'abbé Girard (Vrais principes, disc. xvj.) établit une regle de ponctuation qui me paroît très - raisonnable; c'est de mettre entre deux virgules la proposition incidente explicative, & de mettre de suite sans virgule la déterminative. En effet, l'explicative est une espece de remarque interjective mise en parenthese, que l'on peut ajoûter ou retrancher à la proposition principale sans en altérer le sens; elle n'a donc pas avec l'antécédent une liaison logique bien nécessaire: mais la déterminative est une partie essentielle du tout logique qu'elle constitue avec son antécédent; si on la retranche, on change le sens de la principale au point d'en altérer la vérité; ainsi il ne faut pas même la séparer de l'antécédent par une virgule, qui indiqueroit faussement la séparabilité des deux idées. Il faut écrire avec la virgule, il est rare que le mérite seul perce à la cour, où rien ne réussit sans protection; & sans virgule, il est rare que le seul mérite réussisse dans une cour où tout se fait par intrigue: ce sont les exemples de M. l'abbé Girard.

INCIDENTER (Page 8:649)

INCIDENTER, v. n. (Jurisprud.) signifie faire naître des incidens, pour empêcher la fin d'une contestation. Voyez Incident. (A)

INCINÉRATION (Page 8:649)

INCINÉRATION, s. f. (Chimie.) l'action de réduire en cendres. Voyez Cendres & Calcination.

INCISA (Page 8:649)

INCISA, (Géog.) petite ville d'Italie, au duché de Monferrat, dans le territoire d'Acqui, sur la riviere de Belbo.

INCISIF, IVE (Page 8:649)

INCISIF, IVE, adj. (Anatom.) se dit de quelques dents, de six muscles, & de certains trous qui ont rapport à ces dents.

Les dents incisives, que d'autres nomment rieuses parce qu'elles se découvrent quand on rit, sont au nombre de huit, quatre à chaque mâchoire, situées à la partie antérieure & au milieu des autres. Voyez nos Pl. anat.

Elles sont plus courtes & plus tranchantes que les autres, & elles sont plantées dans leurs alvéoles par des racines simples qui se terminent en pointes; c'est ce qui fait qu'elles tombent aisément, sur - tout celles d'en - haut.

On les appelle incisives, parce qu'elles tranchent, qu'elles coupent & qu'elles incisent les viandes. Voyez Dent.

Le grand incisif vient du rebord inférieur de la fosse orbitaire, passe le long des aîles du nez ou quelques - unes de ses fibres se terminent, & s'insere à l'orbiculaire au - dessus des dents incisives.

Le petit incisif de la lévre supérieure s'attache au - dessus des dents incisives, & se termine en partie à l'orbiculaire, & en partie aux aîles du nez.

Le petit incisif de la lévre inférieure s'attache au - dessous des dents incisives, & se termine à la peau du menton, entre les deux portions obliques du quarré.

Le trou incisif ou gustatif, ou palatif antérieur, est l'orifice du canal situé à la partie postérieure des deux premieres dents incisives antérieures; il est percé de bas en - haut & forme une espece d'v romain, c'est - à - dire qu'il a deux trous par en - haut, qui se terminent en - bas dans un seul. Ce canal est formé par les os maxillaires. Voyez Maxillaire.

Incisif (Page 8:649)

Incisif, adj. (Thérapeutique.) c'est un nom générique que les Humoristes donnent à certains remedes qu'ils croient propres à diviser, briser, atténuer les humeurs épaisses, visqueuses, tenaces, &c. Voyez Atténuant & Vice des humeurs, au mot Humeurs, (Medec.)

INCISION (Page 8:649)

INCISION, s. f. terme de Chirurgie, qui exprime génériquement une opération par laquelle on divise avec un instrument tranchant la continuité des parties. On fait des incisions pour évacuer le pus contenu dans un dépôt purulent, voyez Abscès. Pour aggrandir les plaies, extirper les callosités des ulceres & des fistules, voyez Plaies, Ulceres, Fistules . Pour extraire les corps étrangers, ou réputés tels, voyez Césarienne, Lithotomie, Haut appareil . Pour retrancher quelque membre, voyez Amputation. Pour séparer ce qui est uni contre l'ordre de la nature, voyez Imperforation. Pour

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.