ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"781"> sérieure de l'uvée, en étoient aussi renvoyés sur d'autres points de la rétine qui étoient susceptibles d'en recevoir des impressions.

Toutes les causes occasionnelles de la paralysie en général, auxquelles se joignent des causes particulieres qui en déterminent l'effet sur l'organe immédiat de la vision, peuvent donner lieu à la goutte - sereine. Voyez Paralysie. Ainsi dans les sujets pléthoriques, tout ce qui peut faire refluer le sang & les autres humeurs vers la partie supérieure, comme les convulsions, les resserremens spasmodiques, les efforts du vomissement, de l'accouchement, & autres semblables; la suppression des hémorrhoides, du flux menstruel, peut donner lieu à des dépôts sur le principe des nerfs optiques, ainsi que les métastases de matieres morbisiques, qui se font dans les fievres malignes putrides; la repercussion des éruptions cutanées, &c. les coups, les commotions qui peuvent causer quelque tiraillement, quelque compression dans les fibres des nerfs optiques; la trop grande application à la lecture & à tout autre evercice de la vision, soit avec trop soit avec trop peu de lumiere; ce qui fatigue, affoiblit la rétine dans le premier cas, en y excitant une sensibilité trop durable, ou l'uvée dans le second cas, en dilatant trop la prunelle pour l'admission du peu de rayons qui se présentent; les gran les évacuations de bonnes humeurs, sur - tout de la semence, qui en général affoiblissent beaucoup & rendent cet effet plus particulierement sensible dans les organes où l'atonie est de plus grande conséquence, comme dans ceux de la voix, de la vision (voyez Eunuque); en un mot, tous les vices des différentes humeurs par excès, par défaut, par les qualités, peuvent également contribuer à établir les différentes causes occasionnelles de la goutte - sereine.

Cette maladie est regardée comme incurable lorsque la cécité est complette, qu'elle est invétérée, que les sujets qui en sont affectés sont d'un âge avancé, d'une constitution foible, délicate, languissante, à la suite de violentes maladies, sur - tout de quelque attaque d'apoplexie, & lorsqu'elle est jointe à la paralysie de quelque partie du corps. La goutte - sereine qui est imparfaite dans des sujets jeunes & robustes, & même celle qui est parfaite, mais périodique, sont très - souvent susceptibles de guérison, sur - tout lorsqu'elles surviennent d'un engorgement sanguin dans les parties assectées.

La curation de la goutte - sereine doit être dirigée selon les indications que présente la nature bien étudiée & bien établie des causes qui l'ont produite: ainsi comme ces causes sont très - difficiles à découvrir, à distinguer les unes des autres, il est aussi très - difficile de bien entreprendre le traitement de cette maladie, & encore plus rare de le suivre avec succès; il n'y a que la goutte - sereîne périodique dans les sujets robustes, causée par un engorgement de vaisseaux sanguins qui compriment le nerf optique ou qui couvrent ses ramifications dans la rétine, qui étant bien connue, peut être aisément guérie par la saignée révulsive, par les sang - sues appliquées à la tempe, par le rétablissement du flux supprimé des regles, des hémorrhoides, &c. au lieu que dans les personnes d'une mauvaise constitution, dont la masse des humeurs est pituiteuse, caco - chimique, toute goutte - sereine causee par un dépôt d'humeurs séreuses ou de toute autre nature, qui pesent sur le nerf optique & le privent de sa sensibilité naturelle, est très difficile à détruire; on ne peut l'attaquer que par les purgatifs, les cauteres, les sétons, les vesicatoires, les erthins, & en un mot par tous les secours propres à évacuer & à détourner les humeurs peccantes du siége de la maladie: on peut aussi user des remedes fondans, savonneux, mercuriels, &c. mais le plus souvent ces remedes sont inutiles & ne font que fa<cb-> tiguer les malades; ce qui est absolument toûjours vrai par rapport aux remedes appliqués sur les yeux mêmes; parce qu'il ne peut en résulter aucun effet dans le siége du mal, qui est trop éloigné des parties sur lesquelles peuvent se faire les applications; attendu qu'il est dans le fond de l'orbite, & peut - être même au - delà, dans l'intérieur du crane. On ne peut excepter que le cas où le nerf optique est comptimé par l'épaississement humoral de la sclérotique; ce qui étant bien connu, peut donner lieu aux remedes topiques, qui peuvent alors être employés pour fortifier les membranes de l'oeil, leur donner du ressort de proche en proche, afin qu'elles se dégorgent des humeurs surabondantes, & qu'elles ne s'en laissent pas abreuver de nouveau; mais ce cas n'a jamais lieu dans la goutte - sereine parfaite: il n'y a que l'ignorance ou la charlatanerie qui puisse engager à tenter la guérison de cette maladie par des collyres ou toutes autres applications sur les yeux. Au surplus, pour un plus grand détail sur cette maladie, V. les traites des maladies des yeux de Maître - Jan, de Saint - Yves; ce qu'en disent Sennert, Riviere, & les theses pathologiques & thérapeutiques d'Hoffman, system. med. ration. tom. IV. part. IX. cap. jv. (d)

GOUTTE; (Page 7:781)

GOUTTE; adject. semé de gouttes, en terme de Blason anglois, signifie un champ chargé ou arrosé de gouttes.

En blasonnant, il faut exprimer la couleur des gouttes, c'est - à - dire goutté de sable, de gueules, &c.

Quelques auteurs veulent que les gouttes rouges soient appellées gouttes de sang; les noires, gouttes de poix; les blanches, gouttes d'eau. Chambers.

GOUTTIERE (Page 7:781)

GOUTTIERE, subst. f. en Architecture, canal de plomb ou de bois soutenu d'une barre de fer, pour jetter les eaux du chesneau d'un comble, dans une rue ou dans une cour; les plus riches de ces gouttieres se font en forme de canon, & sont ambouties de moulures & ornées de feuilles moulées. Les gouttieres de bois & de plomb ne peuvent avoir, suivant l'ordonnance, que trois piés de saillie au - delà du nû du mur.

Gouttiere de pierre, canal de pierre à la place des gargouilles dans les corniches. Il s'en fait en maniere de demi - vase coupé en longueur, comme il s'en voit au vieux louvre. Les gouttieres des bâtimens gothiques sont formées de chimeres, harpies, & autres animaux imaginaires; on nomme aussi gargouilles, ces sortes de gouttieres. (P)

Gouttieres (Page 7:781)

Gouttieres, (Marine.) La tonture des ponts fait que l'eau coule vers les bords où l'on met une piece qui forme le premier bordage horisontal ou du pont, & le commencement du bordage vertical ou de la premiere vaigre de l'entrepont. Cette piece qui regne tout - au - tour du vaisseau se nomme la gouttiere: elle est entaillée d'un pouce & demi ou deux pouces vis - à - vis chaque ban & chaque barroit; on l'entaille aussi vis - à - vis chaque aiguillette de parque, de tout l'équarrissage de l'aiguillette.

La gouttiere repose sur les entremises, qui sont des pieces qui s'étendent d'un bau à l'autre; elle est clouée sur les baux & arrêtée sur les membres par des chevilles qui percent les bordages, les membres, la gouttiere, & qui sont clavetées en - dedans sur des viroles.

C'est dans les gouttieres qu'on perce les dalots ou les trous par lesquels l'eau doit s'échapper.

Il faut que la partie de la gouttiere qui porte sur les baux, sans y comprendre l'entaille qui forme la gouttiere, ait la même épaisseur que les illoires.

Les gouttieres n'ont jamais trop de largeur, & on les laisse de toute la longueur des pieces.

Pour bien comprendre leur situation dans le vaisseau, voyez Marine, Pl. V. fig. 1. n°. 144. gouttieres [p. 782] des gaillards; n°. 74. gouttieres du premier pont, & n°. 75. les serres - gouttieres du premier pont.

Gouttiere à jetter trempe (Page 7:782)

Gouttiere à jetter trempe, terme de Brasserie; c'est un canal pour conduire l'eau du bec à jetter trempe dans la pompe de la cuve - matiere. Voyez Brasserie.

Gouttiere (Page 7:782)

Gouttiere, (Reliure.) on appelle de ce nom la marge extérieure ou de devant d'un livre quand il est rogné ou relié. Voyez Rogner. On fait la gouttiere en mettant deux ais à rogner, l'un d'un côté du volume, l'autre de l'autre, & abbaissant un peu chacun des côtés du volume pour faire élever les feuilles du milieu; ensorte que l'ouvrier en rognant son volume, puisse faire une marge égale à toutes les feuilles du volume, & que donnant ensuite une forme convexe au dos, le devant paroisse de la forme d'une gouttiere bien droite & bien égale. Voyez Rogner & Relier.

Gouttieres (Page 7:782)

Gouttieres, (Vénerie.) il se dit des raies creuses qui sont le long des perches ou du marrain de la tête du cerf, du dain, ou du chevreuil.

GOUVERNAIL (Page 7:782)

GOUVERNAIL, s. m. (Marine.) c'est une piece de bois d'une certaine largeur, assujettie à l'étambot par des gonds & des pentures qui lui permettent de tourner à gauche & à droite, suivant la route qu'on veut faire. Du côté du vaisseau où il se termine en forme de coin, il a la même épaisseur que l'étambot; on a coûtume de le tailler en queue d'aronde, c'est - à - dire qu'il est plus épais en - dehors que du côté de l'étambot, pour que l'angle qu'il fait avec la quille soit moins obtus.

La partie du gouverneil qui touche à l'étambot est de chêne; le reste qu'on nomme le safran, est d'un bois plus leger comme de sapin.

La barre du gouvernail est un levier ou une longue piece de bois de chêne qui entre par un de ses bouts dans une mortaise pratiquée au haut du gouvernail; elle sert à le faire mouvoir. Voy. Pl. IV. Marine, fig. prem. n°. 175. le gouvernail, n°. 176. le safran du gouvernail, n°. 177. la barre du gouvernail ou gousset, n°. 178. le taquet du gousset, n°. 179. la tamise ou demi - lune, n°. 180. la noix ou hulot, n°. 181. la manuelle, n°. 182. la ferrure du gouvernail.

La tamise ou tamisaille est une piece de bois en forme d'arc, qu'on attache au - dessous du second pont dans la sainte - barbe, sur laquelle coule la barre du gouvernail lorsqu'on la fait mouvoir.

La hauteur du gouvernail doit être d'une fois un tiers l'épaisseur de la quille jointe à la hauteur de l'étambot, à quoi on ajoûte un pié & demi ou deux piés pour placer sa barre.

Sa largeur est différente dans toutes les parties de sa longueur: à l'endroit de la quille il a autant de pouces que le vaisseau a de piés de large; au droit de la flotaison il a les trois quarts de sa plus grande largeur.

Deux piés plus haut que la flotaison il a une moitié de sa plus grande largeur, & au bout d'en - haut un peu plus du tiers.

Quelques - uns prétendent que les dimensions du gouvernail devroient être réglées plûtôt sur la longueur du vaisseau que sur sa largeur, la force de la résistance devant être proportionnée à la force du mobile. Plusieurs constructeurs font que la coupe horisontale de la partie plongée augmente de largeur en s'éloignant du vaisseau; ainsi ils la forment en queue d'aronde, dans la vûe que son angle avec la quille soit moins obtus.

Pour faire tourner le gouvernail avec plus de facilité, on se sert ordinairement d'une roue de trois ou quatre piés de diametre, placée verticalement sous le gaillard. Dans le sens de la largeur du navire, voyez dans la Planche VI. la figure 73. pour l'in<cb-> telligence de la manoeuvre du gouvernail ci - après énoncée.

Cette figure représente l'étambot cotté AB, le gouvernail est marqué CD; & CE est la barre ou le timon à l'extrémité E, duquel on applique deux cordes EGIL & EFHK, qui passent sous les deux poulies F & G, qui sont arrêtées aux deux côtés du navire, & venant repasser sur les poulies H & I, remontent ensuite verticalement jusqu'à l'axe MN de la roue OP, & s'enveloppent chacune de différens côtés sur cet axe. Il est clair que lorsqu'on fait tourner la roue OP dans un certain sens, une corde se lâche en même tems que l'autre se roidit, & doit tirer le timon vers le côté du navire. La force des matelots ou des timonniers doit se trouver multipliée autant de fois que le rayon de la roue est plus grand que le rayon de son essieu, & que la longueur du timon est plus grande que la demi - largeur du gouvernail. Dans les plus grands vaisseaux la longueur du timon CE peut avoir trente piés, ce qui donne déjà un avantage à la force motrice, comme elle est appliquée à quinze fois plus de distance, son mouvement doit donc être quinze fois plus grand; d'un autre côté le rayon de la roue OP peut être trois ou quatre fois plus grand que le rayon de l'axe ou de l'arbre MN, ce qui multiplie la force encore trois ou quatre fois.

Ainsi faisant abstraction du frottement qui ne laisse pas que d'être considérable, la force de chaque timonnier est multipliée quarante - cinq ou soixante fois; & il suffit par conséquent de faire un effort de vingt livres, pour en soûtenir un de neuf cents ou de douze cents livres que feroit l'eau par son choc contre le gouvernail; c'est aux Anglois que nous devons cette disposition. Si l'on veut connoître plus particulierement la théorie du gouvernail & de ses effets, il faut voir le traité du navire de M. Bouguer, & la théorie de la manoeuvre des vaisseaux de M. Pitot. (Z)

On peut comprendre sans peine par le raisonnement suivant l'effet du gouvernail. Lorsqu'on tourne le gouvernail de droite à gauche, par exemple, la résistance de l'eau qui agit sur ce gouvernail tend à pousser de gauche à droite, & pour plus de facilité on peut supposer cette résistance appliquée au point où le gouvernail est uni au vaisseau, c'est - à - dire à la poupe; donc il y a une puissance appliquée à la poupe, laquelle puissance est dirigée de gauche à droite. Or quand l'extrémité d'un corps est poussée de gauche à droite par une puissance, cette extremité doit tourner de gauche à droite, & l'extrémité opposée de droite à gauche. Ceux qui ne seront pas géometres peuvent s'en assûrer par l'expérience journaliere; & à l'égard des autres, ils trouveront au mot Centre spontané de rotation , les principes d'après lesquels cette proposition peut être démontrée. Ainsi le mouvement du gouvernail dans un sens fait tourner la poupe du côté opposé, & la proue du même côté que le gouvernail.

Cette explication est simple, & peut être entendue par tout le monde; mais elle ne suffit pas pour résoudre rigoureusement & généralement le problème des mouvemens du vaisseau & du gouvernail; on peut le réduire à la question suivante.

Etant donnés deux corps unis ensemble par une espece de charniere (tels que le vaisseau & le gouvernail) & supposant une puissance donnée appliquée à un point donné d'un de ces corps, trouver le mouvement qui doit en résulter.

J'appellerai point d'union, l'endroit où les deux corps sont unis par charniere; il est visible que le point d'union doit, ou au moins peut avoir un mouvement en ligne droite, dont il faut chercher la quantité & la direction, & qu'outre cela chacun de ces deux corps aura un mouvement de rotation circu<pb->

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